5 ème journée : NEUCHATEL XAMAX – SERVETTE FC : 0-0 (0-0). Le match sous la loupe!

Après l’incontournable derby lémanique, voici que la Super League nous proposait, en ce dimanche maussade, une nouvelle confrontation entre deux clubs romands de tradition, le Xamax et le Servette. Au-delà de ce nouveau derby, de cette confrontation prometteuse, il fallait également y appréhender un véritable choc des cultures…

Deux philosophies diamétralement opposées…

Toute la beauté de ce championnat « édition 2011-2012 » réside dans le suspense qu’il laisse planer à tout moment, dans les affiches somptueuses qu’il propose, journée après journée. Dans la mise en scène, surtout, des plus grandes équipes du football suisse, celles qui en ont écrit la légende, à travers des duels entre éternels rivaux ou frères ennemis. Aussi, après l’incontournable derby lémanique, voici que la Super League nous proposait, en ce dimanche maussade, une nouvelle confrontation entre deux clubs romands de tradition, le Xamax et le Servette.

Au-delà de ce nouveau derby, de cette confrontation prometteuse, il fallait également y appréhender un véritable choc des cultures. Un affrontement entre deux présidents présentés comme des hommes de pouvoir importants, devenus au fil du temps des personnages médiatiques incontournables du paysage sportif suisse.

Cette affiche enveloppait donc un suspense supplémentaire, propre à faire pâlir d’envie les principaux héros de Marvel Comics : « The Punisher » Chagaev vs « Magic » Pishyar. Ou l’opposition de deux stratégies et politiques sportives aux antipodes. D’un côté, la folie des grandeurs, l’appétit démesuré de la victoire à tout prix, les beaux et grands discours, souvent précipités. De l’autre, un travail minutieusement mené en prônant les vertus de la patience et de la sagesse. D’un côté, surtout, le manque d’âme, la perte d’identité d’un club n’ayant pas de remords de prostituer son image et son nom au plus offrant, quitte à en perdre son essence même. De l’autre, un club qui, plus que jamais, regagne ses lettres de noblesse. Une constellation de stars face à un groupe dont la seule vraie star demeure l’équipe, dixit Carlos Alves. Une perte de sentiments, d’émotions, de substance chez l’un. Le retour du partage et des réminiscences dorées chez l’autre.

Cette différence de valeurs ne s’arrêta pas au seul décor de ce derby. Non, plus que jamais, elle imposera avec force et conviction la teinte et la couleur de cet affrontement. Un match entre une équipe de Xamax véritablement détestable, à la limite du supportable, multipliant les fautes et les coups bas pour évoluer à un degré proche de l’indigeste. Si cette équipe, bientôt dénommée « Weinach » s’éloigne toujours plus des valeurs traditionnelles de son histoire passée, ce n’est pas que dans ses bureaux administratifs, mais également sur le terrain. Si le potentiel apparaît bien réel, et s’il ne fait aucun doute que ce groupe possède en son sein les arguments pour devenir très bientôt redoutable (lorsque ses atouts offensifs auront trouvé le rythme), il n’en demeure pas moins antipathique au possible, s’inspirant apparemment de l’image désastreuse cultivée par son président sulfureux. Car, si celui-ci n’hésite pas à dégainer pour projeter d’un revers de mains ses employés dans les méandres du chômage, ses protégés, sur le terrain, se font la joie de prolonger le mouvement, prenant plaisir à tirer à vue sur tout ce qui bouge avec comme seul objectif : tuer le jeu.

Aussi, ce match plein de promesses débouchera sur une rencontre fermée, ponctuée logiquement par un score nul et vierge. Il ne pouvait finalement en être autrement, puisqu’il ne pouvait y avoir de place pour le football dans ce stade tchétchène. La faute à de méchants et mauvais rouges et noirs. La faute à, n’ayons pas peur des mots, une triste équipe. Evoluant tout simplement, sur ce match s’entend, aux frontières de la honte. 

Le système

Aucun changement au sein du système d’Alves n’était à relever avant le coup d’envoi de ce derby. Après la victoire satisfaisante face à Lausanne, cela semblait en effet logique. Moubandje profitant de la blessure de Schlauri, mais aussi et surtout de son excellente dernière prestation pour s’imposer dans un rôle de titulaire. Rüfli, logiquement reconduit, couvrant l’autre côté de la défense, articulée autour d’un axe central Baumann – Routis qui s’est imposé au fil des matchs.

Au milieu, Yartey et Vitkiviez, amenés à animer les couloirs en faisant parler leur technique en mouvement et leur force de percussion balle aux pieds, entouraient le triangle médian, équilibré et homogène, au sein duquel ne cessent de s’affirmer le régulateur Nater, le récupérateur Kouassi, et le créateur De Azevedo.

Devant, la lourde et difficile tâche de tenir le ballon et jouer en pivot étant à nouveau confiée au brésilien Eudis. Joao Alves avait prévenu avant le match : son équipe s’était préparée, durant la semaine, sur revêtement synthétique en renforçant les principes et les fondements mêmes de son jeu, sans se calquer sur les particularités de son adversaire. S’appuyer sur ses convictions, celles qui l’amènent à détenir une « presque » vérité en ce moment. Et jusqu’à ce match tout du moins.

La défense

La prestation d’ensemble de notre défense peut être qualifiée de bonne sur ce match. Excepté une première alerte qui aurait pu déboucher sur un départ (à nouveau) catastrophique (hésitation entre Routis et Gonzalez qui mit en lumière une nouvelle fois des problèmes de communication), la défense aura fait preuve d’abnégation, de rigueur et de discipline tout au long du match. Elle fut rarement prise en défaut, et pourtant le danger était bien réel. Car même si les nouveaux attaquants de Xamax n’ont visiblement par encore leurs repères, ni n’évoluent pour le moment au maximum de leur possibilités physiques, ils possèdent suffisamment de qualités pour constituer une menace permanente.

Les rares fois où ils parvinrent à prendre le dessus, ils se heurtèrent cependant à un brillant Gonzalez. Notre dernier rempart n’en finit plus d’impressionner en ce début de championnat. Se montrant solide et prompt sur sa ligne, impérial dans les airs, il se mit clairement au niveau du meilleur joueur adverse, l’excellent gardien neuchâtelois Bédénik.

Devant lui, Baumann fut précieux. Toujours bien placé, il permit à sa défense de s’appuyer sur des bases solides. Le gabarit imposant de Routis fut également d’un apport appréciable, le français pouvant se mesurer au défi athlétique imposé par Seferovic, Arizmendi ou Uche, tous particulièrement puissants.

On notera sur ce match la difficulté qu’ont éprouvé nos latéraux à apporter leur contribution sur le plan offensif. Différentes hypothèses peuvent être avancées pour tenter d’expliquer ce constat : 

  • L’agressivité dans le jeu du Xamax, empêchant le jeu servettien de bien se mettre en place. Les locaux ont souvent employé tous les moyens pour stopper l’élan vers l’avant des Grenat, ce d’autant plus lorsque ceux-ci partaient de loin en cherchant à dévorer de longs espaces (qui n’existaient d’ailleurs que sur les côtés).
  • Un terrain aparaissant particulièrement réduit, ne permettant pas au jeu Grenat de s’exprimer aussi pleinement que de coutume. Est-ce la résultante d’un quadrillage soutenu et particulièrement imposant découlant du système mis en place par Caparros, ou alors tout simplement des dimensions réduites de la surface? Peut-être un peu des deux. Une surface qui, par ailleurs, devint très rapidement difficile à dompter, la pluie rendant humide un revêtement synthétique devenu soudainement rapide dans les rebonds.  
  • La moins bonne maîtrise sur ce match du trio médian, qui, bien que dominant sur le plan territorial, ne parvient pas à s’étirer en longueur et à s’imposer plus haut dans le terrain sans somber dans la précipitation. Le manque d’espace dans l’axe en est probablement la conséquence.

Le milieu

Si l’axe médian fut l’élément précieux et décisif lors de la rencontre face à Lausanne, il eut, à Neuchâtel, bien plus de peine à exprimer l’étendue de son potentiel. La faute encore une fois à un Xamax imposant, à mi-terrain, une épreuve physique particulièrement conséquente. Aussi, Kouassi, toujours précieux à la récupération et dans l’explosivité, ne put être en mesure de déployer l’ensemble de ses possibilités. Cantonné essentiellement à un rôle de filtreur, il ne sera pas parvenu à dynamiser autant le jeu grenat que lors des rencontres précédentes.

Si Nater s’est révélé fidèle à lui-même, régulant et relançant le jeu avec efficacité, il aura su sûrtout s’imposer par son jeu de tête au sein des nombreux combats engagés. On notera chez notre longiligne demi la volonté de renforcer son jeu vers l’avant. En effet, depuis 2 matches, il semble s’efforcer de se porter plus haut dans le terrain, et n’hésite pas à prendre sa chance en tentant le tir au but. Cela aurait pu s’avérer précieux dans ce match, tant les milieux axiaux peinaient à se défaire du marquage de leurs opposants.

De Azevedo, pour sa part, n’aura pas eu le même rendement que lors de sa dernière sortie. Ce n’est pourtant pas peine d’avoir essayé. Plein de bonne volonté, le stratége brésilien aura multiplié les essais en première mi-temps. Souvent très adroitement d’ailleurs. Las pour lui, et pour l’ensemble des Grenat, il aura alors buté sur un excellent Bédénik. Souffrant également de la présence physique adverse, et de la dureté imposée dans le jeu, il n’a pas réussi à étirer autant le triangle axial que face à Lausanne ou YB. Aussi, Eudis ne fut pas suffisamment épaulé à la pointe de l’attaque et le Servette se mit à jouer plus bas que lors du derby lémanique. Ce constat démontre un élément important : il semble que le Servette souffre dès que le rendement et l’expression de son triangle se trouve considérablement réduit.

La zone axiale éprouvant des difficultés importantes, c’est du côté des couloirs que le danger allait pouvoir s’exprimer. En effet, les véloces et dynamiques Vitki et Yartey furent bien souvent intenables. Très actif sur son côté gauche, le ghanéen, pas toujours très inspiré ou heureux dans ses entreprises, fut néanmoins une menace constante pour l’arrière-garde neuchâteloise. Son petit gabarit et sa vivacité étant de nature à déstabiliser les grands défenseurs adverses. Son action à la demi-heure, où il passa en revue toute la défense, en est une parfaite illustration. De l’autre côté, Vitki, dans un rôle très similaire, sema également le trouble. Malheureusement, comme cela devient maintenant une fâcheuse et régulière habitude, il fut souvent retenu et freiné dans son élan de manière fautive.

En défintive, et pour dresser le bilan de ce secteur de jeu, nous reléverons que notre milieu de terrain a éprouvé davantage de peine face à cette équipe de Xamax. Probablement gêné par la présence physique imposante des rouges et noirs, mais aussi par la dureté du jeu qu’ils imposèrent. Voilà un élément capital pour l’avenir. Le Servette semble éprouver une réelle difficulté à exprimer son jeu face à une équipe très athlétique. Quelles seront les solutions de riposte proposées par Joao Alves à l’avenir pour contourner ce problème? Voilà un nouveau casse-tête incontournable pour notre entraîneur, car il y a fort à parier que les prochains adversaires des Grenat vont s’inspirer des clés proposées par le Xamax. A ce titre, on relèvera l’ingéniosité tactique démontrée par Caparros sur cette rencontre. Même si, il est vrai, les valeurs et les moyens utilisés pour tendre vers l’objectif recherché laissent plus que songeur…   

L’attaque

Comme on pouvait s’y attendre, notre entraîneur a reconduit Eudis en attaquant nominal. Le brésilien, auteur d’une bonne performance contre Lausanne, avait démontré des aptitudes intéressantes dans un rôle de pivot et de remiseur. Ce match contre Xamax ne lui permit pas de reproduire cette manière de jouer. Plus esseulé, et mieux tenu aussi, il ne parvint que difficilement à faire le décalage pour propulser ses coéquipiers. Il paie sans doute les difficultés rencontrées par le milieu de terrain. Alves devait procéder à un changement à la mi-temps pour tenter probablement de moduler son système et pour  trouver une alternative au problème rencontré par Eudis.

Plus que jamais dans ce match, le secteur de l’attaque aura paru bien démuni. Apparemment tributaire dans son efficacité du rendement du secteur médian, l’attaquant, que ce soit Eudis ou Esteban, pourra-t-il se montrer réellement performant sur l’ensemble d’une saison? Peut-être que sur ce match, la présence aux avant-postes d’Esteban aurait été plus judicieuse. Avec sa vivacité et son explosivité, Julian aurait sans doute pu, à l’image de Yartey, créer des brèches dans le bloc défensif local en le faisant bouger et en prenant à défaut de par sa vitesse les grands gabarits. Peut-être. Mais l’enfant prodige était malheureusement annoncé blessé. A l’avenir, peut-être que Saleiro se montrera capable de surmonter ce difficile défi que propose cette place d’attaquant nominal dans le système d’Alves.  

Neuchâtel Xamax FC – Servette FC  : 0-0

Neuchâtel Xamax FC : Bédénik ; Geiger, Navarro, Besle, Facchinetti ; Wüthrich (46e Seferovic), Dampha (46e Sanchez), Gelabert, Paito (86e Veloso) ; Arizmendi, Kalu.

Servette FC : Gonzalez ; Rüfli (64e Schneider), Baumann, Routis, Moubandje ; Nater, Kouassi ; Vitkieviez, De Azevedo (71e Pizzinat), Yartey ; Eudis (46e Karanovic). 

Grenat DC

5 réflexions sur « 5 ème journée : NEUCHATEL XAMAX – SERVETTE FC : 0-0 (0-0). Le match sous la loupe! »

  1. Très bonne analyse mais vous insistez trop sur la mauvaise aggressivité de Xamax et pas assez sur le super coaching de Caparros je trouve.

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