Vitkieviez: «Il y a trois ans, j’ai changé mon hygiène de vie» (TDG, jeudi 18 octobre 2012)

Rencontre à Berne avec l’ex-Servettien, qui se bat pour gagner la confiance de Martin Rueda à YB

Rencontre à Berne avec l’ex-Servettien, qui se bat pour gagner la confiance de Martin Rueda à YB

Quand le sushi retombe sans prévenir dans la sauce soja, il y a comme un problème technique. Heureusement pour lui, Matias Vitkieviez est plus habile ballon au pied que baguettes en main. Et dans ce petit restaurant japonais du centre de Berne, il n’est pas le seul à avoir de la peine avec la tradition nippone. Pour parler foot, en revanche, pas de souci.

A 27 ans, il a le regard déniaisé de ceux qui savent. Qui savent qu’il faut se battre. Pour une place, pour exister, pour une passion. Ses plus beaux moments de sportif professionnel, il les a vécus à Servette avec une promotion en Super League. Depuis janvier, c’est à Young Boys qu’il veut en vivre d’autres. De Montevideo (où il est né) à Berne, en passant par Guingamp et Genève, l’itinéraire a déjà comblé ce gamin d’Uruguay qui voulait depuis tout petit faire du football un métier. Il est temps de voir avec lui où en sont ses rêves et si la réalité n’empiète pas trop dessus.

Matias, on se retrouve là, à Berne, où vous poursuivez votre carrière pro depuis le mois de janvier, après l’aventure servettienne. Comment cela se passe-t-il?

A Servette, je me suis fait un nom. Enfin, j’ai commencé à me faire un nom. Maintenant, je dois recommencer. C’est un défi. Je n’ai pas choisi la facilité en venant à Young Boys. Mais c’est une belle expérience.

C’est Christian Gross qui vous a fait venir, vous avez immédiatement eu du temps de jeu. Mais il a été remercié et avec Martin Rueda les choses sont plus compliquées, non?

C’est vrai. J’ai beaucoup moins de temps de jeu. Ce n’est pas facile de passer de titulaire à remplaçant ou de regarder le match des tribunes. Ça fait mal, c’est dur.

Comment avez-vous vécu cette remise en question?

Je l’avoue: à un moment donné, j’ai baissé les bras. Cela ne me ressemble pas, je suis un battant. Mais pendant deux ou trois semaines, j’ai été pris dans le tourbillon du doute. Cela n’a pas duré plus que ça, heureusement. Je me suis remis au travail, pour prouver ce que je vaux, pour gagner ma place. J’ai décidé de me réveiller: c’est ça mon vrai caractère.

C’est grâce à cela que vous êtes passé de joueur de Challenge League à international suisse?

Peut-être. J’ai conscience d’avoir une immense chance de gagner ma vie en jouant au football. J’ai fait des sacrifices pour cela, mais c’est un privilège. En fait, quand je parle de sacrifices, c’est surtout des choix. Des choix de vie.

Expliquez-nous.

Il y a trois ans, j’ai totalement changé d’hygiène de vie. Avant, je buvais du coca, je bouffais des chips, j’allais au McDo. Bref, je ne faisais pas attention. Depuis, je suis à l’eau plate et je mange sainement. Les résultats ne se sont pas fait attendre: avant, j’étais souvent blessé. Depuis que mon corps est sainement alimenté, ce n’est plus le cas.

Qu’est-ce qui a provoqué le déclic?

Un voyage au Mexique, il y a trois ans. Enfin, le retour de voyage. Je suis revenu avec sept kilos en trop! J’étais à Servette et Joao Alves a immédiatement réagi: il m’a dit que ce n’était pas possible de continuer ainsi et m’a aussitôt envoyé chez un diététicien. Pour que j’apprenne à manger de façon équilibrée. Le McDo ne me manque absolument pas!

On sent beaucoup de tendresse quand vous parlez de Joao Alves…

Forcément, je lui dois beaucoup. Sur le plan du jeu, c’est lui qui m’a appris à lever la tête, à arrêter d’être brouillon ou de vouloir dribbler la moitié de l’équipe adverse. Il m’a enseigné la simplicité.

Et vous avez bien failli vous retrouver cette saison. Si nos informations sont bonnes, vous étiez à deux doigts d’être prêté à Servette.

C’est vrai. Joao m’avait appelé, assez rapidement après le début de la saison. Je ne jouais pas vraiment à YB et l’idée était que je sois prêté. Je me suis dit: «Pourquoi pas, oui.» Et puis cela ne s’est pas fait, je ne sais pas pourquoi, peut-être que toutes les démarches n’ont pas été entreprises par les dirigeants grenat ou que cela était tout simplement impossible.

Vous ne saviez pas encore que Servette irait si mal cette saison: comment le vivez-vous de Berne?

C’est horrible! Je n’aurais jamais pensé que YB battrait Servette 6-2 ou que les Grenat n’en seraient toujours qu’à deux petits points, sans victoire, alors que nous sommes en octobre. A Bâle, Servette était sur le bon chemin. Mais il lui faut des points. Alors il faut que mes copains continuent sur cette voie et trouvent une solidité défensive. Vite!

Retour à YB: quel a été le plus gros changement par rapport à Servette?

La langue. J’ai pris des cours, mais je ne suis pas bon en allemand. Sinon, la mentalité. Tout est plus professionnel ici. A l’entraînement, personne ne te fait de cadeau, c’est comme ça. Tu peux être pote en dehors, mais sur le terrain, c’est la compétition.

Et sur le plan personnel: vous êtes loin de vos proches, qui sont restés à Genève…

Oui, mais tout est relatif. J’ai passé deux ans à Guingamp, en Bretagne. J’étais encore jeune et, en plus, j’ai été blessé là-bas durant de long mois. C’était dur à vivre. Même si cela m’a forgé le caractère et m’a permis de grandir, de mûrir. Alors Berne… Ce n’est qu’à une heure et demie de Genève. Ma copine vient régulièrement me voir et je descends de temps en temps. Donc ça va.

Quelles sont les ambitions de Matias Vitkieviez aujourd’hui?

Je vais répondre sur le plan sportif: être titulaire à YB. Fêter un titre de champion avec YB. Etre à nouveau sélectionné en équipe de Suisse. Et, bien sûr, que Servette se maintienne en Super League !

Daniel Visentini Berne

17 réflexions sur « Vitkieviez: «Il y a trois ans, j’ai changé mon hygiène de vie» (TDG, jeudi 18 octobre 2012) »

      1. Je crois que cette lettre aura eu l’impact désiré, et sur tout le monde.

        Après, peu importe finalement l’intervenant, reste le contenu. C’est là le plus important…

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    1. le seul impact de ce torchon oups pardon de cette lettre … a été de faire passer certains EdS pour des abrutis … c’est gagné! … tout le reste n’est que garniture !

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  1. Je me demandais aussi pour quelle raison il n’était plus gêné par des blessures. Il n’y a pas de miracle pour les sportifs de haut niveau.

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  2. Il le dit, tout est plus professionnel là-bas….je suis sûr qu’un jeune de 21 ans là-bas sait qu’il ne doit pas se nourrir de McDo et boire du coca sans arrêt…c’est hallucinant à quel point ils peuvent être naïfs et pas encadrés ces gars ! Incroyable. Et effectivement, je pense qu’il y en a plus d’un qui devraient en prendre de la graine chez nous…
    Oui, le sport de haut niveau nécessite des sacrifices et, oui, même en jouant en SL…

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    1. Mati a aussi connu le SFC sous Vinas et Pishiar, pas sous Quennec. Je pense que si le club progresse dans ses structures jours après jours, il doit encore le faire dans sa tête…

      Mais cela viendra!

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