4 ème journée : SERVETTE FC – FC LAUSANNE-SPORT : 4-2 (3-1). Le match sous la loupe!

Pour qu’un derby s’élève au statut qui est le sien, il se doit d’être spectaculaire, enjoué, étincelant. Aussi, à défaut de nous livrer un jeu exceptionnel, il nous aura offert un match plein avec pas moins de 6 buts, tous garants de la tradition du fameux « Derby Lémanique »…

Suprématie territoriale en forme d’hommage

Voilà plus de 10 ans que le légendaire derby lémanique avait disparu de l’élite du football suisse. De longues années durant lesquelles, irrémédiablement, il manquait ce petit quelque chose qui transcende, qui transporte. LE rendez-vous incontournable. Il en est ainsi d’un événement propre à élever la ferveur au firmament de l’univers passionnel. Servette – Lausanne, c’est ça. LE derby par excellence, nourri depuis des lustres par la rivalité historique et les oppositions culturelles, philosophiques et politiques.

Davantage qu’un match, il revêt souvent une importance fondamentale avec en toile de fond l’éternelle question sous forme de supprématie territoriale, tout du moins au sein de l’univers du ballon rond, et par extension de ce sport universel, dans les méandres du respect, de la considération et de la domination : le Lac Léman est-il bleu ou grenat?

Quand, à l’atmosphère électrique des retrouvailles d’un derby de tradition, s’ajoutent les hommages à l’un des plus beaux fleurons de la légende d’un club devenu institutionnel au fil de plus 120 ans d’Histoire, alors l’instant de sport proposé épouse aussitôt les sphères émotionnelles. Debout, émus, l’âme en communion, les 17’500 spectateurs saluèrent ainsi en choeur l’entrée sur le terrain des acteurs du renouveau. Tout en embrassant, en pensées et larme à l’oeil, le vaillant guerrier et héros légendaire N°11 devenu mythique à tout jamais : LE Grenat Jacky Fatton.

Pour qu’un derby s’élève au statut qui est le sien, il se doit d’être spectaculaire, enjoué, étincelant. Aussi, à défaut de nous livrer un jeu exceptionnel, il nous aura offert un match plein avec pas moins de 6 buts, tous garants de la tradition. Avec, en bonus, les deux pépites de De Azevedo, offrandes précieuses à faire lever le public, véritables cerises sur le gâteau. Au final, c’est un Servette dominateur, plus agressif et supérieur techniquement, notamment à mi-terrain, qui remporte cette première confrontation entre les frères ennemis, venant à bout d’un Lausanne-Sport apparaissant émoussé et pas au meilleur de son jeu…

Le système

Après deux sorties plus que convaincantes, le système 4-2-3-1 prôné par Joao Alves s’est imposé. Aussi, c’est avec logique qu’il fut reconduit pour ce premier derby de la saison. Seul changement à noter au sein du 11 de départ par rapport au match précédent à Berne étant la titularisation de Moubandje en tant que latéral gauche, provoquant le repositionnement de Rüfli en latéral droit. C’est Schneider qui fit les frais de cette modification en s’assayant sur le banc. Trois éléments peuvent parler en faveur d’un tel choix :

  • Evoluant à domicile, les Grenat se devaient d’imposer leur jeu d’entrée de match. Imprimer leur empreinte sur le déroulement de la rencontre, créer du danger offensif et agresser le visiteur. Cela est d’autant plus important dans le contexte enjoué d’un derby. Or, Moubandje, de par ses qualités offensives, aisance technique et dribbles châtoyants, possède davantage le profil pour répondre au but recherché qu’un Schneider davantage typé défensif. Pour aller plus loin dans l’analyse, on peut penser que, sur le même principe qu’à Berne lorsque la portée offensive de Rüfli visait à contenir les avancées d’un Degen, la présence du jeune espoir grenat avait comme dessein de contrebalaçer sur son côté gauche les montées vers l’avant du véloce Marin.
  • Ce changement permit à Rüfli de retrouver ses repères sur son côté fétiche.
  • Depuis la reprise du championnat, Schneider a montré davantage de prédispositions naturelles à évoluer dans l’axe. Aussi, il apparaît, à ce jour, le parfait substitut à la paire Baumann-Routis. Il n’est ainsi guère surprenant si Diallo ne fut pas retenu sur la feuille de match, cela démontrant qu’Alves considère probablement Schneider en premier lieu comme un défenseur axial.

Il convient de relever que ce 4-2-3-1, avec son triangle axial dans l’entrejeu, permet aux Grenat de posséder une assise solide qui renforce à bon escient le secteur défensif, lequel présente certaines fragilités, tout en donnant la possibilité au jeu au sol prôné par Alves de s’exprimer pleinement. De plus, l’apport de deux demis extérieurs offensifs aux qualités de débordement évidentes qui les rendent par moments ailiers, a pour objectif de renforcer et dynamiser un secteur offensif réduit par la seule présence d’un attaquant de pointe. Ces différentes considérations mettent en lumière les raisons qui font du système d’Alves la formation permettant, à ce jour, d’apporter, avec les joueurs à disposition, le plus d’équilibre et d’harmonie au jeu grenat.

La défense

Elle aura soufflé le chaud et le froid sur l’intégralité de ce match. La prestation d’ensemble demeure nénamoins insuffisante en raison notamment de quelques largesses malencontreuses et des deux erreurs grossières qui coûtent les deux buts lausannois. Baumann, interrogé à la fin du match sur les ondes de la RSR, se montrait d’ailleurs logiquement insatisfait du rendement de sa défense, remerciant au passage les pieds en or de De Azevedo, lesquels effacèrent les erreurs commises. Au bilan, on retiendra :

  • + : L’apport offensif des latéraux, notamment de Moubandje, qui fut intenable en première mi-temps.
  • + : La présence dans les interceptions des deux défenseurs centraux, dont un Routis impérial dans les duels de la tête.
  • : Le manque de rigueur dans le positionnement sur les coups de pieds arrêtés défensifs, ce qui n’est pas nouveau. Le Servette s’est déjà fait avoir lors des matches précédents sur de telles phases de jeu. Il faudra donc y remédier, et vite, sous peine de voir le derby sulfureux contre le FC Sion (et peut-être déjà celui face à Xamax de dimanche prochain) prendre une tournure cauchemardesque.  Car. pour rappel, les Sédunois marquant quasiment 2 buts par matches de la tête sur coup-franc ou corner. Attention, danger, gros danger en perspective!
  • : Le manque d’agressivité et de communication au sein d’une défense par moments aux abois. 7 buts encaissés en 4 matches, c’est beaucoup, c’est trop. N’en déplaise à M. Pishyar, il manque encore de toute évidence la présence, au moins, d’un joueur d’expérience et d’envergure dans le contingent défensif du Servette. Joao Alves le sait, lui qui martèle à qui veut bien l’entendre que son équipe a encore besoin de 2-3 joueurs…

Le milieu

Logiquement, le milieu de terrain grenat dans son ensemble fut reconduit pour cette rencontre. Comme nous l’avions analysé la semaine précédente, la présence de De Azevedo dans l’axe est précieuse, à plus d’un titre :

  • Le Brésilien dispose des qualités pour évoluer à ce poste. Son sens de la passe décisive, mais aussi sa puissance de frappe, en font un élément dangereux en permanence. Parfois décrié pour une attitude en apparence nonchalante, il aura su, sur ce match, mettre en avant ses atouts de la plus brillante des manières, faisant du même coup un joli pied de nez à ses détracteurs. Il est vrai que Marcos, typé joueur naturellement à vocation offensive, n’a pas toujours le rendement défensif escompté. C’est un fait. Il importe de relever cependant qu’il apporte davantage sur ce plan lorsqu’il évolue dans l’axe, pouvant jouer ainsi la zone et défendre en freinant par son repositionnement, sans avoir besoin d’appliquer la marquage demandé à un joueur de couloir et pour lequel il n’est pas forcément à l’aise.
  • Le triangle gagne un meilleur équilibre défense-attaque avec la présence de Marcos à son sommet. Il s’étend ainsi davantage et gagne en profondeur. Cela permet à l’équipe de jouer naturellement plus haut dans le terrain. Cet aspect fut fondamental sur cette rencontre, tant le Servette a pu se positionner d’entrée de match dans le camp lausannois, étouffant littéralement son adversaire en l’empêchant de déployer son jeu. Ce fut là l’une des clés du match qui permis au SFC de remporter la partie grâce à la victoire du milieu de terrain.
  • Nater, auteur d’une très bonne prestation, semble s’affirmer toujours plus dans son rôle de relayeur. Kouassi, lui, demeure un élément õ combien précieux et incontournable, de par son agressivité et son explosivité. Il peut ainsi se muer en véritable déclencheur d’actions. Il fut notamment à l’origine des 2e et 4e buts servettiens.

L’attaque

Nous avons relevé à plusieurs reprises à quel point il est difficile pour l’attaquant nominal d’évoluer au sein d’un tel système. Aussi, la mission confiée n’est pas une mince affaire. Il convient néanmoins de relever certains points :

  • Si Eudis est préféré depuis 2 matches à Esteban, c’est probablement parce que Joao Alves souhaite se reposer sur un attaquant de pointe capable d’évoluer en pivot pour s’appuyer sur les extérieurs offensifs que sont Yartey et Vitki. Or, Eudis, de par son gabarit et sa protection de balle, voir sa vision du jeu et son sens de la passe (n’a-t-il pas été milieu axial offensif dans sa carrière?), a davantage les qualités pour occuper un tel rôle. Il est également appelé à descendre davantage dans le terrain pour servir de piquet au départ des actions, Vitki, Yartey ou Kara devenant alors attaquants.
  • Sur l’ouverture du score par exemple, Eudis n’est pas, au moment du débordement de Moubandje, dans les 16 mètres adverses, comme on pourrait à première vue s’y attendre. Mais cela n’est pas la conséquence d’un manque d’investissement de notre attaquant, cela vient davantage du fait qu’il a lui-même créé le décalage au départ de l’action en s’offrant pour permettre le relais avec Moubandje et donner ainsi la possibilité à celui-ci de piquer dans l’axe pour devenir du coup attaquant. C’est d’ailleurs le jeune espoir qui tire au but en position de finisseur avant que le ballon ne retombe dans les pieds de Yartey.
  • Ce type d’action est une parfaite illustration des raisons qui contribuent à rendre Karanovic dangereux lorsqu’il entre sur le côté (cf. : »le match à Zürich). Aussi, Eudis semble parfois courir dans le vide, ne pas apparaître décisif car il ne marque pas. Mais tout cela est bien plus subtile. Il contribue au jeu, au système prôné par Alves. C’est probablement la raison pour laquelle notre attaquant est à ce jour aligné dans le 11 de départ et cela même s’il n’a pas encore marqué. Esteban possédant davantage les aptitudes pour évoluer au sein d’un 4-5-1 cherchant la profondeur et la vitesse de l’attaquant nominal.
  • La présence de De Azevedo au sommet du triangle, comme à Berne, apporte plus de profondeur au système. Elle permet, entre autres éléments, à Eudis d’évoluer de manière moins isolée et ainsi de mieux exercer le rôle qui lui est dévolu (cf : ci-dessus). Aussi, les prestations de notre attaquant, bien que n’étant pas parfaites pour autant, demeurent en constante progression depuis 2 matches.

Servette FC – FC Lausanne-Sport : 4-2  (3-1)

Stade de la Praille : 17’342 spectateurs

Servette FC : Gonzalez ; Rüfli, Baumann, Routis, Moubandje ; Nater, Kouassi ; Vitkieviez (64e Karanovic), De Azevedo (59e Pizzinat), Yartey ; Eudis (79e Esteban). 
 
FC Lausanne-Sport : Coltorti ; Bah, Page, Meoli, Sonnerat ; Marin (46e Kamber), Muslin (68e Khelifi), Marazzi, Lang ; Moussilou, Roux (46e Negrão).

Buts : 7e Yartey 1-0, 17e Lang 1-1, 35e De Azevedo 2-1, 43e De Azevedo 3-1, 53e Lang 3-2, 72e Karanovic (Penalty) 4-2.

Grenat DC

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