3 ème journée : BSC YOUNG BOYS – SERVETTE FC : 1-1 (1-1). Le match sous la loupe

Après un exploit de haute voltige réalisé brillamment une semaine plus tôt, les Grenat se déplaçaient ce dimanche dans la capitale pour y disputer une nouvelle rencontre ô combien périlleuse face à l’un des grands favoris du championnat.

Le film du match

Les vieux démons….
Réminiscences de mauvais cauchemars ou réapparition des fantômes du passé..? Toujours est-il qu’après à peine 1 minute de jeu, et comme face à Thoune 14 jours plus tôt, c’est un véritable coup de massue qui s’abattit sur les grenats. Une ouverture du score sous la forme d’un autogoal bien malheureux du malchanceux Schneider. Stupeur chez les supporters.

Des relents de mauvais présage pour la suite de la rencontre..? C’était sans compter sur la détermination et le culot du néo-promu, lequel forca le destin en poussant le scénario du match à épouser une tournure totalement différente. En effet, les Grenat, nullement abattus par ce mauvais coup du sort, redressèrent aussitôt la tête pour trouver l’égalisation par l’opportuniste Vitkieviez.

18 passes consécutives!
Les minutes qui s’ensuivirent dévoilèrent des Servettiens entreprenants, dominant territorialement leurs adversaires. Cette action de la 12e minute, faite de 18 passes consécutives, illustration de la partition splendide livrée par les Grenat en début de rencontre, témoigna même à la surprise générale d’une supériorité technique évidente. Une domination qui prit par moments des allures « catalanes », recontextualisée à la sauce « helvétique », il va de soi.

Seuls les derniers quarts d’heure bernois ainsi que leur supériorité athlétique et physique, spécialités traditionnelles des maîtres des lieux, furent proches de l’indigeste pour des visiteurs qui réussirent cependant à surmonter ces obstacles de tous les dangers par leur solidarité et leur cohésion inébralanbles. En définitive, les Grenat réalisent un nouvel exploit (presque) inattendu, et ramènent de leur déplacement un point, aussi brillamment acquis qu’amplement mérité.   

 
Le système

Fort de la magnifique victoire ramenée de Zürich, Joao Alves n’allait logiquement pas se départir de son 4-2-3-1 habituel. Là où le technicien portugais allait quelque peu surprendre, c’est dans la composition de son 11 de départ. Les alternatives ne manquaient pas, et cela, à différents postes. Le débat était d’ailleurs fort animé à ce sujet sur le forum des EDS. Or, les surprises ne manquèrent pas. Adepte de la magie de notre druide et l’esprit intuitif, n’avait-on d’ailleurs pas émis l’hypothèse que celui-ci garderait probablement, bien au chaud, une énième alternative sous forme de potion magique redoutable? Des options peut-être étonnantes au premier abord, mais s’avérant tellement judicieuses par la suite. Jugez plutôt :

  • décaler Ruefli sur la gauche pour contrebalancer la tendance offensive, portée vers l’avant, d’un Degen, et pour glisser Schneider à droite afin de miser sur l’expérience dont il dispose. Un atout forcément précieux au moment d’aller défier un ténor sur son terrain.
  • reculer Nater pour utiliser ses capacités de relayeur dans un rôle généralement dévolu à Pizzinat, pour permettre au système de gagner en homogénéité avec la présence d’un demi axial à vocation purement offensive en la personne de De Azevedo. Cette option offrit d’une pierre deux coups, soit 1) apporter un meilleur équilibre défense-attaque au sein du système, mais aussi 2) utiliser à meilleur escient les aptitudes naturelles de Marcos. Nous aurons ainsi vu un Eudis paraissant moins isolé à la pointe de l’attaque servettienne lors des premières minutes du match. Mieux, le Servette, dans son ensemble, aura pu être en mesure de mieux occuper le terrain et de se porter vers l’avant avec davantage de verticalité, les espaces entre les lignes se trouvant ainsi ressérés. C’était osé, mais tellement bien pensé, après coup…
  • titulariser Eudis au détriment d’Esteban, pour 1) s’appuyer en début de match sur le gabarit plus imposant du brésilien afin de peser davantage sur une équipe très athlétique et imposante sur le plan physique, pour 2) profiter ensuite de la vivacité de Julian en cours de match, à un moment où les espaces deviendraient plus importants, et où le contexte du match se prêterait ainsi mieux à l’expression de ses qualités.

Joao Alves reviendra logiquement, vers la fin du match, à un 4-2-3-1 légèrement plus défensif, en introduisant Pizzinat pour remplacer un De Azevedo visiblement fatigué. Ce changement, intervenu au moment propice, aura pu redonner au Servette de la sérénité et du contrôle sur le déroulement du match, tout en assurant les arrières pour préserver un bon point. Les Grenat avaient alors urgemment besoin de la fraîcheur et de l’expérience d’un nouveau demi relayeur axial. Nater, lui aussi fatigué, ne pouvant plus réellement jouer ce rôle et étant appelé à terminer le match plus haut dans le terrain. Qui, dès lors mieux que Pizzinat, pour amener ce précieux soutien?

 
La défense

Alves aura profité du retour de blessure de Routis pour associer le français à Baumann. Les deux compères semblent former, à ce jour, la défense axiale sur laquelle souhaite se reposer le technicien portugais. Or, sur ce match, force est de constater que les deux joueurs ont parfaitement tenu leur rôle, faisant preuve de solidarité, de discipline et d’agressivité. Bien dirigés et couverts par un Gonzalez en confiance, ils ont contribué, de par leur très bonne prestation, à la rigueur défensive dans son ensemble.

Si Schneider a semblé moins à son aise sur le côté que dans l’axe une semaine auparavant, se faisant parfois prendre de vitesse, Ruefli aura pour sa part tenu la dragée haute à David Degen. Plutôt pas mal pour un « novice » à ce niveau-là. A y regarder de plus près, sa prestation est plus que prometteuse, compte tenu de son potentiel de progression qui demeure évident. Au final, la défense a probablement livré, sur ce match, sa meilleure partition depuis le début du championnat.

Le milieu

Plus dynamique, complémentaire et équilibré par la présence d’un demi axial à vocation offensive au sommet du « triangle », le milieu de terrain sera parvenu également à élever son rendement d’un cran. De Azevedo aura brillé durant la première mi-temps, occupant clairement un poste lui convenant davantage que sur les côtés. Couvrant et conservant parfaitement bien le ballon, il aura permis à son équipe de jouer plus haut dans le terrain. Par conséquent, on aura davantage pu voir à l’oeuvre les qualités, également offensives, d’un Kouassi, évoluant alors au sein d’un contexte lui permettant d’exprimer une plus large panelle de son important potentiel.

Nater se sera également montré plus à son avantage dans un rôle de relayeur, faisant transiter avec aisance le ballon de la défense au milieu. Prenant de l’assurance et de la confiance, il amène une technique différente de Pizzinat, plus en vista probablement. De même son gabarit plus imposant, précieux sur les balles aériennes, ainsi que son endurance importante, constituent des avantages non négligeables. A la lumière de ces considérations, on comprend mieux le choix d’Alves que de le titulariser en lieu et place de notre précieux capitaine. Là aussi, le bilan global de l’entrejeu débouche sans aucun doute sur la performance la plus aboutie depuis la reprise.

L’attaque

C’est cette fois-ci Eudis qui aura débuté la rencontre en tant qu’attaquant nominal. Les changements opérés au milieu eurent une incidence sur la position occupée par le brésilien. En effet, mieux épaulé par la présence plus haute dans le terrain du demi axial offensif et, relation de cause à effet, par la position plus offensive des deux demis extérieurs, il aura paru moins esseulé à la pointe de l’attaque. Son début du match fut d’ailleurs de meilleure facture que lors de ses précédentes sorties. On a senti, l’espace d’un instant, qu’il pouvait être en mesure de se montrer décisif. Hélas pour lui, ses efforts auront été vains, bien qu’il contribue à l’action qui permet l’égalisation. A sa décharge, il aura aussi fait l’objet d’une attention particulièrement soutenue de l’arrière-garde locale, démontrant par là-même qu’il représentait du danger. Les efforts à fournir pour évoluer seul en pointe sont conséquents. C’est donc logiquement que son rendement baissa peu avant l’heure de jeu, Eudis ne parvenant plus à couvrir le front de l’attaque dans son entier.

Joao Alves aura alors misé sur son joker de luxe Karanovic. Préférant lui offrir un contexte totalement similaire à celui qui lui permit de briller une semaine plus tôt, il se veilla de l’introduire sur le côté gauche, décalant ainsi étonnamment Yartey dans l’axe. Ce choix avait de quoi surprendre quand l’on sait que le meilleur buteur grenat a justement comme vocation naturelle d’évoluer dans l’axe. Or, à y regarder de plus près, la stratégie s’explique. En plaçant Karanovic sur le côté, Joao Alves sait pertinemment que son joker repiquera dans l’axe dès qu’il en aura l’opportunité. Aussi, en choisissant cette stratégie, il mise sciemment sur les décalages de zones que provoqueront les déplacements répétés de Yartey et Karanovic, ceux-ci étant appelés à déstabiliser la défense adverse en s’interchangeant leurs places au sein des offensives. Cette possible rotation procure alors une liberté et un « effet-surprise » particulièrement bienvenus lorsque le match tire sur sa fin. Il y au du remake de Zürich derrière ce choix. Notre entraîneur s’est efforcé de miser sur cet élément l’espace de quelques minutes, sachant que Julian remplacerait le Ghanéen peu de temps après.

L’entrée de l’enfant prodige, dont les qualités à ce moment-là de la partie allaient trouver un terrain idéal pour s’exprimer plus librement, s’imposait naturellement. D’ailleurs, il en fut de peu pour que celui-ci n’offre la victoire aux siens sur une action de rupture rondement menée. En conclusion, on dira que le secteur offensif dans son ensemble aura trouvé davantage de consistance et de poids à travers le remaniement du système cher à notre entraîneur. 

BSC Young Boys : Wölfli ; Sutter, Nef, Veskovac, Spycher ; Degen, Silberbauer, Farnerud, Nuzzolo (62e Raimondi) ; Costanzo (56e Schneuwly), Bienvenu (77e Doubai).

Servette FC : Gonzalez ; Schneider, Baumann, Routis, Ruefli ; Nater, Kouassi ; Vitkieviez, De Azevedo (69e Pizzinat), Yartey (74e Esteban) ; Eudis (54e Karanovic). 
Buts : 1e Schneider (autogoal) 1-0, 3e Vitkieviez 1-1.

Grenat DC

3 réflexions sur « 3 ème journée : BSC YOUNG BOYS – SERVETTE FC : 1-1 (1-1). Le match sous la loupe »

  1. Merci Grenat DC! Merci les EDS! Je ne vous suit que depuis quelques mois… mais qu’est ce que j’aime ces analyses! c’est autre chose que le Matin ou le 20 minutes …

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  2. Pourtant nous existons depuis plus de 3 ans !!! Merci à Grenat DC pour ses analyses pertinentes. Et merci à toi de nous lire.

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