TDG: « Servette craque sur la fin et cherche déjà des solutions » (TDG, 23 juillet 2012)

Sion bat Servette grâce à un penalty

Déjà battus 0-1 par Bâle, les Grenat se sont inclinés sur le même score, hier à Sion: une sortie fautive de Gonzalez a été sanctionnée par un penalty transformé par Manset, dont la joie tranche sur le dépit de Mfuyi et de son gardien. Il ne restait que quatre minutes à jouer… Servette a certes perdu contre deux ténors. Mais ce constat ne masque pas les carences offensives des Genevois.

Photo Lafargue: Une sortie fautive de Gonzalez est à l’origine du penalty victorieux pour Sion. Dommage, il avait sauvé les siens peu avant

L’équilibre est fragile. Héros à la 74e minute, quand Manset, lancé par Margairaz, le voyait plonger dans ses pieds pour éviter un but qui se dessinait, David Gonzalez a courbé l’échine à quatre minutes de la fin, en provoquant un penalty qui sonnait le glas des Servettiens. Personne ne lui lancera la pierre, bien sûr, mais cette sortie intempestive qui bousculait le même Manset aura donc été lourde de conséquences, signifiant une deuxième défaite en deux matches de championnat pour les Grenat. Deux courtes défaites (après celle contre Bâle), deux matches qui auraient plus logiquement dû se terminer par un nul. Mais le résultat est là, implacable.

Des limites
Après les deux succès de l’année passée à Tourbillon, Servette n’a pas réussi la passe de trois, hier. Comme contre Bâle, c’est un onze Grenat très compact, en 4-1-4-1, qui a pourtant tenu le choc face aux Valaisans, les autres favoris du championnat avec les Bâlois. C’est bien. Dans le fond, oui, un Servette qui arrive à faire jeu égal ou presque avec deux des grosses cylindrées du championnat, c’est la preuve d’une certaine consistance. Sauf qu’au-delà de la performance collective exemplaire, il y avait hier à Tourbillon, en filigrane, la trame des limites du contingent actuel.

Domination infructueuse
Servette a sans doute très bien commencé la rencontre hier, dominant copieusement un Sion qui spéculait sur quelques contres. C’est au moment de concrétiser cette domination que les choses se sont compliquées pour les hommes d’Alves. Privé de Tréand, blessé, l’entraîneur portugais était contraint de «bricoler». C’est le jeune Gissi qui était lancé d’emblée dans le bain, à la pointe de l’attaque. Karanovic était alors décalé sur la gauche, au milieu. On connaît tous les efforts fournis par Servette pour se sauver de la faillite et constituer un budget 2012-2013 raisonnable accepté par la ligue. On mesure mieux, aujourd’hui, ce que cela signifie concrètement.

Sur le terrain, cela s’observe par une volonté de jouer, une certaine aisance à faire circuler le ballon mais aussi par un méchant coup de frein à l’abord des 30 derniers mètres. La saison passée, Servette s’y entendait pour faire la différence sur les côtés notamment, en comptant sur Yartey ou sur Vitkieviez. Privé de Tréand et avec un Lang qui n’a pas toujours fait les meilleurs choix, les choses sont plus compliquées en ce début de saison. Gissi est un jeune prometteur mais avec plus d’expérience, il aurait sûrement tenté sa chance à la 36e, au deuxième poteau.

Manque de percussion
Servette manque en fait de percussion, de joueurs offensifs capables d’effacer un adversaire sur un dribble. Joao Alves le sait bien, il le sent, il s’en ouvre vraisemblablement à ses dirigeants. Sébastien Fournier, lui, n’a pas ce problème. L’entraîneur du FC Sion peut compter sur Gattuso, Margairaz, l’excellent Darragi ou encore Leo devant. Il peut sortir ce dernier pour le remplacer par Manset, qui sera d’ailleurs à l’origine de la victoire sédunoise. Les moyens ne sont pas les mêmes, c’est vrai. Mais Fournier ne dissimulait pas ses émotions. «C’est un match qui se serait terminé sur un nul, sans ce penalty dont nous avons profité», lançait-il.

Ce penalty, justement. Sévère? Oui et non. Gonzalez n’aurait sans doute jamais dû aller au contact dans le coin des seize mètres, il aurait même pu éviter de quitter sa ligne. «Ironie du sort, je sauve peu avant, pestait-il. Et puis là, je sors, il touche le ballon avant moi et il y a un choc, c’est vrai. Je prends la responsabilité de ce penalty. C’est malheureux pour l’équipe qui avait tout donné, qui avait sorti un grand match. Je m’en veux pour cela…»

Le sort est un peu cruel avec un Servette qui ne démérite pas, qui aurait même pu obtenir un penalty sur un centre de Rüfli (84e main de Aislan?) mais qui se retrouve en queue de classement. Après avoir déjà joué contre Bâle et Sion, c’est juste, mais avec un premier constat d’efficacité manquante dans les trente derniers mètres. A corriger. Jeudi à Erevan contre Gandzasar, en Europa League, avec une qualification en vue après le 2-0 de l’aller. Puis dimanche prochain, à la Pontaise, contre Lausanne.

Photo Lafargue: Une fois encore Vanins s’impose devant Pasche

Joao Alves explique: «Nous faisons avec nos moyens»

Il avait presque l’air résigné, Joao Alves. Ce n’est pas une attitude qu’on lui connaît d’habitude mais le «Mage» portugais n’a pas attendu les deux premiers matches de la saison pour ouvrir les yeux sur la situation actuelle de Servette. «Je constate que nous construisons, que nous produisons du jeu, que nous avons le ballon, que nous avons de la personnalité, soufflait-il. Mais que l’important, après tout cela, c’est d’en faire plus dans les trente derniers mètres. Jusqu’à un certain point, cela va, après, il nous manque effectivement des solutions. Alors, j’espère que nous en trouverons. Même si nous devons faire avec nos moyens, avec les limites financières qui sont les nôtres.»

Les regards se tournent vers la direction du club grenat. L’équation est complexe: Servette, surveillé de près par la Ligue (contrôle trimestriel), doit attester de moyens financiers pour grossir son budget, prendre un ou deux nouveaux joueurs.

On devine qu’en coulisses, le constat sportif rejoint celui d’Alves. Secret de Polichinelle: Servette a un besoin impératif d’un milieu offensif performant et d’un attaquant confirmé, pour épauler Karanovic et un jeune comme Gissi. On sait les Grenat (Alves) en contact avec Porto concernant le prêt de Kelvin, un Brésilien en vue. On veut croire que d’autres pistes existent aussi. Reste à savoir si les dirigeants genevois arriveront à trouver les fonds nécessaires. Pas par gourmandise mais simplement pour gagner en consistance.

Servette n’a pas à rougir de ses deux premières défaites de la saison, il n’a effectivement pas démérité, ni contre Bâle ni à Sion.

Mais pour rosir de plaisir, il doit apprendre à marquer. Avec les éléments du contingent actuel, ou avec un petit coup de pouce providentiel, sous la forme d’une ou deux arrivées. Possible?

Daniel Visentini 

Sion – Servette0 : 1-0 (0-0)

Stade de Tourbillon, 14 500 spectateurs.

Arbitre : M. Jaccottet.

But: 86e Manset pen. 1-0.

Sion: Vanins; Vanczak, Aislan, Dingsdag, Bühler; Margairaz, Gattuso (75e Adao), Marques, Crettenand (55e Lafferty); Darragi, Leo (68e Manset).

Servette: Gonzalez; Rüfli, Mfuyi, Schneider, Moubandje; Pizzinat (88e Moutinho); Lang, Kouassi (81e Pont), Pasche, Karanovic; Gissi (65e De Azevedo).

Avertissements: 7e Marques (jeu dur), 15e Vanczak (jeu dur), 19e Rüfli (jeu dur), 37e Pizzinat (antijeu), 57e Lafferty (jeu dur), 77e Margairaz (antijeu), 91e Pasche (jeu dur), 92e Manset (antijeu).