Tréand: «C’est forcément invérifiable, mais je pensais à Servette chaque jour»

Après une année noire, Geoffrey Tréand est de retour dans la famille grenat. Il raconte ce qu’il a vécu et sa joie d’être de retour

L’enfer, c’est le tourment absurde des cœurs purs. C’est le chaos et le néant à la fois. C’est en partie ce que Geoffrey Tréand a vécu durant plus de douze mois, à Xamax d’abord, à Sion ensuite, pour deux raisons différentes.

L’enfer, c’est un gros mot quand on parle de football, c’est vrai. D’ailleurs, Tréand s’en distancie immédiatement. «Je me suis toujours dit qu’en tant que footballeur, on ne devrait pas se plaindre, mais…» Mais. Mais la douleur se devine, celle qui l’a touché lui, celle qui a marqué ses proches plus durement encore. Il triture son thé froid, cherche ses mots. Le foot, ce n’est peut-être jamais vraiment l’enfer, c’est certain. Mais cela peut y ressembler.

De retour à Servette, Geoffrey Tréand est un homme plus serein. Il faut croire que la douleur a des vertus. Retour avec lui sur ce qu’il a vécu et sur ce qu’il attend de sa deuxième expérience servettienne.

Geoffrey, Servette reçoit Bâle dans deux jours pour le premier match de la saison. Alors?

Alors je fais abstraction de l’adversaire. Pour moi, c’est surtout le premier match à la Praille en grenat depuis deux ans. Et ce retour à Servette, c’est tout ce qui occupe ma tête.

Parce que c’est Servette?

Oui, bien sûr. C’est Servette et en Super League. Cela a une haute valeur symbolique, c’est comme un rêve. Une chance qui s’offre à nouveau à moi. Tout ce que je peux dire est invérifiable, mais il n’y a pas un seul jour où je ne pensais pas à Servette durant les deux dernières saisons. Et encore plus cette dernière année.

Justement: Xamax d’abord. Comment avez-vous traversé tout ce qui s’est passé?

La première fois qu’on a vu Bulat Chagaev, c’était juste avant la finale. Il nous avait fait très bonne impression. Si, si, c’est vrai! Ensuite, il y a eu la mi-temps, on perdait après un début de match catastrophique. Et là, on a vu l’autre visage de Chagaev. Il hurlait, il y a eu des menaces. Cette galère a duré huit mois.

A quoi se raccroche-t-on quand on voit les entraîneurs virés, le staff administratif renvoyé, des joueurs remplacés, avant les salaires impayés?

A un fol espoir. En plus, entre nous, dans le groupe, cela allait plutôt bien. C’est pour l’entourage que c’était plus dur. Peut-être qu’on ne voulait pas voir la réalité en face, mais on n’avait pas le choix en fait. La faillite a fait mal pour le club, pour Xamax, pour ce que représentait cette équipe. Mais finalement, il fallait que tout cela s’arrête .

Et le jour de la faillite, vous signez à Sion: fin des problèmes?

C’est ce que je pensais. Le timing était parfait, sur le moment. J’avais la chance de trouver immédiatement un nouveau club. Après, sportivement, cela ne s’est pas très bien passé, non. Une autre galère…

Vous n’avez pas eu votre chance…

Non, pas vraiment. Laurent Roussey ne m’a pas fait confiance, peut-être parce que c’est le président Constantin qui m’a fait venir. Mais bon, je dois sans doute avoir ma part de responsabilité, disons-le comme ça. Et puis cela ne sert à rien de revenir sur le passé.

Alors parlons du futur: qui est le nouveau Tréand, celui qui ressort de cette année sombre?

Quand tu es jeune, tu peux croire que le football, c’est toute ta vie. Maintenant, une part d’égoïsme a disparu. Je sais aussi toute l’importance des proches, de mon amie Alexandra, de ma famille, de mes amis. Je n’hésiterais pas une seconde entre les choisir eux plutôt que le foot. Et puis je suis sans doute plus mature.

Et à nouveau Servettien, dans un environnement qui vous rassure?

Oui. Joao Alves sait donner sa confiance aux joueurs et cela nous libère. Cela m’a manqué quand j’étais à Sion. Je sais aussi que Servette, avec un budget modeste, est un club qui a des valeurs et c’est bien plus important que l’argent. Enfin, certaines équipes sont sûrement supérieures, individuellement. Mais collectivement, Servette sera là!

Daniel Visentini

Porto, puis Bâle surtout!

Servette dispute ce soir son dernier match amical, au Stade de Genève, contre Porto (coup d’envoi à 21 heures). Un match qui se dispute donc quarante-huit heures avant le début du championnat contre Bâle. Une hérésie? Une rencontre agendée quand la reprise devait avoir lieu samedi et non vendredi soir (Lake Parade oblige), une occasion aussi d’attirer les supporters portugais pour un Servette qui fait attention à ses sous.

Mais ce soir, Joao Alves ne prendra pas le moindre risque deux jours avant la venue du champion en titre, pour l’ouverture de la saison. Si Porto se prépare près de Nyon et fera tourner son gros contingent, Servette se contentera logiquement d’aligner une équipe B. Mais attention: c’est l’occasion pour les jeunes et ceux qui sont appelés sur la pelouse de la Praille de faire leurs preuves, de montrer le bout du nez.

A noter encore que Simone Grippo devrait signer sous peu un contrat avec Servette. Tout comme Samir Ramizi. Dans l’absolu, les Grenat cherchent encore un attaquant ou tout au moins un milieu offensif polyvalent, pouvant monter d’un cran si nécessaire. La piste portugaise pourrait être réactivée (Benfica, Porto). A vérifier sous peu.

D.V.

Maillots Fourteen

Cette saison, Servette portera un maillot confectionné par une société qui a son siège social à Genève: Fourteen. Derrière cette marque? Christian Karembeu (pour l’image), Philippe Wick (gestion financière) et Andrea Picciau (design). Des gens proches de Servette depuis un moment déjà, à divers niveaux, qui avaient déjà tenté l’aventure avec la marque A-Line, avant qu’un rachat de Pishyar ne provoque une faillite…

Fourteen? C’est quatorze en anglais. Et c’est surtout quatorze principes de comportement sain que cette marque veut mettre en avant. Fourteen n’a qu’un an mais est déjà présente dans plusieurs pays, dans le football, le golf, le basket, le volley, etc., en équipements ou avec des accessoires.

Le nouveau maillot de Servette sera présenté à la presse ce mercredi à 19 h 15, avant d’être étrenné en match amical contre Porto ce soir (21 heures). Enfin, jeudi, dès 19 heures, les joueurs grenat dédicaceront le nouveau maillot chez Ochsner Sports (rue du Marché). Le tricot et les produits grenat seront en vente, avec 20% de réduction. D.V.