Esteban dit stop: «Trop de blessures, trop de frustration» (TDG, mercredi 9 janvier 2012)

Le Servettien était promis à un avenir flamboyant. Mais son corps a dit non. Clap de fin, carrière terminée à 26 ans

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Ses espérances déchues, déçues, perdues, sont des pierres froides qui peuplent un jardin fermé. Julian Esteban s’est rendu à l’évidence, sans accablement, sans amertume, avec ce soupçon de lucidité qui conduit aux décisions calmes: à 26 ans, il met un terme définitif à sa carrière. Dans ce petit bistro de Châtelaine, il en parle comme s’il se libérait d’un poids. Un fardeau qu’il a porté pendant si longtemps. Le gamin qui a grandi à l’ombre du stade des Charmilles caressait bien des rêves. Il en avait le droit, un potentiel immense pour devenir l’un des meilleurs footballeurs suisses. Mais son corps n’a pas voulu.

Ce n’est pas la fin du monde, il y a évidemment des choses bien plus graves dans la vie et il est d’ailleurs le premier à le souligner, immédiatement, au moment d’évoquer tout ça. Mais c’est dommage. Constamment blessé, chroniquement indisponible, le Servettien a donc raccroché les crampons, tournant le dos à une passion qui s’est systématiquement refusée à lui. Cruel destin qu’il assume au-delà des souffrances de son corps récalcitrant.

Julian, comment vous êtes-vous résolu à prendre cette décision, à arrêter votre carrière?

Franchement, il faut regarder les choses en face. Je suis constamment blessé. J’avais déjà envisagé mon retrait définitif du football professionnel à l’occasion de certaines blessures. Sur le coup de l’émotion, de la déception, de la rage. Mais cette fois, j’ai tout mis en œuvre pour revenir en forme. Avec une cellule spéciale. Et cela n’a pas suffi. Cette saison, je m’étais donné cette dernière chance. Mais le constat est là. Je suis toujours blessé, j’ai des douleurs.

C’est quoi au juste ces douleurs?

La victime de tout, ce sont mes adducteurs. Mais cela ne s’arrête pas là. J’ai parfois, en marchant, sans rien faire de spécial, des lancées, comme des décharges électriques dans mon corps. C’est douloureux. J’ai consulté des spécialistes, pour mes adducteurs comme pour le reste. Mais personne ne sait me dire de quoi je souffre. Ma foi, c’est comme ça…

On va être honnête: il se dit que vous n’avez pas toujours eu l’hygiène de vie qu’un sportif de haut niveau doit avoir. Que répondez-vous?

Je sais, je l’entends, bien sûr. Les gens me croisent un soir, quand je bois un verre, et ils déduisent des choses, font courir des bruits. Franchement, ils peuvent penser ce qu’ils veulent, mais ce n’est pas vrai. Cela ne m’énerve même pas. Et puis il faut être clair: si je ne faisais que des conneries, cela se serait vu dans les prises de sang auxquelles je me suis soumis. J’avais un plan de six mois pour revenir en forme, régler mes problèmes. Mais malgré tous les efforts que j’ai fournis, la discipline, les problèmes physiques étaient toujours là.

Dans quel état d’esprit êtes-vous aujourd’hui?

Presque soulagé. Parce que finalement, la seule chose qui me rendait triste, dans la vie, c’était devenu le football. Et ça, c’est dur. Trop de blessures, trop de frustration. Il fallait dire stop. Si le foot me rend si triste, c’est qu’il faut arrêter. Au fond, je crois que je préfère encore faire la plonge dans un restaurant en étant heureux que de faire des efforts en vain pour le foot, quitte à en être profondément malheureux.

Servette en Challenge League, puis Rennes et retour ici. Tous  les problèmes ont commencé en France. La faute à Rennes?

Non, pas du tout. J’étais blessé, ni plus ni moins. Comme ici depuis mon retour. Je n’ai pas compté combien de fois je suis allé à l’infirmerie. Mais cela doit être impressionnant. Et c’était à chaque fois une douleur morale en plus. C’est pour cela que j’ai dit stop.

Et maintenant: comment voyez-vous votre avenir sans le football?

A court terme, je veux sortir de ce contexte, quitter Genève un moment. A Genève, je n’existe pas. La seule image que l’on me renvoie, c’est celle du joueur de foot blessé. Je veux faire un voyage, changer d’air. J’ai la chance d’avoir un petit pécule de côté. Mais après? Bonne question. Je ne sais pas encore, je dois y réfléchir.

Daniel Visentini

Julian Esteban, c’est aussi…

Julian Esteban, c’est un talent pur, qui a vraiment explosé en Challenge League dès 2006. Avec des performances exceptionnelles, il a attiré les recruteurs de toute l’Europe. Un soir, Alain Roche, du PSG, est venu au Stade de Genève voir le prometteur prodige. C’était lors de Servette-Lausanne. Après 25 minutes de jeu, Lausanne menait 0-3 et Esteban, comme tous les Grenat, était transparent. Roche se disait qu’il avait fait le voyage pour rien. Et puis Esteban s’est réveillé. Deux buts, deux assists, victoire 4-3 de Servette. Roche voulait immédiatement recruter le Grenat, qui signera finalement à Rennes.

Autre souvenir. Un Wohlen-Servette. Petit stade mais tribune bondée. Sur la pelouse, c’est un festival façon Esteban. Trois buts, deux assists. Jean-Michel Aeby remplacera son champion à trois minutes de la fin, pour le remercier. C’est le public qui s’en chargera. Toute la tribune du stade de Wohlen s’est levée pour une standing ovation, applaudissant Esteban malgré la lourde défaite des leurs.

Julian Esteban, c’est enfin cette dernière apparition sous le maillot grenat, cette saison. C’était à la SwissPorArena, contre Lucerne, le 14 novembre. Il avait remplacé Lang à la 89e minute. Malgré des douleurs qui ne disparaîtront pas. D.V.

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32 réflexions sur « Esteban dit stop: «Trop de blessures, trop de frustration» (TDG, mercredi 9 janvier 2012) »

  1. Ping: Coming up « Les Enfants du Servette

  3. Un T-shirt en son honneur? Ça me plairais bien et il le mériterait amplement snif, TU VAS ME MANQUER JULIEN. Et j espère qu il aura le droit de donner le coup d envois d un match pour que tout le monde se lève et l applaudisse , snif Ben oui c est dur pour moi je l ADORAIS.

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    1. Alors ça c’est une bonne idée!!!

      Je dirai même qu’un T-shirt avec comme thème le 17 (Esteban et Baumann!) pourrait être intéressant pour rendre hommage à nos 2 anciens joueurs!!!!

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      2. J achete !!!

        Triste nouvelle et triste periode de transfert… Chacune de ses apparitions etait un bol d air. Je pense que le mots qui correspond le mieux a Julian c est l espoir… Que l on a placé en lui, qu il nous a donneé… Merci pour tout et tous mes souhaits de reussite pour son avenir…

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    1. Mais pourquoi ce post…. je pige pas ! Il part, il nous a fait rever, il quitte le foot et le sfc a cause de souci repetitif il en souffre et nous aussi…. est ce qu on peut on moins le laisser partir en lui disant merci ?! Non il faut tailler ?!
      Pourquoi ? Il paye assez cher non ?! C est sa vie aujourd hui…

      Tout le monde peut exprimer son opinion ok mais le minimum apres un article comme ca c est de laisser les reproches de coté et de lui dire merci ou de se retenir !

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    2. ceci dit, je n’ai jamais vu un verre de pinard faire souffrir les adducteurs…!

      Bon vent et que ton départ fasse bouger les choses! (ct un des plus gros salaires, on devrait pouvoir gagner en marge de manoeuvre salariale!)!

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  7. Il ne vous rappelle pas quelqu’un ? Un joueur hyper-doué arrivé de Berne chez vous et qui était, à l’instar d’Esteban, un énorme talent. Un vrai diamant brut qui avait été contraint de mettre un terme à sa carrière pour les mêmes raisons.. C’est du copié-collé quand on évoque leur parcours respectif.

    Alors, vous avez deviné ?

    Si j’ai quelque-chose à reprocher à Julian, c’est le rôle joué par son père lors de son transfert à Rennes. En ce temps-là il y avait un certain FCZ, alors champion suisse en titre et entraîné par un certain Lulu Favre, ancienne icône servettienne, véritable dépositaire du beau jeu et pourvoyeur de talents, qui lui faisait les yeux doux.

    Malheureusement, et certainement par orgueil mal placé, son entourage a préféré un championnat plus ronflant que de donner suite à l’offre zürichoise et d’y aller step by step.

    C’est peut-être le palier nécessaire qui lui a manqué pour arriver à maturité, surtout physiquement, dans les meilleures conditions. Je suis bien conscient que tout cela reste du conditionnel, mais c’était quand même un regret que j’avais éprouvé.

    Sinon, comme déjà évoqué, c’est vrai gâchis de perdre un tel joyau. Mais il faut aussi apprendre à relativiser, cela reste du sport. Il y a pire dans la vie.

    Tout de bon à lui, mes meilleurs vœux l’accompagnent dans les nouveaux défis qui l’attendent.

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    1. Je ne vois pas en quoi son pere a mal fait les choses ! Il a gagne bien plus d argent en signant a rennes et avec ses blessures a repetition il n aurait jamais perce a zurich de toute facon et juste pour te dire que l argent du transfert a fini dans les caisses du club !
      A bon entendeur

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      1. Thierry parlait de plan de carrière et d’évolution physique et footbalistique bien gérée d’un jeune homme pas encore arrivé à maturité, pas de fric…

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    2. Tu parles de Luca Ippoliti dans ton message par hasard?

      Maintenant que Julian a annoncé sa retraite, foutons lui la paix!!!

      Il a essayer de revenir depuis 4 ans et à chaque fois il s’est reblessé. C’est un énorme gâchis car il avait un talent hors norme, mais il n’y avait pas d’autre décision malheureusement…

      J’espère que le club le fera venir au 2ème tour donner le coup d’envoi d’un match à la Praille pour qu’il reçoive l’ovation qu’il mérite.

      Salut l’artiste!

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    3. Pas deviné de qui tu parles. Et pourtant, je connais bien l’histoire du club depuis la fin des années 50, quand j’ai commencé à monter aux Charmilles… Est-ce que j’aurais manqué un épisode? Tu peux préciser svp? Je donne ma langue au chat!

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      1. Exactement, c’est à Luca Ippoliti que je faisais allusion. Ce gars était jeune, très fort techniquement, intelligent, pétri de talent en somme, tout comme Esteban..

        Malheureusement les blessures ont également eu le dernier mot.

        Quelqu’un sait-il ce qu’il est devenu au juste ?

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      2. Il a du arrêter sa carrière à 29-30 ans à cause de blessures récurrentes également.

        Il a passer ses diplômes d’entraîneur, il a entraîner les juniors B Inter du Stade Nyonnais puis les A Inter et enfin la 1ère équipe pendant une saison. Puis il était directeur sportif à Terre-Sainte et puis il a arrêté il y a 3 ans je crois pour se concentrer sur son nouveau job dans l’immobilier

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      3. Il est dans l’immobilier ou quelque chose comme ça sauf erreur, plus rien a voir avec le football.

        Cependant contrairement a Esteban, il a quand même fait 5-10 ans au plus haut niveau suisse, dont plusieurs saison sans blessure(il avait commencé jeune donc fin de carrière vers 28 ans)… C’est uniquement a la fin ou il a du arrêter…

        Un peu aussi a la Dominique herr qui a du arrêter le football a l’époque a cause de problème a la tête, il ne pouvait plus faire de tête suite a un problème et sa vie était en danger… Il a continuer un peu mais a arrêtez pour ne pas prendre de risque… Mais il avait un certain âge tout de même…

        Sinon dans le registre de Esteban il y a Pato, aucun médecin n’arrive a le faire guérir… Cependant il a eu lui le salaire jusqu’ici qui certainement lui assurerons la fin de sa vie

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      4. Ippoliti c est casse le genou et c est parce que il avait plus de cartilage qu il a du arreter le foot a GC apres avoir quitte SFC qui l avait paye 3 sans qu’il joue et que SFC le soigne!
        ESTEBAN A jamais trallis Servette
        Juli tu sera pour moi l attaquant genevois avec le plus de talent

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      5. Difficile de comparer les deux cas, l’un a hériter d’une constitution fragile, l’autre c’est fait démolir un genoux lors d’un Xamax Servette. Les mémoires de ce blog auront certainement plus de détail.

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      6. Tu as raison Léo, et de toute façon a quoi bon comparer, sans minimiser les faits et la triste nouvelle , chaque carrière a une fin et toutes les carrières ont leur histoire… Nous pouvons changer uniquement le futur a l’aide du présent, donc tournons la page, remercions Julian pour ce qu’il nous a apporter car on peux dire ce qu’on veux il nous a quand même apporter quelque chose, et regardons vers l’avant!

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  10. Beaucoup parlent d’erreur dans son choix d’aller à Renne mais n’oublions pas qu’à l’époque Servette, et Vinas, le poussent à y aller car ils récupère en échange 4 millions, ce qui est astronomique pour un joueur de CL. Et aucun club de Super League n’a pu s’aligner. En plus à cette époque Renne avait (et c’est plus ou moins toujours le cas) le meilleur centre de formation de France, ils savent s’y faire avec les jeunes et les ammener au meilleur niveau. Non, je pense pas que c’était un mauvais choix, mais bon, d’autre facteurs entre en ligne de compte ( la chance par example)

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    2. Rennes est un bon centre de formation, et un club qui a été assez ambitieux il y a quelques années, il a aussi fait venir pas mal de suisses (grassi, Frei, etc.), mais on ne peut pas dire que c’est le meilleur de France.

      Le choix de Rennes était toutefois une assez bonne idée, il me semble, mais quand même une certaine prise de risque pour Esteban, d’autant qu’assez loin de ses bases genevoises. On sait ce qu’il est advenu…

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