15e journée : FC LUCERNE – SERVETTE FC 1-1 (0-0) : Le match sous la loupe

Le Servette FC applique le « kick and rush » à merveille pendant plus de 89 minutes de jeu. Las, il se fait égaliser sur la fin, et repart de Lucerne avec un seul point dans ses bagages, restant pour le coup à 6 longueurs de son adversaire du jour dans la course au maintien. Les Grenat sont passés pourtant tout près de réaliser le parfait hold-up. Retour sur ce match, secteur par secteur…

Le système : Un 4-1-4-1 ancré

On le sait maintenant, Sébastien Fournier est un homme de principes, de valeurs. Il aime ainsi s’appuyer sur un système ancré autour d’une configuration tactique aux repères forgés. Aussi, après le brillant succès obtenu face au leader Grasshopper, il paraissait bien étonnant qu’il cherche à changer son 4-1-4-1, récente alternative positive de son 4-2-3-1 initial.

Malheureusement, et comme souvent depuis le début du présent exercice, son équipe fut à nouveau privée de joueurs, blessés. Pour ce déplacement, ce fut au tour de De Azevedo, revenu pourtant au sommet de sa forme, de manquer à l’appel. Cette absence fâcheuse s’ajoutant aux nombreuses autres, plus anciennes. Celle de Kouassi notamment. Fournier décida alors de monter d’un cran Pont, et de titulariser Grippo au poste de milieu axial juste devant la défense. Une position qui correspond bien à ses caractéristiques de jeu. L’idée étant aussi de s’appuyer sur ses qualités athlétiques dans cette portion du terrain. Un choix bien pensé à priori, et qui s’avèrera être judicieux au fil du match. Le souci de l’équilibre et de l’homogénéité est constamment présent à l’esprit du nouveau coach.

Le reste de l’équipe fut logiquement reconduit, pour une composition gardant ainsi forcément ses repères. Ceux-ci peuvent permettre à une équipe en proie aux doutes, en perte de confiance aussi, de retrouver un semblant de sérénité à travers une assise qui a progressivement pris forme.

La défense : Une solidité retrouvée dans son ensemble

On a pu le constater, probablement plus que jamais sur ce match : avec Fournier à sa tête, c’est tout le Servette qui est amené à défendre. Voilà probablement l’une des principales différences d’avec Joao Alves. Le portugais, plus adepte de fantaisie dans le jeu, défendait une liberté offensive. Le coach valaisan, au contraire, prône un engagment collectif et physique, ainsi qu’une rigueur défensive à tous les niveaux.

Ce travail défensif commence déjà par un gros investissement de l’attaquant nominal. Il est ensuite relayé par la zone médiane. Celle-ci constitue un 2e rideau défensif, servant de première protection à la ligne défensive, constituée depuis peu par les mêmes joueurs, stratégie ayant pour but de forger des automatismes. Ce double rideau défensif aura constitué bien longtemps une énigme impossible à résoudre pour des locaux, il est vrai bien peu en réussite ni réellement très efficaces offensivement.

Ce système défensif sera probablement reconduit jusqu’à Noël. Il serait étonnant, et la physionomie de ce match l’atteste, que l’entraîneur grenat prenne l’option de le moduler. Il ne « grillera » probablement pas deux licences supplémentaires en faisant entrer en jeu Baumann et Diallo. Le Servette FC a trouvé une assise défensive ces dernières semaines, mais manque cruellement de capacité à faire le jeu. S’il peut aller au-devant des derniers matchs avant la pause hivernale en appliquant le « kick and rush » autour de ce même système défensif, il ne pourra pas se sauver ce printemps en ne misant que sur cette stratégie. Il aura besoin de plus. D’une meilleure aptitude à repartir avec le ballon depuis ses arrières pour produire et développer un jeu plus à même de menacer ses adversaires.

Il n’en demeure pas moins que ce système défensif est à ce jour, depuis la prise de pouvoir de Fournier, le secteur qui a le plus progressé. Davantage de rigueur, de solidité, de discipline, contribuant pour une grande part au renouveau du Servette FC, invaincu désormais depuis 3 matches consécutifs.

Le milieu : Le triangle inversé

Pour ajouter à cette solidité défensive retrouvée, le Servette FC joue depuis peu avec un libéro à mi-terrain. Véritable sentinelle placée juste devant la défense, il a pour but de préserver celle-ci tout en s’efforçant de relayer le jeu grenat. Cette configuration semble bien convenir aux Grenat, qui sont d’ailleurs bien armés de ce coté-ci, possédant en leur sein plusieurs milieux axiaux défensifs : aussi, en l’absence de Kouassi, Pont (lors du match précédant) mais aussi Grippo (cette fois-ci), sont parvenus à se montrer à leur avantage dans un tel rôle. Devant eux, deux axiaux alternent entre jeu défensif (surtout) et jeu offensif. Avec pour objectif premier, une grosse débauche d’énergie pour effectuer un travail de récupération important. Fournier était un milieu défensif rigoureux, prêt à retrousser les manches pour fournir les efforts qui s’imposaient. Sa philosophie de dur au mal se relaye aujourd’hui du banc jusque sur le terrain.

Sur les côtés, Fournier semble là aussi avoir définitivement opté. Lang et Tréand sont désormais des titulaires indiscutables. L’entraîneur apprécie probablement leur engagement physique et leur investissement. Ce fut le cas une nouvelle fois sur ce match. Dommage que la qualité du dernier geste est encore trop aléatoire. Mal exécutée à plusieurs reprises, elle privera le Servette FC du parfait hold-up, lorsque Lang rata son contrôle alors qu’il partait en position favorable en direction des buts lucernois à 3 minutes du terme de la partie.

Si ce secteur médian s’articule autour d’une grosse présence physique, et constitue un premier rideau défensif bienvenu et fort précieux, il demeure encore considérablement limité dans sa capacité à produire du jeu. Insuffisant pour le moment. Comment franchir cette étape à l’avenir? Sébastien Fournier a-t-il les moyens à disposition pour réussir à faire évoluer son équipe sur ce plan-là? L’arrivée de renforts semble incontournable.

L’attaque : un attaquant nominal qui prend confiance

Comme on a pu le constater ci-dessus, les Grenat peuvent aujourd’hui s’appuyer sur un système tactique bien en place. Par conséquent, la tâche de l’attaquant nominal s’en trouve facilitée. Celui-ci joue ainsi mieux son rôle. Eudis, peut-être le + typé attaquant nominal des joueurs offensifs du Servette, retrouve ainsi un second souffle depuis peu. Davantage présent dans son travail défensif visant à gêner la relance adverse, il se révèle aussi plus consistant en phase offensive, et retrouve ainsi sa promptitude de buteur. Sa réussite, sous forme d’ouverture du score pour son équipe, en est le parfait témoignage.

Si cela va ainsi mieux, et si l’impression de voir un attaquant délaissé s’époumonner dans le vide à la pointe d’une attaque servettienne à l’abandon semble avoir disparu, il n’en demeure pas moins que les ressources offensives du Servette demeurent encore trop insuffisantes. Là aussi, la question d’un renfort, de poids, s’impose.

Le bilan : Un kick and rush parfaitement appliqué

Il est rare, dans l’histoire du club grenat, de voir l’équipe appliquer une telle stratégie. Adepte du beau jeu, et davantage porté vers la créativité et la technique, le Servette FC n’a pas pour tradition de chercher avant tout à bloquer le jeu, voire à l’anéantir. Mais, dans les circonstances actuelles, ce système a au moins l’avantage de redonner une assise et une confiance à une équipe qui n’avait plus aucune perspective positive en vue. Aussi, nous ne nous en plaindrons pas, et saluerons Sébastien Fournier pour avoir contribué à ce renouveau. Cependant, si cette stratégie a permis aux Grenat de rester invaincus depuis 3 matches, et de ramener un point de son déplacement de tous les dangers en terres lucernoises, elle ne peut se présenter que comme la première étape de la reconstruction du jeu servettien. D’autres étapes devront être franchies à l’avenir. Celles, notamment, qui auraient pu permettre aux Grenat de revenir avec 3 points de Lucerne.

Le prochain match constituera le retour du fameux derby du Rhône. Avec, cette fois-ci, Fournier assis sur le banc grenat. Celui-ci devrait garder ses principes ancrés et ne rien changer : Barroca / Routis, Schneider ou M’ Fuyi, Kusunga, Ruefli / Grippo ou Kouassi / Pont ou Pasche, De Azevedo / Lang, Tréand (Esteban) / Eudis (Karanovic, Esteban).

GrenatDC

7 réflexions sur « 15e journée : FC LUCERNE – SERVETTE FC 1-1 (0-0) : Le match sous la loupe »

  1. Très bon article ! Je partage pleinement vos avis, et malheureusement le concepte « defensif » de Fournier ne va pas changer de si tôt. Pour cela il faudrait un autre entraineur …

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    1. Pas sûr… Avec 2 ou 3 renforts biens choisis pendant le mercato d’hiver, la donne pourrait changer considérablement, et l’homme avoir l’opportunité de poursuivre la reconstruction d’une équipe davantage tournée vers l’avant; d’autant plus qu’avec la nouvelle commission technique dont il fait partie, il aura un rôle important à jouer dans le choix des hommes appelés à structurer le futur onze de base…

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      1. Je n’en doute pas seulement avec un dispositif avec un attaquant de pointe et sans reel pressing j’ai bien peur que nous n’auront plus autant de reussite et de chance que contre Lucerne.

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