
La première édition du fameux derby lémanique de l’année 2012 représentait une belle opportunité pour le Servette FC de se relancer après la gifle reçue lors de la dernière sortie en terres bâloises. En effet, les Grenat se retrouvaient confrontés à l’équipe la plus mal classée de ce championnat, qui plus est incapable de marquer le moindre but en championnat depuis la reprise. Mais, osons l’exprimer, d’emblée et sans détour, de réelles opportunités il n’y aura jamais eues, tant le Servette FC est passé complètement à côté de son match…
Le système
Le 11 de base :
Joao Perreira aura surpris tout son monde en ce dimanche après-midi. En effet, aucune présence de Karanovic sur le terrain. Pas plus que d’Esteban. Si le second nommé était probablement à nouveau blessé et pas à 100%, on s’étonnera à plus d’un titre de constater l’absence du meilleur buteur servettien, alors même que l’équipe affrontait l’adversaire réputé le plus faible de la ligue. C’est le brésilien Eudis, de retour en meilleure forme selon ses propres dires, qui aura été choisi à sa place pour débuter la rencontre. Pour quelles raisons..? Difficile de le savoir, ni de le comprendre par ailleurs. Le reste de l’équipe étant reconduite dans son ensemble, malgré le cuisant revers essuyé à Bâle une semaine plus tôt (0-5). Cette large défaite avait pourtant laissé le sentiment ou l’impression que des changements s’imposaient. Notamment pour amener davantage de vie et de dynamisme au jeu grenat. Dans ces changements attendus, le public servettien s’attendait à voir sur le terrain l’international ivoirien Kouassi, de retour d’une longue blessure, plutôt que le brésilien Eudis. Passons…
Les + :
Le système 4-2-3-1, à vocation extrêmement défensif voulu par Joao Pereira n’amène, dans les circonstances actuelles, plus rien de positif à l’équipe grenat.
Les – :
Alors que ce système apportait bien des avantages et un équilibre bienvenu sous l’ère Joao Alves, il puisait surtout ses atouts dans un dynamisme offensif et une capacité à se projeter vers l’avant qui se révélaient réellement efficaces. Or, l’absence sur le terrain, volontaire ou non, de certains éléments-clés (on pense à Esteban, Vitkieviez, Kouassi, Karanovic) enlève aujourd’hui ces possibilités-là. La surabondance de joueurs à vocation défensive installe le Servette trop bas dans le terrain, et pousse l’équipe à subir le jeu et ainsi à s’exposer aux offensives adverses.
Or, on sait que l’équipe n’est pas encore en mesure de s’appuyer sur une défense solide. Le constat est statistique : les 44 buts encaissés en 26 matches (soit 1,7 buts par match) et l’absence de joueurs expérimentés au sein de la défense servettienne devraient pousser l’entraîneur à abandonner l’option extrêmement défensive pour tenter de rééquilibrer l’apport de chaque zone et permettre au Servette de se montrer plus présent dans le jeu. Notamment dans le développement de son jeu en occupant des portions plus hautes dans le terrain.
La conclusion s’impose d’elle-même : Joao Pereira doit absolument changer de système tactique, ou en tout cas apporter des modifications au sein des éléments qui le composent, pour donner la possibilité au jeu de son équipe, bien trop sclérosé et renfermé sur lui-même à ce jour, de retrouver tout élan de vie. L’entraîneur portugais n’a plus le choix. Dans la situation actuelle, il n’a, de surcroît, absolument rien à perdre. L’équipe est sportivement sauvée cette saison. Seule la possibilité de disputer encore une place européenne est, bien qu’en apparence très difficile, toujours à portée de mains (ou de crampons). Aussi, ce n’est pas dans la dynamique actuelle que le Servette parviendra à décrocher ce qui deviendrait progressivement un objectif inaccessible. Il faut changer quelque chose, et donc prendre des risques. Provoquer le destin. Ce qu’a très bien su faire son adversaire du jour, enclin à se porter résolument davantage vers l’avant dans cette rencontre pour s’efforcer de sortir de sa torpeur.
La défense
Le Servette FC ne peut pas s’appuyer, cette saison, sur une défense de métier. Le problème persiste depuis juillet et le lendemain de la promotion. Il manque clairement un patron pour diriger le secteur défensif. Les joueurs actuels, manquant encore d’expérience, ont certaines qualités et un potentiel qui demande encore à être développé. Il en résulte des éternelles lacunes dans le positionnement et l’alignement, mais aussi dans la communication. Le marquage est du coup approximatif, notamment dans les replis défensifs, et lors des centres adverses. Cela ne facilite bien évidemment pas la tâche du gardien. A trois reprises sur les buts, la défense est mal placée au départ, et le tout part des côtés. Un décalage se crée, comme sur l’ouverture du score notamment, et la rigueur dans le marquage laisse à désirer (Moubandje qui manque de réaction et qui laisse Moussilou tout seul). C’est largement insuffisant à ce niveau pour pouvoir prétendre jouer le haut du classement.
Le milieu
Il a peut-être réalisé l’une de ses moins bonnes prestations sur ce match. A la décharge des demis grenat, le système tactique mis en place par Joao Pereira n’était absolument pas complémentaire. Le triangle médian très efficace sous l’ère Alves est devenu une ligne verticale positionnée juste devant la défense. Si Nater et Pizzinat évoluent tous les deux trop bas, ils adoptent également une attitude bien trop passive et attentiste. De Azevedo fut surpris à venir chercher, à plusieurs reprises, des ballons encore plus bas qu’eux (soit au milieu du camp grenat). Alors, certes, le jeu très bas du Servette FC pousse les joueurs offensifs à reculer pour venir chercher des possibilités. Mais leur recul crée forcément une scission entre le secteur défensif et le secteur offensif grenat. Aussi, Eudis est-il apparu totalement délaissé par ses coéquipiers à la tête de l’attaque servettienne, qui n’était d’ailleurs plus une attaque. De Azevedo ne s’est ainsi jamais retrouvé en position de soutenir l’attaquant nominal. La construction fut rendue ainsi difficile et principalement axée sur les côtés, quand cela était possible. Sinon, elle se résumait à de longs ballons bottés en avant, au bonheur la chance, et proprement impossibles à négocier.
La présence de Pont, toujours très combatif et à nouveau assez bon, n’aide de surcroît pas l’équipe à se porter vers l’avant. Tibert est avant tout un demi extérieur replié, qui évolue entre la position de latéral et de demi extérieur. Cela a comme conséquence d’asseoir le jeu grenat bas dans le terrain, alors que la présence de Vitkieviez (ou de M’Futi d’ailleurs) sur le côté au premier tour permettait au jeu grenat de s’étirer en longueur, et de trouver par la-même toute sa profondeur sur les contres.
L’attaque
Nous ne comprenons toujours pas pourquoi Joao Pereira n’a pas titularisé Karanovic pour ce match. Mais la cause d’Eudis, complètement transparent dans ce derby, ne fut jamais servie à bon escient par un système bien trop reculé et si peu homogène. A parti de là, le constat fut implacable : le Servette n’aura jamais pu servir son attaquant de manière idéale, et cela tout au long des 90 minutes de jeu. Devant cette difficulté à porter le ballon dans la surface adverse, il aurait été plus judicieux d’aligner d’entrée de match (ou d’introduire plus rapidement) Karanovic, celui-ci pouvant utiliser sa force de pénétration balle aux pieds pour partir de plus loin. Son entrée bien trop tardive confirma d’ailleurs cette impression.
Le bilan
Il est malheureusement largement insuffisant. Nous regretterons à nouveau la frilosité de Joao Pereira qui a donné l’impression de se déplacer à Lausanne pour, avant tout, ne pas perdre. Il y avait bien mieux à faire face à cet adversaire-là. Peut-être pensait-il qu’un système défensif pouvait assurer de mettre à l’abri son équipe tout en profitant de la faiblesse présumée de l’adversaire pour faire malgré tout la différence à un moment donné du match. C’était une erreur de calcul. Quand l’on est confronté à un adversaire qui peine à produire du jeu offensif, mais qui à contrario se révèle solide défensivement, on peut se permettre d »alléger » quelque peu derrière pour porter davantage de poids devant. Et cela, qui plus est, dans un derby, là où le contexte se prête tout particulièrement à l’expression d’un jeu dynamique et vivant. Le Lausanne Sport a décidé de jouer cette carte-là. Bien lui en a pris. Il obtint dès lors une victoire amplement méritée, qui consacre aussi le succès de Martin Rueda sur Joao Pereira.
Le prochain match
Alors que les nouveaux dirigeants s’activent dans les coulisses pour multiplier les démarches dans le cadre de l’opération sauvetage du Servette FC, les Grenat se doivent absolument, sur le terrain, de leur prêter mains fortes. Cela passe, non seulement par une réaction sous la forme d’une victoire recherchée, mais aussi par la production d’un jeu animé et vivant. Pour cela, Joao Pereira se devra d’apporter de nombreux changements à son système de jeu. Pour notre part, et en cas de retour d’Esteban, nous chercherions à mettre l’accent sur une rééquilibrage des différentes zones du terrain pour une occupation plus haute dans le terrain et un jeu moins attentiste. Cela passerait par les titularisations de Kouassi, capable d’apporter une impulsion nécessaire à son équipe, et de Karanovic et Esteban, enclins à apporter de la vie et du dynamisme au jeu grenat. La formation pourrait dès lors s’articuler à peu près ainsi, dans un système inédit typé 4-4-2 en losange : Ruefli-Routis-Schneider-Moubandje / Pont-Pizzinat(en 6)-Kouassi(en 8)-Yartey / Esteban(ou Eudis)-Karanovic.
Quoiqu’il en soit, le Servette aura aussi besoin de vie dans ses gradins. Alors que la situation du club est encore loin d’être totalement aplanie, chaque supporter doit amener son soutien inconditionnel à ses couleurs. Et cela également avec la manière, ne serait-ce que pour se montrer respectueux et porteur des valeurs positives et de respect pronées par leur nouveau président, M. Quennec.
Tous ensemble ! Allez Servette!
GrenatDC
Brillante analyse ! Tout est dit, la stratégie mise en place est contreproductive, notre équipe n’a rien à perdre alors pourquoi se montrer si frileux… Trop de consignes défensives tue la spontanéité de nos joueurs… Notre équipe sait marquer alors qu’elle est fragile en défense, il est louable de vouloir travailler nos faiblesses mais sans pour autant tuer nos forces !
J’adore la conclusion ! M. Quennec fait son boulot, aux joueurs de se faire plaisir et de faire vivre l’équipe sur le terrain et aux supporters d’être nombreux et de soutenir leur équipe sans faille !
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Merci à toi !
Je rejoins ton point de vue : il est effectivement louable de vouloir améliorer nos faiblesses. Mais peut-être serait-il plus efficace de le faire, non pas en se concentrant principalement sur ce secteur, mais en lui permettant au contraire de mieux s’exprimer à travers un meilleur équilibre et une plus grande homogénéité du système.
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