
Cette rencontre face au second du championnat constituait le premier match du nouveau Servette. Le club étant en effet entré dans une nouvelle ère durant la semaine, après l’intronisation de son nouveau patron et sauveur providentiel, l’homme d’affaires canadien Hugues Quennec…
La foule était attendue du côté de la Praille en ce dimanche. L’opération plein stade visant à montrer son soutien envers le sauvetage du club était de mise. Les supporters purent se rendre compte très vite qu’un vent de renouveau soufflait dans les travées. Certes, seulement 10’000 spectateurs étaient comptés pour ce match (mais probablement étaient-ils plus nombreux), mais l’ambiance avait quelque chose de bon enfant, de profondément passionnel. La ferveur se devinait sur les visages de chacun et l’ambiance y était chaleureuse, comme autrefois dans le berceau des Charmilles. L’envie de goûter au foot, enfin, après les tracasseries administratives qui furent à deux doigts de condamner le club à une mort prématurée et injuste. Aussi, les supporters s’unissaient, dès le coup d’envoi, pour s’associer, à travers leurs chants et leurs encouragement, à ce nouvel élan de vie.
Les animations furent à la hauteur de cet événement qui fallit bien ne jamais voir le jour. Aussi, Sherkan, le fameux aigle royal s’est-il élevé en figure emblématique du sport genevois. Déployant ses ailes pour mieux envoûter l’enceinte de ce sentiment de liberté retrouvé. Le ton solennel était donné. Et il était dès lors écrit que le Servette, devant les yeux de son nouveau président adulé et ovationné, ne pouvait perdre ce match.
Face à une équipe de Lucerne supérieure dans le jeu, plus créative et meilleure dans l’animation offensive, il en fallut pourtant de peu pour que le ressuscité grenat coule à pic. Mais ce Servette-là est un exemple de solidarité et de bravoure. Avec l’énergie du désespoir, sauvant à plusieurs reprises le ballon sur la ligne de leur but et en se serrant les coudes pour redresser une situation toujours plus compromise (réduits à 10 et rejoint au score en fin de match), les Grenat réussirent à puiser en eux la force des plus grands combattants. Pour y extraire le secret de se dépasser. Pour aller chercher, dans les ultimes instants, une victoire magnifique. Celle du coeur.
Le système
Joao Pereira maintient ses idées et ancre son système. Le 4-2-3-1 est devenu le credo servettien. Face à ce Lucerne, très présent sur le plan offensif avec ses 3 attaquants, le coach portugais décidait de maintenir un milieu de terrain densifié. Aussi, Pont fut-il reconduit sur le côté droit. Le volume de jeu de ce milieu axial d’origine fut précieux, notamment à la récupération et dans le travail défensif. Positionnés juste devant une défense à 4 dans laquelle Diallo retrouvait sa place de titulaire au détriment de Routis, Pizzinat et Nater avaient la lourde tâche de poser le jeu servettien et de tenir les lignes serrées. Cela ne fut pas toujours facile. Lucerne n’est pas deuxième du championnat par hasard. Le rythme que cette équipe est capable d’imposer est élevé, et elle possède de multiples atouts, à tous les niveaux.
La titularisation des deux hommes en forme du moment, Gonzalez au but et Karanovic en attaquant nominal, semblait s’imposer. Et le scénario qu’épousa, au fil des minutes, cette rencontre ne fit que de prouver la justesse de ce choix. Si le gardien effectua plusieurs miracles à répétition, l’athlétique attaquant démontra toute l’étendue de son potentiel qui pourrait bien l’amener très loin.
Pour compléter notre analyse sur le système proprement dit, nous noterons que si l’équipe y trouve une assise collective, elle peine malgré tout à imposer son jeu, ayant subi et souffert de mille mots face à l’articulation tactique lucernoise, placée très haute dans le terrain. La défense fut ainsi mise sous pression, et le filtrage à mi-terrain rendu plus difficile. Il n’est d’ailleurs pas un hasard si l’expulsion de Pizzinat fragilisa le système et ne permit pas au Servette de tenir plus longtemps sans prendre un but. Le Servette doit cette victoire à ses qualités morales et à ses valeurs de coeur, davantage qu’à sa maîtrise tactique sur le jeu.
La défense
Mise à mal tout au long de la rencontre, elle put remercier, au coup de sifflet final, son extraordinaire gardien Gonzalez. En état de grâce, le dernier rempart grenat retarda l’échéance, accumulant les prouesses et les miracles par des parades réflexes sur des tirs pourtant à bout portant. En pleine confiance, il ne cesse d’élever son niveau au cours de ces premiers matches du second tour, pour en arriver à crever l’écran.
Il fallait bien cela pour tenir face à cet adversaire au redoutable potentiel offensif. Certes, l’ombre d’Hakan Yakin, planait sur le front de l’attaque lucernoise. Heureusement pour les Grenat que celui-ci s’est envolé sous d’autres cieux durant l’intersaison. Il est à parier que la défense servettienne n’aurait alors pas réussi à tenir aussi longtemps. Les carences demeurent. Les deux axiaux rencontrent toujours des problèmes dans le positionnement. C’est parfois trop aléatoire, trop imprécis. Les hésitations de Roderick auraient pu coûter cher. Les mauvaises relances de Diallo aussi. Et les lenteurs dans l’exécution de certains gestes se présentaient aux attaquants lucernois comme des offrandes à peine rêvées. Joao Perreira a de quoi hésiter. Si ses défenseurs centraux, Roderick, Routis et Diallo, montrent des qualités et des aptitudes intéressantes, ils n’en demeurent pas pour autant dénués d’imperfections. La jeunesse et le manque d’expérience, sans doute. Mais aussi la résultante de lacunes qu’il conviendra de gommer progressivement, au risque de tomber de haut. Il semble manquer dans les lignes arrières d’un véritable patron, au profil de leader expérimenté, capable d’apporter la sérénité et l’assise défensive rigoureuse qui s’impose.
Sur les côtés, en l’absence prolongée de Moubandje, c’est Schlauri qui fut titularié à nouveau sur la gauche. Le latéral est crocheur et démontre des qualités de battant. Mais il ne possède de toute évidence pas le même impact sur le jeu offensif que le jeune espoir grenat. Imprécis à la relance, et ne bénéficiant pas de la même force de pénétration balle aux pieds, il n’est pas en mesure d’animer autant le côté gauche. Mais il s’efforce, pour combler ces manques, de faire preuve de discipline. Ce fut suffisant sur ce match. Mais pas complètement à Thoune. Il ne possède pas encore le même impact sur le jeu que Rüfli. Sans aucun doute le meilleur défenseur sur ce match, le latéral droit ne cesse de s’affirmer. Devenu valeur sûre du contingent grenat, il fit preuve de sa roublardise habituelle (souvent précieuse), mais aussi d’une rigueur qui s’affirme au fil des matches, pour produire une performance en phase avec les attentes. Sa facilité technique fait de lui un défenseur complet, un vrai latéral moderne. Sa confiance en son potentiel lui permet aussi de moins douter ou stresser que ses compères de la défense dans les périodes tendues ou moments chauds.
Le milieu
Lors du dernier match à domicile, Pizzinat avait évolué en libéro du milieu de terrain, juste devant la défense. Sur ce match, les données furent quelque peu différentes. Nater évoluant régulièrement aux côtés du capitaine servettien. Probablement en raison d’une présence densifiée dans le jeu offensif côté lucernois. Comme toujours, les deux compères ne ménagèrent pas leurs efforts dans le travail de récupération. Leur calme dans le jeu, et leur capacité à servir de relais, se révèlent toujours précieux dans le système grenat. Ils évoluent en métronomes et en régulateurs du jeu. Si Pizzinat, auteur d’une magnifique passe décisive sur l’ouverture du score, fut moins en verve sur ce match, souffrant de la vivacité et de l’animation offensive adverse (son expulsion n’est du reste pas le fruit du hasard), Nater fut plus à son aise et plus présent que lors de ses dernières sorties.
Devant eux, De Azevedo, meneur de jeu et électron libre, s’est démené, s’efforçant de leur prêter mains fortes dans le premier pressing, haut dans le terrain. Subissant lui aussi la main-mise sur le jeu des visiteurs, il ne parvint toutefois pas réellement à se mettre en évidence sur le plan offensif. Peut-être un indice supplémentaire que le FC Lucerne demeure encore, sur ce match en tout cas, supérieur au Servette.
Sur les côtés, la présence de Pont fut à nouveau très précieuse. Le fils du sauveur Michel respire l’âme grenat. Et il le montre. Ses efforts sont permanents et ne se comptent plus. Sa présence sur les côtés confère au jeu grenat une physionomie quelque peu différente. Moutinho est davantage un faux ailier. Il pèsera davantage sur les mouvements offensifs. Mais Tibert présente l’avantage d’être plus complet. Omniprésent dans le travail défensif, sa bravoure et son volume de jeu lui permettent de se montrer par moments dangereux sur le plan offensif également. Ses interventions et récupérations dans les parties hautes du terrain mirent à plusieurs reprises les lucernois sous pression. Mais sa combativité ne constitue pas son seul atout. Il est également au bénéfice d’une expérience et d’un leadership qui se lisent sur le terrain. Il peut ainsi délivrer une passe décisive à l’un des ses camarades après une balle récupérée (Yartey), ou haranguer ses troupes pour aller de l’avant (ses tentatives osées de shoots en première mi-temps). Il peut montrer, comme son père dans les coulisses, la voie à suivre sur le terrain à ses coéquipiers.
De l’autre côté, Yartey est toujours précieux par sa vivacité. L’homme ne ménage pas non plus ses efforts, en témoigne son pressing de fou sur tout le front de l’attaque lucernoise dans les… arrêts de jeu du match! Son âme est grenat, il l’a déjà démontré à plusieurs reprises. Sur ce match, il fut moins inspiré sur le plan offensif. Son dernier geste manque parfois de lucidité. Ce fut le cas sur ce match où sa créativité offensive, notamment dans ses fameuses chevauchées et ses dribbles, fut en manque d’inspiration.
L’attaque
Le joker décisif Karanovic est devenu progressivement un titulaire indiscutable à la tête de l’attaque servettienne. Il faut dire aussi que son talent ne cesse de se développer et de s’affirmer. Le joueur a accompli un match de grande facture, confirmant qu’il se positionne véritablement en grand espoir du football suisse. Son jeu est complet. Capable de marquer dans toutes les positions, de la tête comme d’un tir en force ou placé, il sait aussi faire preuve de finesse (sa magnifique pichenette). Au bénéfice d’un potentiel athlétique très impressionnant, il peut, même isolé sur le front de l’attaque, protéger son ballon et faire parler sa puissance pour éliminer plusieurs défenseurs. Ce que ne parviennent pas à accomplir Eudis ou Saleiro par exemple. Sa conduite de balle est intéressante. Son jeu de tête efficace. Et sa volonté à l’image de son équipe, irréprochable. Il fut encore l’auteur d’un grand match et pourrait bien interpeller le regard d’Ottmar Hitzfeld d’ici peu.
L’une des bonnes nouvelles du jour est l’entrée en jeu du prodige Esteban. Celui-ci semble avoir retrouvé l’intégralité de ses moyens. Vif et toujours aussi rapide, il pesa beaucoup sur la défense. Sa réussite victorieuse est la marque des buteurs. Très « facile », il est au bénéfice d’un important potentiel, on le sait. Si tant est que son physique, son principal ennemi, décide de le laisser tranquille. Espérons que cela soit cette fois-ci définitivement le cas. Sa présence aux avant-postes est toujours bénéfique pour son équipe. Notamment en fin de rencontre, lorsque l’adversaire décline quelque peu. Son dynamisme et sa vitesse peuvent alors faire des ravages. La question subsiste néanmoins. S’il y a fort à parier que Joao Pereira le garde dans ce rôle pour la venue de Zürich, on peut s’interroger sur ce que donnerait sa présence d’entrée de match légèrement en retrait de celle de Karanovic. Gageons que cela pourrait donner, assurément, des allures de dynamite.
GrenatDC
« Joao Alves maintient ses idées et ancre son système »…Joao Alves…!?
Très bon commentaire qui reflète bien la rencontre de dimanche!
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Merci!
Oui j’ai corrigé. C’était un premier jet. J’ai relu et corrigé aussi les fautes de frappe ou d’orthographe.
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Le temps que mon commentaire soit publié, l’erreur avait déjà été modifiée!
Merci pour l’article!
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Interview de Quennec :
http://www.tdg.ch/geneve/actu-genevoise/Quennec-Servette-doit-devenir-une-marque-avec-des-valeurs/story/13514708?cache=9efAwefu
Info essentielle : le SFC garde la gestion du stade
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Et on devrait renouer avec la tradition des matchs amicaux contre les Anglais !
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Je parie que ce sera Arsenal!!!!!
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C est une excellente nouvelle que le Servette garde la gestion du stade car Servette pourra organiser des évènements, matchs amicaux, conférences, bar du Servette etc…
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INFO pour les responsables de la SG: Chose promis chose dû, vous pouvez passer au secretariat du club pour prendre 20M de tissus grenat dès maintenant.
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Jaloux les presidents du LS et du FCS
http://www.lematin.ch/sports/football/c-inequitable-scandaleux/story/22010170
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il saoul le collet, il compare toujours le cas Xamax avec le notre, il y a une belle différence qu’il ne veut pas voir. il voit qu’il se fait rattraper par sion et aimerait sauver sa place grace à un autre club qui a des difficultés.
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ce sont des calimeros
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Dégouter par l’attitude du Ls,mais c’est peut être la peur
de tomber en barrage contre une chl qui fait paniquer
son président ,surtout quand on voit jouer le Ls.
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