Plus jamais ça! Servette n’a pas le droit de se montrer si suffisant (TDG, lundi 15 avril 2013)

Saint-Gall profite de plusieurs errances grenat, dès les premières minutes, pour s’imposer. Inadmissible pour qui veut se sauver

TDG lundi 15 avril 2013

Il y a toujours un contexte et des circonstances, des éléments propres à expliquer ceci ou cela. On appelle ça «remettre en perspective», cela permet de ne pas tout voir en noir, parfois. Pour le Servette de samedi soir, il faudrait alors parler des salaires de mars toujours en souffrance à la mi-avril, des contrats de plus de quinze joueurs pas encore renégociés ou de cette fin de match rageuse, d’une certaine forme de courage, donc.

Balivernes! Si tout ça existe, cela ne peut en aucun cas excuser la nullité d’un début de match indigne d’une équipe qui doit lutter pour le maintien en Super League. Contre Saint-Gall, samedi soir au Stade de Genève, c’est surtout une forme de suffisance inadmissible qui a remis en cause toutes les vertus que Servette s’échine à mettre en avant depuis plusieurs semaines. Et ça, c’est grave.

La mémoire courte

Que s’est-il passé en une semaine, soit depuis la victoire à Berne contre Young Boys? Les Grenat s’étaient relancés comme ils l’espéraient, comme ils le méritaient d’ailleurs, revenant à deux points de Lucerne. Ont-ils eu la mémoire si courte qu’ils ont oublié les trente premières minutes au Stade de Suisse, où YB aurait facilement pu mener 2-0 avant de s’effacer?

Samedi soir, ce trou de mémoire s’est doublé d’un manque d’humilité flagrant. Et Saint-Gall, qui se méfiait pourtant du réveil des Grenat, a vite, très vite puni des Genevois égarés, inconsciemment ou pas, ce n’est même pas la question.

Les errances dès le début

Cela a commencé dès la 4e minute de jeu, quand Vincent Rüfli a concédé le corner le plus stupide du match. On rappellera que le latéral joue à gauche pour dépanner, qu’après une blessure il a tout fait pour aider les siens et jouer, alors que son contrat se termine en juin et qu’il risque de se blesser. Il demeure sans doute l’un des meilleures latéraux – droits – de Suisse, il ne faut pas l’oublier, même si certaines de ses attitudes empreintes de facilité en froissent plus d’un. Mais enfin, quand on peut dégager, sous pression, le ballon en touche, cela vaut mieux que de tricoter un corner qui n’aurait alors jamais débouché sur la tête de Besle pour le 0-1.

La tête de Besle, justement: sur ce corner, c’est Christopher Mfuyi qui devait s’occuper du défenseur saint-gallois. Il l’a fait en spectateur, sans hargne, sans rage.

Mfuyi, on le retrouve dès la 9e minute, au début d’un fiasco collectif de la défense genevoise. Il est au duel avec Entoundi et en avance sur son adversaire. Mais il ne fera pas le poids, écarté si facilement par le Saint-Gallois, qui remettra ensuite à Wüthrich. Le centre de l’ex-Neuchâtelois passera au-dessus de Schneider, avant que Diallo ne s’égare, que Barroca ne se perde, le tout au deuxième poteau, et que Nushi, tout heureux de tant de politesses, ne glisse à Scarione. Une formalité pour le buteur que de glisser le cuir dans la cage vide, sous le regard d’un Schneider impuissant.

En moins de dix minutes, tout était dit ou presque. Servette aura bien tenté de réagir, aura eu quelques occasions, mais le mal était fait. Le 0-3 inscrit par Etoundi après la pause, faussant une nouvelle fois compagnie à un Mfuyi en retard, sera suivi par le 1-3 d’Eudis, anecdotique, avant que les Grenat ne regagnent le vestiaire la tête basse, si basse. D’autant plus abattus que Lucerne, dans le même temps, battait Lausanne pour reprendre cinq points d’avance… Cette défaite est un sévère rappel à l’ordre, elle doit en tout cas être prise en tant que tel.

«Malgré la défaite, il faut peut-être retenir la réaction sur la fin de match», marmonnait Steven Lang après la partie. Archifaux! Ces vingt minutes sous forme de baroud d’honneur n’ont existé que par la grâce d’un Saint-Gall qui reculait en contrôlant, concédant quelques scènes chaudes, c’est vrai. Mais Servette doit surtout se souvenir de ses errances du début pour ne plus les reproduire. Parce qu’il ne reste que neuf matches et donc 27 points en jeu. Et que Servette pointe à cinq longueurs de Lucerne et à six de Lausanne. Tout se complique à nouveau.

Réaction obligatoire

On veut croire que Sébastien Fournier, prompt à épouser la cause grenat (il s’est engagé vendredi pour la saison prochaine, maintien ou pas), saura prendre certaines décisions qui s’imposent (lire ci-contre) .

Servette a reçu samedi soir une gifle qu’il méritait. Il ne doit pas en rougir mais se rappeler de ce sentiment si désagréable. Personne ne demande aux Grenat de gagner toutes les rencontres. Ils devront d’ailleurs encore sûrement s’incliner cette saison. Mais perdre comme cela, en payant un début de match si nonchalant, n’est pas digne d’une lutte pour le maintien dans l’élite. Au groupe de réagir et de montrer que ce vilain visage n’est pas vraiment celui de Servette.

Daniel Visentini

Des décisions à prendre

Samedi prochain, Servette se déplace à Zurich. Un voyage périlleux. Mais qui suppose aussi, à la lumière de l’état de forme de certains Grenat depuis un moment déjà, un possible remaniement. «Il est clair que certaines performances individuelles ne sont actuellement pas suffisantes, expliquait Fournier. Et les soucis financiers n’ont rien à voir avec ça. Mais j’avais senti une forme de relâchement à l’entraînement. Servette ne peut pas se le permettre…» Petit tour d’horizon de certains enseignements.

Kouassi-Pasche. Pour remplacer Vitkieviez blessé, Fournier a «cassé» la paire médiane, montant Pasche un cran plus haut que Kouassi, associé alors à Pont. Mauvaise pioche, après coup. Il apparaît plus que jamais que ce duo Kouassi-Pasche, sauf obligation, est indissociable au milieu. Il sera sans doute reconduit à Zurich, avec le retour espéré de Vitkieviez.

Lang. Il est loin, très loin d’apporter ce que l’on attend de lui. C’était déjà le cas à Berne, ce le fut aussi face aux Brodeurs. Samedi, après trente minutes, il a logiquement cédé sa place à De Azevedo. Le retour attendu de Kossoko au milieu, à droite, fera du bien.

Diallo. Le côté droit de Servette est le point faible de l’équipe. Diallo avait souffert mille morts à Berne. Il a à nouveau été en grande peine contre Saint-Gall. Le retour de Moubandje – le seul point positif de la soirée – permettra de faire d’une pierre deux coups: replacer Rüfli à droite et remettre Moubandje à son poste de prédilection, à gauche: ils sont les deux latéraux «naturels».

Tréand. Il se bat beaucoup, c’est bien. Mais il manque souvent de clairvoyance dans le dernier geste ou à l’approche des vingt derniers mètres. De Azevedo est à disposition…

Mfuyi. Impliqué peu ou prou sur les trois réussites saint-galloises, il a livré une performance qui laisse songeur. Kusunga est là, rétabli. Prêt à le remplacer aux côtés de Schneider (sorti samedi pour des crampes d’estomac).

A Zurich. Le Servette qui doit affronter Zurich pourrait, sans blessures ou bobos durant la semaine, ressembler à cela: Barroca; Rüfli, Kusunga, Schneider, Moubandje; Kouassi, Pasche; Kossoko, Vitkieviez, De Azevedo (ou Tréand); Eudis (Karanovic est suspendu pour avoir reçu un 4e jaune samedi soir).

 D.V.

Servette – Saint-Gall1-3 (0-2) ()

Stade de Genève, 6062 spectateurs.

Arbitre: M. Erlachner.

Buts: 4e Besle 0-1; 9e Scarione 0-2; 59e Etoundi 0-3; 76e Eudis 1-3.

Servette: Barroca; Diallo, Mfuyi, Schneider (46e Moubandje), Rüfli; Kouassi, Pont (66e Eudis); Lang (31e De Azevedo), Pasche, Tréand; Karanovic.

St-Gall: Lopar; Mutsch, Montandon, Besle, Pa Modou; Wüthrich (71e Mathys), Janjatovic (83e Schönenberger), Nater, Nushi (89e Lenjani); Etoundi, Scarione.

Avertissements: 27e Pa Modou (jeu dur), 48e Kouassi (jeu dur), 55e Wüthrich (jeu dur), 56e Pont (jeu dur), 57e Janjatovic (antijeu), 65e Mutsch (jeu dangereux), 84e Karanovic (main).

9 réflexions sur « Plus jamais ça! Servette n’a pas le droit de se montrer si suffisant (TDG, lundi 15 avril 2013) »

    1. Ben tu n’as qu’à t’y remettre 🙂 Jattends toujours tes articles de la semaine dernière 🙂

      D’ailleurs, Edwin n’est pas content car il n’y a plus d’analyse? Je lui rponds quoi é l’ami Edwin ?????

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  1. Oui Diallo se troue un peu trop, mfuyi peu présent et Schneider jamais extraordinaire, mais le pire, c est que Kusunga est pire qu eux, surpoids évident, se la joue facile et jamais décisif.
    Lang on le sait définitivement est un joueur qui peut parfois marquer un but extraordinaire et 98% du temps enfermé dans des dribbles infructueux et joue la tête dans le sac. Pont a de loin pas été plus mauvais que Kouassi. Bref com d’habitude DV se montre aussi pertinent que Nicolas Jaquier, référence mondiale en la matière.

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  2. +100, hallucinant diallo sur le deuxième but!!!! Kusunga comme tu dis est pire que mfuyi ou schneider, au moins ce dernier se contente de faire ce qu’il sait faire…l’autre kusunga se prend pour thiago silva….

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