27ème journée : SERVETTE FC – FC THOUNE 0-2 (0-1) : Le match sous la loupe

Difficile de se replonger dans les méandres de cette défaite ô combien mortifiante concédée à domicile face au FC Thoune. Mais ce retour s’impose néanmoins, ne serait-ce que pour tenter de mettre en lumière les différents éléments qui précipitèrent ce nouvel échec. Tentatives d’explication…

Le système

Le 11 de base :

Après la très decevante prestation de son équipe lors du derby lémanique, il apparaissait nécessaire que l’entraîneur Pereira amène des changements au sein de l’articulation de son système tactique. Le 4-2-3-1 qui lui est cher, et qui ressemble par ailleurs fortement à un 4-5-1 à tendance ultra-défensive, avait en effet montré de nombreuses limites. Il pouvait lui être reproché, à raison, une trop forte inclinaison à subir le jeu et les événements, tout en manquant de présence, d’animation et de spontanéité offensives. Le manque d’équilibre et la présence renforcée de joueurs à vocation défensive expliquant en partie cela. Au fond, c’est un Servette morne et sans vie qui errait telle une âme en peine dans le non moins triste stade de la Pontaise.

Un renouveau sous forme d’un regain de vie tant espéré devait poindre à la lumière du jour en ce dimanche après-midi. Or, si des changements furent bel et bien apportés, ce fut essentiellement au niveau du 11 de base qu’ils apparurent. Avec la titularisation de Kouassi au détriment de Nater, et les retours de Roderick à la place de Diallo blessé, et de Karanovic pour Eudis. Mais cela ne fut pas suffisant. Le constat est implacable. Il va au-delà des éléments qui composent le système. Non, celui-ci est tout simplement inadapté au Servette actuel. Car des choses ont changé, tout simplement. Voici, entre autres, lesquelles :

Les – :

– L’équipe a perdu en force de percussion sur les côtés. Les départs de Vitkiviez et M’Futi ont privé le groupe de deux joueurs capables d’apporter de la profondeur dans le jeu grenat à partir des couloirs, et d’étirer le système pour installer le Servette plus haut dans le terrain. C’est tout l’équilibre et l’amalgame du système qui sont touchés. En effet, le sommet du trio médian, soit De Azevedo, est amené maintenant à reculer plus bas (bien trop bas!) dans le terrain pour aller chercher les ballons. Du coup, l’attaquant nominal, Karanovic cette fois-ci, se retrouve totalement isolé. Le système amène du même coup le Servette à subir le jeu. Pont est précieux par son engagement et sa combativité sans faille, mais il n’est définitivement pas un demi extérieur de débordement capable d’évoluer en faux-ailier. A choix, l’entraîneur Pereira ferait peut-être mieux, en maintenant ce 4-2-3-1, de faire évoluer Moutinho à sa place, lesquel est censé correspondre au profil recherché. Las, celui-ci n’est encore pas à la hauteur, et ne parvient pas à ce jour à faire oublier les deux joueurs partis durant la pause hivernale. Mais, si Pereira s’enferme dans ses convictions, ne devrait-il pas dès lors privilégier l’équilibre de son plan de jeu? Cela tombe bien, Moutinho a besoin de temps de jeu pour s’aguerrir et prendre confiance en lui.

– Ce 4-2-3-1, évoluant ainsi trop bas dans le terrain, expose la défense aux offensives adverses. Il devient difficile de sortir de son propre camp, et le danger peut ainsi se projeter rapidement devant les buts grenat. Or, cela n’est plus un secret pour personne, il manque de leaders au sein de la défense servettienne, extrêmement jeune et inexpérimentée. Il devient dès lors suicidaire de subir volontairement et sciemment le jeu et de s’exposer ainsi. Encore une fois, cela aura coûté cher.

– De toute évidence, et en partie pour les raisons relevées ci-dessus, le 4-2-3-1 de Pereira manque d’équilibre, de spontanéité et de vie. L’entraîneur portugais semble éprouver bien des difficultés à mobiliser et à invectiver ses troupes. Passif, à l’image du jeu qu’il prône, a-t-il les moyens pour redynamiser le jeu servettien? Cela semble passer inévitablement par un changement de système. En effet, si Pereira n’a semble-t-il pas la personnalité pour arranguer ses troupes, il peut tenter de le faire en modifiant son plan de jeu pour lui donner concrètement davantage d’animations. Il semble l’avoir compris en début de seconde période, alors qu’il se retrouvait dos au mur. Le 4-4-2 adopté à ce moment-là permit clairement à son équipe de prendre davantage possession du jeu, de s’installer plus haut dans le terrain et de gagner en rythme. Il ne fait que confirmer qu’à ce jour, le Servette ne dispose plus de l’équilibre nécessaire dans son groupe pour appliquer efficacement un 4-2-3-1 à la mode Pereira. Celui-ci se devra donc d’apporter des modifications à son système de jeu d’entrée de match dans le fameux derby du Rhône. Il doit trouver les moyens de donner une impulsion et un nouvel élan de vie à ses hommes.

– Le contingent servettien n’a plus la même profondeur qu’au premier tour. Les solutions de rechange y sont moindres. Il suffit ainsi de 2-3 absents, pour que tout le chateau de cartes s’effondre. On portera en cela un doigt accusateur sur les anciens dirigeants, dont le, soi-disant, directeur sportif Costinha. Que de questions à lui poser et qui ne font qu’illustrer son incompétence : pourquoi n’avoir pas cherché à rencontrer Vitkieviez et M’Futi pour tenter de trouver un arrangement avec eux et prolonger leur contrat? Pourquoi avoir fait venir dans l’équipe un présumé patron de la défense âgé d’à peine 20 ans et habitué à jouer à mi-terrain? Pourquoi avoir limogé un entraîneur à succès, qui avait fêté une promotion et qui avait le don de bonifier tout le contigent grenat à disposition, pour engager à la place un entraîneur enfermé dans des convictions tactiques qui de toute évidence peinent à se révéler pertinentes? Pourquoi, encore, avoir engagé un attaquant, présumé renfort, qui passe son temps à l’infirmerie et qui n’est, de surcroît, pas un joueur typé finisseur, alors que ce profil aurait été le bienvenu dans le 4-2-3-1? Pourquoi encore n’engager que de jeunes joueurs en prêt qui n’ont pas encore l’âme de leaders sur le terrain et qui demeurent fort logiquement incapables de sonner la révolte quand les événements deviennent difficiles? Ces questions, on aimerait bien les poser à Costinha. Mais celui-ci semble s’être volatilisé… Pourtant, un directeur sportif, pour faire du bon travail, ne doit-il pas assister attentivement aux matches de son équipe? On tentera alors de répondre à sa place, de manière subjective, en devinant que toutes ces démarches entreprises répondaient peut-être à des intérêts particuliers, mais qui ne sont de toute évidence pas en phase avec les intérêts grenat.

– Le Servette demeure une équipe néo-promue. Il conviendrait de ne pas l’oublier. Si Alves avait réussi à entretenir la dynamique positive et euphorique qui entourait tout l’aéropage grenat suite à la promotion, celle-ci a fini par se dégonfler. Forcément. Là encore, les anciens dirigeants auront été les premiers à tout mettre en oeuvre pour briser cette dynamique. En apportant des changements, en provoquant des départs. On parle beaucoup aujourd’hui, dans les différents médias, du fameux phénomène de décompression qui serait amené à suivre inévitablement les esquisses de sauvetage du club. Certes, peut-être. Cela peut se comprendre, oui. Mais le Servette est aussi confronté plus que jamais aujourd’hui à sa propre réalité, soit celle d’un néo-promu. La vérité c’est que l’euphorie et la belle dynamique sont retombées. Et si le Servette reste un néo-promu, il est un néo-promu plus limité et moins fort que celui de juillet 2011. Il ne faut dès lors pas s’étonner. Et, surtout, s’en souvenir. Si le club parvient à assurer sa survie en coulisses ces prochains jours, il lui faudra impérativement se restructurer et se renforcer sur le plan sportif ces prochaines semaines.

Les + :

RAS

La défense

Elle se sera montrée à nouveau bien trop passive. Il manque un peu de tout : de la communication dans l’alignement, de la promptitude dans les interventions, de l’efficacité dans les relances et, finalement, de l’expérience. Roderick et Routis ont livré des pretstations largement insuffisantes. Le plus expérimenté Schneider mériterait sa chance. Et le héros de la promotion, Baumann, se fait désirer. A quand un retour de blessure pour une charnière défensive axial Schneider-Baumann?

Le milieu

L’entraîneur doit tenter de lui apporter à nouveau de la profondeur sur les couloirs. Davantage de dynamisme aussi. Kouassi et Pont ont tous les deux un gros volume de jeu. Ne pourraient-il pas être associés dans l’axe, avec des joueurs réellement offensifs sur les couloirs? Si Moutinho n’y arrive pas, pourquoi ne pas positionner De Azevedo sur la droite? Celui-ci a déjà évolué sur les côtés dans sa carrière. Il n’a pas forcément la même capacité de débordement qu’un Yartey, mais en évoluant en 4-4-2, ce n’est pas forcément un élément indispensable.

L’attaque

Il faut passer à deux attaquants. Cela semble aujourd’hui s’imposer. Pour différentes raisons. Pour apporter davantage d’animations offensives. Mais, aussi et surtout, pour inculquer un état d’esprit plus conquérant et créatif à l’équipe dans son ensemble. Pour cultiver aussi un retour à la spontanéité grenat, celle qui constituait le point fort d’une équipe jadis insouciante.

Le bilan

Forcément ultra négatif. Ce match débouche sur un cuisant échec. Un constat d’impuissance aussi pour un club qui peut en tirer une leçon importante pour l’avenir : il est possible, même avec de faibles moyens, de construire une équipe qui peut jouer le haut du tableau en Super League. Il suffit pour cela de s’inspirer de Thoune. Bien supérieur au Servette à tous les niveaux sur cette rencontre, le club bernois a su prendre en considération les ingrédients principaux et incontournables de la recette du succès en football : bâtir un contingent équilibré et homogène possédant en son sein 2-3 leaders expérimentés (les frères Schneuwly par exemple), tout en forgeant des repères et des schémas de jeu autour d’éléments complémentaires. Aussi, dès les premières minutes de jeu, et avant même l’ouverture du score, on avait l’amère impression de voir une vraie équipe de football opposée à une somme d’éléments disparates et perdus entre eux.

Le prochain match

Le second derby du Rhône de la saison au stade de Genève. Il n’y a pas besoin d’épiloguer. Le public sera présent. S’il pourra se relever d’une nouvelle défaite, il ne pourra en revanche jamais pardonner l’absence d’un esprit conquérant du côté de son équipe fétiche. A Pereira et aux joueurs de tout faire pour éviter cela. Pour notre part, et pour tendre dans la direction souhaitée, nous privilégierions un système en 4-4-2 : Ruefli-Routis(ou Pizzinat)-Schneider-Moubandje / Moutinho(ou De Azevedo)-Pont-Kouassi-Yartey / Esteban(si pas blessé, ou alors Soares)-Karanovic.

Tous ensemble ! Allez Servette!

GrenatDC

13 réflexions sur « 27ème journée : SERVETTE FC – FC THOUNE 0-2 (0-1) : Le match sous la loupe »

    1. Bah, Costinha est le seul interlocuteur sportif là depuis le début de saison. Et c’est un interlocuteur de 1er plan concernant les recrutements – sans marge de manoeuvre, je ne vois pas ce qu’il faisait au club.

      Toujours est-il que les recrutements du Servette ont été absolument nuls (et non avenus) en terme d’activité offensive, si on exclut le prêt de Yartey (probablement dégoté par Alvès).

      Quoi qu’il en soit, Costinha n’est plus trop en odeur de Sainteté chez les supporters, et les suggestions pour reprendre Joao Alvès à ce poste se sont enchainées de façon quasi-unanime.

      Son départ est peut-êre bien une question de semaines (voire moins)…

      J’aime

  1. Les questions sur la gestion sportive que tu soulèves sont pertinentes. Malheureusement on oublie souvent le passé même proche pour se concentrer et juger le présent. Belle analyse. Alors c est vrai Servette est neo-promu et fait un parcours plus que respectable en plus nos joueurs on réussi à mettre minable Sion 2 fois à Tourbillon alors même si cela tourne pas tout à fait rond pour l instant n oublions pas d ou nous venons!

    Allez SERVETTE!

    J’aime

    1. @ RAMS : Je crains que ce soit un discours de suffisance mal venu, alors qu’il faut quasi-impérativement rompre avec la spirale négative. Notamment si on considère l’importance de l’image dans la course au sauvetage du club. Ne le perdons pas de vue svp !

      Se repéter maintenant qu’on a battu 2x Sion à Tourbillon, c’est risqué qu’on reçoive notre deuxième leçon à la Praille par ces mêmes rivaux, et surtout d’aligner une 4e défaite.

      Maintenant il est vrai qu’avant le 31 mai (2011), on rêvait à peine de la Super League. Depuis, l’eau (du Rhône) a toutefois coulé sous les ponts…

      J’aime

    2. ahhh je n’arrive pas à résister :

      « nos joueurs on réussi à mettre minable Sion 2 fois » (je coupe volontairement) …

      JAMAIS 2 SANS 3

      Ok c est facile mais je peux jurer à mon club que je donnerai tout pour qu’il gagne ce derby a domicile !!!

      J’aime

  2. C’est hélas rentrer dans l’ordre,il y avait un Adrian Tourtellotte
    avec 10 briques a 1 million,Cela vient d’être enlever,on a eu
    droit a quelques minutes de rêves.

    J’aime

  3. Cela ne sert à rien de chialer. Toutes les équipes sont en perte de vitesse en fin de championnat. On a une équipe de challenge ligue avec beaucoup de blessés. Ce qu’ils font est fabuleux, c’est à nous de les encourager.

    J’aime

  4. Superbe analyse plus je lis grenat DC plus je le trouve pertinent … Et a ce propos je trouve extrêmement juste la position prise pour le prochain match..

    Plus qu’une équipe victorieuse je souhaite une équipe qui se bat, acharnée, mort de faim..Une équipe avec une âme ! Elle nous a démontré que l on pouvait croire en elle dans la pire des situations et j espère que nous lui avons montré qu’elle pouvait croire en ses supporters dans ces moments difficiles….

    BREF NOUS VOULONS GAGNER !
    Ensemble, supporter, club et joueurs, sans fausse modestie, l’équipe est néo-promue et pourtant jouant l’europe (oui j y crois encore) ! Ce n’est pas un hasard, notre équipe mérite sa place au classement et nous avons de l’ambition ! Pourquoi ne pas construire le servette de demain sur les exploits d’aujourd’hui !

    Il faut que nos joueurs ait la volonté de gagner et que notre entraineur les laissent s’exprimer… Alves a fait confiance à des humains, Perreira ne doit pas s’adresser à des employés ! Nos joueurs valent bien plus qu une stratégie de match!

    Vive le sfc et vivement notre victoire dimanche !!!

    J’aime

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.