Ces trois minutes hitchcockiennes après Young Boys – Servette …

A l’aube du deuxième tour où le suspense pour Servette risque malheureusement fort d’être avant tout administrativo-financier, cela ne peut faire que du bien de se remémorer quelques minutes hitchcockiennes vécues sur la pelouse des Young Boys. L’occasion aussi de rappeler qu’un club ce sont certes des joueurs, mais aussi un entraîneur et un président (entre autres)… 21 heures 45 ce mardi 10 mai 1994. Servette l’a nettement emporté sur les Young Boys à Berne (1:4). Grasshoppers piétine à Aarau (1:1). Servette est virtuellement champion mais un nouveau but zurichois apporterait un nouveau titre aux Sauterelles. Les joueurs se massent autour d’un transistor pour suivre en direct l’issue de la rencontre du Brüggifeld…

Un tour préliminaire honorable

 Très brillant durant plus d’une décennie, Servette est décroché à la fin des années 1980 avant de peu à peu remonter la pente avec une qualification pour la Coupe de l’UEFA à la fin de la saison 1992-1993. A l’automne 1993, les Servettiens trébuchent contre les Girondins de Bordeaux de Zinedine Zidane en Coupe d’Europe, en championnat, ils se classent honorablement quatrièmes, mais loin derrière Grasshopper et le FC Sion. Fait nouveau : lors de l’ultime match du tour préliminaire contre Lausanne aux Charmilles (victoire probante 3:2), 8 joueurs ont 21 ans ou moins, 7 sont Genevois (Fabien Margairaz, Velletri, Gerber, Giallanza, Baréa, Prinz et Chevalley). Cette nouvelle génération aura fort à faire pour remplacer l’attaquant-vedette Sonny Anderson parti à l’OM durant la trêve hivernale.

Anderson s’en va, Mild et Grassi prennennt le relais

Un second tour brillant

 Durant l’hiver, deux joueurs précieux s’adjoignent à l’effectif grenat : le centre-avant Marco Grassi (FC Zurich) et l’infatigable travailleur Hakan Mild (IFK Göteborg). Il n’empêche que personne n’oserait miser le moindre kopeck sur les Grenats dans la course au titre… Les Genevois réalisent cependant un second tour presque parfait avec une seule défaite (contre Grasshoppers). Lors de l’avant-dernière journée, Servette l’emporte de justesse face à Aarau grâce à un but du jeune prodige tessinois Oliver Neuville à quatre minutes du terme. Servette et Grasshoppers sont alors à égalité de points avec un avantage pour GC mieux classé à la fin du tour préliminaire.

Le charmant blondinet Egli se doute-t-il qu’il boutera les Grenats hors de la Coupe avec Bienne presque 20 ans plus tard ?

Dernier round au Wankdorf

 Juste avant le coup d’envoi, le soleil a rendez-vous avec la lune pour une éclipse solaire historique. Servette, lui, a rendez-vous avec l’Histoire pour un seizième titre. Les Grenats savent qu’ils ne peuvent pas spéculer sur une défaite de GC à Aarau et qu’une victoire sera nécessaire mais pas forcément suffisante. Ils arborent pour la première fois une publicité pour la Tribune de Genève (le match est télévisé !), cela en surprend plus d‘un car ce journal avait peu auparavant durement critiqué l’équipe… On fleurit le défenseur Servettien Andy Egli dont c’est la dernière saison ainsi que Georges Bregy le Valaisan des Young Boys. Ce dernier met Pascolo en difficulté à la demi-heure de jeu mais fort de la confiance emmagasinée avec la Nati, le portier grenat s’interpose et sur la contre-attaque Oliver Neuville ouvre le score. A l’heure de jeu, Jose Sinval centre en retrait pour Oliver Neuville qui se fait faucher. Pénalty transformé par Grassi. 0:2. Une minute plus tard Aarau ouvre le score et le kop grenat de chanter « Merci Aarau, ce soir on est champion ! ». Neuville ajoute encore un but au compteur grenat mais GC égalise et il reste plus de 20 minutes à jouer. Dans le temps restant, Oliver Neuville signe un coup du chapeau et Bregy un dernier but. Fin du match à Berne. Servette l’emporte 1:4, le destin va se jouer à Aarau…

Hakan Mild, toujours précieux...

Un seizième titre

Le totomat ne bouge plus. Servette est champion ! Et peu importe si le public bernois siffle de façon incompréhensible ! Cette consécration revient à un collectif brillant. En défense, l’intraitable gardien Pascolo, le libéro Bosko Djurovski qui au crépuscule de sa carrière a fait preuve de tout le raffinement de son jeu ainsi que Peter Schepull, Jean-Michel Aeby, Samuel Margarini et Michel Sauthier ont rarement été pris en défaut. Hakan Mild a couru des kilomètres et des kilomètres se complétant à merveille avec le Brésilien Renato, Christophe Ohrel s’est révélé être un meneur sur le terrain et en-dehors, les ailiers Sinval et Neuville ont donné le tournis à tous les latéraux de Suisse et Marco Grassi avec son réalisme et son tempérament de battant a su faire quelque peu oublier Sonny Anderson.

Un coup du chapeau pour le titre ! Bravo Oliver !

Bravo à l’entraîneur !

Le deuxième tour en fanfare des Servettiens doit beaucoup aussi à un remaniement tactique opéré par le mentor servettien Iljia Petkovic. Son système de jeu inorthodoxe en 5-2-3 a permis à Servette de dévoiler un punch offensif stupéfiant lié à l’agilité de ses lutins des ailes : José Sinval, dont la finesse était déjà bien connue et l’ex-Locarnais Oliver Neuville (21 ans) dont les démarrages sur l’aile gauche ont crevé l’écran. A une époque où le football défensif était globalement de mise (on n’avait pas encore inventé la victoire à trois points), Servette est un champion résolument offensif. Autre coup de maître d’Iljia Petkovic : le repositionnement d’Aeby au coeur de la défense. Cette reconversion de l’ex-meneur de jeu a certes poussé le malheureux Andy Egli sur le banc mais a clairement stabilisé l’arrière-garde des Grenats. Un seul regret : que ces changements ne soient pas intervenus plus tôt…

Merci au président !

Sur la pelouse du Wankdorf, il était peut-être le plus rayonnant : Paul-Annick Weiller. Servette avait la chance de compter à sa tête un président-mécène qui avait assaini les finances du club au prix d’un engagement personnel plus que conséquent et sans vagues. Gratitude éternelle !

Epilogue

Une semaine après l’obtention du titre, Porto et l’Olympique de Marseille s’affrontent en match de gala aux Charmilles, l’occasion de fêter le titre des Grenats. Sonny Anderson, qui n’est en réalité que prêté à Marseille, revient faire un petit bonjour à ses coéquipiers.

Le petit bonjour de Sonny Anderson (en haut a gauche)

Quant à Pascolo, Ohrel, Grassi et Egli, ils s’apprêtent à partir aux Etats-Unis avec la Nati, de retour dans une compétition internationale après presque 30 ans d’absence. Grassi, Neuville et Anderson sont sollicités de toutes parts, Servette devra trancher…

On ne s'en lassera jamais...

Jacky Pasteur et Germinal Walascheck

La semaine prochaine : Servette – Xamax, Servette – Young Fellows, Servette – Dopolavoro, etc. Ces matchs qui n’existent plus.

Dernière chronique : Gare au virus !

17 réflexions sur « Ces trois minutes hitchcockiennes après Young Boys – Servette … »

  1. Pronostique sur la composition de l’équipe???
    Pour moi : baroca, roderick, diallo, rüfli, moubandje, moutinho, kouassi, nater, yartey, de azevedo, eudis

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  2. J’y étais aussi. Un souvenir incroyable! J’étais encore adolescent, mais m?en souviens comme si c’était hier… Merci Germinal pour ces moments pleins de nostalgie…

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  3. Aaaah Neuville… mon joueur fétiche pendant longtemps. Il picolino !!!

    Mon premier grand souvenir. Je suis tombé dans la marmite grenat peu avant. Premier match : Servette – Aarau en tribune B score final 2-2 sauf erreur. Année ? 1993 ? )

    Nostalgie…

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  4. Comme il y a prescription je peux avouer que ce soir là nous ne sommes pas reparti les mains vides de Berne, effectivement un bout du filet nous à accompagné à notre retour.

    Mes déménagement successif  » ou ma femme » lui ont hélas été fatal.

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