Le 24 juin 2008 restera une date importante dans l’histoire politico-financière du Servette FC. Ce jour là, l’assemblée générale des membres de l’association du Servette FC votera pour le projet de reprise du club par Mr Pishyar. Peu d’information ont filtré jusqu’à maintenant sur ce projet suite à la signature d’un accord de confidentialité, que les deux parties pourraient décider de rompre d’un commun accord, et qui empêche donc de nous dévoiler les dessous d’un accord voué au désaccord. Mais revenons sur les différentes informations qui ont filtrées depuis plusieurs mois et qui devraient permettre de se faire une idée plus précise des intentions de Mr Pishyar et de Mr Vinas.

Novembre 2007 : Arrivée de la famille Pishyar dans le comité du Servette FC
Le 7 Novembre 2007 voyait l’arrivée de Mr Pishyar et son fils dans le comité de l’association du Servette FC. Alors que ce dernier restait noyauté par Mr Vinas et ses proches, il semblait clairement que le destin de Servette allait connaître un nouveau virage avec l’arrivée de ces personnes fortunées. Cette arrivée n’était pas le fruit du hasard puisque plus d’une vingtaine de propositions de reprise du club avait été écartée par Mr Vinas. Le consentement de Mr Vinas était total et ses propos étaient sans ambiguïté.
TDG -8 novembre 2007 : « Messieurs Majid et Amin Pishyar souhaitent s’investir pour permettre rapidement au club de retrouver sa place et se réinstaller durablement dans l’élite du football suisse » «J’ai toujours tenu parole, expliquait le président Vinas , réélu pour deux ans à la tête de l’Association. Des dossiers de gens intéressés, j’en ai vu beaucoup. J’ai rencontré tout le monde. Celui de la famille Pishyar est le 26 ème dossier étudié…L’arrivée de la famille Pishyar dans le comité donne un nouvel élan au club et ces deux nouveaux membres adhèrent totalement à la philosophie de reconstruction qui me guide depuis toujours.»
Les propos de l’époque de Mr Pishyar montraient déjà clairement les ambitions.
TDG- 9 novembre 2007 : « L’argent, nous l’injecterons et nous voulons remonter en Super League avec Servette. D’ailleurs, nous pensons déjà renforcer Servette durant la pause hivernale. » Première promesse tenue puisque Daoudi et N’Tiamoh sont arrivés, Alain Casalino a été recruté en qualité d’assistant de Jean Michel Aeby et le rôle de Philippe Cravero avait été revu pour prendre en charge certains entraînements spécifiques et assurer l’observation des futurs adversaires de Servette. Mr Pishyar confirmait ses ambitions pour le futur : « Nous nous sommes engagés pour trois ans, c’est le début seulement. Et nous espérons bien que notre travail aboutira. Car nous sommes là pour le bien de Servette. Sans aucune autre idée derrière la tête. »
De tel propos semblait combler Mr Vinas puisque la direction du Servette FC communiquait l’information avec enthousiasme. Cependant, une déclaration de Mr Vinas laissait transparaitre une certaine volonté de garder le pouvoir.
TDG – 8 novembre 2008 : «Franchement, à un moment j’ai songé à me retirer. J’étais déçu du manque de soutien des autorités, des investisseurs genevois qui ne se sont jamais manifestés ou de la pression que je subissais dans les médias. Mais M. Pishyar ne serait pas venu si je n’étais pas resté en place. Il m’a dit que l’argent dépensé n’était pas la chose la plus importante. Mais qu’il voulait surtout préserver l’honorabilité de son nom. Je lui ai promis qu’il n’y aurait aucun risque et qu’il ne sera jamais mêlé à quoi que ce soit de malveillant au travers du Servette FC.»
N’est-ce pas à ce moment là que Mr Vinas a pensé détenir encore un certain pouvoir après l’investissement de Mr Pishyar, principal point de discorde aujourd’hui ?
Février 2008 : Les contours de la reprise se précisent.
TDG-15 février 2008 : «Des discussions ont lieu, oui, confirme Francisco Vinas. Avec mon avocat le but est de définir les garanties et l’avenir. Majid et Amin sont des gens intelligents avec qui je m’entends très bien. Le but est effectivement de passer à la vitesse supérieure. Je n’ai jamais voulu m’accrocher à quoi que ce soit. Mais il fallait faire preuve de sagesse. Les choses avancent maintenant. »
Printemps 2008 : Veille du derby Servette FC – Lausanne Sport – La passation de pouvoir est imminente
C’est au printemps 2008 que Mr Vinas décide de communiquer sa volonté de laisser le club à la famille Pishyar le plus vite possible. Tout du moins de créer une SA nécessaire à la professionnalisation complète du club. C’est pour cela, pour s’assurer de la solidité et des intentions réelles de la famille Pishyar que Francisco Vinas a pris le temps selon la TDG. Mr Pishyar donne plus d’informations sur son plan.
TDG – 26 avril 2008 : «Oui, nous avons longtemps discuté, explique Mr Pishyar. Je n’ai qu’un objectif: redonner à Genève un club qui soit en Super League et au centre de sa ville, comme elle le mérite. Notre projet ne s’arrête pas à ce niveau. Je ne suis pas là pour mettre de l’argent et partir ensuite. Je veux créer une structure, du marketing, des finances solides, un management professionnel, un centre de formation. J’ai déjà parlé avec M. Isoz, le directeur de la Swiss Football League afin qu’il comprenne mon ambition pour ce club. Cela a été très positif ». Il n’hésite pas à affirmer que son projet recueille les suffrages de Mr vinas : « J’aime Genève, j’aime le football et je pense que cette ville mérite un club fort et bien structuré. C’est pour cela que j’ai rencontré M. Vinas et que j’ai petit à petit gagné sa confiance.»
Le Matin – 8 Mai 2008 – « A vrai dire, ce soir je suis ému, car je n’ai pas rempli mes objectifs qui étaient de faire véritablement renaître ce club à Genève, notamment en trouvant de gros sponsors genevois. Mais au moins je laisse ce club sans dettes et même avec de l’argent, ce que peu de mes prédécesseurs ont réussi à faire.»
TDG – 16 mai 2008 – « J’œuvre en tant que bénévole, pour le bien de Servette et je suis à 180% en faveur d’une reprise du club par la famille Pishyar. Je ne peux pas faire plus…» promet Francisco Vinas. « «Je veux juste certaines garanties, explique Francisco Vinas. Mais je suis persuadé que cette convention satisfera les Pishyar. »
Carton rouge – 2 juin 2008 : « L’homme aux lunettes (lire Vinas dans le texte) n’aurait pas promis au public de la cité de Calvin l’arrivée de mécènes si ces derniers n’avaient pas donné des preuves de leur solidité financière. »
Juin 2008 – Les négociations sont interrompues car Mr vinas semble proposer une convention qui n’est pas réaliste.
Les préparatifs du début de l’Euro battent leur plein et il semble que Mr Vinas ne croit plus en Mr Pishyar ou plus précisément que la convention de Mr Vinas est irréaliste pour un investisseur qui doit injecter des millions dans le Servette du futur. Un communiqué met fin aux rêves des supporters Grenats d’avoir un club ambitieux à court terme.
Seul Mr Pishyar communique sur la fin des négociations et les raisons. TDG – juin 2008 « D’abord, je tiens à souligner que de mon côté, rien n’a changé. Je suis la même personne et j’ai toujours le même projet de développement pour Servette. Mais ensuite, quand il a fallu coucher toutes les exigences de M. Vinas sur le papier, sur des dizaines de pages, plusieurs conditions se sont révélées inacceptables. Pourtant, cela fait plusieurs mois que j’essaie de comprendre M. Vinas… »
Quelles sont ses fameuses exigences qui poussent deux hommes, pourtant complices jusque là, à se parler par médias interposés? Mr Vinas a toujours prôné la politique du payeur décideur. Ce principe aurait-il disparu de ses valeurs? Le projet de Mr Pishyar met-il en danger l’avenir du Servette?
Le 24 juin ce projet sera voté par les membres de l’association. Ils seront face à leur responsabilité et devront justifier, le cas échéant, leur refus de ne pas soutenir ce projet. Didier Henriod a déjà fait savoir qu’il soutiendrait ce projet. A qui le tour ?
Chers membres du comité de l’Association, l’heure et venue de prendre vos responsabilités, pour le bien et le futur du Servette FC.
Oscar Obradovic