28ème journée : SERVETTE FC – FC SION 2-2 (0-1) : Le match sous la loupe

Le fameux derby du Rhône a accouché de son épilogue en cette fin de saison. L’acte IV n’aura pas célébré de vainqueur mais aura en revanche délivré un scénario pour le moins haletant, trouvant son dénouement dans les ultimes minutes du match. Retour sur ce nouvel affrontement entre frères ennemis…

Le système

Le 11 de base :

Cela faisait plusieurs matches que le Servette avait perdu de la vie et de la spontanéité dans son jeu. La faute, en partie, à un système 4-2-3-1 articulé ultra-défensif et adoptant les contours d’un 4-5-1 replié. Aussi, pour ce match, au contexte explosif de derby historique, nous attendions de la part de l’entraîneur Joao Pereira davantage de prises de risques et d’initiatives. Pour tendre vers cette direction souhaitée, un changement de configuration au sein du système pour basculer dans un 4-4-2 était attendu. De changement il n’y eut pas. Mais la présence d’Esteban en retrait de l’attaquant nominal permit de moduler efficacement le système et de lui amener ainsi une touche plus offensive bienvenue. En effet, le prodige genevois évolua en position d’attaquant en retrait là où Marcos De Azevedo évolue généralement en meneur de jeu replié. Le système 4-2-3-1 appliqué lors de ce derby se rapprocha alors davantage d’un 4-4-2 que du 4-2-3-1, axé 4-5-1 ultra-défensif, de ces derniers matches.

Les + :

– Les conséquences de ce changement apporté (par la force des choses(?), De Azevedo étant blessé) furent importantes et immédiatement visibles, d’entrée de match. Un jeu davantage étiré côté grenat, installé plus haut dans le terrain, plus dynamique et vertical. Le résultat : une emprise sur le jeu dès les premières minutes avec plusieurs occasions et opportunités devant les buts sédunois. Enfin, un regain de vie dans le jeu du Servette!

Les – :

– Ce système en 4-2-3-1, version Joao Pereira, se doit, pour être efficace, de bénéficier de la présence d’un joueur comme Esteban. A sa malheureuse sortie sur blessure, il redevint trop défensif à nouveau. Il entraîna d’ailleurs de multiples questions dans la tête de l’entraîneur, qui dût à maintes reprises, et tout au long du match, procéder à des réajustements pour tenter de maintenir la dynamique positive du début.

La défense

Reconduite dans son intégralité par rapport au match précédent, elle se révéla cette fois-ci plus solide et davantage disciplinée. Mais ne se montra malheureusement pas toujours à son avantage. Encore ces éternelles lacunes, partagées entre erreurs de placement, manques de communication, et imprécisions ou hésitations (comme sur l’ouverture du score sédunoise). Il y eut du mieux, mais le constat demeure. Pour s’élever d’un niveau, la défense servettienne devra s’entourer d’un vrai leader expérimenté dès la saison prochaine.

Le milieu

Il fut plus enjoué, plus déterminé et agressif sur ce match. Comme si l’état d’esprit de l’infatigable Tiber Pont avait déteint en bien sur le reste de l’équipe. Ou comme si le capitaine Pizzinat avait eu plus que jamais le souhait de célébrer son 300ème match en grenat par une victoire dans le « vrai » derby. Ou encore comme si Kouassi avait retrouvé progressivement une partie de son rythme et de son impulsion sur le jeu grenat. Ou, finalement, comme si Yartey avait décidé de profiter de son adversaire fétiche pour se racheter de ses dernières prestations moyennes. Probablement un peu de tout ça en même temps. Mais aussi la résultante de l’apport d’Esteban à la pointe du triangle médian. La présence d’un véritable attaquant en retrait permit au jeu grenat de tendre vers davantage de complémentarité et d’équilibre. Ce sont ainsi les performances de chacun qui se trouvèrent bonifiées.

L’attaque

La différence fut énorme. Effectivement, cette fois-ci l’attaquant nominal fut épaulé. De Azevedo avait pour réflexe de reculer dans le terrain pour venir s’alimenter en ballons dans le camp servettien. Au contraire, Esteban chercha à occuper l’ensemble de la zone offensive en alternant les courses et les appels de balle pour offrir des solutions aux demis dans la partie haute du terrain. Tout en offrant un soutien bienvenu à Karanovic, du même coup moins isolé à la pointe de l’attaque.

Le bilan

Positif. En effet, le Servette a retrouvé des couleurs, de la vie et une âme sur ce match. Signes encourageants pour la suite. On a pu lire çà et là que ce point obtenu était un bon point, presque chanceux pour le Servette. A entendre Laurent Roussey, l’entraîneur du FC Sion, son équipe aurait dû l’emporter aisément. Nous n’avons peut-être pas vu le même match, ou alors n’étions-nous pas suffisamment remis d’un samedi soir festif pour porter un regard lucide sur ce derby. 😉 Toujours est-il qu’une équipe, bien que menant au score d’une unité et dominant le jeu, se doit de chercher à faire la différence pour asseoir son succès. Or, les sédunois n’essayèrent que trop rarement de se montrer décisifs. Et le bon Laurent Roussey n’aura rien fait pour tenter de les aider, optant pour des choix défensifs, jouant gagne-petit pour chercher avant tout à préserver ce maigre avantage. A contrario, le Servette, dos au mur, aura tout fait, malgré ses maigres moyens, pour s’efforcer de revenir au score. Joao Pereira aura ainsi multiplié les variantes pour insuffler de l’élan à ses protégés. L’entrée en jeu des deux jeunes espoirs Moutinho et Soares aura été déterminante. Elle aura eu le mérite d’apporter plus de dynamisme et de verticalité au jeu servettien. Cette prise de risques se sera révélée payante. Bien que chanceux, les grenat réussirent ainsi dans les dernières minutes à obtenir une égalisation méritée, récompensant ainsi leur esprit offensif et conquérant.

Mais ils n’en restèrent pas là. Ils cherchèrent à forcer le destin. Ils parvinrent même à le faire grâce à ce magnifique but de Soares sur un tir chanceux dévié, mais qui demeure une illustration parfaite de cet exemplaire état d’esprit qui chercha à bousculer les événements, peu importe les moyens. A partir de là, n’en déplaise à M. Roussey, le Servette FC n’aurait pas eu à rougir d’une victoire, qui n’aurait d’ailleurs nullement constitué l’hold-up dont parlaient certains médias. Si l’on rajoute à cela l’égalisation plus que chanceuse et inespérée de sédunois soudainement à la dérive, et probablement incapables de revenir au score sans ce cadeau tombé du ciel sous la forme d’un autogoal concédé par le malheureux Karanovic (lequel aurait dû être remplacé avant même le départ de l’action) et l’on ne peut dès lors plus parler de « bon point ». Non. Le Servette a réalisé une meilleure performance que lors de ses dernières sorties, oui. Et cela est encourageant et positif, oui. Mais le Servette a le droit d’exprimer des regrets à l’issue de ce match. Les Grenat ont cependant raison de ne pas s’arrêter sur des regrets et de garder à l’esprit les éléments positifs à retirer de ce derby. Les regrets ne font généralement pas avancer. Il faut maintenant s’enrichir et se nourrir de ce regain de vie pour s’en imprégner lors du déplacement à Lucerne.

Le prochain match

Lucerne justement. Rien de moins que le second du classement, qui plus est à l’extérieur. La tentation serait grande de revenir à un schéma plus défensif. Nous pensons néanmoins qu’il conviendrait de s’appuyer sur les valeurs retrouvées lors du derby : spontanéité et dynamisme, esprit conquérant et prises d’initiatives. Cela passera, inévitablement, soit par le maintien d’un 4-2-3-1 équilibré et complémentaire (prenant la forme d’un 4-4-1-1 enjoué et non d’un 4-5-1 ultra-défensif), soit par l’adoption d’un 4-4-2. Pour notre part, nous opterions pour : Schneider(à droite, ou Routis) – Routis(dans l’axe, ou Schneider) – Roderick – Moubandje / Pont – Kouassi – Pizzinat – Yartey / Soares (ou Esteban si pas blessé) / Karanovic.

Tous ensemble ! Allez Servette!

GrenatDC