Les Grenat auraient pu voyager sans le moindre souci jeudi prochain. Ils devront pourtant faire attention en Arménie
C’est un match qui aurait dû se solder par un sec 6-0 pour Servette, au moins, en ne comptant que la crème des occasions manquées! C’est pourtant un match qui s’est terminé par un 2-0, salaire minimum, la faute aux incroyables maladresses servettiennes. Et encore, sur une improbable action de Gandzasar, la seule, c’est dire, un ballon s’écrasait sur la latte de Gonzalez avant que ce dernier ne sauve devant une seconde tentative. C’est là toute la curiosité d’une rencontre qui aurait pu célébrer avec tellement plus de vigueur le retour de Servette dans l’Europe du football, huit ans après. Mais qui a laissé tout le monde sur sa faim, Servette en premier lieu.
Penalty manqué
Après quelques balbutiements initiaux, les hommes de Joao Alves avaient en effet largement pris l’ascendant sur Gandzasar. Et les Arméniens, par l’entremise du bras de Krasovski, qui stoppait dans les 16 mètres un centre de Tréand dès la 6e minute, offraient même un départ rêvé aux Grenat. De Azevedo devait transformer le penalty logique pour placer d’emblée les siens sur les bons rails. Le reste devait suivre, évidemment.
Seulement voilà: De Azevedo a allumé le haut de la latte, ratant totalement son penalty. Puis ce fut au tour de Kouassi de manquer une occasion, seul devant le portier arménien. Avant que Karanovic n’entame son festival de ratés, imité dans la foulée par Tréand, De Azevedo encore, Pasche ou Moutinho.
Bref, au lieu de mener tranquillement 2-0 au quart d’heure, Servette était toujours muet. On pourrait croire que tout ne devait être que formalité pour un Servette plus fort, qui aurait facilement dû disposer d’Arméniens trop modestement fournis pour inquiéter les Grenat. C’est pourtant assez proche de la réalité. Ce Gandzasar, articulé en 3-6-1 ou plus souvent en 5-4-1, n’a rien d’un écueil infranchissable. A chaque fois que les Genevois ont haussé le rythme, trouvé des décalages ou simplement adressé des centres dans les 16 mètres, un vent de panique s’est emparé de l’arrière-garde arménienne. Alors oui, Servette a sans doute su dominer, s’est fendu de quelques jolis mouvements, mais en ratant des montagnes, il a surtout fait le dépit de ses supporters.
Ce n’est donc qu’après la pause qu’un sourire est venu éclairer le Stade de Genève. Sur un centre de Lang, c’est Goran Karanovic qui s’y entendait cette fois pour reprendre un ballon bien plus compliqué que les deux premiers manqués. Un geste de buteur (48e 1-0), enfin! Ce fut le seul de la part de Karanovic, qui s’ingéniait encore, dans les arrêts de jeu, à rater la cage vide ou presque. Sans parler d’un poteau de Pasche et de deux ou trois autres ratés, personne n’étant en reste dans ce vaste tire-pipes à l’aveugle. Heureusement pour Servette, Kevin Gissi, le fils d’Oscar (ex-Chênois), avait doublé la mise sur un corner de Tréand.
Suffisant avant le retour
Cela devrait suffire pour le match retour, jeudi prochain à Erevan, sans forfanterie. Gandzasar est trop limité et on voit mal les Genevois faire encore pire devant la cage adverse, quand ils auront de nouvelles occasions. En revanche, entre-temps, Servette a rendez-vous dimanche à Tourbillon, pour y affronter Sion.
Alors il faut être clair: d’abord, les Grenat seront loin d’obtenir autant d’occasions faciles de marquer, ensuite ils ont intérêt à éradiquer de leur jeu toutes les scories qui sont passées presque inaperçues contre les modestes Arméniens. Enfin, ils devront apprendre, en trois jours, l’efficacité. Tout un programme, paradoxe ultime d’une rencontre gagnée 2-0 mais qui laisse plus de regrets que de joies, jusque dans le vestiaire grenat.
Daniel Visentini
Goran Karanovic: «Je n’y étais pas…»
U Il est le héros quand il marque. Il est celui vers qui tous les regards se tournent quand les ratés s’enchaînent. Hier, autre paradoxe de ce match d’Europa League, Goran Karanovic a marqué et Servette a gagné 2-0. Mais c’est avec la tête basse qu’il quittait les vestiaires. «Je ne sais pas. Je n’y étais pas… Dans la tête, je ne devais pas être à 100%. J’ai eu au moins quatre immenses occasions que j’ai manquées. Il y a des matches comme cela. J’espère que cela va revenir. Non, je sais que cela va revenir.»
Vincent Rüfli, lui, avait aussi sa version: «Nous aurions dû convertir plus d’occasions, mais nous avons au moins le mérite d’avoir créé ces chances de but.» Pourquoi pas, oui. Mais c’était juste la moindre des choses, face à des Arméniens si peu armés pour mettre des bâtons dans les roues.
Alors que s’est-il passé dans les têtes servettiennes pour que tous ces gestes soient manqués? Joao Alves a une réponse. «Je crois qu’il faut que les joueurs se libèrent, explique-t-il. Et pour y parvenir, il faut du travail. C’est ce que je fais tous les jours avec le groupe, parce que Servette est en construction. Pour concrétiser 80% de ses occasions, il faut que tout soit en place, il faut des assurances. Et comme je l’ai déjà dit, il faudra encore plusieurs semaines pour être au top. En attendant, nous irons jeudi prochain à Erevan en nous méfiant, car Gandzasar fera tout pour nous compliquer la vie.» Dans les faits, c’est plutôt Servette qui a réussi à se la compliquer, au-delà de la victoire.
Dimanche à Sion, les Grenat retrouveront la réalité du championnat de Suisse. Pour un choc qui demandera bien plus d’efforts que le monologue face à Gandzasar.
D.V.
Servette FC – Gandza. Kapan0 : 2-0 (0-0)
Buts: 48e Karanovic, 79e Gissi.
Stade de Genève, 5830 spectat.
Arbitre: M. Batinic (Croatie).
Servette FC: Gonzalez; Moubandje, Schneider, Mfuyi, Rüfli; Kouassi, Pizzinat (46e Pasche); Tréand, De Azevedo (62e Moutinho), Lang (73e, Gissi); Karanovic.
Gandzasar Kapan: Beglaryan; Avagyan, Obradovic, Tatintsyan, Krasovski (52e Manucharyan); Nasibyan (64e Grigorian), Vukomanovic, Kasule, Lomba; Correia; Keita (58e Seedorf).
Avertissements: 73e Obradovic. 69e Kasule. 91e Tatintsyan.
Notes: 7e, De Azevedo manque un penalty. 66e, Lomba tire sur la latte. 86e, Pasche tire sur le poteau.


ENORME la photo!!! 🙂
J’aimeJ’aime