29ème journée : FC LUCERNE – SERVETTE FC 3-1 (2-0) : Le match sous la loupe

Match particulièrement difficile en perspective pour des Grenat moribonds et légèrement convalescents en déplacement chez le second du championnat. Si la tâche s’avérait ardue, nous nous plaisions néanmoins à penser qu’elle n’était pas insurmontable pour autant, ne serait-ce que pour cultiver l’espoir et l’ambition de disputer vaillamment le ticket européen encore à portée de crampons. Or, très vite dans cette rencontre, les belles illusions laissèrent place à d’amers constats. Le Servette FC a en effet été totalement déclassé, passant complètement à côté de son match…

Le système

Le 11 de base :

En l’absence de nombreux joueurs, pour cause de blessures ou de suspensions, la marge de manoeuvre de l’entraîneur Pereira se résumait à sa plus simple expression. Disposant pour ce déplacement périlleux d’un contingent réduit comme peau de chagrin, le désormais ex-mentor grenat était dans l’impossibilité de disposer de réelles alternatives tactiques. Aussi, les éléments composants le 11 de base retenus correspondaient aux attentes et aux perspectives imaginées. Le jeune Soares, après sa brillante prestation dans le derby du Rhône, étant logiquement titularisé, remplaçant dans la formation de départ le blessé Esteban.

Les + :

– Ils sont à chercher dans l’équilibre du système. En accordant sa confiance au jeune Soares, Pereira s’est efforcé de maintenir une certaine homogénéité entre les différentes lignes, tout en s’efforçant de préserver un relatif esprit d’0uverture, en décidant notamment de titulariser sur les côtés deux joueurs à vocation offensive (Yartey et Soares) pour soutenir l’attaquant nominal Karanovic. Fort des enseignements qu’il put tirer du derby du Rhône, il chercha ainsi, avec les moyens à disposition, à équlibrer les secteurs offensifs et défensifs.

Les – :

– Ils résident à nouveau dans les limites du système 4-2-3-1 de Pereira. Nous avions vu que celui-ci, pour se révéler réellement efficace, devait dépendre d’éléments incontournables, à même d’apporter l’équilibre optimal pour permettre l’expression du potentiel grenat. Ce constat était déjà de mise lors du premier passage du druide Alves à la barre du Servette. Or, en l’absence de l’attaquant en retrait Esteban, et du milieu offensif en soutien De Azevedo, le Servette se retrouva avec trois demis axiaux typés défensifs. Le trio médian, étiré, complémentaire et efficace, entrevu notamment lors des 20 premières minutes à la Praille face au FC Sion, s’effaça ainsi pour laisser place à une ligne médiane défensive placée très bas dans le terrain. Il en résulta plusieurs problèmes : notamment un trop grand écart entre les différentes lignes (milieu axiaux – milieux extérieurs et attaquant nominal), un positionnement trop replié de l’ensemble du système grenat, ainsi qu’une tendance générale à subir les événements. Il aurait probablement été plus judicieux, pour rééquilibrer le système, de positionner un joueur à vocation plus offensive en soutien de l’attaquant nominal (Soares ou Yartey), soit pour tendre vers un 4-2-3-1 étiré (sous la forme d’un 4-2-2-1-1), soit vers un 4-4-2 (Soares et Karanovic en pointe). Pont pouvant être reconduit sur le côté droit. Certes, les possibilités de l’entraîneur Pereira étaient considérablement réduites, mais il aurait pu opter pour une telle option, ce qui aurait pu lui permettre de se rapprocher davantage des aspects et configurations tactiques intéressants aperçus dans le derby du Rhône.

La défense

Le constat est implacable. La défense servettienne demeure, à ce jour, limitée. Sur ce match, elle aura souvent été débordée, manquant principalement de promptitude dans les interventions. Le potentiel offensif lucernois aura ainsi pu se déjouer, relativement à sa guise, du marquage adverse. Disposant d’attaquants véloces et enjoués, les locaux auraient d’ailleurs pu trouver le chemin des filets à de multiples occasions et, avec davantage de réalisme et de lucidité, donner des proportions beaucoup plus grandes au score final. La différence relevée à ce niveau situe encore tout le chemin que doit parcourir le Servette FC pour pouvoir prétendre, à l’avenir, disputer concrètement les premières places du championnant de Super League.

Le milieu

Positionnés trop bas dans le terrain, les demis auront adopté une attitude trop similaire à celle de leur dernière sortie à la Pontaise. Passifs, trop repliés et subissant le jeu, ils n’auront jamais pu apporter l’impact nécessaire pour inverser la physionomie de ce match. Les absences d’Esteban et de De Azevedo n’auront clairement pas facilité la tâche de l’entraîneur Pereira. Ce constat met en évidence les manques du contingent grenat actuel. Les techniciens sportifs engagés cette semaine par la nouvelle direction seraient bien inspirés de s’attacher les services d’un meneur de jeu pour la saison prochaine, et de densifier le secteur offensif de l’entrejeu servettien.

L’attaque

Les remarques relevées ci-dessus amènent toujours à la même conclusion : dans une telle configuration, et animé par une tendance repliée et peu entreprenante, le 4-2-3-1 a pour fâcheuse conséquence, entre autres, d’isoler l’attaquant nominal et de l’éloigner de ses partenaires. Par conséquent, celui-ci a deux possibilités : soit s’époumonner dans le vide à courir après un ballon qui n’arrive pratiquement jamais, soit reculer pour venir chercher les ballons plus bas dans le terrain, contribuant du même coup à maintenir son équipe dans les zones reculées et dans son propre camp.

Le bilan

Négatif, bien évidemment. A la décharge des servettiens et de l’entraîneur Pereira, le Servette FC fut opposé à une équipe intéressante et possédant un potentiel et des moyens actuellement supérieurs. La marge de manoeuvre du technicien grenat fut, de surcroît, bien trop réduite pour aborder ce match avec la sérénité et la solidité nécessaires. Nous reprocherons toutefois une tendance trop générale à subir le jeu à travers une configuration trop défensive et une attitude repliée et passive.

L’expulsion regrettable et dommageable de Ruefli limita encore davantage les alternatives grenat. Malgré tout, l’entraîneur opta pour une démarche mesurée et calculée, privilégiant le maintien de ses repères à la prise de risques, en faisant notamment entrer un défenseur d’expérience (Schneider) pour le milieu défensif axial le plus à même de donner de l’impulsion au jeu grenat (Kouassi), et en changeant un défenseur (Schlauri) pour un autre défenseur, certes plus offensif (Moubandje). Alors que son équipe été menée, par chance et par bonheur seulement d’une unité, Pereira aurait peut-être été davantage inspiré de tenter le tout pour le tout, comme cela fut le cas une semaine auparavant dans le derby du Rhône. Il aurait ainsi pu donner sa chance à des jeunes espoirs à vocation offensive pour les dernières minutes de cette rencontre, tout en laissant Kouassi dans l’axe dans un rôle de piston (sortie de Pizzinat).

Le prochain match

Face à YB, à domicile. Un match qui se profile à nouveau comme une montagne à surmonter, tant l’équipe du Servette sera malheureusement à nouveau décimée face à un adversaire au redoutable potentiel. Mais un vent d’euphorie et d’enthousiasme peut s’emparer des grenat. En effet, il y a tout d’abord, le retour de druide Alves, qui constitue à n’en pas douter une véritable bouffée d’oxygène pour tout l’entourage grenat. Trop sclérosé ces dernières semaines, le jeu grenat bénéfice ainsi d’une porte ouverte vers un retour des valeurs positives, spontanéité et dynamisme offensifs, qui avaient façonné ses succès de l’année passée. Le président Quennec aura par là même réussi d’une seule pierre plusieurs coups, démontrant la cohérence de ses démarches : réduire considérablement la dette du Servette, tout en redonnant une ouverture et un nouvel élan dans le management sportif de son équipe, en remotivant et relançant les joueurs, en se mettant le public dans sa poche, et en tournant définitivement la page « Pishyar » (avec notamment le licenciement attendu de Costinha).

Il y aura ensuite la perspective toujours bien réelle de jouer une place européenne. Il faut continuer de cultiver cet espoir, seul à même de donner l’engouement dont le club a besoin pour mobiliser tout l’aéropage grenat en cette période cruciale pour l’avenir.

Nous terminerons enfin notre analyse par adresser notre reconnaissance à Joao Pereira. Celui-ci mérite tout notre respect par son engagement et son implication irréprochables tout au long d’une période particulièrement difficile et tendue pour notre club. Il aura réalisé quelques beaux coups tactiques et enregistré quelques belles victoires (notamment le 0-1 à Tourbillon et les deux victoires contre Lucerne). Il n’aura malheureusement jamais été véritablement aidé par une ancienne direction aux abonnés absents qui ne lui aura pas donné les possibilités de disposer d’un contingent élargi. Il aura même eu en sa possession un groupe affaibli depuis l’ère Alves.

Malgré tout, il ne se sera jamais caché, (lui!), et se sera toujours efforcé d’oeuvrer dans l’intérêt de son équipe (lui encore!), sans se retrancher derrière de faux-fuyants (lui toujours!), tout en cultivant, probablement trop à l’extrême, ses propres valeurs, sans doute pas pleinement adaptées à la philosophie et à la tradition du jeu grenat.

Merci et bonne continuation Joao Pereira!

GrenatDC

2 réflexions sur « 29ème journée : FC LUCERNE – SERVETTE FC 3-1 (2-0) : Le match sous la loupe »

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.