L’Académie dans tous ses états…

Alors que l’équipe pro du Servette FC reprendra dimanche le championnat face à YB, il nous paraît utile, malgré les déclarations peu rassurantes pour l’avenir, de nous pencher sur l’Académie, annoncée comme un pilier du projet du Président Pishyar. A l’heure où le club pourrait perdre le Label 1 suite au non paiements de certains salaires et charges sociales, que Sébastien Fournier, chef de la formation, quitte l’Académie pour rejoindre celle du FC Sion, plusieurs questions subsistent… Costinha est-il l’homme de la situation? Quels objectifs et quels moyens pour y parvenir? Notre Académie pourra t’elle se comparer favorablement aux meilleures du pays? Premiers éléments de réponse…

1) Le matériel

Le matériel, sa disponibilité et sa qualité, influe fortement la vie d’un centre de formation et la motivation de ses différents acteurs. Surtout quand on est en compétition à d’autres clubs qui bénéficient de moyens plus importants. Malheureusement, les conditions d’entraînement ne semblent pas optimales. Le matériel dédié aux joueurs est très limité et les installations ne sont pas ou peu en adéquation avec celles de futurs professionnels du ballon rond. On peut pardonner des petits soucis sur la quantité de ballons mis à disposition ou un retard de livraison des tenues et des équipements mais c’est quand même inquiétant pour une structure qui se veut professionnelle!

Positif

  • Équipement d’entraînement : Les enfants le trouvent beau et sont fiers de le porter, et il est assez varié et complet: il ne manque que la grosse veste d’hiver surtout pour ceux qui… chauffent le banc.

Négatif

  • Le gros point est que le matériel est arrivé très tard en fin de championnat. De plus certaines équipes ont joué le 1er tour avec des maillots usagés aux couleurs vraiment ternes et même parfois troués… Cela n’aide pas à améliorer l’image du club.
  • Aucun bon ou deal n’est disponible pour pouvoir avoir des réductions intéressantes sur les chaussures (ou autre vêtement) qui représentent un budget conséquent pour les parents!

2) Les infrastructures

Alors que la première équipe devrait bientôt prendre ses quartiers au Evaux, les jeunes de l’Académie pourront pleinement profiter des infrastructures mis à leur disposition au Centre Sportif de Balexert. Terrains en herbe ou synthétiques, salle de musculation ou communications, quels sont les points forts ou faibles des infrastructures du SFC?

Positif

  • Transport bien organisé, il y a toujours un bus ou les mini bus à disposition des équipes qui doivent se déplacer. Les entraineurs ne sont donc pas dépendants des parents pour effectuer les déplacements.
  • La salle de musculation, partagée avec la première est de bonne facture. Elle est parfois embouteillée, la priorité étant donnée aux professionnels.

Négatif

  • Les terrains sont lamentables tant les synthétiques que les naturels. Au delà de l’aspect sportif cela augmente les risques de blessures, telles que fractures de croissance ou entorses.
  • Les vestiaires auraient bien besoin d’un ravalement (par exemple les bancs cassés) ou pourraient être équipés de petits coffres pour ranger les valeurs des joueurs.
  • La communication ne profite pas des avantages apportés par la technologie que les jeunes pouses servettiennes utilisent aujourd’hui quotidiennement. Les plannings, rendez vous et horaires d’entrainements ne sont pas mis en ligne. Aucun moyen de communication moderne n’est utilisé (email, Twitter, Facebook, site web, etc..) pour communiquer instantanément (les changements d’horaire par exemple), ou pour renforcer la communauté d’équipe ou d’Académie. Regardez l’état lamentable du site web par rapport à ceux d’autres clubs : photos manquantes, pages mises à jour parcimonieusement, news, reportages et compte-rendus sont malheureusement rares….

3) Le suivi médical

En période de croissance, avec pour certains enfants une charge de travail école- football assez conséquente et des entraînements tard le soir, une Académie qui se respecte se doit d’avoir une équipe médicale dédiée pour un suivi tout au long de l’année.

Positif

  • La qualité des soins fournis par le Dr Mahler et son équipe, qui de l’avis de tous, est un très bon docteur, qui privilégie la convalescence et ne précipite pas le retour des joueurs : il est aussi à fond derrière le club et fait son maximum pour arranger les rendez-vous.

Négatif

  • Pas de médecin, physio ou ostéopathe dévolus à la formation et qui organisent des permanences. Les joueurs, entraineurs et parents sont laissés à eux mêmes la plupart du temps pour deviner la gravité d’une blessure. En l’absence d’un premier triage á Balexert, les parents cherchent en catastrophe à trouver un trou dans l’agenda très chargé du Dr Mahler.
  • Il est difficile de trouver à très court terme des rendez-vous au cabinet de physio recommandé par le club.
  • Alors que dans d’autres clubs les enfants sont régulièrement pesés et mesurés pour suivre leur croissance et adapter la charge de travail, rien de tout cela n’est fait ici.
  • Pas de suivi alimentaire et nutritionnel. Les joueurs et leur famille sont laissés seuls face à leur responsabilité et interrogations…

4) La formation sportive

Alors que certains membres du personnel de l’Académie n’ont pas encore touché leur salaire de janvier (et décembre?), faisons le point sur la qualité de la formation des jeunes aux SFC. Le Label 1, obtenu par le club, a-t-il encore une raison d’être? Le club va-til réussir à conserveer ce label 1?

Positif

  • La qualité des entraineurs. Ce sont d’anciens professionnels qui sont respectés par les enfants. Qui ont du charisme, de l’expérience et qui passent bien leur message. Donc à la base la qualité technique de la formation est bonne.
  • Ils sont fiables. Quand il y a une obligation, il y a toujours quelqu’un qui couvre pour assurer les entrainements ou les matchs. Leur engagement sincère est vraiment sans reproche.
  • Heureusement pour le SFC que ces gars sont là : ce sont eux qui tiennent la baraque encore debout, surtout dans les conditions auxquelles ils doivent le plus souvent faire face…

Négatif

  • Les relations avec les parents sont restreintes au minimum pour se simplifier la vie. Mais nous savons qu’il est parfois très difficile de gérer certains parents peu raisonnables ou peu objectifs…

5) Section sport-étude

Chrisitan Lanza en est un des initiateurs et maîtres d’œuvre. C’est lui qui se bat auprès des instances scolaires pour que la section Sport-Etude du SFC soit viable.

Positif

  • Alfredo Mosca assure le suivi ‘au quotidien’, par exemple au niveau comportement. Un enfant ne respectant pas la convention et la discipline risque grandement de se voir suspendu de match et même renvoyé de l’Académie. Sur ce point l’Académie n’oublie pas de donner une certaine priorité aux études.
  • Les joueurs suivant leur âge et leur établissement scolaire peuvent être libérés certains matins, ou profiter d’horaires aménagés.

Négatif

  • Le système de tuteur scolaire qui aide les enfants à gérer les retards dus aux absences ne semble pas fonctionner de manière optimale : certains parents regrettent de ne pas voir leurs enfants en profiter.
  • Il est difficile de savoir si les enfants peuvent conserver de bons résultats scolaires malgré une activité sportive assez intensive, voire même si leur activité sportive peut péjorer leurs résultats scolaires; ceci contrairement au système français, où les centres de formation français sont classés en fonction de leurs résultats sportifs et scolaires.

6) Talents

En tout temps le SFC a pu former de jeunes joueurs talentueux. Müller, Varela, Esteban, Sanderos, Tsimba et autres Frick ont été formés au Servette FC…

Positif

  • Le SFC peut sortir des talents. Il y en a. Le club les attire encore (du moins ceux de la région proche). Mais avec la concurrence nouvelle de ETG… Attention! Le cas de Dylan, joueur en M18 et qui a pris part au stage au Portugal est un exemple qu’un jeune peut intégrer l’effectif professionnel s’il en a les qualités. Espérons qu’il y en aura d’autres pour que la première soit un jour constituée de nombreux joueurs formés au sein du club.

Négatif

  • Aucun plan de carrière ou d’objectifs n’est clairement discuté avec les enfants et leur famille. Il semble qu’il y ait peu de contrats proposés, sauf si le jeune joueur commence à susciter la convoitise d’autres clubs. Les règles de qui a droit ou n’a pas droit à un contrat sont obscures… Résultat? Même si les joueurs veulent rester en Grenat, il peuvent difficilement refuser une offre d’un autre club.
  • Servette semble réagir au lieu d’agir et attend qu’une jeune pousse grenat soit convoitée pour offrir un contrat. Mais c’est souvent trop tard car la confiance est rompue. En fait, cela se passe comme pour la première équipe et l’exemple de Mati.
  • Certains jeunes décident de partir très tôt, même dès 15/16 ans, pour avoir un plan de développement dans un meilleur environnement. Servette FC se doit d’être en position de rivaliser avec Team Vaud, Sion. Mais face aux clubs suisses allemands comme Bâle, GC, Zürich ou YB c’est une autre histoire… (que connait aussi nos voisins romands). Alors, quand Lyon vient chercher un Frick ou un Tsimba, Auxerre un Frei, le joueur, même s’il est attaché au SFC, ne peut pas refuser… les différences sont trop grandes (et nous ne parlons pas seulement d’argent)…

7) Identification au SFC

Quelles valeurs de l’histoire du Servette inculque-t-on au jeune de l’Académie? Les juniors du clubs sont-ils proches des professionnels de la première équipe? Ceux-ci jouent-ils un rôle modèle?

Positif

  • Difficile de trouver du positif, la culture club ne semblant pas entretenue
  • le lien avec la passé, l’histoire, la légende ne sont pas renforcé, si ce n’est par des slogans…

Négatif

  • Il n’y a que peu ou pas du tout d’événements sociaux, sportifs ou festifs organisés par l’Académie ou par le club, avec la première équipe, avec les parents, les fans. Certains des plus jeunes côtoient la première en tant que ramasseur de balle… et c’est tout…
  • Les photos d’équipe rares sur le site officiel, quand elles ne sont pas datées d’une ou deux années…au mieux!
  • Pas de reportages sur les équipes de l’Académie, seulement de temps en temps des news des tournois de l’Ecole de Football grâce à José Polidura et son équipe.
  • Une anecdote: l’année dernière les M16 sont invités à un tournoi international à Monthey, avec Barça, Sion, Cologne, Auxerre ou ETG. Tous ces clubs avaient dans le programme du tournoi leur photo d’équipe. Le seul cancre? Le SFC. La photo illustrant nos Grenat étant vieille d’un ou deux ans… puisque les organisateurs n’avaient trouvé que cette photo sur le site officiel… Aucun joueur n’a eu le plaisir de garder le programme en souvenir….
  • Il ne faut dès lors pas s’étonner de voir que les résultats des équipes de jeunes du Servette FC ne soient pas à la hauteur de l’histoire du Servette. Ces équipes ne semblent n’être qu’un amalgame de talents qui ne s’arrachent pas pour l’honneur du maillot et n’utilisent l’Académie qu’en tant que consommateur. Et ce malgré l’engagement des entraineurs qui font de leur mieux dans les conditions de bricolage actuelles.

A suivre : « Costinha sortira-t-il l’Académie de sa torpeur »?

Julian Karembeu (bien aidé par un lecteur assidu)

6 réflexions sur « L’Académie dans tous ses états… »

  1. « Ces équipes ne semblent n’être qu’un amalgame de talents qui ne s’arrachent pas pour l’honneur du maillot et n’utilisent l’Académie qu’en tant que consommateur.  »

    Je crois que malheureusement ce n’est que le reflet de notre société, c’est pareil dans la majorité des clubs ou des sports, sans parler du milieu associatif ou professionnel….

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    1. N’importe quoi, si tu es bien encadré tu ne rejettes pas tout cela au premier téléphone venu.
      Oui, nous vivons dans une société de consommation mais les jeunes s’identifie au maillot qu’il porte. Mais à 15 si ton avenir reste flou et que d’autres clubs te propose une structure bien organisée et bien tu pars !

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  2. Bravo pour cet article! Gros travail.
    Qui met en lumière tous les manquements et lacunes au sein de l’organisation et des structures. On est à mille lieux d’un club qui s’est professionnalisé.
    Cela montre également toute l’amélioration qui pourrait être apportée avec une stratégie claire, structurée et bien définie. Il y a un important potentiel d’évolution.
    Mais qui sera capable de dynamiser tout cela? En tout cas, le chantier le semble bien trop conséquent pour une seule personne…

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  3. Bonsoir, bravo pour l’article qui reste toutefois gentillet et ne montre pas les lacunes quotidiennes de l’Académie.
    La section sport-étude est gérée de main de maître pas Lanza.
    N’oublions pas le travail permanent effectué par les entraîneurs José Polidura et Antoni Braiza. Selon les échos ils font le lien permanent entre la direction de l’école et l’Académie.
    Les entraîneurs elite suivent-ils un fil rouge? Une philosophie de club est-elle mise en place? Avez-vous pu avoir des réponses au sujet des entraîneurs juniors qui se retrouvent seuls pour une équipe ou voir 2 équipes. Comment cela se fait-il que l’entraîneur des 18ans s’occupe à lui seul d’une équipe. Problème d’argent?
    La photo que vous avez mise est une photo prise à leysin sauf erreur lors d’un camp organisé par le responsable juniors pour les plus jeunes de l’Académie, comme quoi il y a peut-être un lien plus fort qui est sous-estimé.
    Des talents il y en a, les joueurs que vous citez dans votre article sont des joueurs qui ont effectué toutes (ou presque) leur formation au club.
    Le site est en mode off. Parents et joueurs du club souhaiteraient certainement qu’il y aie une peu plus sur les performences de leurs enfants. De ce que j’ai vu et entendu les juniors ne s’en sortent pas si mal.
    Alfredo Mosca a l’air bien seul, arrive-t-il a tout géré?
    Les photos commencent à dater. L’organigramme pas mis à jour. Staff pas mis à jour.
    Je pense que toutes ces personnes ont trop de fonctions accumulées pour le bien des employés et des joueurs et des supporters.
    Ce José Polidura, est-ce bien celui qui entraînait les 13 ans il y a quelques années?
    Antoni Braiza est bien l’ancien joueur de la 1ère?
    En espérant que cette Académie puisse s’en sortir, 30000.- c’est un coup de pouce si cet argent va à l’Académie!!!!!!!!
    Il faut que les dirigeants comprennent qu’avec une Académie forte ils pourront s’autofinancer d’ici quelques années avec les transferts, mais pour cela il faut y croire.
    Bravo à ce staff qui même sans être payé continue à travailler pour le bien des joueurs et du Servette.
    Sinon Goran en partence?
    Bien à vous.

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  4. l’article est magnifique de clairvoyance. Les pauvres éducateurs sont obligés de mentir aux parents sur un plan de carrière hypothétique pour les jeunes joueurs prometteur du club parce qu’ils ne savent pas quoi répondre sur le sujet..tout simplement parce qu’il n’y a pas de plan de carrière. . Faut pas pleurnicher quand les Suisses allemands récoltent de grosses sommes d’argent sur la revente de jeunes dénichés dans nos clubs. Comme dit dans l’article, il est souvent trop tard quand les dirigeants se réveillent et essayent de proposer des contrats  » bidons » juste pour bloquer le jeune et demander le maximum d’argent au club qui veut prendre le gamin…en gros, il n’y a aucune politique pour nos jeunes et ils seront de plus en plus nombreux à partir a Bâle, Zurich, YB, GC ou à l’étranger.d’ailleurs le fils de Sessolo est à YB non….posez lui la question pourquoi son fils est à YB et pas à Servette!!

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