
Quartier libre pour ce week-end : le match Servette-Xamax a été déprogrammé ! Pour toujours ? Nul ne peut encore savoir si Goran Karanovic rentrera dans l’Histoire comme le dernier Servettien à avoir marqué contre Xamax et si les Rouges et Noirs rejoindront l’Anglo-American au registre des ex-champions de Suisse ayant disparu corps et biens. Au fil du temps, bien des clubs ont tiré leur révérence. En voici cinq : deux anciens ténors de l’élite et trois clubs témoignant d’un pan de l’Histoire genevoise. Tous ont affronté Servette en match officiel.
FC Cantonal Neuchâtel : un des avatars de la Maladière

Le tout premier adversaire de la ville de Neuchâtel pour les Grenats, au début du siècle, avait été le FC Neuchâtel, puis ce club a fusionné avec le FC Vignoble pour donner naissance au FC Cantonal Neuchâtel quelques années plus tard. Le nouveau club décroche le titre en 1916. Le club alterne par la suite des décennies en LNA avec des décennies en LNB. Lors de la saison 1963-1964, le club montre une dernière fois son museau dans l’élite. En 1969, il fusionne avec le FC Xamax pour donner naissance au FC Neuchâtel Xamax. On attend la prochaine réincarnation !
Le dernier match contre Servette
Lors du dernier passage de Cantonal en LNA, Servette était allé l’emporter 2:4 à la Maladière le 2 mai 1964 à l’occasion de la 21èmejournée. Cette victoire des Grenats fut longue à se dessiner. Privés de plusieurs pions essentiels (Nemeth, Pazmandy, Schaller, Desbaillet, Schindelholz et Heuri), ils étaient menés à la mi-temps. En seconde période, Bosson et Robbiani étaient cependant venus remettre les pendules à l’heure. Profitant de la défaite de La Chaux-de-Fonds à Chiasso, les Grenats rejoignaient ainsi les Montagnards en tête du classement, malheureusement les cinq dernières journées du championnat ne leur furent pas favorables et ils ne finirent que quatrièmes.
Young Fellows : le troisième club zurichois !

Fondé en 1903, le club zurichois a plusieurs fois figuré sur le podium du championnat suisse, remportant même une fois la Coupe de Suisse (en 1936, aux dépens de… Servette !). Dans l’après-guerre, le club s’éloigne des premiers rangs puis tombe en LNB. Il refait une courte apparition en LNA lors de la saison 1977-1978. En 1992, le club fusionne avec Juventus Zurich pour donner naissance au Sportclub Young Fellows Juventus.
Le dernier match contre Servette
Le 6 novembre 1977, Les Young Fellows se rendent aux Charmilles. Leur présence dans l’élite, même si elle fleure bon le passé, est quelque peu incongrue tant l’équipe est faible. De plus, le Servettien Martin blesse bien vite le seul élément en vue de l’équipe : l’Allemand Weller. Servette ne se sublime pas pour l’occasion et seul Martin Chivers illumine quelque peu la grisaille en ouvrant la marque d’une belle reprise de volée sur un centre de Didi Andrey à l’heure de jeu. Sur une déviation, il permet à Weber de sceller le score final (2:0). Servette reste ainsi leader. « Samedi de novembre, vrai samedi des morts » titre un journal genevois. Se doutait-il qu’il s’agissait de la dernière édition d’une prestigieuse affiche d’avant-guerre ?
USI Dopolavoro : la communauté italienne de Genève

Le matin du dimanche 11 juin 1928, du beau monde se presse pour l’inauguration du stade du Dopolavoro italiano à la rue du Velours (Malagnou) : le vice-consul transalpin, un sous-secrétaire d’Etat, un marquis, le vice-président du Conseil d’Etat… Cette société sportive transalpine (comprenant aussi une section de littérature !) apparue en 1920 avait dès 1926 ajouté à son nom une référence au mouvement du « dopolavoro » (« après le travail »), vaste programme d’encadrement des loisirs par les autorités mussoliniennes fidèles à l’adage « du pain et des jeux ». Dix ans plus tard, les Italo-Genevois fêtent une promotion en première ligue simultanément avec le triomphe de la Squadra Azzura en Coupe du Monde. Une exposition est organisée à la Maison d’Italie avec en prime un repas présidé par le consul transalpin. Cette apologie indirecte du régime fasciste qui vient de promulguer des mesures antisémites n’est toutefois pas du goût de tous… Le club monte en LNB puis rechute. Suite à la déconfiture mussolinienne, il change de nom lorsqu’il rejoint l’ACGF en 1948 : la communauté transalpine se scinde en deux équipes : CS Italien et USI Azzuri. Des bagarres éclatent entre les joueurs des deux équipes…
Le dernier match contre Servette
Le Dopolavoro a souvent servi de partenaire d’entraînement aux Grenats. Il a également croisé Servette deux fois en Coupe de Suisse . La dernière fois, ce fut le 30 décembre 1940. Le score fut sans appel pour le club de Malagnou : 10:0 ! Le Dopolavoro s’était certes défendu avec énergie, mais en vain. Les buteurs grenats se nommaient : Monnard (4), Aeby (2), Trello (2), Walascheck et Pasteur. Servette ira jusqu’en finale et perdra la seconde manche contre Grasshoppers.
CS International : les organisations internationales

Créé dans l’entre-deux guerres, le CS International Genève regroupait essentiellement des employés des Organisations Internationales sises à Genève. En 1943-1944, il dispute sa première saison de 1ère ligue puis se hisse même jusqu’en Ligue Nationale B. C’est surtout en Coupe de Suisse qu’il s’illustre en prenant part à deux demi-finales (1945 et 1952). Ne possédant pas de pelouse propre, le CS International avait un temps trouvé un terrain d’entente avec UGS pour évoluer à Frontenex. Le club disparaît en 1973 lorsqu’il fusionne avec le FC Star Sécheron pour former le CS Interstar Genève.
Le dernier match contre Servette
Servette, défait 0:3 sur la pelouse des Charmilles le 24 décembre 1944, a été victime de la première chevauchée en Coupe du CS International (qui venait d’éliminer Abattoirs, une autre équipe défunte…). Malgré le froid, une foule conséquente avait assisté à la partie, relent des grands derbies genevois d’avant-guerre. Le petit Poucet prend le jeu à son compte et Servette subit. Réduits à dix après l’expulsion sévère de Bacher, les Grenats manquent de tranchant et les efforts de Fatton ne suffisent pas. Il faudra encore un peu de patience pour que le tourbillon grenat se mette en place…
Gardy-Jonction : le passé industriel de la Jonction

Avant de s’incliner contre CS International, Servette avait éliminé un autre club passé à la trappe de l’Histoire : Gardy-Jonction. Cette équipe doit son nom à l’usine d’appareillage électronique Gardy installée dans le quartier. Le 3 décembre 1944, les Jonquillards sont pulvérisés par Servette en 32ème de finales de la Coupe de Suisse (8:1), un match sans histoire pour les Grenats. A la fin des années 1960, le déménagement des usines Gardy est annoncé en raison de l’exiguïté des terrains de la Jonction, une école professionnelle est installée dans les locaux. Nous ignorons dans quelle mesure la disparition du club est lié au départ de l’usine. Si une bonne (vieille) âme le sait, elle peut nous le révéler !
Naturellement, cette liste des clubs portés disparus n’est pas exhaustive. Parmi les clubs pionniers du football genevois, plus d’un est définitivement resté sur le carreau (Excelsior, F.C. Genève, etc.). La Rondinella, cette équipe de troisième ligue qui avait presque bouté le grand Servette de 1979 hors de la Coupe n’existe plus , le SC Zoug ou le FC Zähringia Bern non plus, le Lausanne-Sport a perdu son vénérable S final mais ne pinaillons pas …
Voilà, et maintenant, il faut se mouvoir l’arrière-train, sinon il n’y aura plus non plus de Servette-Sion, de Servette-Bâle ou de Servette-Grasshoppers et ça, ce serait impardonnable !
Jacky Pasteur et Germinal Walascheck
Dernière chronique : Ces trois minutes hitchcockiennes après Young-Boys – Servette
La semaine prochaine : Servette-Grasshoppers : le mano a mano du début des années 1980.
Génial cet article. J’ai pris grand plaisir à le lire. 😉
J’aimeJ’aime
Magnifique…! Merci .
J’aimeJ’aime
lol, Interstar, je jouais avec Atletique Regina, on partagais le stade de varembe avec eux, ils etaient toujours nuls -_-
J’aimeJ’aime
oui mais avant la fusion de 1973 star secheron etait regulierement champion genevois de 2eme ligue avec plusieurs vieilles gloires de servette et carouge, romolo merlin, le gardien poulet etc
J’aimeJ’aime
Comme d’habitude,super intéréssant,dans ces moments
de grande déprime,cela fait du bien de ce changer les
iddées.
J’aimeJ’aime
Je suis heureux que tu le prennes comme ça, moi, ça ne m’a pas vraiment changé les idées. J’avais envisagé cette chronique en pensant à Xamax puis au fur et à mesure je me suis rendu compte que cela nous pendait aussi au nez… bon, allez, trêve de pessimisme…
J’aimeJ’aime
Bonjour les amis, voici l’insigne de l’US Italien avant d’ajouter sur leur emblème le faisceau de Mussolini (entre 1920 et 1926).

J’aimeJ’aime
Merci, mais le lien ne semble pas marcher malheureusement…
J’aimeJ’aime
Bonsoir, je viens d’essayer et chez moi ça marche…Je vais mettre un deuxième, cette fois ça devrait marcher :
http://www.servimg.com/image_preview.php?i=494&u=12041238
Cordialement,
Bob
J’aimeJ’aime
Oui, merci, cela marche maintenant.
Pour la petite histoire, je viens de constater que le nouveau site du CS italien (http://www.csitalien.com/index.php?page=historique.php) passe malheureusement sous silence l’épisode du Dopolavoro dont le club est pourtant issu. Ce n’était pas le cas de l’ancienne version du site : http://www.csitalien.ch/ClubDeFoot/Index/~A0AAOK_rkZWblpLZm5WSHZoAgA .
Certes, ce sont de vieilles histoires et il n’est vraiment pas très glorieux d’avoir été un club proche des fascistes mais l’histoire du Dopolavoro, un animateur important de la vie sportive genevoise pendant deux décennies, est néanmoins intéressante à bien des égards.
J’aimeJ’aime