En janvier 2009 (https://enfantsduservette.ch/2009/01/24/servette-est-il-en-danger-avec-croix-de-savoie/) , nous nous faisions déjà l’écho du retour de Patrick Trotignon. Neuf mois après et le temps d’une gestation, qu’en est-il? Servette est-il plus que jamais en danger? Son voisin qui est encore un illustre inconnu au niveau du palmarès mais une puissance mondiale en terme financier (Danone) semble avoir mis les moyens à ses ambitions de devenir le club de la région, englobant Genève dans son échiquier. Bluff ou risque réel pour un Servette qui vit dans un pays pauvre en terme de football? Patrick Trotignon répond en toute franchise aux Enfants du Servette.

Eds: Patrick Trotignon, votre club Thonon Evian Gaillard fait couler beaucoup d’encre. Qu’en est il réellement en terme de projet?
Patrick Trotignon: L’idée de base de notre projet (Rappelons que Zidane fait parti du projet) est la formation des jeunes et d’assoir l’école de football. C’est de donner envie principalement aux 6-11 ans de pratiquer le football. Le projet a besoin de s’appuyer sur une locomotive qu’est l’équipe première et en l’occurence sur une équipe qui jouerait en ligue 2 française sachant que le niveau de la ligue 2 est un niveau professionnalisé et médiatisé. C’est aussi très rentable en termes financiers avec les droits TV. L’objectif est donc d’arriver dans cette antichambre de la ligue 1 le plus rapidement possible.
EdS: Vous avez failli dire au plus haut niveau. Est-ce que vous ambitionnez la ligue 1?
PT: Aujourd’hui nous sommes en national et ce serait un peu prétentieux de prétendre déjà à la ligue 1. Il faut savoir que c’est déjà très difficile de monter en Ligue 2 car il y a des clubs incroyablement structurés comme Reims, Amiens ou encore Troyes qui ont des stades flambants neufs et des budgets très importants. Mais je voudrais aussi m’en tenir au propos de notre Président Franck Riboud, qui est le PDG du groupe Danone, et qui a récemment déclaré que le ETG FC c’était no limit en terme d’objectif. Le message est donc clair…

EdS: Mais avec Lyon et Grenoble qui sont très proches, y a t’il de la place pour un autre club de ligue 1?
PT: C’est indéniable!!!! La région de la haute Savoie avec le Genevois et le pays de Gex comportent plus d’un million d’habitants dans un rayon de 60 km. Deuxième argument, c’est une région assez riche et le peu d’impact visible de la crise en est une preuve assez évidente. Troisièmement, c’est une région magnifique qui a des atouts importants pour attirer les joueurs et leur famille.
EdS: Merci d’ouvrir la porte à l’objet de mon interview. Vous venez de parler de marché d’un million et vous n’êtes pas sans savoir comme ancien directeur général du Servette que c’est aussi le marché potentiel du Servette FC. Est-ce que vous nous préparez une guerre ouverte?
PT: Une guerre c’est évident qu’il n’y a et qu’il n’y en aura pas! C’est d’ailleurs un peu fort comme mot. Nous ne sommes pas dans le même championnat et pas dans le même marché. J’ai certe ajouté le Genevois précédemment dans la description du marché mais pour parler d’événementiel comme par exemple un match de ligue 1 avec Marseille qui attirerait des gens comme vous. Mais soyons clair, chacun peut vivre avec son marché sans se piétinait et nous nous garderons bien de le faire d’ailleurs. En plus, je ne vois pas des entreprises Suisses supporter un club français…
EdS: Mais il a quand été lancé dans la presse que vous cherchiez un stade et La Praille était dans votre ligne de mire. C’est réel ou alors vous cherchez à faire pression sur les collectivités locales pour faire construire un stade?
PT: Ce n’est pas un moyen de pression mais une réalité pour nous. Si nous accédons à la ligue 2 à la fin de la saison nous avons l’obligation de trouver un stade. Donc, tout est ouvert. Il y a seulement 2 endroits possibles: c’est Annecy ou Genève. Je dois même ajouter qu’il n’y a officiellement qu’un choix c’est Annecy car nous ne pouvons pas jouer à l’étranger. Nous avons un projet de stade mais il ne se fera pas en claquant des doigts et c’est long chemin de croix. C’est un projet d’au moins 4 ans et d’ici là il faudra vivre. Nous ne refuserons pas la montée pour une histoire de stade donc il faut trouver une solution.
EdS: Mais le stade d’Annecy reste très loin des besoins.
PT: C’est un stade d’une capacité de 13’000 et pourrait facilement être adapté. Ce ne sera pas le dernier des joyaux comme la Praille et c’est un stade qui peut avec quelques aménagements nous permettre de vivre quelques années.
EdS: Donc EvianThonon Gaillard ne viendra pas à Genève?
PT: Mais il faut être clair, Genève pourrait-être une solution mais n’en est pas une tant que la fédération française ne donnera pas son accord. Il y aussi plusieurs autres intervenants commes les autorités genevoises et les responsable du stade. L’idée n’est pas farfelue, loin de là, mais il y a beaucoup de travail avant d’y arriver et nous ne sommes pas maîtres des décisions. Mais nous voulons donner satisfaction à notre public et aux joueurs qui se battent pour la montée et on trouvera une solution!

Photo: Site Officiel ETG FC
EdS: Quelles sont les affluences au stade? Y-a-t’il une certaine émulation dans la région?
PT: Nous faisons plus de 2’000 dans un stade de 2’600 places assises avec une augmentation de 30 à 40% par rapport à la saison précédente. C’est évident qu’il se passe quelques choses dans la région. On le sent au niveau commercial car le club se vend très bien. Dès lors que l’on gagne, c’est bien sûr plus facile d’attirer les gens…
EdS: Et vous personnellement, ce projet est-il un aboutissement dans votre carrière?
PT: C’est un projet dans lequel je crois réellement. C’est aussi une région pour laquelle j’ai eu un coup de coeur quand je suis passé au Servette. Je n’aurais jamais imaginé revenir et c’est vraiment extraordinaire. J’ai gardé beaucoup de relations notamment du côté suisse et je me sens très bien ici. En quelques mots, je suis un homme épanoui.
La semaine prochaine Patrick Trotignon nous reviendra sur ses années au Servette et nous parlera du foot suisse et de sa vision du Servette d’aujourd’hui.
Propos recueillis par Oscar Obradovic
Très bonne interview mon cher Oscar…On se réjouis de lire la suite!
J’aimeJ’aime