Le championnat suisse veut retrouver sa crédibilité après une saison marquée par les scandales. Petit survol des enjeux

A peine douze jours après la finale de l’Euro et alors que les majeures compétitions continentales sont encore loin de retrouver les choses sérieuses, la Super League reprend ses droits avec en ouverture ce soir (19 h 45) Servette qui attend le champion suisse bâlois.

En quête de réhabilitation?

Dans sa globalité, la saison 2011/2012 fut peut-être la pire de toute l’histoire. L’élite du football suisse doit désormais retrouver une crédibilité en bonne partie perdue après un annus horribilis rythmé par la faillite de NE Xamax, presque suivi par Servette, les batailles juridiques entre Sion et les instances dirigeantes et finalement le retrait de 36 points au club valaisan.

Impensable de ne pas relever la tête, d’autant plus que les nuages qui s’amoncelaient déjà avant même le coup d’envoi voici douze mois ont disparu. La présidence de la Swiss Football League a changé de patron, les moyens de communication se sont améliorés, des nouveaux sponsors ont débarqué, des nouveaux contrats TV ont été signés. Bref, la voie semble dégagée. «Plus aucune procédure n’est en cours», relève le président Heinrich Schifferle.

Le FC Bâle, par défaut

La cuvée 2012-2013 sera-t-elle porteuse de plus de suspense? En dehors des quelques fanfaronnades habituelles venant de Tourbillon, personne ne se risque à évoquer ouvertement la première place dans ses objectifs. Les Bâlois sont logiquement les principaux favoris à une 4e couronne de rang, ce qu’aucun club n’a accompli depuis Young Boys (1957-1960).

Dans les faits, les Rhénans ont perdu quatre pièces maîtresses, soit David Abraham, Benjamin Huggel, Xherdan Shaqiri et Granit Xhaka. Au rayon «arrivées», difficile de connaître la valeur réelle de l’Argentin Gaston Sauro, du Chilien Marcelo Diaz et de l’Egyptien Mohamed Salah

Mais David Degen est revenu, Yann Sommer, Alex Frei, Valentin Stocker et Marco Streller sont garants de réussite, alors que les transferts de Xhaka et Shaqiri ont amené 25 millions de francs dans les caisses. Ce qui laisse une marge de manœuvre évidente pour rectifier le tir, surtout en cas de qualification pour la Champions League. Avec 68 millions de francs de budget global annoncé, le FCB évolue bien dans un monde à part.

Les premiers prétendants

Deuxième  la saison dernière, Lucerne a misé sur la stabilité alors que Young Boys, troisième, a intégré un zeste de modestie dans ses ambitions, après les échecs de sa politique de grandeur incarnée notamment par Christian Gross.

Toujours avec Murat Yakin sur le banc, Lucerne n’a pas beaucoup modifié ses batteries, intégrant seulement l’attaquant bulgare Dimitar Rangelov (en provenance de 2e Bundesliga). Dans la capitale, Martin Rueda se voit confier un défi grandeur nature, avec un cadre qui a perdu David Degen et Ben Khalifa mais qui enregistre l’arrivée du précieux Christian Schneuwly (Thoune).

Aux côtés de Lucerne et Young Boys, le FC Sion montre les dents. A condition de pouvoir se concentrer sur le football et véritablement compter sur son champion du monde Gattuso.

Servette et ses concurrents

Quatrième et européen pour son retour en Super League, Servette se devra de confirmer. Pari loin d’être gagné pour un club logiquement guidé par une politique raisonnable. Une place en milieu de classement serait déjà considérée comme une réussite, vu que Zurich, Grasshopper et Sion ne devraient pas connaître une nouvelle saison aussi mouvementée.

En revanche, les ambitions sont plus limitées pour trois autres équipes. Comme d’habitude, Thoune est voué aux seconds rôles, malgré le retour de Nelson Ferreira (Lucerne) et l’expérience de Bernard Challandes. Reste que depuis son retour en Super League voici deux ans, Thoune n’en finit pas de surprendre.

Après une parenthèse d’un an, Saint-Gall retrouve l’élite. «Notre passage en Challenge League nous a vraiment fait souffrir», relève l’entraîneur luxembourgeois Jeff Saibene, qui se satisfera d’un maintien. Mêmes ambitions pour le Lausanne-Sport de Laurent Roussey. Le plus petit budget de la ligue ne permet pas d’aspirer à mieux.

L’attraction Gattuso

Cela faisait bien longtemps que le football suisse n’avait plus accueilli une pareille vedette, qui plus est champion du monde en 2006 avec l’Italie. Gennaro Gattuso sera certainement l’une des attractions du championnat, pas seulement pour le FC Sion.

Reste à savoir quel sera son rayonnement à 34 ans, après une saison marquée par les blessures. En espérant que l’ancien poumon de l’AC Milan puisse mieux tirer son équipe que ne l’avaient fait, il y a longtemps c’est vrai, d’autres champions du monde italiens: Marco Tardelli, flop intégral au FC Saint-Gall en 1987, et la même année la demi-réussite de Giancarolo Antognoni au Lausanne-Sport.

Le réveil des Zurichois?

L’heure est-elle venue pour le club le plus titré du pays de se relever? Grasshopper a presque tout changé, à commencer par son président André Dosé et son entraîneur Uli Forte (intronisé en fin de saison dernière). Il a aussi pris congé de ses routiniers Smiljanic et Cabanas. Les «Sauterelles» sont considérées comme l’un des vainqueurs de la campagne de transferts avec Stéphane Grichting (Auxerre), Nassim Ben Khalifa (Young Boys), son capitaine Veroljub Salatic (de retour de Chypre) et le défenseur serbe Milan Vilotic.

Au FC Zurich, place à une nouvelle génération. Aux commandes, Rolf Fringer s’appuiera sur un nouveau gardien, David Da Costa, et deux «exilés» suisses de retour au pays, Davide Chiumiento (Vancouver) et Mario Gavranovic (Mayence).

Qui sautera en premier?

Quatre clubs commencent leur pensum avec un nouveau chef: Young Boys (Martin Rueda), Zurich (Rolf Fringer), Lausanne (Laurent Roussey) et Sion (Sébastien Fournier). Comme d’habitude, les balais neufs balaient toujours mieux. Mais après? Qui sera le premier des dix coaches à voir son siège éjectable activé? Rueda, Forte, Saibene sont sous pression. Le principal menacé demeure l’entraîneur du FC Sion, otage du Totomat et de Christian Constan tin.

Olivier Breisacher

Servette a des idées derrière la tête…

Servette poursuit son marché tout en restant raisonnable. On devine que les contacts de Joao Alves avec le Portugal facilitent les choses. Et quand Porto est à Genève, comme mercredi soir pour un match amical, tout peut s’accélérer.

Selon toute vraisemblance, comme nous l’évoquions en primeur sur notre site tdg.ch hier après-midi déjà, le jeune Brésilien Kelvin, attaquant de Porto, pourrait bien poser ses valises à Genève pour un an, prêté. Joueur en devenir, il aurait alors l’occasion de se mettre en valeur. Pour le reste, Servette reste concentré sur le match de ce soir contre Bâle, le coup d’envoi officiel de la saison 2012-2013.

Les Grenat seront privés de deux joueurs, suspendus, Rüfli et Kusunga. Pour ce dernier, il y a en plus la blessure survenue mercredi contre Porto. Kusunga souffre d’une entorse du genou droit et sera indisponible pendant quatre à six semaines. Un coup dur pour le joueur et pour Servette. Pour le reste, les Grenat sont tous à la disposition de Joao Alves. Un premier match est toujours important, d’autant plus contre le champion en titre. Rappelons que lors du dernier match des Grenat, la saison passée, la victoire face à Bâle avait permis la qualification en Europa League. De quoi avoir des idées derrière la tête…

«C’est Bâle, c’est le champion, mais nous avons notre mot à dire, il y a un coup à jouer», assure Alves. Routis devrait remplacer Rüfli au poste de latéral droit. Tréand et Lang occuperont les côtés au milieu. Mfuyi sera aligné en défense centrale aux côtés de Schneider sans doute. Place au championnat!

D. V.

 

Les nouveautés

Horaires Les cinq matches de chaque week-end seront répartis sur deux jours, à horaire fixe (sauf exception, comme Servette-Bâle de ce soir). Soit deux parties le samedi à 19 h 45, deux autres le dimanche à 13 h 45 et une dernière à 16 h.

Télévision Tous les matches sont retransmis en direct sur Teleclub/Swisscom TV, qui débourse 28 millions de francs par saison. Celui de dimanche à 16 h est également diffusé sur les canaux de la SSR.

Règlement  Conséquence d’une Challenge League réduite à 10 équipes et de l’apparition d’une 1re ligue promotion, une nouveauté concerne aussi la Super League, avec la disparition du barrage destiné au 9e du classement contre le 2e de Challenge League. Comme avant, le 10e est automatiquement relégué et remplacé par le champion de la catégorie inférieure. OL.B.