30ème journée : SERVETTE FC – BSC YOUNG BOYS 2-1 (0-0) : Le match sous la loupe

Le retour du druide João Alves sur le banc servettien aura coïncidé avec un retour des valeurs grenat dans le jeu. Cultivées dans leur quintessence tout au long de 90 minutes fort intéressantes, elles auront permis aux genevois de renouer avec le succès…

Le système

Les principes et les schémas de jeu du « magicien » Alves ne sont plus à démontrer. Chaque fan grenat les connaît aujourd’hui. L’intérêt principal de ce match résidait dans la manière dont allait bien pouvoir s’y prendre le coach grenat pour palier aux nombreuses absences et permettre à son équipe de réagir après une longue série de matches sans victoire. Fort de ces préceptes, Alves a reconduit, comme il était prévisible, son fameux 4-2-3-1. Mais le 4-2-3-1 d’Alves n’est pas celui de Pereira. Il possède indéniablement davantage de caractéristiques pour s’adapter au jeu grenat et pour l’embellir. Voyons plutôt pourquoi :

Les + :

– Sur le plan tactique tout d’abord. Il y a chez Alves cette volonté de maintenir un équilibre et une osmose entre les différentes zones du terrain et les secteurs de jeu. Là où Pereira densifiait son 11 de départ avec plusieurs joueurs à vocation défensive, Alves porte le souci de maintenir dans son dispositif des joueurs spontanés et créatifs. Aussi, le côté gauche fut essentiellement composé d’éléments portés vers l’avant, avec Moubandje et Karanovic. Malgré des moyens à disposition fortement réduits, Alves s’est efforcé de conserver l’équilibre de son système, en gardant une pointe créative au sommet du schéma. Aussi, même si Pont, Pizzinat et Nater devaient être alignés, De Azevedo était positionné devant eux, au sommet. Et, lorsque le brésilien sortira, c’est le jeune Paratte, joueur typé à vocation offensive, qui viendra se positionner là.

– Sur le plan de la philosophie et des valeurs du jeu ensuite. En effet, le système tactique est une chose. L’état d’esprit qui l’anime une autre. Et là, la différence d’approche entre les deux entraîneurs est abyssale. D’entrée de match, nous avons ainsi pu sentir des joueurs portés davantage vers l’avant, laissant libre cours à leur spontanéité et à leur liberté offensive. Ce changement d’attitude fut particulièrement mis en évidence par Moubandje. Le latéral gauche a semblé avoir retrouvé toute son insouciance dans son jeu à travers un apport offensif bien supérieur aux matches disputés jusqu’ici dans ce second tour.

La défense

Elle fut plus rigoureuse et disciplinée sur ce match. Roderick est parvenu à se montrer plus prompt et présent dans ses interventions défensives. L’apport de Schneider y est peut-être pour quelque chose. Ce constat positif ne doit pas pour autant masquer des limites toujours existantes. Aussi, la défense servettienne fut-elle prise en défaut dans son marquage sur le but bernois. Il y a toujours des faiblesses, mais la prestation d’ensemble du secteur défensif fut en hausse.

Le milieu

Plus complémentaire et équilibré. Mais aussi plus libre sur le plan offensif. En effet, les permutations furent fréquentes et les demis axiaux purent, à tour de rôle, s’aventurer plus haut dans le terrain. Là aussi, on sent que la philosophie d’Alves se base sur la discipline en phase défensive, et sur la liberté d’animation et de création en phase offensive.

Placer Karanovic sur le côté gauche en début de match était relativement bien pensé dans la mesure où il s’agissait de s’appuyer sur ses qualités athlétiques et sur sa force de percussion pour amener du danger offensif depuis la zone médiane et les côtés. Le système a malgré tout gagné en équilibre et en efficacité à partir du moment où l’un des trois axiaux (Nater) est sorti pour céder sa place à Moutinho, ce qui a permis de replacer Karanovic en attaquant nominal et d’équilibrer le triangle médian avec un joueur à vocation plus offensive (De Azevedo). L’entrée de Paratte pour De Azevedo bonifiant encore cet équilibre, le jeune espoir servettien évoluant plus haut (et plus juste) que le brésilien.

Yartey fut probablement placé sur le côté droit pour s’appuyer sur ses qualités de pénétration afin de rentrer dans l’axe pour ensuite pouvoir shooter au but de son bon pied, le gauche. Là encore, le souci d’apporter davantage d’efficacité sur le plan offensif.

L’attaque

De Azevedo n’est pas un attaquant, le constat semble s’imposer naturellement. Plus à l’aise en demi offensif, le brésilien aura mieux joué à partir du moment où Karanovic aura justement été replacé en pointe. Mais ça, Joao Alves le sait. S’il a opté pour De Azevedo en pointe en début de match, c’était en fonction des moyens à disposition et surtout dans l’idée de placer un joueur créatif devant les trois demis axiaux (à vocation plus défensive) et aussi pour bénéficier des atouts que peut apporter Karanovic dans le dynamisme et la profondeur du secteur offensif grenat. En l’absence d’Esteban (lequel pourrait évoluer soit en pointe avec Kara à gauche, soit en attaquant reculé derrière Kara en attaquant nominal), il apparaît cependant plus judicieux de positionner Karanovic en attaquant nominal et de le soutenir par le brésilien ou le jeune Paratte. Une autre alternative, plus offensive encore, pourrait consister à disposer Paratte en soutien de Karanovic, tout en titularisant De Azevedo sur le côté gauche et Yartey sur le côté droit.

Le bilan

Très positif bien évidemment. Le Servette n’a pas seulement gagné un match important qui le relance pour un éventuel ticket européen, mais il a (enfin!) renoué avec le succès tout en retrouvant ses valeurs positives. L’influence du retour d’Alves a la tête de l’équipe n’y est clairement pas étrangère. Il sera dès lors intéressant de voir si ses joueurs seront capables de cultiver en eux cette philosophie du jeu retrouvée lors de leur prochaine sortie à Zürich.

Le prochain match

A Zürich justement, face à GC. Le club le plus titré de Suisse a un nouvel entraîneur à sa barre et semble avoir retrouvé un nouveau souffle et davantage de sérénité. Il faudra donc aborder ce déplacement avec toute la rigueur et l’humilité qui s’imposent. Ce d’autant plus que les moyens à disposition de l’entraîneur Alves resteront limités, notamment avec la suspension de Moubandje. Ruefli et Kouassi seront de retour. Et gageons que les jeunes Paratte, Soares et Moutinho seront plus que jamais motivés de confirmer leurs bonnes dispositions révélées aux cours de ces derniers matches.

Nous opterions pour notre part pour un système en 4-2-3-1 à la sauce Alves et composé comme suit : Routis(à droite)-Schneider-Roderick-Ruefli(à gauche) / Pizzinat – Kouassi / Yartey(à droite) – Paratte – De Azevedo(à gauche) ou Pont(par souci d’équilibre et pour permettre à Ruefli de se porter vers l’avant) / Karanovic.

Au moment où Thoune s’en va défier l’ogre bâlois dans son antre, les servettiens seraient bien inspirés de tout mettre en oeuvre pour ramener un résultat positif de ce déplacement. Il en va d’une fin de championnat bercée par un doux vent d’euphorie et d’ambition.

Allez les Grenat!

GrenatDC