Servette touche le fond. Sans révolte, sans colère, sans âme! (TDG, 3 Septembre)

Moribonds, les Grenat ont sombré à Thoune et payé le prix de leur transparence. Tout s’est effondré en deux mois

A l'image d'Esteban, dominé par Ghezal, les Servettiens se sont fait marcher dessus par les Thounois.

A l’image d’Esteban, dominé par Ghezal, les Servettiens se sont fait marcher dessus par les Thounois. Image: Eric Lafargue

Le degré zéro de l’efficacité, le degré zéro de l’inspiration, le degré zéro de l’implication. La liste est loin d’être exhaustive, Servette n’est plus qu’un moribond en souffrance, qui n’effraie plus personne, ou alors lui-même. Avec une sixième défaite en huit matches, pour deux points dérisoires récoltés presque par hasard, les Grenat devraient avoir le rouge de la honte et de la révolte au front. Ils n’ont cependant que la pâleur blême de leurs indignes performances pour seul grimage, maquillage transparent de leur fardeau.

Le match à Thoune devait être celui du réveil, d’une prise de conscience, il a été celui du plus parfait fiasco, avec un cinglant 3-0 qui sanctionne un collectif évanoui. Pas besoin de rentrer dans les détails: Servette devait faire preuve de caractère. Au lieu de cela, il a disparu, naufrage pathétique d’un contingent qui coule de plus en plus profond. Joao Alves tente tout, sans plus donner l’impression de maîtriser encore le bateau ivre. Il a lancé Routis dans le bain, en tant que latéral gauche. Il l’a sorti dès la 30e pour reculer Moubandje, qui avait débuté au milieu. Il a titularisé Paratte, placé Esteban en pointe, mais plus rien ne fonctionne. Aucun schéma, aucune action ou si peu.

Un navire à la dérive

Ce navire à la dérive n’est plus qu’un équipage sans âme. Et, au-delà du pire début de saison que les Grenat aient sans doute jamais connu de leur histoire, c’est bien l’absence de toute révolte qui laisse muet. Dans un groupe qui sombre, il y a normalement des coups de gueule, des cris, parce que l’on n’enfile pas les défaites comme des perles sans hurler. C’est en tout cas comme cela dans un groupe qui vit. Or, à Servette, rien de tout cela. Sur pelouse bernoise, il n’y avait pas que le gazon à être artificiel. Le semblant d’équipe servettienne l’était tout autant, amorphe, apathique, dans l’acceptation et non pas dans la colère.

Au sortir du pensum, il fallait voir comment, pourquoi. Geoffrey Tréand a pris une grande inspiration et n’a pas éludé les questions. «Franchement, c’est dur, il ne faut plus avoir peur des mots: c’est la honte, soufflait-il. Il y a un énorme sentiment d’impuissance. On est sur le terrain, à la 60e, et on sait déjà qu’à moins d’un miracle, il ne se passera plus rien. On ne s’engueule même pas, c’est vrai. Mais je ne sais pas quoi dire, ni quoi faire pour que cela change. Cela ne sert à rien de dire qu’il faut réagir.» Non, cela semble vain. Servette a besoin d’actes. Mais avec qui pour les assumer? Sur le terrain, en tout cas, aucun n’a les épaules assez larges. Et dans sa fuite en avant, Joao Alves semble lui aussi perdu, dans le doute ou au moins dans une position si délicate. L’homme reste un entraîneur d’expérience. Mais il constate, amer, que tout ce qu’il a construit depuis trois ans, avec une promotion à la clé, a disparu d’un coup, en moins de deux mois. Le football est ainsi fait qu’il n’a pas de mémoire. Les succès du passé ne sont que les vestiges de temps meilleurs, mais c’est dans le présent que l’efficacité doit exister. Pour l’instant, elle fuit Servette.

Rien que le maintien

Pourquoi? Une préparation ratée, un contingent avec dix nouveaux joueurs mais sans âme, des blessures, de la fatigue, des frustrations de la saison passée, un budget si modeste. Là aussi, la liste n’est pas exhaustive. Mais Servette ne peut plus se cacher derrière ces circonstances atténuantes.

Joao Alves, les joueurs, les dirigeants, le staff technique, le président: tous ont pour obligation de regarder les choses en face, sans faux-fuyant. Faute de quoi le maintien, la seule perspective qui demeure après la gabegie de ce début de saison, sera déjà trop vite compromis.

Daniel Visentini

Alves est-il sur la sellette?

La question n’est pas incongrue: avec 8 matches, 2 points et le néant aperçu hier, la position de Joao Alves (photo Lafargue) est fragile. Il ne s’agit pas de brûler celui qui a été encensé il y a peu, au bénéfice d’une fin de saison dernière glorieuse, avec une qualification pour l’Europa League à la clé. Mais si Servette doit chercher des solutions, alors la possibilité d’un choc psychologique fait forcément partie de l’arsenal de mesures potentielles.

Le tout est de savoir si cela serait utile. Et ça, on ne le sait qu’après. Cela dit, pour qu’un électrochoc fonctionne, il faut aussi un groupe prêt à réagir. Or, dans le moment présent, rien ne permet de dire qu’une mesure radicale serait de nature réveiller les spectres grenat.

Arpad Soos, directeur sportif du club, était présent à Thoune. Le cas Alves est-il en question? «Tout ce que je peux dire, c’est que le président Quennec a toujours manifesté son soutien à M. Alves, expliquait-il. Et que, pour le reste, ce genre de décision lui appartient. Nous allons discuter, il le faut, pour tout mettre en œuvre afin que Servette retrouve du mordant, de l’agressivité, un vrai mental. Tout le monde doit prendre ses responsabilités, y compris le staff technique.»

Joao Alves ne fuyait pas ses responsabilités, justement. «Je suis l’entraîneur, donc la tête visible sur le plan sportif et je suis là, je réponds. Ce n’est pas mon genre de jeter l’éponge. Je crois que chacun doit faire son mea culpa. Parce qu’en deux mois, beaucoup des choses qui avaient été construites se sont effondrées. Le prochain match de championnat est dans trois semaines, avec la pause et la Coupe, il faut dégager des solutions.»
C’est peu de le dire. Servette est aux soins intensifs, avec un pouls qui bat si faiblement…

D.V.

FC Thoune – Servette FC0 3-0 (1-0)

ThunArena, 5069 spectateurs.
Arbitre: M. Wermelinger.
Buts: 7e M. Schneuwly, 66e Ferreira, 90e Ngamukol.
Thoune: Faivre; Lüthi, Schindelholz, Ghezal, Wittwer; Ngamukol, Bättig, Demiri (76e Zuffi), Ferreira (81e Steffen); M. Schneuwly, Salamand (70e Schirinzi).
Servette: Gonzalez; Schneider, Kusunga, Mfuyi, Routis (29e Lang); Pasche, Grippo; Tréand (56e Eudis), Paratte, Moubandje; Esteban (70e Esteban).
Avertissements: 12e Ferreira (jeu dur), 14e Kusunga (jeu dur), Mfuyi (réclamation), 77e Lang (antijeu), 79e Schneider (jeu dur), 85e Schindelholz (antijeu).

5 réflexions sur « Servette touche le fond. Sans révolte, sans colère, sans âme! (TDG, 3 Septembre) »

  1. Piquet est à mon avis un formateur, mais pas un entraîneur de pro. Sion n’as pas de fond de jeu et Si il n’arrive pas à tenir les sedunois, il n’arriverai pas mieux chez nous. Je serai pour une solution avec Alves au scoutisme et un gars comme yakin à la tete de la une, afin de remettre l’église au milieu du village.

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  2. Je suis convaincu qu’Alves est un bon entraineur et que le virer n’est pas forcément la meilleure solution pour le Servette FC.

    Je m’interroge seulement quand je lis tous ces articles et commentaires de « supporters », et pense qu’il sera difficile pour lui de rester au milieu d’une telle ambiance.

    Comme évoqué dès hier et dans les commentaires ci-dessus, une solution temporaire comme un nouveau positionnement dans l’organigramme est probablement une solution possible, mais qui mettre à la tête de l’équipe sans trop de frais et avec quelle garantie ? Et quelle impression un tel « compromis » donnerait-il au final vu de l’extérieur ?

    Maintenant, tout ça dépend aussi du vrai problème qu’a l’équipe. Est-ce juste une grosse perte de confiance, doublée d’une perte de repères tactiques (venant du coach), ou y a-t-il autant de dissension dans le groupe que l’article le laisse entendre ?
    Là est certainement la clé pour prendre la bonne décision.

    Je continue à croire dans les idéaux du druide Alves, mais j’avoue ne plus être sûr qu’il puisse les mettre en oeuvre.
    😦

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