Hugh Quennec… Ou quand tout rentre dans l’ordre.

Le début de l’été n’offre pas seulement aux supporters servettiens le retour des chaleurs estivales. Si la nature exprime à nouveau toutes ses vertus, elle n’en devient que plus rayonnante à travers un paysage grenat qui retrouve ses couleurs d’antan. Ce retour à la vie, le Servette FC le doit avant tout à l’arrivée de son messie, le nouveau président Hugh Quennec. Depuis sa nomination, tout est effectivement en train de rentrer dans l’ordre…

Le chemin parcouru depuis la prise de pouvoir du nouvel homme fort est court. Et pourtant, il n’en demeure pas rempli de buts à peine imaginés, s’apparentant à de vrais petits miracles. Le sauvetage de la faillite pour commencer, l’obtention de la licence ensuite, et une qualification européenne pour conclure avec brio une saison exceptionnelle. Tout l’aéropage grenat se retrouvant ainsi devant le stade de la Praille pour fêter trois succès insoupçonnés, presque iréels. Et puis, le temps d’un au-revoir, pour se donner rendez-vous à la rentrée, histoire d’aborder une nouvelle saison, bourrée d’optimisme et d’enthousiasme.

Entre-temps, les dirigeants grenat n’auront pas chômé. Mieux, ils se seront efforcés d’effacer toutes les aberrations et erreurs commises par leurs prédécesseurs. Comme si rien ne s’était jamais produit. Comme si tout n’avait été qu’un mauvais cauchemar. Aussi, après le retour d’Alves, ce sont Kusunga, Tréand et M’Fuy, les accusés d’être partis comme des lâches, qui ont retrouvé leur place. Celle qu’ils n’auraient d’ailleurs jamais dû quitter. Mieux, ils sont amenés à rejoindre leur équipe, par la grande porte, avec une dignité retrouvée. Logique, ils n’ont toujours eu que le coeur grenat, eux. Les torts sont cette fois-ci adressés aux personnes qui ont fauté, et il n’y a plus de place aux erreurs d’interprétation. Leur retour est en le plus parfait témoignage. Reste plus que Vitkiviez… Mais gageons que cela ne demeure qu’une histoire de temps.

Cela faisait bien 10 ans, voire plus, depuis l’ère Canal+ à ses débuts, que le Servette ne s’était pas révélé aussi intelligent et cohérent pour mener sa campagne de transfert. Difficile de faire mieux compte tenu des moyens à disposition. Outre le retour des talents locaux, on remarquera l’arrivée de jeunes joueurs prometteurs qui évoluaient déjà près du lac. En effet, Lang et Pasche n’ont pas seulement des qualités, mais ils s’adapteront très vite au contexte de par ici. Logiquement. Ils sont encore jeunes et disposent d’un potentiel d’évolution important.

Ces différentes arrivées, outre la volonté de forger l’identité du goupe et d’hausser son potentiel, ont aussi été réalisée pour maintenir son équilibre. Chaque zone a en effet été étudiée pour se trouver légèrement renforcée et ajustée. Seule l’attaque, ou le compartiment offensif, reste à ce jour à compléter. C’est d’ailleurs à ce niveau que devraient être attendus les prochains renforts.

C’est peut-être aussi vers l’expérience que les dirigeants gagneraient à se tourner. On sait que Joao Alves aime travailler avec les jeunes. Et Dieu sait s’il connaît un rayon en la matière. Mais le succès résulte bien souvent d’un équilibre savammment dosé entre jeunesse et expérience. A ce niveau-là, le Servette, bien que possédant en son sein des trentenaires leaders comme Pizzinat, ou dans une moindre mesure De Azevedo, manque encore de quelque chose. C’est d’ailleurs probablement, et pour le moment s’entend, le talon d’achille de ce mercato grenat cuvée 2012-2013.

Si le Servette FC est maintenant définitivement, et enfin(!), entre de bonnes mains, cela ne doit pas faire perdre du point de vue que le chemin est encore long. Avec son budget modeste, et les exigences qui lui sont imposées, le Servette ne peut se permettre de faire des folies et s’installe encore, et malgré tout, dans les petites écuries du championnat de Suisse. En effet, les grenat sont encore loin des budgets, presque collossaux en comparaison, des bernois ou des sédunois, pour ne citer qu’eux. On évitera volontairement de parler des moyens rhénans, histoire de ne pas sombrer trop hâtivement dans la dramaturge.

Relever cette réalité ne signifie pas qu’il faut s’enfermer dans le pessimisme ambiant, trop souvent de mise dans l’esprit genevois, non. C’est éviter de se voir trop grand et de retomber de trop haut, au risque de snober le stade, à tort cette fois-ci, ou de casser la dynamique positive actuelle. C’est aussi se montrer réaliste et garder à l’esprit les objectifs actuels du Servette FC : effectuer une saison régulière et saine sur le plan de sa gestion globale avant tout. Et, pourquoi pas, en prime, jouer les troubles-fêtes pour rendre la vie dure aux favoris présumés et déclarés. Ne serait-ce que pour créer une nouvelle surprise, un nouveau miracle… Mais, cette fois-ci, au sein d’un contexte calme et apaisé, laissant présager d’un avenir des plus radieux.

Le Servette a maintenant retrouvé toute sa tête, et marche à nouveau à… l’endroit. Il faudra dorénavant s’armer de patience pour lui laisser le temps d’arpenter le long chemin qui se présente désormais à lui et qui lui permettra, soyons-en sûrs, de retrouver toutes ses lettres de noblesse.