La finance derrière la formation

Qu’est-ce que rapportent les indemnités de transfert aux clubs formateurs ?

 

Une question ressurgit régulièrement dans ce blog, c’est de savoir ce que le transfert d’un joueur formé dans notre club de cœur peut rapporter à ce dernier. On s’est ainsi récemment demandé ce qu’il en était par exemple du transfert de Christopher Lungoyi à la Juve.

La FIFA a, au début des années 2000, implémenté deux types d’indemnités en faveur des clubs formateurs, à savoir l’indemnités de formation, et la contribution de solidarité.

 

 

 

La contribution de solidarité est un système assez simple, mais avec une méthode de calcul un peu compliquée…

 

Le principe est que chaque fois qu’il y a une somme de transfert en jeu, 5 % de cette somme, que l’on nomme « contribution de solidarité », doit être prélevée pour être reversée au(x) club(s) qui a(ont) formé le joueur entre 12 et 23 ans.

 

Chaque année de formation vaut soit 5 % de la contribution de solidarité (de 12 à 15 ans), soit 10 % (de 16 à 23 ans). En effet, un jeune joueur peut lui aussi passer d’un club à un autre, de sorte que chaque club formateur doit recevoir sa part en fonction de la durée où le joueur est resté ; mais les années entre 12 et 15 comptent moins que les années de 16 à 23 ans. La somme de toutes ces années de 12 à 23 ans (4 x 5% + 8 x 10%) fait 100 % de la contribution de solidarité, qui est répartie entre tous les clubs formateurs.

 

Pour reprendre l’exemple de Christopher Lungoyi, sachant que d’après le site transfermarkt.fr la Juve aurait payé 2,5 milions d’Euros au FC Lugano pour ce transfert, les Bianconeri doivent prélever 5%, soit 125’000 Euros sur les 2.5M pour les reverser aux clubs formateurs. Mais le Servette n’a pas été le seul pour la formation, Porto s’en est chargé dès le 24 janvier 2018, alors que Christopher était âgé de 17 ans ½.

 

Christopher ayant été formé au Servette de 12 à 17 ans ½, notre club doit toucher 4 x 5 % de 125’000 Euros (12 à 15 ans) + 1,5 x 10 % de 125’000 Euros (16 à 17 ½ ans), soit un total de 43’750 Euros (35% de la contribution de solidarité de 125 000 Euros ).

 

A chaque transfert ultérieur, le Servette touchera, chaque fois, le 35 % du 5 % (soit 1,75 %) de la somme de transfert. Si Christopher Lungoyi devient une star, un transfert de 50 milions d’Euros rapporterait au Servette 875’000 €…

 

 

 

L’indemnité de formation, quant à elle, est assez compliquée, mais je vais essayer d’en tirer les grandes lignes.

 

La grande similitude, c’est qu’on considère qu’un joueur est formé de 12 à 21 ans, de sorte que chaque année de cette formation doit être rémunérée.

 

Une première grande différence avec la contribution de solidarité, c’est qu’un club ne peut toucher qu’une seule fois l’indemnité de formation.

 

Les indemnités de formation sont dues au(x) ancien(s) club(s) lorsque le joueur signe son premier contrat en tant que professionnel, ou à chaque transfert d’un professionnel jusqu’à la saison de son 23e anniversaire, que ce transfert ait lieu en cours ou en fin de contrat. Elles sont donc totalement indépendantes de la somme éventuelle de transfert.

 

L’autre grande différence, c’est que le système s’arrête dès que le joueur a 23 ans. Cependant, pour compliquer encore les choses, l’indemnité de formation peut se cumuler avec la contribution de solidarité, si le joueur n’a donc pas encore atteint ses 23 ans, mais qu’il est déjà transféré comme professionnel. Pensons par exemple au transfert de Kylian Mbappé de Monaco au PSG alors qu’il n’avait que 19 ans…

 

Le principe du calcul, c’est que le club qui reçoit le joueur doit reverser ce qu’il aurait dépensé pour former celui-ci au club d’où il provient. Donc un club européen ne peut pas payer une misère à un club africain pour l’un de ses joueurs, au prétexte que le formation ne coûte pas cher en Afrique, mais doit se baser sur ses propres coûts.

 

Pour les transferts internationaux, la FIFA a établi une grille de 4 catégories pour chaque confédération. En Europe, un club de catégorie I doit payer 90’000 Euros, un club de catégorie II 60’000 Euros, celui de catégorie III 30’000 Euros et enfin un club de catégorie IV 10’000 Euros. La FIFA a décidé que la Suisse ne connaît que des formations de catégorie II, III et IV.

 

Pour les transferts internes à la Suisse, la SFL a établi un Règlement avec un système assez similaire, où la somme à payer dépend du label de formation du club, soit CHF 40’000 pour un label I (qui est celui du Servette depuis quelques années), CHF 25’000 pour un label 2, CHF 15’000 pour un label 3 et CHF 5’000 pour un club sans label.

 

Si l’on reprend l’exemple de Christopher Lungoyi, qui est parti pour Porto à ses 17 ans ½, le club portugais a dû verser au Servette, pour les 5 ans ½ qu’il l’a formé, 5.5 x 60’000 Euros (si le club était considéré de catégorie II de 2012 à 2017, ce que je ne sais pas), soit 330’000 Euros. Ensuite, le Servette ne touchera plus rien au titre de l’indemnité de formation, mais Lugano a dû la payer à Porto pour la période allant du 24 janvier 2018 au 27 janvier 2020…

 

 

*Un grand merci à M. Raffaele Poli, du CIES, pour avoir répondu aimablement et patiemment à mes questions sur ce sujet que je ne maîtrise pas complètement !


Par Chris 

18 réflexions sur « La finance derrière la formation »

      1. Pas tout, tu m’as aidé à formuler plus clairement des points qui ne l’étaient pas assez !

        J’aime

    1. Je rajouterai que le travail à la base est tout simplement fantastique depuis une dizaine d’années maintenant.

      Ils arrivent à sortir un joueur par génération, c’est tout bonnement remarquable.

      Donc pour une fois, je m écarte de l’objectif de ce blog qui est la première équipe (permettez moi) merci aux entraîneurs des jeunes, que je croise d’ailleurs à Onex au parc des Evaux pendant ma promenade quotidienne.

      Vous faites un travail remarquable.

      Cordialement.

      J’aime

  1. Merci pour ce résumé très complet.

    Un point à ne pas négliger dans les revenus de l’académie, c’est la vente du joueur par la 1ère. Dans ce cas, l’argent rentre surtout pour la SA. Et si le joueur a été bien mis en vitrine.

    Quelques exemples du FCB (chiffres provenant de transfermarkt, en euros) ;
    Sommer : 9 millions
    Shakiri : 11.8 millions
    Xhaka : 8.5 millions

    C’est un peu plus que les 875’000€ que toucherait Servette sur un transfert à 50 millions de Lungoyi. Indemnité que Bâle a approximativement touchée pour le transfert de Xhaka de Gladbach à Arsenal, si j’en crois les calculs ci-dessus.

    J’aime

    1. Oui effectivement, les plus gros revenus de transferts proviennent d’un transfert direct.
      Mais pour arriver aux exemples que tu évoques, il faut que le club soit régulièrement en phase finale de Champion’s League, afin de pouvoir garder ses meilleurs éléments issus de la formation assez longtemps pour qu’ils arrivent à cette valeur !

      J’aime

    1. Je rajouterai que le travail à la base est tout simplement fantastique depuis une dizaine d’années maintenant.

      Ils arrivent à sortir un joueur par génération, c’est tout bonnement remarquable.

      Donc pour une fois, je m écarte de l’objectif de ce blog qui est la première équipe (permettez moi) merci aux entraîneurs des jeunes, que je croise d’ailleurs à Onex au parc des Evaux pendant ma promenade quotidienne.

      Vous faites un travail remarquable.

      Cordialement.

      J’aime

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.