Rigueur et ambition, Servette à l’heure allemande

Son passage de joueur au Servette FC s’était déroulé en demi-teinte, mais lors de son retour comme entraîneur-joueur, il a su redonner aux Grenats le souffle nécessaire pour jouer les premiers rôles : en lançant des jeunes, en poussant les dirigeants à être ambitieux et en modernisant les principes de l’entraînement. Dans l’intervalle, il avait aussi décroché deux titres avec le FC Bâle…

Né dans la Ruhr en 1940, l’Allemand Jürgen Sundermann a fait ses débuts au plus haut niveau à Oberhausen, ses bonnes performances de demi offensif lui valent même une sélection en équipe nationale d’Allemagne lorsqu’il a vingt ans. Il évolue ensuite au Victoria de Cologne et au Hertha Berlin, Servette le recrute en juin 1966 pour remplacer tant Roger Vonlanthen (devenu entraîneur) que Tony Schnyder (parti à Bâle).

Juergen Sundermann (saison 1966-67)

Un passage aux Charmilles décevant

La cuvée servetienne 1966-1967 est marquée par des déboires sportifs (malgré une qualification pour les quarts de finale de la Coupe d’Europe) et des turbulences (trois entraîneurs se succèdent sur le banc). Sundermann n’a pas l’apport espéré, le public le lui fait sentir. En mai, lorsque Young Boys vient s’imposer aux Charmilles, Sundermann, esseulé à mi-terrain avec le tout jeune Gilbert Guyot, constate l’obsolescence du 4-2-4 servettien face au football plus moderne des Bernois. On sent déjà poindre le coach… Il souhaite s’en aller, mais le nouveau patron des Charmilles, Jean Snella, y met le holà. La saison suivante n’est guère plus brillante, à l’été 1968, Sundermann part pour Bâle.

 

Deux titres à Bâle

Sur les bords du Rhin, Sundermann retrouve son compatriote Helmut Benthaus qui officie en tant qu’entraîneur-joueur. Epaulés par Odermatt en milieu de terrain, les deux Allemands conduisent le FCB vers deux titres nationaux consécutifs. Ce football solide et discipliné, à la mode allemande, donne des idées aux dirigeants servettiens, dont le club, malgré une victoire en Coupe en 1971, peine à retrouver son lustre d’antan et luute même contre la relégation: ils engagent Jürgen Sundermann au premier janvier 1972 pour remplacer Jean Snella, incapable de tenir en bride le génie lunatique Bernd Dörfel et de se faire écouter des plus anciens.

 La Suisse, exil des dorés des anciens de la Bundesliga

Aux débuts des années 1970, nombreux sont les Allemands à évoluer dans le championnat de Suisse et souvent à entraîner des clubs. Attirés par des conditions financières pas moins avantageuses qu’Outre-Rhin, ils découvrent un football où règne encore des conditions de travail aux relents d’amateurisme : les séances d’entrainement hebdomadaires se comptent sur les doigts d’une main, le tempo est plus lent, la discipline collective peu importante, la couverture médiatique plus faible. Début 1972, Bernd Dörfel dira par exemple : « En Allemagne, l’entraineur donne des consignes strictes auxquelles le joeuur doit se tenir. Ici, je fais ce qui me passe par la tête. ». Sundermann va toutefois accomplir une révolution culturelle sur le banc des Charmilles…

 

Une révolution culturelle

Sur le terrain, Sundermann dirige la manoeuvre. Tactiquement, l’équipe passe au marquage individuel strict. Le résultat n’est provisoiremnt guère concluant, l’application stricte des consignes ne réusiit pas aux Servettiens. L’équipe reste orpheline de Dörfel, longtemps blessé. Sundermann lance des jeunes : Franz Barriquand, Toto Dutoit, Marc Schnyder, Aldo Brignolo, Gérard Castella,… Sundermann, qui a signé un contrat de deux ans et demi, s’attelle à reconstruire le club. Les anciens (Barlie, Bosson, Perroud, Desbiolles) s’en vont. Toutefois, la route est longue, à la pause hivernale, Sundermann déplore le découragement des jeunes, l’équipe finit quatrième et on sent un frémissement dans le public même si Dörfel broye toujours du noir. Sundermann doit se muer en psychologue. Il déplore aussi la plus grande labilité des footballeurs romands, vite affligés par les défaites.

Entre Pfister, Guyot et Marqui (pause hivernale, janvier 1974)

Un manque de créativité ?

Alors que s’ouvre la saison 1973-1974, Sundermann se blesse. On s’interroge : l’absence du leader par lequel passent toutes les offensives servetiennes va-t-elle ouvrir la voie à l’éclosion d’autres façons de jouer ? Malgré son grand apport stabilisateur, Sundermann est souvent sur la sellette, en particulier pour sa lenteur. Le spectateur souhaiterait parfois retrouver un enthousiasmant grain de folie dans le jeu des Grenats. Finalement, Servette décroche une méritoire troisième place, un palier supplémentaire a été franchi et le public se fait plus nombreux aux Charmilles (17 000 personnes pour la venue de Lausanne).

Servette : un club pauvre

« Servette est un club pauvre qui saura vivre selon ses moyens » Avant d’entamer la saison 1974-1975, Sundermann met ainsi les points sur les « i ». Pas question d’engager Chapuisat vers lequel lorgne pourtant le technicien allemand. Il souhaite un grand meneur de jeu, mais finalement, c’est lui qui rempile malgré son désir d’arrêter au vu de la dégradation avancée de son ménisque. Au passage, il rend hommage au public « le meilleur de Suisse, sensible aux qualités morales de Servette, alors qu’à l’époque il était trop critique et négatif». Par ailleurs, les joueurs servettiens ont désormais droit à deux séances de fitness par semaine : il s’agit de développer leur condition athlétique. Balayés dans les compétitions européennes, les clubs suisses réalisent qu’ils ont sur ce plan-là aussi une révolution à effectuer. La saison se finit en roue libre (7ème), Sundermann entre souvent en cours de match pour panser les plaies. En fin de saison, l’atmosphère est lourde : les coups de gueule de Sundermann dans les vestiaires sont de plus en plus fréquents. Servette doit passer maintenant à la vitesse supérieure.

Servette : un club de millionnaires

Pour la nouvelle saison, le duo dirigeant Cohannier-Mauss a apparemment été convaincu par Sundermann de mettre la main a la poche pour renforcer l’équipe là où elle en a besoin. Le gardien Karl Engel, le défenseur Lucio Bizini, et les attaquants Alfred Hussner et Kudi Muller rejoignent les Charmilles. Du beau monde. Même si la dépense totale pour leur acquisition s’élève « seulement » à 800 000 francs. La presse alémanique évoque pour la première fois un « Millionen-Elf. Servette n’aura pas le droit de décevoir… Les Servettiens, sans être géniaux, ne faillissent pas à leur tâche. Accrocheurs et consciencieux, ils finissent seconds et finalistes de la Coupe, conclusion méritée pour le travail effectué par Sundermann. Malgré tout ce que son caractère pouvait avoir d’âpre et colérique, le coach s’attire les félicitations unanimes. Attiré par de nouveaux défis, il quitte alors les Charmilles. C’est Peter Pazmandy qui mènera Servette vers des sommets encore plus hauts.

Wundermann, permis de résidence en Suisse et énergie solaire

Sundermann se retrouve à la tête du VfB Stuttgart, il conduit d’emblée ce club en première Bundesliga et obtient le quatrième rang la saison suivante. Cet exploit lui vaut le surnom de Wundermann. Son parcours d’entraineur se poursuit, il fait un cours passage à GC, histoire de ne pas se faire retirer son permis de résidence suisse. Retraité, il fonde, près de Stutgart un centre de formation pour jeunes footballeurs dont le suivi scolaire et professionnel doit être bien garanti sans coûts exorbitants pour les parents. Parallèlement, il s’engage pour le développement de l’énergie solaire au sein d’une entreprise du secteur.

Chez Photovoltaik-in.de (source : http://www.salwa.de/sundermann/)

Jacky Pasteur et Germinal Walascheck

Dernière chronique : Ruefli : « le football m’a donné confiance en moi »

La semaine prochaine : la canicule et les moustiques arméniens

12 réflexions sur « Rigueur et ambition, Servette à l’heure allemande »

  1. Hs mais est ce qu il y a la s radio ce soir , je ne suis pas la est j aimerais bien écouter le matc mais j ai lu dans un autre comment Bryan de la s radio n étais plus la donc est que qqun la remplacer ou non ?

    J’aime

  2. Je trouve pas normal car le matche servette-porto j’ai du le voire sur un site portugais alors qu’on jouait à domicile ms je tien à dire que les eds font tjr un excellent travail heureusement qu’ils sont la un grand merci…

    J’aime

  3. De bien jolis souvenirs,mais que c’est loin tout cela.En 73-74
    on avait terminer troisième grâce a un 7a1 contre Chiasso a
    l’ultime journée,hélas la saison d’après la carrière européenne
    s’était vite arrêter contre Derby county.

    J’aime

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.