Servette FC – FC Lugano 0-0. Le match sous la loupe

Le Servette FC obtient 1 point d’un match difficile face à Lugano, marqué notamment par d’importantes difficultés à créer de l’animation et de la percussion sur le plan offensif, et par certaines suffisances défensives qui auraient pu coûter cher…

Le coup de mou annoncé et cultivé par les médias après le match nul face à Xamax à domicile a bien fini par s’ancrer dans les rangs grenats. Le Servette est en panne. D’inspiration, de jeu, de solidarité, d’esprit, de consistance. Le constat est implacable. Les solutions recherchées et souhaitées pour sortir de cette dynamique demeurent toutefois floues, et le visage de Geiger, plongé dans le doute à la fin du match hier, démontre, si besoin était, à quel point il sera compliqué de dessiner les contours d’une recette efficace. Plusieurs raisons semblent expliquer cette période empreinte d’incertitudes.

Les blessés et le système :

Le Servette peine à trouver une stabilité, la faute à ses nombreux blessés. Geiger cherche, remanie, reconstruit presque à chaque fois. Aussi, certains de ses joueurs apparaissaient perdus hier. Rouiller inhabituellement positionné à droite, alors qu’il brille dans l’axe et se repose sur des certitudes éprouvées depuis le début de la saison. Ondoua amené à occuper un flanc gauche qu’il n’occupera jamais vraiment, se repositionnant la plupart du temps dans l’axe. Routis dans un faux rythme. Bref, un manque de transition et de liant entre les lignes et un groupe à la peine pour libérer son ADN qu’est le jeu.

Pire encore, des joueurs parfois pris défensivement, offrant trop de largesses à leurs adversaires, et ne parvenant jamais à s’imposer sur les balles arrêtées. Inquiétant. On aurait préféré du coup voir le Servette évoluer dans un vrai 3-5-2 que dans un 4-3-1-2 déséquilibré, peu conforme aux caractéristiques des joueurs amenés à l’animer.

Une « Stevanovico-dépendance » :

Micha est un joueur dont le Servette FC ne peut se passer, cela est indéniable. Hier encore, il fut le meilleur joueur de champ côté grenat. Ramenant son vis-à-vis à ses études lors de la première mi-temps. Le seul joueur à créer du danger, à mener des offensives.

Sa présence obligatoire sur le terrain, et son excellente entente avec Sauthier, permet au Servette de s’appuyer sur une paire redoutable. Mais cela oblige quasiment à ne penser « système » qu’à 4 derrière, et à exclure dès lors une défense à 3. Exit donc le 3-5-2 qui permettrait de densifier l’axe du terrain tout en alignant 2 attaquants.

Et surtout, place à un jeu très peu inspiré et bien trop stéréotypé : tout passe par la droite. Il y a un fort déséquilibre avec le côté gauche, et pas de percussion dans l’axe. Pratiquement jamais le SFC ne s’essaie à construire ses actions par le centre. Wuthrich apparaît perdu et surtout pas suffisamment amené à mettre en lumière ses qualités créatives.

Comment résoudre ce problème? (Re)tenter l’expérience d’un Micha en électron libre et en soutien des attaquants? Ce qui lui permettrait de se déporter sur les deux côtés? Et d’apporter de l’animation dans l’axe du terrain, en diffusant et en variant l’origine des offensives? Mais peut-on déplacer le pion le plus efficace d’un échiquier? Sacré dilemme…

Pourrait-on ainsi imaginer, s’il faut vraiment maintenir une défense à 4, la disposition suivante, ou apparaît-elle trop irréaliste? :

—————————————–Frick—————————————-

Sauthier———–Rouiller————-Sasso—————–Goncalves

———————Souici(Ondoua)—-Cespedes(Imeri)—————-

—————Stevanovic—————————Wuthrich——————-

————————–Koné (Kyei)——-Schalk (Tasar)——————

Le mercato et les renforts :

Il a souvent été vanté les mérites du chef du recrutement, Bonneau et son expérience reconnue. Si Servette peut compter sur l’apport d’un tel professionnel, c’est aussi qu’il est en droit d’en attendre beaucoup. Or, à ce jour, 2 mois après la reprise, les nouveaux venus peinent à s’imposer comme de vrais renforts, à l’exception de Sasso.

Certes, certains d’entre eux ont besoin de temps de jeu, de trouver des repères. On devine certaines qualités chez chacun. Mais la lenteur et les déchets dans la passe d’Ondoua, le manque de préparation de Kyei, le manque de temps de jeu d’un Souici, les erreurs de placement et les difficultés physiques d’un Tasar, ont tendance à les amener, ou à les ramener, plus souvent sur le banc que dans leur rôle attendu de leaders d’un groupe qui doit pouvoir s’appuyer sur des renforts.

Si l’on se doit d’attendre encore un peu pour vraiment juger de leur apport, force est de constater que celui-ci est, pour le moment, largement insuffisant. Les forces grenat résident aujourd’hui dans des joueurs déjà présents la saison passée. Frick, Stevanovic, Rouiller, Sauthier, voire Cespedes.

L’ambiance et la hiérarchie au sein du groupe :

Difficile de maintenir une harmonie dans un groupe qui dispose d’un contingent large avec toutes les récentes arrivées, mais qui est peuplé de joueurs qui se valent et dont aucun leader ne parvient vraiment à s’imposer. Les tournus sont donc légions et le groupe ne peut s’appuyer sur une hiérarchie forte. Or, et sans s’aventurer à faire de la psychologie de groupe de bas étage, ce paramètre semble vital pour qu’un groupe puisse extraire le meilleur de lui-même et cultiver une dynamique efficace.

(Ré)apprendre à ne pas gagner :

C’était devenu une plaisante habitude. Non seulement de tout gagner, ou presque, mais de le faire qui plus est avec la manière et le beau jeu. Cela a rendu gourmands un supporter grenat et une maison servettienne qui y puisent son identité et son essence même. Après tout, même néo-promu, le Servette FC n’a jamais le droit de ne pas gagner. Or, la réalité d’aujourd’hui n’est pas celle du grand Servette mais celle d’un néo-promu qui doit énormément apprendre de ce nouveau challenge qui se présente à lui. Pour cela, mettre le bleu de travail au lieu de cultiver l’illusion d’être déjà arrivé. Mais, aussi, construire cet apprentissage dans la sérénité sans la jouer à l’enfant gâté qui veut tout, tout de suite.

Inutile dès lors d’alimenter une crise naissante à travers les têtes basses ou les insatisfactions criées à voix hautes. Quand un Ondoua sort et ne regarde pas son entraîneur, il devrait se repasser le match pour tenter de comprendre ce qu’il n’a pas su faire et ce qu’il pourrait mieux faire à l’avenir. Quand le public siffle ses joueurs, il pourrait se rappeler le passé récent de son club, et ses deux minuscules saisons passées dans l’élite lors des quinze dernières années.

Il y a du travail. Beaucoup. Et c’est ce que semblait dire la mine songeuse de Geiger, hier au coup de sifflet final d’un match qui permet au Servette d’obtenir 1 point précieux dans la lutte pour le maintien.

GrenatDC

16 réflexions sur « Servette FC – FC Lugano 0-0. Le match sous la loupe »

  1. J’aime bien ta compo et c’est un peu ce que j’aurais aimé voir hier soir (avec Goncalves à la place de Sauthier et Séverin à gauche).

    Sinon, d’accord avec ta conclusion. Ne faisons pas trop la fine bouche et prenons les points quand on peut, en espérant des jours meilleurs.

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  2. On a fait un bon point contre un adversaire très fort hier soir. On a aussi un super gardien, quelle sécurité pour les joueurs.

    Les blessés vont revenir, des blessés il y en aura d’autre aussi.

    Vu à la télé, la pelouse avait l’air pourrie, je ne dis pas cela en tant qu’excuse mais on peut se poser la question dans quelle état elle va être pendant les mois d’hiver. Il faudrait peut-être songer malheureusement à un synthétique. Une pelouse grenat c’est possible ? 😜

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  3. Ce ne fut pas un match extraordinaire, comme l’affluence 😱
    Ça viendra…… il y a encore des réglages à faire. Tout le monde en est bien conscient. Le coach en premier.
    Au moins pas de défaite et un ptit point engrangé.
    Chapeau 🎩 à J. Frick qui nous en a mis plein les yeux.
    Sympa la rencontre des supporters GE et TI.
    La pelouse se remet de l’attaque des champignons 🍄. D’autres terrains dont celui sous mes fenêtres ont aussi eu ce problème. Il faut du temps, c’est pas du tout l’arrosage.
    Vivement dimanche…… on positive toujours 😊
    ALLEZ SERVETTE !

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  4. Ouais Frick il nous sauve de l’humiliation et dire que certain pensaient qu’il n’avait pas le niveau super league…..lui au moins il monte en puissance et prouve qu’il a le niveau contrairement à certain de notre équipe.
    J’ai adoré Geiger en pompier de service….ahahah
    3 litres de fendant et hop…..

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  5. Très bonne analyse de DC,pour moi la grosse déception de ce début de saison c’est Ondua,a part le premier matche contre Yb,c’est le néant.Celui qui devait être un de nos tops transfert est en train de de transformer en flop,la saison est longue,a lui de réagir et de nous prouver le contraire…..

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    1. Ne soyons pas trop dur avec Ondua, il a des qualités, il revient de blessure laissons lui un peu de temps. Sa présence physique nous fera du bien. Il faut par contre qu’il améliore la qualité de ses passes

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    2. Cognat aussi a disparu après YB. Ondua a l’excuse de revenir de blessure. Patience !

      Au moins le potentiel est là. Je préfère me baser sur le positif. En espérant qu’il retrouvera vite cette grinta.

      Même patience dont on doit faire preuve envers Kyei. Lui part de loin parce qu’il n’a pour l’instant rien montré mais il faut faire avec. Autant le soutenir.

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  6. Effectivement le 3-5-2 serait une option possible compte tenu de l’effectif disponible. Néanmoins avec un gros bémol le côté gauche de Tasar. Dans cette compo, les deux ailiers sont les plus important car ils doivent effectuer un travail offensif et défensif :
    Frick
    Routis – Rouiller – Sasso
    Cespedes – Ondoua
    Stevanovic – Wuthrich – Tasar
    Kone – Schalk(Kyei)

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  7. Voilà un magnifique exposé qui résume bien les problèmes actuels et ce coup d’arrêt de nos Grenat.
    Bravo et merci GrenatDC!👍🏻
    L’équilibre manquant se fait sentir, du fait des blessures, de la méforme de certains, de la perte de repères d’autres qui occupent des postes inhabituels et le rendement et la niaque en pâtissent.
    Une fois l’hémorragie stoppée, ça va revenir, le jeu reprendra place, j’y crois et le championnat est long. Raison pour laquelle les renforts semblent ne pas en être pour l’instant mais un ou deux doivent trouver leurs marques.
    Par contre, si l’on continue encore trop longtemps sans Sauthier, Kone et Cognat qui sont des cadres indiscutables, les réels soucis sportifs vont commencer…
    Il n’y a pas urgence ni le feu, mais en effet, il y a énormément de travail de fond à effectuer pour que Servette redevienne Servette sur le terrain et retrouve son meilleur ami pour la réussite : le jeu!
    ALLEZ SERVETTE !

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  8. Analyse et opinion intéressante merci !

    Je pense qu’on doit oublier le 352. Cela se prépare longtemps à l’avance. L’équipe n’y arriverait pas.

    L’alternative au 4231 c’est le 442 à plat ou le 4141.

    L’idée de mettre Wütrich sur le côté me déplait fortement. Notre n°10 déteste jouer sur le côté. On a pas de flanc gauche c’est pas comme ça qu’on va améliorer les choses.

    Le point clé c’est Wütrich.

    Soit il joue dans le 4231 qu’on connait avec un Kone à 100%. Cela fonctionne et fonctionnera encore mieux avec le retour de Iapichino et Sauthier.

    On doit aussi être capable de jouer sans notre créateur.

    Un 442 avec

    Micha – Ondua – Cognat – Tasar
    Schalk
    Kone

    C’est aussi très intéressant. On donne de la liberté à Schalk pour aller entre les lignes et gêner la défense.

    Sinon le 4141 à la « bâloise » comme à l’époque.

    Ondua en rideau devant la défense c’est notre seule et vrai n°6 Geiger !

    Sauthier – Rouiller – Sasso – Gonzalves
    Ondua
    Micha – Wütrich – Cognat – Tasar
    Kone

    Micha & Wütrich se trouvant très bien. Micha compense aussi les faiblesses de notre n°10 sur le plan défensif. Enfin l’ensemble de notre milieu peut/doit se projeter vers l’avant en alternance. Même Ondua peut aller casser des lignes en s’appuyant sur Wütrich ou Cognat (Cespedes).

    Je ne suis vraiment pas persuadé que la solution passe pas une attaque à deux. La solution est ailleurs.

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