Nicolas Noverraz : « mon coeur est servettien! »

Nicolas Noverraz devant le tableau qu’il a peint de la devanture du Stade des Charmilles… (Photo EDS)

C’est avec un grand plaisir que nous avons recontré le sympathique et talentueux Nicolas Noverraz. En tant que plasticien, Nicolas Noverraz force le spectateur à regarder les choses dont habituellement il détourne le regard ou qui échappent à son observation. C’est dans cette optique qu’il s’est penché sur le stade des Charmilles. Il revient avec nous sur cette expérience et nous parle du SFC, le club de son coeur…

Une des plus belles toile de Nicolas… 2,5 mètres de haut sur 80 cm de large tout de même!

Les EDS : Nicolas, explique-nous en quelques mots comment tu es devenu fan du Servette?

Nicolaz Noverraz : En fait, quand je suis arrivé à Genève à 25 ans, je suis tombé amoureux en quelques mois de la ville. Alors que le sport en général m’indifférait au plus haut point, je suis quasiment tombé amoureux du Servette.

Les EDS : Et pourquoi le Servette?

Nicolaz Noverraz : Parce que c’est Genève! Point barre! La finale de la Ligue des Champions, j’en ai rien à cirer. Cela ne m’intéresse pas de la regarder. Le beau sport, cela ne m’intéresse pas. En fait pour moi, le football c’est…

Les EDS : …c’est Servette!

Nicolaz Noverraz : Oui, mais c’est une question de coeur! Moi je ne peux pas ressentir un match avec mes tripes si l’équipe qui joue n’est pas dans mon coeur. Je préfère regarder Servette en 1ère ligue ou même en 3ème ligue plutôt que Sion ou le PSG et Lyon en D1… Ca ne m’intéresse pas…

Panneau de signalisation du Stade des Charmilles…tout le côté urbain de Nicolas Noverraz…

Les EDS : Est-ce que c’est le Servette qui t’a amené à peindre les Charmilles?

Nicolaz Noverraz : J’allais voir les matchs aux Charmilles, à côté j’avais mon travail artistique dans le domaine urbain, et quand il y a eu l’annonce du nouveau stade, je me suis dis que ce stade il a une âme. Ce n’est pas juste des pierres. En fait pendant les dizaines d’années qu’il a vécu, le public lui a donné une âme et tu le ressens rapidement. Je ne traite pas les gens ni les ambiances, sauf celles que les murs transpirent… Pour moi, les Charmilles, c’est un lieu mythique qui a une âme, on s’en est d’ailleurs bien rendu compte quand on a pris possession de la Praille, et c’est ce que j’ai voulu mettre en avant dans mon travail.

Une partie de tôle grenat du stade et « quelques » barbelés…

Les EDS : En tant que peintre urbain, c’est donc le côté « brut » des Charmilles qui t’a intéressé artistiquement…

Nicolaz Noverraz : Oui, c’est d’ailleurs pour cette raison qu’il n’y a pas de spectateurs sur les peintures car pour moi le stade des Charmilles se suffisait à lui même. J’aime dans mes oeuvres que la poésie du lieu, que la matière soit représentée. La poésie du caniveau, la poésie du bitume. Là,c’est la poésie du Stade, la pierre transpire ce qu’elle a vécu. C’est ce que j’ai voulu transmettre…

Les EDS : Combien de toiles as-tu faites du Stade des Charmilles?

Nicolaz Noverraz : Ouf… une trentaine!

Les EDS : Et combien de temps as-tu passé pour chaque toile?

Nicolaz Noverraz : Entre 15 et 30 jours selon la taille des toiles. C’est le travail d’une année…

Les EDS : Y a-t-il encore des peintures des Charmilles disponibles?

Nicolaz Noverraz : Il n’y en a plus!

Les EDS : Comment a été l’accueil du public?

Nicolaz Noverraz : Il y a eu un très bon accueil du public, même si le grand public est un peu passé à côté…

Les EDS : Cela veut-il dire que les toiles ne se sont vendues qu’aux fans servettiens, avec des tatouages partout?!

Nicolaz Noverraz : Non non, il y a eu bien sûr des supporters qui en ont acheté. Mais pas seulement. Par exemple, les « toilettes turcs » ont été achetées par quelqu’un qui suivait mon travail depuis plusieurs années et qui n’avait aucun rapport avec le football. La peinture lui a plu et il l’a achetée…

Les mythiques toilettes turc des Charmilles…Ons’y croirait, l’odeur en moins…

Les EDS : Nicolas, comment en es-tu arrivé à peindre de l’urbain? Quel a été le fil conducteur?

Nicolaz Noverraz : C’est parti…C’est une bonne question. C’est parti par des dessins depuis toujours. Après par du fantastique, puis de la science-fiction. Ensuite j’ai fait une expo qui s’appelait « Genève vue d’artiste ». C’était des petites gouachs sur des thèmes urbains, des flashs sur des carosseries de voitures, des morceaux de rue, des bitumes… Et ça a marché à fond! Là, j’ai vraiment accroché… Cela m’a vraiment très surpris et j’ai été très flatté de ce succès…

Les EDS : Tu travailles dans beaucoup de villes, mais tu as décidé de rester vivre à Genève. Pourquoi?

Nicolaz Noverraz : Parce que je voulais vivre dans une capitale européenne…et dans la plus belle ville du monde! Je suis arrivé à Genève car je vivais tout près. Après, je suis tombé amoureux de cette ville là. Et quand tu es amoureux, il n’y a plus trop de cohérence, c’est comme ça…

Les EDS : Que penses-tu du Servette actuel?

Nicolaz Noverraz : J’adore aller au match! J’y vais aussi souvent que possible, indépendamment du classement. Et j’adore les derbys! Surtout contre Lausanne!

Les EDS : Que penses-tu du discours ambitieux du président Pishyar?

Nicolaz Noverraz : Moi, il y a un truc qui m’énerve en Suisse, c’est cette espèce de prudence, genre : c’est déjà bien de participer, on va essayer de passer le premier tour (Nicolas fait référence à l’équipe de Suisse lors de la dernière Coupe du Monde). Tu y vas, c’est pour gagner! Moi, j’aime le discours du président qui dit : « On monte! ». Mais bien sûr qu’on monte!!!! On y va pour quoi sinon? Pour de la figuration? Personne ne va lui coller un procès s’il n’y arrive pas, mais il faut y croire!! Si lui n’y croit pas, qui va y croire????

Les feux de signalisation…New York…

Les EDS : Pour en revenir à la peinture, penses-que l’urbanisme est compatible avec l’écologie?

Nicolaz Noverraz : L’écologie, c’est quelque chose qui me touche énormément!

Les EDS : Mais pourtant, tu ne la traites pas! Verra-t-on bientôt Nicolas Noverraz peindre des paysages?

Nicolaz Noverraz : Non. Je ne pense pas…Il n’y a pas de volonté de ma part… d’autres le font très bien…

Les EDS : Pourquoi?

Nicolaz Noverraz : Parce que cela ne m’intéresse pas au niveau artistique! Moi, ce qui m’intéresse, c’est tout ce que l’homme laisse comme empreinte sur son passage. L’usure du temps, la pollution… Le milieu urbain reflète vraiment les gens qui y vivent… Moi, ce qui me plaît, c’est de montrer la dégradation de l’homme dans son milieu. Montrer toute la crasse qui peut s’accumuler et qui est finalement due à l’homme…

Une bouche d’égoût, ou l’art de rendre beau ce qui ne l’est pas forcément…

Les EDS : C’est cela qui t’a poussé à peindre les « toilettes turc » des Charmilles?

Nicolaz Noverraz : Oui, c’est cette usure du temps, c’était défraîchit…Les toilettes turc, je trouvais chouette…

Les EDS : Quels sont tes projets professionels pour les années à venir?

Nicolaz Noverraz : L’art pollution. Je poursuis dans cette voie car c’est ce qui me plaît et me correspond le plus.

Les EDS : Le mot de la fin?

Nicolaz Noverraz : Je me rappelle d’un titre dans le journal après le titre de 99. C’était écrit un truc du genre « Servette retrouve sa première place ». Même si cela n’a pas plu aux vaudois, moi, ça m’a plu! Servette doit être en haut, c’est comme ça…

Les oeuvres des Charmilles

Les liens

Pour Contacter Nicolas Noverraz

17 réflexions sur « Nicolas Noverraz : « mon coeur est servettien! » »

  1. Jolie trouvaille des EDS. Je tire mon chapeau.

    Vu qu’on ne peut plus acheter les originaux, est-ce que des reproductions existent?

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    1. Il existe des lithographies de certaines des toiles…notamment de la devanture du stade des Charmilles, mais en plus petit. J’ai l’original, mAis il ne sera jamais à vendre, LOL !
      Pour la lithographie, il te faut regarder directement avec Nicolas…
      Prix très correct et en plus il est super sympa !

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      1. Mais tu as complétement fumé toi!!! Tu veux aussi que j’offre la mienne pendant que t’y es!!!!

        Je vais te péter la gueule Oscaaaaaaaar!!!!!!!!!!!

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      2. Une petite question anecdotique et d’ethique journalistique. Vous avez eu les peintures avant ou apres l’interview? Moi je n’es pas tondu le gazon d’Oscar pour avoir droit a une interview…

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  2. On a en tout cas bien rigolé avec Nicolas lors de l’entretien. A ce sujet, merci pour le Bordeaux, il était excellent.
    Sinon, peut-être aurons-nous droit à des toiles de la Praille…d’ici quelques années !!!

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