
Avant ce premier déplacement à la Thun Arena, le Servette FC restait sur trois victoires probantes. 9 points récoltés en l’espace d’une semaine qui permettaient à nouveau aux Grenat de se replacer dans le milieu du tableau, pour se libérer des tensions liées à la zone de relégation et, mieux, pour prétendre jouer les troubles-fête dans la course à la qualification européenne…
Servette loupe le coche…
Au regard de ces derniers matches, il apparaissait finalement que le Servette pouvait enfin se reposer sur des repères bien précis. Ces points d’accroche qui permettent de développer un jeu basé sur des certitudes nouvelles. Cette continuité s’était sentie et laissait augurer du meilleur. Mais le Servette version 2011-2012 est un édifice encore bien fragile. Il lui en faut peu, très peu même, pour basculer d’un côté comme de l’autre. Probablement l’instabilité d’un néo-promu. Toujours est-il que le Servette aura fait tout faux sur ce match. L’absence de Kouassi se sera révélée à nouveau cruciale, le système tactique du Servette devenant subitement totalement désorganisé. Le druide Alves, peu inspiré lors de ce déplacement, ne sera jamais parvenu à trouver l’alchimie.
Les joueurs, probablement trop euphoriques depuis leurs trois succès consécutifs, ont cruellement manqué d’engagement, d’humilité et d’enthousiasme. Face à un FC Thoune qui demeure une équipe solidement établie au plus haut niveau depuis quelques années, bien équilibrée et organisée, parfaitement homogène et désireuse de briller devant son public, tous ces manques grenat pesèrent lourd, très lourd, au décompte final. 3 buts encaissés pour autant de points perdus, la conséquence et le résultat d’un non-match de tout l’aéropage grenat. Le plus mauvais réalisé à ce jour au sein de ce championnat. Un faux-pas peut arriver. Un jour sans aussi.
Néanmoins, il demeure une nécessité de tirer des enseignements d’une journée aussi noire. Les leçons qui s’imposent pour se remettre au travail au plus vite. Cela ne doit pas relever de la volonté, mais bien plutôt du devoir de chacun. Par respect pour ce maillot grenat qui représente tant.
L’échec du Servette à Thoune fut global et collectif, et il ne semble pas pertinent de séparer notre analyse en fonction des zones du terrain. Aussi, plutôt que de vous passer en revue les différentes secteurs de jeu, les Eds vous propose, une fois n’est pas coutume, de décortiquer les différents éléments qui ont pêché dans cette rencontre, ceux sur lesquels il apparaît primordial que le Servette s’arrête pour se donner la chance de continuer à évoluer et progresser à l’avenir. La mise en évidence de certains secteurs de jeu aura simplement comme dessein de servir à l’argumentation des éléments amenés.
Le système
Il est dit, depuis le début du championnat, que le Servette souffre d’un mal peu commun, dénommé scientifiquement la « Kouassi-dépendance ». Le sujet qui en souffre semble devoir être contraint de vivre avec le facteur Kouassi dans ses veines, au risque de tendre vers une mort certaine. Pas besoin de médecin au chevet du Servette au lendemain de cette défaite pour dresser un nouveau diagnostic. Les Grenat sont plus que jamais « Kouassi-dépendants ». Alors même qu’Alves était brillamment parvenu à moduler son dispositif tactique traditionnel, le fameux 4-2-3-1 au triangle médian en un 4-2-3-1 plus offensif et enjoué proche d’un 4-2-4, pour palier aux difficultés offensives de son équipe (notamment dans la concrétisation et la réalisation), et qu’il avait réussi à le reconduire et à l’établir progressivement avec force, il décida, pour une raison qu’il reste difficile à comprendre, de le changer à nouveau. Certes, il fallait bien trouver une alternative à l’absence de Kouassi. 2 options semblaient plutôt logiquement s’imposer :
- a) remplacer poste pour poste, en introduisant, à la place de Kouassi, soit Pont (au profil de récupérateur qui se rapproche le plus de l’ivoirien), soit Nater (pour réguler le jeu et associer un axial capable d’épauler Pizzinat dans le travail défensif, la relance et le développement du jeu).
- b) revenir à un 4-2-3-1 au triangle médian (et en abandonnant le losange d’attaquants). Soit
- b’) à tendance plus défensive (après tout le match se disputait à l’extérieur et il convenait avant tout de contenir le jeu thounois) en introduisant Pont et Nater aux côtés de Pizzinat, et en enlevant un demi-attaquant (Vitki, M’Futi ou Yartey) pour l’utiliser dans un rôle de joker appelé à entrer en cours de match.
- b ») à tendance plus offensive, en introduisant ou Nater, ou Pont, aux côtés de Pizzinat à la base du triangle, avec au sommet de celui-ci, De Azevedo.
Or, Joao Alves s’est perdu. Il fut un temps où il serait revenu à l’un de ces systèmes. Mais, sans doute induit en erreur et perdu dans ses repères par l’avènement efficace de son nouveau losange d’attaquants, il décida de mixer un peu de tout ça pour une moitié de triangle associée à un 3/4 de losange, pour finalement déstabiliser tout son groupe et enlever les moindres repères. En gros, Joao Alves n’a semble-t-il pas réussi à trancher, souhaitant garder un peu du meilleur des deux options.
La conséquence fut un suicide irrémédiable. Visible dès les premiers instants de jeu. Un milieu inconsistant, Pizzinat étant trop seul pour effectuer à la fois le rôle du récupérateur, du relayeur et du créateur. Un triple emploi ô combien impossible à tenir, à moins, et encore, de s’appeler Xavi. Cela se traduisit par un manque de cohésion dans le jeu grenat, et l’équipe parut scindée en deux. Les joueurs offensifs et ceux défensifs n’apparaissant ne pas faire partie de la même équipe. Le Servette fut dès lors incapable d’alimenter son attaquant axial en bons ballons, celui-ci errant à nouveau dans le vide à la pointe de l’attaque grenat. Les demis-extérieurs ne furent guère plus à l’aise, devant trop reculer pour recevoir enfin des ballons. Et la défense fut littralement livrée à elle-même, tentant tant bien que mal de retarder une échéance qui semblait totalement inéluctable.
Non, le choix n’était pas le bon. Joao Alves s’en aperçut d’ailleurs très vite, et apporta des modifications. Mais cela n’eut comme conséquence que la fâcheuse tendance à déstabiliser tout son groupe, et à exclure du jeu un joueur qui ne le méritait pas. Stratégie peu pertinente en matière de gestion d’un groupe. Bref, passons. Mais il est intéressant de relever une chose : lorsque Joao Alves s’enrhume, c’est tout le Servette qui tousse. Ce constat en amène un autre, par un raisonnement inversé : Joao Alves y est pour beaucoup dans les succès grenat et le splendide parcours de son équipe à ce jour. Il parvient à sublimer une équipe et à en faire une plus-value conséquente.
Les récentes sélections de deux joueurs Grenat sous le maillot à croix blanche en sont une parfaite illustration. Mais cela relève de son inspiration. Lorsque celle-ci manque, on se trouve face à une réalité : le groupe servettien manque encore de beaucoup de choses pour être en mesure d’évoluer sereinement au sein de la Super League. L’inaccessible Costinha a du travail plein les bras pour cet hiver. Il se doit de permettre à son club de se renforcer encore sur le plan sportif. Là aussi, c’est un devoir.
Le manque de repères et de consignes clairs
Tout au long du match, il a semblé planer un manque de cohésion au sein du groupe par manque de repères bien clairs. Cela s’est ressenti avec des joueurs apparaissant avoir de la peine à bien comprendre leur rôle sur le terrain. Aussi, M’Futi fut-il coaché et replacé presque à chaque minute par Alves. Yartey a semblé également hésiter entre le fait de jouer dans une position axiale, ou de se déporter sur les côtés. De Azevedo idem. Kara fut tenté de reculer trop bas pour venir chercher des ballons. Pizzinat cherchait à comprendre. Comme pour trouver une solution là où il n’y en avait finalement pas.
Le Servette joue la zone. Aussi, une grande liberté est attribuée à la plupart de ses joueurs. Cela peut être redoutable et constituer une force. On l’a vu sur les derniers matches. Mais, avec le système du jour et ce manque de repères bien définis, cela s’est transformé en sa plus grande faiblesse. Aussi, la comparaison avec le FC Thoune fut-elle criarde. Là où les locaux semblaient parfaitement en accord avec eux-mêmes, évoluant les yeux presque fermés, les Grenat auront passé la rencontre à essayer de se trouver. On eut alors l’impression et le sentiment d’assister à un match entre une vraie équipe et un groupe d’éléments disparates.
Les éternelles erreurs
Les matches se suivent et ont parfois tendance à se ressembler, tout du moins dans certaines erreurs qui, décidément, peinent à se gommer. On s’arrêtera une nouvelle fois sur le repli défensif qui demeure toujours largement insuffisant. On prendra, pour argumenter notre avis, un exemple, le plus parlant probablement : le Servette hérite d’un corner. Les grands défenseurs, bons de la tête, montent. Les latéraux, qui ont des qualités offensives, s’y aventurent aussi, ou presque. De Azevedo va tirer. Les 2 demis-attaquants et l’attaquant nominal s’engagent. Qui reste-t-il donc en retrait?! Ce bon vieux Pizzinat a semblé aussi esseulé que le pauvre Kara à la pointe de l’attaque lorsqu’il dut s’employer à ressortir ses jambes de 20 ans pour briser dans l’élan une contre-attaque thounoise, suite à un corner offensif grenat (!), qui avait le poids d’un but. Ce manque de couverture apparaît d’autant plus suicidaire quand l’on connaît la rapidité des joueurs offensifs thounois, particulièrement redoutables en contre. Le Servette a déjà pris un but (ou des) buts ainsi. Et le problème perdure. Jusqu’au prochain but?!
Au chapitre des éternelles erreurs, nous pouvons également souligner, à double traits, l’agressivité mal gérée. Cela n’est pas nouveau. Elle a déjà valu des suspensions. Kouassi en est un exemple. Certes sanctionné à tort la dernière fois, mais cela lui pend à chaque fois au bout du nez, et il semble avoir de la peine à se corriger. Mais que dire de Ruefli, qui joue avec le feu tout au long du match, et qui le termine d’ailleurs avec une dent en moins, et Moubandje qui se laisse berner pour commettre une faute lourde de conséquences car synonyme d’un second jaune et donc d’une expulsion. Ces choses se sentent. Depuis le début du match, nous nous disions : attention, danger! A ce rythme-là, il y aura expulsion.
Les thounois ont sans doute reçu les consignes de Challandes de provoquer ce facteur-là au fur et à mesure de la rencontre, voyant cet aspect grenat fragile. Encore bien vu de la part des Thounois. Mais, alors que semblait s’imposer un service de précaution, Ruefli a continué à jouer le jeu des provoc’ malvenues. Et personne n’a semblé s’imposer pour repérer ce problème et calmer les ardeurs déplacées de certains Grenat. Tout ça n’est pas bon. Ruefli sera suspendu. Moubandje aussi. En l’état actuel des choses, de par la suspension de Kouassi, le Servette n’a pas besoin de cela. Ce d’autant plus que son contingent, déjà relativement limité en l’absence de réels leaders, est également touché par les blessures. Le déplacement à Bienne, en Coupe, s’annonce aussi piégeux que celui de Thoune.
Le manque d’expérience
Encore une fois, il est flagrant sur ce match. Aucun joueur ne fut réellement en mesure de gérer la situation, d’amener du changement, de s’imposer en leader pour secouer les troupes. Non, chaque joueur a coulé, à peu près en même temps, tous aussi amorphes les uns que les autres, sans esprit de révolte. Quand le Servette joue bien, pas de problème. Il s’enflamme, et il n’a alors plus qu’à laisser s’exprimer son intéressant potentiel offensif et sa belle jouerie. Mais lorsqu’il s’agit de retrousser les manches, cela devient plus aléatoire, plus tangeant. Là encore, les regards se tournent vers les dirigeants. Cette équipe du Servette se doit de devenir plus stable, plus solide et plus régulière dans ses performances. Cela passera inévitablement par l’engagement de joueurs d’expériences, de vrais leaders. Avec toujours le même objectif recherché : si possible, 1 leader par ligne.
Ce manque d’expérience s’est également remarqué dans la manière d’aborder ce match. De toute évidence, les servettiens, son entraîneur y compris, semblent avoir sous-estimé Thoune. Se sont-ils vus, après trois victoires consécutives, dont la dernière face au redoutable YB, plus forts qu’ils ne le sont vraiment? Avaient-ils la tête ailleurs, au maillot national pour Ruefli et Moubandje, ce dernier semblant totalement ailleurs sur ce match et si peu concerné. Or, justement, ce déplacement, sur gazon synthétique et dans un petit stade où vibre la ferveur, après deux semaines de trêve, apparaissait davantage se profiler comme le piège par excellence que le fait de recevoir YB, bercés par l’euphorie, dans la foulée de deux victoires à domicile et dans la peau de l’outsider qui n’a rien à perdre. Le Servette devait aborder ce match différemment. Il paie encore, là aussi, son manque d’expérience à ce niveau.
Le revêtement synthétique de la Thoune Arena
Cet élément est relevé volontairement en dernier. Car il ne serait pas partinent de se retrancher uniquement derrière des conditions purement matérielles pour tenter d’expliquer ce naufrage collectif. Mais il convient malgré tout de s’y arrêter, tant les Grenat sont apparus limités et handicapés dans l’exécution de leurs gestes par des rebonds peu maîtrisés. Les synthétiques semblent différents. Si celui de Berne leur avait permis de pratiquer un excellent football, celui-ci fut impossible à dompter. Peut-être en partie en raison des limites apparemment plus petites du terrain. Mais toujours est-il que cela a clairement joué en défaveur des Grenat sur ce match, incapables d’asseoir et de développer leur jeu, accumulant les déchets techniques. Cela peut suffire pour perdre confiance très tôt dans un match et tomber ainsi dans une spirale négative au fil des minutes.
Au passage, il demeure tout de même curieux que la ligue de football suisse autorise la possibilité à certaines équipes de disputer un championnat sur revêtement synthétique, alors que d’autres jouent sur gazon. Cela devrait logiquement conférer un avantage pour l’équipe qui est habituée à ce genre de revêtement. En terme d’équité, est-ce vraiment pertinent? Bref, comme cela est une bien curieuse réalité, il convient de faire avec. Aussi, les Grenat seraient-ils bien inspirés, en tous les cas avant leur prochain déplacement à la Thoune Arena, de se préparer sur un synthétique similaire, et cela plusieurs jours avant.
FC Thoune – Servette FC 3-0 (1-0)
FC Thoune : Da Costa ; Bigler, Reinmann, Ghezal, Schneider ; Hediger, Demiri ; Schneuwly, Lezcano (83e Volina), Schirinzi (70e Wittwer) ; Lustrinelli.
Servette FC : Barroca ; Ruefli, Roderick, Diallo, Moubandje ; Pizzinat ; Vitkiviez (46e Nater), Yartey, De Azevedo, M’Futi (31e Pont) ; Karanovic (59e Saleiro).
Grenat DC
Concernant le dernier point, à choisir entre un terrain synthétique et un champ de patates voici ma réponse:
Etant donné la météo clémente dont nous disposons en Suisse^^, je trouve mieux de pouvoir quand même disputer des matchs durant les périodes de mauvais temps (en gros les 2/3 du championnat) et avec moins de risques de blessure pour les joueurs que sur une « véritable pelouse » pleine de trous et de mottes.
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