Les derbies du président (Le Nouvelliste, samedi 17 novembre 2012)

Christian Constantin espère remporter son dixième derby du Rhône demain contre Servette, le cinquième en terres genevoises. BITTEL

Christian Constantin va vivre son vingt-deuxième derby (dimanche à 13 h 45). Il l’aborde avec un bilan positif.

Les joueurs et les entraîneurs se déchirent autour du phénomène derby. Cette confrontation entre « familles proches » constitue-t-elle une rencontre particulière ou non? Christian Constantin apporte une réponse sans nuance pour la version footballistique du Rhône entre Sion et Servette dont il vivra demain une vingt-deuxième édition en championnat sous le maillot de président. « Un match distribue toujours le même nombre de points quelle que soit son affiche, qu’il se joue en août, en décembre ou en mai. Les problèmes auxquels il vous confronte sont les mêmes, la différence naît du rang occupé au classement par ton équipe. Il faut éviter d’intégrer une dimension émotionnelle dans son approche » , explique le dirigeant valaisan. Le rendez-vous du stade de Genève lui permettra de retrouver Sébastien Fournier, le technicien qu’il avait intronisé sur le banc de Tourbillon en juin. « Sa présence ne donne pas un caractère spécial à l’événement. Piquet a joué pour Servette et appartenu à son encadrement avant de revenir chez nous où je lui ai donné sa chance en première division. Après sa démission, je l’ai fortement recommandé à Servette. Les excellentes relations entre Alexandre Zen Ruffinen, notre avocat, et Philippe Salvi, le directeur administratif du SFC, ont joué un rôle essentiel dans son engagement. Et je l’ai au téléphone il y a deux jours. » Le dirigeant valaisan lui a-t-il parlé de son bilan flatteur dans le derby? Neuf victoires, dont quatre sur la pelouse genevoise, quatre défaites, dont la moitié lors du dernier exercice, et huit matches nuls.

« Andrey comme Decastel »

Christian Constantin s’installe dans le fauteuil présidentiel pour son premier derby le 24 juillet 1992. En fin de match, Olivier Rey, un Valaisan, le prive d’une victoire après l’ouverture de la marque de Tulio. « Je revois notre but, une reprise au deuxième poteau, mais celui de Rey ne me laisse aucun souvenir. C’était un coup d’arrêt après une victoire contre Xamax lors de la première journée (3-2). Nous les avions pourtant battus en amical 4-0 trois semaines auparavant à Martigny avec deux buts de Tulio et d’Assis » , confie-t-il.

Au printemps, Sion sombre sur la pelouse genevoise (2-5). « Une tempête de grêle avait contraint l’arbitre d’arrêter le match durant quelques minutes alors que nous étions menés 2-0, j’aurais préféré que l’interruption soit définitive. Anderson et Sinval avaient réussi un festival, nous avions pris l’eau dans tous les sens du terme. Nous vivions à ce moment-là avec Didi Andrey les mêmes soucis que récemment avec Decastel suite à une incompréhension entre les joueurs et leur entraîneur. » La première victoire intervient à la cinquième tentative. Le visiteur s’impose aux Charmilles dans un match fou (4-3). « Quentin avait marqué le premier but d’un tir exceptionnel à 25 mètres. Il en a peu marqué, celui-ci ne s’oublie pas. Un peu comme le pull noir porté par Pascolo ce jour-là. Hottiger en avait mis deux, mes défenseurs avaient été efficaces devant le but adverse. »

« Assis comme Maradona »

Au printemps 1994, le visiteur se présente en chef de file aux Charmilles où il se prend les crampons dans les mottes (2-5). Constantin pousse un coup de gueule sans sommation. « Bertine poursuivait constamment des expérimentations, la constance nous échappait. Le groupe compte sept internationaux qui se préparent pour la phase finale de la Coupe du monde aux Etats-Unis. Ça doit suffire pour le titre, non? Je me retrouve avec un conflit de génération entre mes joueurs, les premiers Suisses au mondial depuis 1966 et un entraîneur qui ne l’a jamais disputé. Je veux faire l’unité. Ce que je vois me gêne beaucoup. Un nul aurait changé beaucoup de choses. » Malgré cette sortie de route, Sion se mêle à la course au sommet de la Ligue Nationale A. Deux revers consécutifs à Aarau et à Grasshopper le relèguent au troisième rang à une longueur de GC et de Servette avant d’accueillir les Genevois à Tour- billon. 0-0 et statut quo à deux journées de la fin. « Nous perdons le titre sur ce match. Nous disposons d’un Assis qui nous apporte beaucoup à domicile où il marque des buts qui se comparent seulement avec ceux de Maradona. Pour moi, nous devons le faire jouer et aller dans le camp de Servette qui nous oppose la vitesse de Neuville, Sesa et Sinval. Bertine ne partage pas cette approche. Il aligne Hottiger au milieu, titularise Clausen comme latéral. Après une série de blessures, Nestor n’avait plus la capacité de gérer l’intensité d’un tel match. Il prend deux avertissements en dix-huit minutes et nous jouons à dix durant plus d’une heure dix. A la mi-temps, je demande à Barberis de lancer Assis qui tire sur le poteau gauche en fin de match alors que nous attaquons en direction de la tribune nord. Ça finit 0-0 et Servette fait le titre. » Les téléspectateurs romands sont privés de la diffusion en direct par le refus de Constantin. « Le dédommagement proposé était de 20 000 francs, soit celui dévolu n’importe quel direct. Il n’aurait pas couvert la perte entraînée par les spectateurs qui ne se seraient pas déplacés. Le contrat avec la SSR prévoyait un montant de 60 000 francs pour des circonstances exceptionnelles. Un match pour le titre en Suisse romande me sembl e répondre à ce critère. »

Le Grand Chelem de Decastel et les millionnaires

MICHEL DECASTEL

n’a pas eu la possibilité d’affronter Servette lors de son deuxième passage dans les Alpes. La présence de l’ancien Grenat sur le banc de touche de Tourbillon est un gage de succès lors de la saison 1995/1996. Sion remporte les quatre derbies du championnat, il ajoute une cinquième victoire en finale de Coupe de Suisse. « Emotionnellement, cette finale a été l’un des matches les plus intenses. Nous perdons 0-2 à la 65e et nous gagnons 3-2 sans Kombouaré, suspendu, et Vercruysse, blessé. Enfin, la blessure était peut-être diplo- matique. La tension devenait de plus en plus forte entre Michel et Philippe (ndlr. Decastel et Vercruysse) . Au-delà de ce problème, je commence à avoir une équipe de haut niveau, pas loin de la formation idéale. Cette évolution se concrétisera par le doublé la saison suivante. » 

En automne, Sion et Servette partagent l’enjeu aux Charmilles. Le prochain derby disputé sous la présidence de Constantin se joue huit ans plus tard. Sion bat Servette en seizième de finale de coupe en Valais (4-2). « Un souvenir magnifique. Nous étions les petits de Challenge League contre les millionnaires dont les moyens semblaient sans limite avec Marc Roger à la direction et Karembeu sur le terrain. Nous amorçons notre reconstruction sportive alors qu’ils évoluent dans un nouveau stade avec un président qui parle de gagner la Ligue des champions. Le coeur a parlé dans un match formidable. »

Les soucis financiers des Genevois après ceux des Valaisans retardent une nouvelle édition du derby jusqu’en 2011. Servette s’impose deux fois à l’extérieur (0-4 et 0-1). « Nous avions subi un rappel à l’ordre très sec après notre match d’Europa League contre le Celtic avant de nous incliner dans les dernières minutes au printemps. Nous aurions aussi dû gagner deux fois chez eux. Nous l’avons fait en automne avant de nous replier pour subir leur retour au printemps (2-0 et 2-2). Mais la dernière confrontation en juillet a été pour nous grâce au pénalty de Manset qui avait eu la possibilité de marquer plus tôt sur une action de jeu (1-0). »

Dimanche, tout recommence à 0-0 et Sébastien Fournier dans l’autre camp. SF

Par STEPHANE FOURNIER


 

26 réflexions sur « Les derbies du président (Le Nouvelliste, samedi 17 novembre 2012) »

    1. Oui! Un membre de sa famille?
      Je ne comprend pas ce passage:

      « Les téléspectateurs romands sont privés de la diffusion en direct par le refus de Constantin. »

      Quelqu’un peut m’expliquer comment et pourquoi CC a pu s’opposer à la diffusion d’un match?

      Aujourd’hui c’est la victoire!
      Allez Servette!

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    1. Avec l’entrée de Diallo cette après-midi je crois que malheureusement le pauvre Patrick Baumann ne sera pas servettien cette saison…

      On a besoin minimum de deux renforts cet hiver (un attaquant et un milieu) et comme il reste deux licences disponible, le compte est vite fait!

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  1. HS; mais dégâts a Cornavin, avec des familles et enfants qui passent la par hasard… Désole mes amis valaisans mais vous êtes pire que des animaux…

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  2. puttttaaaaiiinnnn….le cauchemar continue…c’est la faute a qui c’est on est lanterne rouge a Noel?
    On connait ou sera le camp d’hiver pour se faire une petite sante? Apres Dubai,Turquie et Portugal ou est ce que les servettiens vont ils s’en voler?

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