16e journée : SERVETTE FC – FC SION 0-2 (0-1) : Le match sous la loupe

Ce derby du Rhône restera celui des doubles interprétations, des avis divergents et contradictoires. D’aucun diront que les Grenat auront livré une performance intéressante en tenant tête à l’un des ténors du championnat, voire même en le dominant par moments, confirmant ainsi le regain de forme entrevu ces dernières semaines. D’autres diront que la défaite enregistrée, synonyme de nouveau coup d’arrêt dans l’élan grenat retrouvé, fait resurgir au grand jour les lacunes bien réelles d’un groupe servettien dont la bonne volonté et l’engagement sans faille ne suffisent pas, ou plus. Et que l’avenir s’annonce des plus délicats. C’est un peu le rappel de cette fameuse histoire de verre à moitié plein, ou à moitié vide. C’est selon. Alors, que faut-il réellement retirer comme enseignements de cet affrontement face au rival historique…

Le système : Une continuité plutôt logique

Fort de 3 matches 5 points, il apparaissait étonnant que Sébastien Fournier modifie sa recette lors de l’accueil d’un prétendant au titre. Aussi, c’est ancré sur leur système « 4-1-4-1 » que les Grenat abordèrent la partie. Le principe est simple, la philosophie aussi : jouer ultra-défensif et compact, opérer un pressing relativement haut pour limiter les espaces, et tenter de récupérer les ballons haut dans le terrain afin de procéder ensuite par contres. Un travail défensif nécessitant un gros engagement de chaque joueur, à commencer par l’attaquant nominal. Une configuration tactique au sein de laquelle les doubles rideaux défensifs s’enchaînent et se succèdent, une sentinelle (Pont) veillant même au grain juste devant la défense.

Ce système tactique était proche de réaliser un parfait hold-up à Lucerne deux semaines plus tôt. Il avait réussi à réaliser une grosse performance en suprenant le leader GC. Mais ces deux équipes avaient en commun de chercher à jouer au ballon, à imposer leur jeu et leur supériorité. Or, cela ne fut pas le cas du FC Sion. Les sédunois jouent depuis le début de la saison à l’image de leur capitaine champion du monde : froid, solide, efficace, réaliste, mais sans génie ni forfanterie. C’est donc une équipe valaisanne fort regroupée tout au long du match qui put réussir, sur 2-3 coups d’accélération en rupture, à faire voler progressivement en éclats le béton grenat.

Et là, quand le verrou saute, les lacunes apparaissent. Le manque de vivacité défensive, la difficulté à créer du jeu et à opérer les bonnes transitions entre le secteur médian et les zones offensives, la peine à faire preuve du réalisme exigé et à concrétiser les derniers gestes. Les hésitations techniques aussi. Bref, ce match face à ce FC Sion, loin d’être excitant et impérial, mais qui possède en son sein des joueurs capables de faire basculer un match sur une seule action, aura permis de mesurer toute l’ampleur de ces manques encore bien réels côté grenat. Mais, les constater est une chose. Les corriger, une autre… Comment faire?

La défense : Une rigueur défensive entâchée de lenteur et de lourdeur

Depuis plusieurs matches, Sébastien Fournier reconduit la même défense. Là aussi, ce choix se tient et se défend. En proie à de gros soucis défensifs avant son arrivée à la tête de l’équipe (défaite 6-2 à Berne lors d’une journée portes ouvertes de grande cuvée), les Grenat avaient besoin de pouvoir s’appuyer sur une stabilité, des automatismes et des repères bien forgés. Des normes sécurisantes.

Au sein d’un tel contexte à la discipline à nouveau installée, les défenseurs servettiens ont progressivement retrouvé confiance en leurs moyens, en témoignent les progrès très significatifs d’un Kusunga. Las, sur ce match, face à une paire d’attaquants à l’expérience confirmée, rusée et aussi puissante que vivace offensivement, on vit à nouveau certaines certitudes nous revenir à l’esprit : Routis n’est pas un latéral mais un défenseur axial, Ruefli est plus à l’aise à droite qu’à gauche, Kusunga est parfois emprunté par son gabarit imposant qui limite sa coordination (tout ça est un peu « lourd »), et Schneider n’est pas assez rapide, ce qui fait de lui un défenseur à la peine dans les interceptions lors des « face-à-face » avec les attaquants les plus redoutables du championnat. En relevant ces constats, on explique d’une autre manière l’origine des deux buts sédunois. Certains diront, à juste titre, que l’arbitre, peu inspiré, abusa trop de son autorité pour siffler un pénalty fort sévère il est vrai. Décision qui a pour mérite de partager d’ailleurs les avis. Mais gageons que sans les lacunes relevées ci-dessus, nous ne serions même pas en train de nous arrêter à parler de l’arbitre.

Si le retour de Diallo peut offrir une alternative intéressante sur les côtés (le joueur est explosif et relativement rapide une fois lancé), voire même dans l’axe, peut-il, à lui seul, combler tous ces petits manques? A voir. Le retour de Moubandje est attendu également avec impatience, et constitue même une urgence. L’engagement d’un leader défensif, chevronné et avec de l’expérience, demeure cependant une perspective d’avenir à considérer avec insistance.

Le milieu : Le triangle médian nécessairement nourri d’une sentinelle?

Le triangle médian est une donnée qui occupe les esprits servettiens depuis plus d’une saison maintenant. Seule sa configuration est amenée à changer, passant parfois à une pointe inversée. Pour ce match, l’articulation ultra-défensive avec la sentinelle qui veille au grain n’a pas laissé une impression totalement convaincante. Pour ne pas dire, pas du tout. Pont est apparu bien transparent. On aurait préféré voir De Azevedo, de retour en forme ces dernières semaines, être titularisé dans l’axe médian. Le brésilien aurait assurément peser davantage sur le jeu servettien, lui amenant plus de fantaisie et de présence dans les parties plus hautes du terrain. Faut-il vraiment, lorsque sont alignés Pasche et Kouassi, dont les capacités de récupération ne sont plus à démontrer, bétonner encore le système avec un libéro du milieu? Cette question a le mérite d’être posée, surtout lorsque l’on peine tant à développer ne serait-ce qu’un semblant de jeu. Tout est toujours question d’équilibre, et pas sur que là, sur ce coup, celui-ci fut bien dosé ou idéalement trouvé.

Sur les côtés, seul Lang est parvenu à équilibrer son travail, entre repositionnement défensif et apport offensif. Ses rushes balles aux pieds, parfois brouillons, ont eu le mérite de semer la zizanie dans les rangs adverses. Ses tirs surprenants de loin font de lui un joueur dangereux et plutôt polyvalent. Il devient donc difficile de lui laisser de l’espace. En sortant le chercher, le défenseur adverse découvre les siens et s’expose à des un contre un au sein desquels l’ex-lausannois excelle.

Ces observations sont moins évidentes à tirer lorsque l’on se concentre attentivement sur le côté opposé. Tréand accumule les erreurs techniques grossières (contrôles qui partent à plusieurs mètres), mais évolue surtout selon un jeu stéréotypé qui finit par ne surprendre plus personne, si ce n’est les supporters grenat et peut-être…lui-même. Son manque de réalisme cruel sur deux actions qui avaient le poids d’un but, et qui auraient pu inverser le scénario de ce match, mais aussi son manque d’inspiration dans la dernière passe, pourraient être de nature à interpeller son entraîneur. Moutinho, mais aussi Esteban (lorsque celui-ci pourra aborder, enfin, un match à 100%), sont des alternatives plus que « chaudes ». Voire Karanovic, lequel avait fait quelques entrées fracassantes par le passé sur le côté (un match à Zürich la saison passée, souvenez-vous).

Quoiqu’il en soit, au sein d’un tel système, ces demis extérieurs, qui devraient pouvoir contribuer aux offensives de leur équipe, peinent à trouver la percussion nécessaire. Mal accompagnés par le secteur médian, où il manque toujours un vrai meneur de jeu, mais aussi pas suffisamment dynamiques dans la projection vers l’avant, il ne parviennent pas totalement à apporter ce besoin attendu. Comment y remédier? Le passage à un attaquant supplémentaire? Un 4-4-2, articulé autour de Pasche et de Kouassi, aurait-il réellement mis en danger le Servette sur ce match? N’aurait-il pas pu contribuer au contraire à rééquilibrer le système dans son ensemble face à cet adversaire-là et à sa façon de jouer? Difficile à dire. Quoiqu’il en soit, le constat reste : il manque dans le contingent grenat un vrai meneur de jeu (Sion a Margairaz en meneur, et Gattuso à la récupération. Soit un joueur longtemps international et un champion du Monde, rien que ça), et probablement aussi un demi extérieur plus percutant. Le prodige Esteban pourrait-il combler l’un de ces besoins? Peut-être… Mais il doit avant tout se défaire d’un autre adversaire, bien plus redoutable encore : son physique si fragile.

L’attaque : un attaquant nominal à nouveau bien esseulé

L’attaquant nominal… Une tâche ô combien difficile. Rendue bien plus ardue face à une défense adverse regroupée et armée d’une expérience et d’une rigueur à toute épreuve. Aussi, Eudis fut-il, assez logiquement et de manière attendue, moins en évidence sur ce match. Trop esseulé. A tel point que l’on peut presque parler de sacrifice. Exagéré, certes. Mais là encore, la présence de De Azevedo en début de match aurait pu être susceptible de mieux l’épauler. Ou alors, la présence d’un Karanovic à ses côtés. Il faudra bien que ce dernier joue davantage s’il veut un jour retrouver la confiance qui l’habitait et qui faisait de lui un attaquant au bénéfice d’un certain panache.

On le sait, et c’est à peine un secret de polichinelle : il manque un attaquant au profil de finisseur, un vrai renard des surfaces, dans les zones offensives. Mais on sait aussi que celui-ci ne pourra se montrer réellement efficace sans être mieux soutenu par la présence de demis plus performants dans la projection vers l’avant. Combien de licences seront-elles encore disponibles cet hiver pour le club grenat? Cette question, apparemment si peu abordée par les dirigeants grenat, revêt pourtant une importance essentielle, capitale même, dans l’avenir sportif du Servette FC.

Le bilan : Décevant, logiquement

Comme mentionné en début d’article, le bilan se révèlera soit moyen mais accompagné d’éléments positifs qu’il conviendra de retenir. Certes. Soit, décevant avec des lacunes qui demeurent bien réelles et qu’il demeurera difficile (mais pas impossible) à combler. A condition de continuer à voir à l’oeuvre des joueurs responsabilisés et concernés, impliqués. Mais aussi des dirigeants déjà tournés vers le mercato hivernal. Et un technicien du terrain qui pourrait, peut-être, et selon les caractéristiques de l’adversaire ou la physionomie du match, se laisser aller à des choix un peu plus portés vers l’avant. Au final, il n’est guère possible, pour tout fan grenat qui se respecte, de se satisfaire de ce match. Perdre contre Sion, et peu importe les positions au classement, demeure un échec. Forcément décevant, Point. Et s’en contenter ou, pire, considérer cela comme une logique avérée, constituerait à n’en pas douter le début de la fin de lâge d’or grenat.

Il reste cependant deux matches avant la pause hivernale. Il faudra récolter le maximum de points, si ce n’est le plein de points. La route du maintien est à ce prix. Aussi, pour affronter un FC Zürich en panne de confiance, mais aux qualités bien réelles, nous opterions pour une continuité dans le système. La fâcheuse et inutile suspension de Kouassi force à maintenir la configuration en 4-1-4-1 avec une sentinelle. Nous lui amènerions néanmoins davantage de fantaisie, en cherchant à apporter plus de percussion offensive pour trouver un meilleur équilibre, soit :  Barroca / Ruefli (droite), M’Fuyi, Kusunga, Diallo (gauche) / Grippo (Pont) / Esteban (droite), Pasche, De Azevedo, Lang (gauche) / Eudis (Karanovic).

GrenatDC

11 réflexions sur « 16e journée : SERVETTE FC – FC SION 0-2 (0-1) : Le match sous la loupe »

  1. On doit être plus offensif de même que les latéraux. Gagné=marqué des buts
    Barroca, Ruefli, MFuy, Kusunga, Diallo, Pasche, Tréand, Lang, De Azevedo, Esteban, Karanovic

    Allez Servette!!!

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    1. Pasche, MDA, Esteban dans l’axe ? C’est bien mais certainement trop offensif pour Fournier. MDA a fait des progrès mais avec Julian ils sont loin d’être des gros récupérateurs. Esteban en soutien de Karanovic, ça ça me plait bien par contre. Contre Thoune ?

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  2. Schneider, Routis et Pont sur le banc cela semble logique mais cela provoquera passablement de changements. Je doute que Fournier, qui prône la continuité, se « lâche » pareillement. Diallo est nettement supérieur à tous nos défenseurs et à tous les postes hormis Rufli quand il joue à droite. C’est néanmoins lui donner une lourde responsabilité que de le lancer à gauche poste qu’il n’a jamais occupé alors qu’il revient à peine à la compétition. En théorie l’idée cependant est séduisante. A voir en fonction de l’opposition zurichoise (qui déborde à droite ? à gauche ?).
    Rufli de retour à droite c’est essentiel. Grippo a plus de volume que Pont et si on doit renforcer le milieu, en l’absence de Kouassi c’est lui qui fera le ménage. Si Pasche se reprend et MDA est à 120% comme lors des dernières sorties alors ils compléterons très bien le triangle inversé.
    J’ai des doutes mais j’espère que Fournier travaille quelques schémas de jeu offensifs notamment la mise en position pour frappes « lointaines ». Avec Grippo, MDA, Lang voir Pasche, il y a de quoi faire parler la poudre. Pourquoi s’obstiner à faire des centres aériens quand on a personne pour mettre la tête…

    Tréand a déçu mais il est capable de mieux. On connait les limites du joueurs mais ses qualités également. Je lui ferai encore confiance contre Zurich. Je préfère Esteban en 9.5 que sur le côté. Lang à gauche cela ne fait pas de doute. Dire qu’Alves ne le faisait pas jouer… Zurich convient bien à Goran et celui-ci semble retrouver la foi. Il pourrait être intéressant de le lancer (Eudis c’est Eudis, une perf tous les 10 matchs). Dans le cas contraire, j’espère que Fournier n’attendra pas le dernier quart d’heure pour lui donner sa chance.

    Aucune chance de voir cette configuration mais tant pis. Seule la victoire compte !

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  3. arrêtez avec esteban! ça fait déjà quatre ans qu’ on l attend enchaîner trois matches de suite sans se blesser. le talent il l a mais le physique et l hygiène de vie non.
    niveau challenge

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    1. c est ce que j ai tjs dit, il peut nous sauver un match, genre meme le prochain ca nous arrangerait :-))) mais sur toute une saison il n en vaut pas la peine si je peux m exprimer ainsi…malgré tout son talent et point final

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