“Challandes est venu”

C’est sous ce titre unanime que la presse romande, aussi peu inspirée que les attaquants servettiens d’alors, saluait l’arrivée de l’actuel coach du FC Thoune à la tête d’un Servette FC à la dérive dans le tour de promotion-relégation. Même s’il réussira à sauver le club de la relégation, le bonhomme ne fera pas long feu sur le banc des Charmilles…

Du Capitole à la roche tarpéienne

Champions en 1994 (cf. notre chronique « Ces trois minutes hitchcockiennes après Young Boys – Servette…« ), les Grenats avaient négligemment laissé partir vers Rennes deux de leurs internationaux (Ohrel et Grassi) et s’avéraient incapables, moins de six mois plus tard, d’accrocher le bon wagon à l’issue du tour préliminaire. Neuvièmes, ils basculaient dans le tour de promotion-relégation… A la reprise, des contre-performance contre Winterthour et Young Boys et une qualification à la raclette en Coupe contre Monthey finissaient de miner le crédit de l’entraîneur Petkovic, héros de la saison du titre, mais tombé en disgrâce aux yeux de plusieurs éléments de l’équipe. « Très fatigué », le Serbe se retirait alors laissant à son successeur un effectif a priori de qualité mais dont la défense affichait une fâcheuse propension à l’indiscipline et où l’attaque faisait preuve d’un mortifiant mutisme.

Ilja Petkovic désabusé : “Servette peut obtenir de bons résultats, mais pour cela il faut que je parte.”

Un deal rocambolesque

Pour succéder à Ilja Petkovic, les dirigeants grenats, emmenés par le président Weiller allaient imaginer une solution apparemment cocasse : piquer aux Young Boys, auteurs d’un départ parfait dans le tour de promotion-relégation, leur entraîneur Bernard Challandes dont le discours semblait malgré tout avoir du mal à passer à Berne. Détail piquant : ce sont les mêmes Bernois de Bernard Challandes qui avaient fait basculer les Grenats dans ce fameux groupe de promotion-relégation en anéantissant leurs derniers espoirs par un sec 4 :1 lors de l’ultime journée du tour préliminaire. Clin d’oeil supplémentaire du destin : un certain Young Boys-Servette est agendé en Coupe pour le premier avril suivant… Miné par des problèmes de trésorerie, le club bernois est tout heureux d’économiser ainsi un salaire et promeut illico l’adjoint de Challandes, Jean-Marie Conz, à la tête de l’équipe. Servette verse 20 000 francs au club de la capitale et le deal est consommé.

Challandes dans ses nouveaux meubles…

Un message positif

25 ans après, Bernard Challandes retrouve donc la cité dans laquelle il a étudié et où sa carrière de footballeur l’avait mené jusqu’en Ligue Nationale B avec UGS. « Je suis un Romand et la possibilité d’entrainer Servette est un challenge que l’on ne peut pas refuser. » explique-t-il en substance. Face à l’urgence d’un délai de trois mois pour mettre le club à l’abri sportivement, il reconnaît sans se leurrer qu’il ne pourra pas changer grand chose tactiquement mais espère instaurer une nouvelle mentalité en créant une pression afin que chacun donne le maximum et soit solidaire. Selon lui, pousser voire presser ses joueurs est également une façon de les libérer avec pour eux la perspective gratifiante de quitter le terrain en ayant le sentiment d’avoir tout donné. De même, il dit vouloir s’attacher à ce que la tendance au « négativisme », à la crainte de l’échec, cède le pas à une « imagination positive » pour catalyser la volonté. Fort de son expérience de l’ambiance particulière du tour de promotion-relégation qu’il a fréquenté moult fois à la tête d’Yverdon-Sport, il se veut capable de motiver ses joueurs, encore sonnés par le choc de leur échec imprévu, afin qu’ils aillent jouer au mieux dans la grisaille de stades désertés.

Un message positif à faire passer, une mentalité à changer…

Des ricanements Outre-Sarine et un contexte extra-sportif pesant

Loin de cet optimisme, une certaine presse alémanique ricane : l’entraîneur que Young Boys a dû engager faute d’avoir eu les moyens d’en engager un autre puis n’a pas pu virer faute d’argent se retrouve maintenant par le plus grand des hasards à la tête d’un des plus grands clubs de Suisse, lui aussi à la dérive financièrement. Bernard Challandes débarque en effet à Genève alors que le président Weiller, engagé dans un bras de fer avec les autorités genevoises pour la rénovation du stade des Charmilles, met sans cesse sa démission dans la balance. Une possible dissolution guette le club, mésaventure déjà survenue au FC Wettingen deux ans plus tôt. Mais place au sport…

Un sauvetage sur le fil du rasoir

Pour la première sortie officielle de Bernard Challandes, le SFC va l’emporter un peu chanceusement (0:1, but de Sinval) au Letzigrund contre Zurich. La machine est relancée, les Grenats aligneront des performances en dent de scie mais néanmoins suffisantes pour se mettre définitivement à l’abri une journée avant le terme (victoire 2 :1 contre Young Boys). En Coupe par contre, ces mêmes Bernois ruineront les espoirs des champions déchus de sauver in extremis leur saison. Seul éclair dans la grisaille : la présence de Stéphane Paille, auteur de 5 buts, dans l’attaque servetienne. Après bien des tergiversations, Challandes est reconduit dans ses fonctions pour la saison suivante.

Moro et Servette l’emportent à Zurich, le sauvetage est lancé…

Une saison sous le signe du renouvellement et un mystérieux « mal des Charmilles »

Avec les arrivées de Nemecek, Eriksson, Sogbie et Ippoliti et l’intégration de plusieurs jeunes –Barea, Baumann et très prometteur Patrick Muller-, Servette faisait peau neuve. Djurovski, Sinval, Paille, Schepull et Mild s’en vont. Reste à voir si l’alliage fonctionnera. Avant le début de saison, Bernard Challandes assure que Servette a les moyens de ses ambitions mais il est également conscient que « Servette, le club le plus titré de Suisse Romande, est à la fois fascinant et inquiétant, parce qu’ici tout est démesuré, les succès comme les échecs. Tout est amplifié ne serait-ce que par la médiatisation qui entoure le club.» Les deux premières sorties des Grenats sont convaincantes : défense en zone, pressing, circulation rapide du ballon, combativité. Puis la mécanique s’enraye quelque peu : Servette reste convaincant à l’extérieur où les espaces libres font le bonheur des véloces Neuville et Sesa mais est à la peine à domicile. Face à des équipes regroupées en défense, Servette assure le spectacle mais se laisse voler l’essentiel des points. Lorsqu’en septembre Lugano vient s’imposer aux Charmilles et propulse les Grenats à l’avant-dernier rang, Challandes est menacé. Ses joueurs se battront alors comme de beaux diables pour faire trébucher le leader GC au match suivant mais des défaites à Neuchâtel et à Sion sonneront le glas.

Un épisode malheureux

Bernard Challandes précisera un jour que son expérience servetienne restera probablement la seule malheureuse de sa carrière. Piégé par un comité clamant haut et fort des ambitions irréalistes au vu de l’effectif ? Victime de cette fatidique barre de la huitième place qui oblige à toujours travailler dans l’urgence ? Attentiste et  “trop gentil” face à une situation qui se dégradait ? Pour le remplacer, un autre battant : Umberto Barberis. Il réussira à qualifier l’équipe pour le tour final mais ne survivra pas à l’échec en finale de Coupe…

Bertine est venu…

Jacky Pasteur et Germinal Walascheck

La semaine prochaine : sous le maillot grenat à croix blanche (3)

Dernière chronique : Renquin libère le Prince !

Autres chroniques consacrées aux matchs entre Servette et Thoune :

Servette-Thoune ou la première victoire de l’ère Pishyar à la Praille

Les joueurs du Servette FC ont-ils assisté à l’inauguration de la première patinoire de Genève ?

1954 : le petit tour de Thoune en LNA, fringante victoire de Servette dans un Lachen flambant neuf

30 réflexions sur « “Challandes est venu” »

  1. « «ici tout est démesuré, les succès comme les échecs. Tout est amplifié ne serait-ce que par la médiatisation qui entoure le club.» »

    Bernard Challandes avait déjà bien compris la versatilité du public Genevois. Peut-il néanmoins changer et être plus assidu? Qu’est-ce qu’il faudrait changer pour remplir le stade comme à Bâle ou Berne?

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    1. Remplir le stade de Genève sera probablement un travail de longue haleine, incluant succès sur le terrain, recrûes un peu rpestigieuxses, partneriat forts, aménagement du stade, et accessoirement quelques affiches qui pourraient faire découvrir le Servette au-delà de son 1er public.

      A ce titre, je propose à la prochaine occasion un tournoi à la Praille avec l’ETG, une sélection du Pays de Gex (ou de l’Ain), et une grosse pointure, comme Sochaux, l’OL ou autre. Si le Servette et l’ETG pouvait amettre en commun un certain public, je pense que ça pourrait aider…

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      1. Tu vois un peu petit la je pense… Rien qu’à voir les noms prestigieux qui passent par la suisse faire leur préparation et les équipe qu’on arrivait à inviter pour notre tournoi indoor de l’époque… (pas le derniers mais les précédents)

        Pour un tournoi amical crois mois que des grands noms viennent volontiers

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    1. C’est vrai que l’as m c’est la meilleure équipe du moment avec les meilleurs joueurs du moment…

      Même si ils ont déxcellent joueurs d’avenir, des moyens casi illimité avec leur nouveau président et fait un très bon mercato merci d’aller revoir tes bases avant de dire des conneries pareilles.

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  2. Pour avoir plus de monde a notre stade,commencer a gagner
    des matches,faire venir dans notre équipe un joueur attractif
    comme Yartey qui apporte de la folie au domaine offensif.
    Que nos dirigeants se bougent enfin pour améliorer l’accueil
    au stade,depuis mai cela n’a pas trop évoluer.On est a Genève,avec se qui se passe actuellement,cela me semble
    logique de voir notre stade bien désert,il n’y a pas de miracles.
    A notre équipe de gagner a Thoune dimanche pour commencer a faire bouger les choses.
    Allez Servette!

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    1. il y’a une dame d’une soixantaine d’année au guichet des invites qui est super agressive et antipathique à souhait…avec elle il vaut mieux que sur ton invite il n’y ait pas d’erreur sinon tu te fait pratiquement insulté…les vieux de nos jours n’ont plus aucun respect…

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  3. on m’a dit que Yoda, notre ancien joueur, était se matin a Balexert!!!!!!!!! Les EDS vous avez des infos??? vous écrivé un article???

    la fin du mercato c’est aujourdhui, nan??? et si on ne veux pas retourné en Challenge Ligue, il faut que Quennec paye un ou deux renforts!!!

    Moi je trouvais Yoda tro fort, il été super tecnic, un super dribbleur!! beaucoup plus fort que Azevedo, qui dribble jamais personne!!!

    Yo Servette! Dimanche on va gagné 0-2!!!

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    1. Svp,que Yoda reste ou il est,il a fait le désespoir de tous
      ces entraineurs tant au Sfc qu’a Sion.Certes il est très
      douer techniquement,mais il n’a toujours pas compris que
      le foot cela se joue a onze.

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      1. C’ est pas faux, mais la concurrence à Sion est quand même tout autre que chez nous et pour animer le flanc gauche ca pourrait être une bonne alternative à Lang voir Moutinho qui ne m’ ont pas totalement convaincu.
        Mais SEULEMENT si ca ne coute rien ou presque, donc un prêt pris en charge en partie par CC!
        Après faut aussi voir si ca ne viendrait pas briser le peu d’ équilibre qui semble régner dans le groupe coté vestiaire.

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  4. Pour en revenir au sujet de l’article, le SFC jouait un très joli foot sous l’ère Challandes.
    Le public ne s’y trompait pas et avait régulièrement retrouvé le chemin des Charmilles.
    Sûr qu’il aurait pu faire de jolies choses s’il était resté.
    Au SFC de se rappeler à son bon souvenir dimanche !

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    1. Je pense qu’il pourrait revenir, après son contrat à thoune, ou si on pouvait lui offrir un vrai challenge! Il a toujours aimer le servette, même l’année dernière quand on était à 1 doigt de faire Faillitte c’était un des seul à mois défendre!

      Aller nanard, je parie qu’il est en contact avec Hugh et que c’est notre nouvel entraîneur, en cas de maintien!

      De plus avec son carnet d’adresse et le fait d’avoir entraîner les équipes suisse junior, je suis sur qu’il arriverait à attirer pleins de jeunes suisse pas cher avec fort potentiel!!

      C’est le gars qui nous faut nanard!

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  5. innocente Emeghara sea notre renfort pour la deuxieme partie de saison … le fc Lorient va payer 60 % de son salaire .. et eudis vas nous quitter dans 6 mois … yep on y croit !!!

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  6. J’ai vu des photos de YB quand le nouveau stade a été construit , leur kop était pas forcément plus nombreux que le notre actuellement et maintenant vous avez vu comment ça a évoluer ? Je vous rappel qu’on est encore  » néo promu  » on a moisi 5 ans dans des divisions ou personne venait au stade … Faut pas croire que notre affluence sera énorme de suite mais je pense qu’à long terme si on perdure en RSL on pourrait avoir un beau noyau de fidèles 😀 !
    Voila et 0-2 pour nos boys dimanche !!!!!!!!!!!!!!

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  7. Je peux déjà vous dire que Servette ne gagnera pas dimanche car j ai parié gros sur eux… Avec ma poisse j aurais dû m abstenir et m en excuse platement 🙂

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  8. YODA, on a déjà notre homme de verre avec esteban..vous voulez d’une équipe d' »incassables » ou quoi…je crois qu’il est encore plus fragile que notre samuel L. Jackson national…

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  9. Hs: mais je reviens de vacances ( eh oui il faut bien en prendre, et quand on peut ) mais je trouve juste incroyable qu a la fin presque du premier tour, il n y ait toujours pas de maillots mis en vente sur le shop du site off., quel manque a gagner pour un club qui a besoin d argent… Quelqu un sait ou en sont ils?

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  10. Bah tu vois y a un mois j’ai posé la meme question et tout ça commence vraiment à me souler on peut rien acheter à l’éfigie de notre club !

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