Servette – Shaktar Donetsk : adieu veaux, vaches,cochons…

En accueillant samedi les Ukrainiens du Shaktar Donetsk, les Servettiens vont s’affûter pour leur prochaine apparition en Europa League. Belle occasion pour cette chronique de se plonger enfin dans l’Histoire européenne du Servette FC !

Le grand Servette du début des années 1980 qui a si souvent enthousiasmé le public des Charmilles ou d’ailleurs peut nourrir deux regrets amers : avoir si souvent été coiffé au poteau par les Grasshoppers et ne pas avoir su aller au bout de ses possibilités dans les compétitions européennes. Le souvenir de Shakhtar Donetsk est à cet égard très parlant…

En Coupe des Coupes

Lors de la saison 1983-1984, Servette était qualifié pour la Coupe des Coupes au bénéfice de sa défaite en finale de la Coupe contre GC qui avait par ailleurs réalisé le doublé. En hors d’oeuvre, les Grenats s’étaient vu proposer les Luxembourgeois d’Avenir Beggen, une formalité dont ils s’étaient acquittés avec deux victoires (4:0, 5:1), devenant ainsi les seuls représentants suisses à poursuivre leur chemin. Pour les huitièmes de finales, le sort leur avait désigné comme adversaire les Soviétiques du Shaktar Donetsk, faciles tombeurs des Danois de 1901 Nyköbing. Ce tirage au sort laisse des regrets à la star de la Juventus, Michel Platini, qui aurait préféré « des Suisses » à ses compatriotes du PSG. Les Turinois remporteront toutefois l’épreuve mais n’anticipons pas…

Ll’équipe de Shakhtar Donetsk 83-84, vainqueur de la Supercoupe d’URSS

Un voyage dans l’inconnu…

Avant d’entamer leur long périple jusqu’aux confins du Donbass, les Servettiens, irréguliers en championnat (cinquièmes), s’étaient un peu rassurés en allant cueillir une qualification en Coupe de Suisse sur la pelouse de La Chaux-de-Fonds grâce à une bonne maîtrise collective. Pendant ce temps, le mentor grenat Guy Mathez s’était efforcé de glaner des informations sur l’équipe du Shakhtar, tâche guère aisée dans le contexte du rideau de fer et de la guerre froide de l’époque. Aux dires des entraineurs des équipes occidentales ayant affronté les Soviétiques lors des compétitions passées, Donetsk était une équipe plutôt physique avec quelques bonnes individualités telles que le latéral Varnavski ou l’attaquant Morosov. En face, le SFC comptait sur la solidité et l’expérience du Belge Michel Renquin épaulé par Schnyder et Barberis en ligne médiane et sur le jeune Laurent Jaccard, révélation de la saison, en ligne d’attaque. Le gardien Burgener et Decastel étaient par contre blessés.

L’affiche soviétique pour le match contre Servette

Une courte défaite

Dans l’enceinte ukrainienne, les 38 000 spectateurs assistent à une courte victoire de leurs favoris : le moustachu Gratchev, qui finira meilleur buteur de la compétition, mystifie De Choudens à cinq minutes du terme. Jean-Paul Brigger avait manqué une chance en or, mais au final, les Servettiens avaient maintenu toutes leurs chances. Les observateurs étaient unanimes : les Soviétiques étaient à la portée du Servette FC. Un mauvais présage toutefois : au tour précédent, les Grasshoppers avaient également perdu 1:0 en Union Soviétique (contre le Dynamo Minsk) avant de se faire cruellement piéger en contre-attaque au match retour.

le buteur Gratchev

Le match de l’année

Le match retour est présenté comme le match de l’année pour les Genevois qui ont dans l’intervalle bêtement hypothéqué leur chance en championnat en perdant contre toute attente à la maison contre Bellinzone (1:2). Décidément, Favre et Decastel, piliers de la saison précédente, n’ont pas encore été remplacés… Sportivement, une troisième participation aux quarts de finale de la Coupe des Coupes serait extrêmement bienvenue. Financièrement, elle assurerait aussi une belle recette à un moment où la direction servetienne (Lavizarri, Tornare) s’interroge sur le manque d’engouement du public genevois et s’en inquiète. Invaincu en coupe d’Europe aux Charmilles depuis près de dix ans (défaite contre Derby County en 1974), Servette y présente un beau bilan de 9 victoires et trois nuls. On compte sur Schnyder, Elia, Barberis et Dutoit, les rescapés de la campagne de 1978 qui avait mené les Grenats en quarts de finale, pour insuffler à leurs coéquipiers la motivation pour passer le cap !

Barberis au coeur de la défense soviétique

Adieu veaux, vaches, cochons…

Le 2 novembre 1983, Servette tombe de haut. Les Grenats évoluent la tête dans le sac au grand dam des 16 000 spectateurs qui avaient espéré vibrer comme ils l’avaient fait la sasion précédente contre Slask Wroclaw ou les Bohemians de Prague. En première mi-temps, les attaquants servettiens ne se dépêtrent pas de leurs cerbères, les demis ne trouvent pas de combinaisons originales et multiplient les centres pour la tête d’un Jean-Paul Brigger peu à son affaire. Les latéraux, dont Rainer Hasler qui avait tant apporté à Xamax en Coupe d’Europe, n’offrent qu’un maigre soutien offensif. Après la pause, Servette presse avec un peu plus d’allant mais ce qui devait arriver arriva : en contre-attaque, l’insaisissable Gratchev se joue de la défense servetienne pour offrir deux buts à Varnavski en l’espace de trois minutes. La messe est dite, le public s’en va, Brigger marque le but de l’honneur à l’ultime minute de jeu. Au tour suivant, les Soviétiques finalement plus fringants que prévus, se casseront toutefois les dents contre Porto, futur finaliste de la compétition.

Brigger sauvera l’honneur pour le SFC

L’heure des interrogations

Tant pour le football suisse que pour Servette, le bilan est cinglant. Pour ne rien arranger, la presse se fait écho de querelles entre Guy Mathez et Bertine Barberis. Eliminés en Coupe d’Europe, largués à cinq points de GC en championnat, les Grenats, sans fond de jeu, ont pour le moins raté leur début de saison. Apparemment K.-O. debout, ils mijotent alors à leurs fans un redressement dont ils ont le secret : ils poursuivent le mois de novembre en allant gifler GC (0:3) puis en prenant la mesure de Lucerne et Sion aux Charmilles, un nouveau début après la désillusion européenne…

Le Servette FC 1983-1984

Jacky Pasteur et Germinal Walascheck

La semaine prochaine : Ruefli : « le football m’a donné confiance en moi »

Dernière chronique : Le roman du retour en Super League : entre enfer et paradis (2)

Pour se replonger dans l’ambiance de la Coupe d’Europe des vainqueurs de Coupe avec le site super-servette.ch :

Cette page regroupe des vidéos, des articles de presse et des programmes de match.

4 réflexions sur « Servette – Shaktar Donetsk : adieu veaux, vaches,cochons… »

  1. Source TdG Lang s’entraine avec servette :)FOOTBALL
    Steven Lang s’entraîne avec Servette
    Par Daniel Visentini. Mis à jour à 16:56
    Le milieu de terrain pourrait bien jouer pour les Grenat la saison prochaine.

    Steven Lang portait la saison dernière les couleurs du Lausanne-Sports.

    Steven Lang (ex-Lausanne), qui appartient à Grasshopper, pourrait bien rebondir au Servette FC. Le milieu offensif s’est en effet entraîné ce jeudi après-midi avec le contingent grenat.

    Tout porte à croire qu’un arrangement a pu être trouvé pour que Lang puisse être officiellement servettien très prochainement.

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