Les Grenat s’offrent le derby, l’espoir, le tout avec la manière face à un Lausanne vide. Le match référence pour qui veut se sauver

«Je ne saurai qu’à la fin de la saison si c’est le but le plus important de ma carrière…»

Matias Vitkieviez est un homme sage. Il a bien sûr fêté ce 1-0 victorieux, mille fois mérité, avec tous les siens. Conscients des enjeux et de l’obligation de victoire, les Grenat ont livré le match attendu, nécessaire. L’exact contraire d’un Lausanne poussif en dépit d’une intention, sur le papier seulement, offensive.

Servette a donc gagné. Le troisième succès depuis le début du championnat seulement. Mais par les temps qui courent, personne ne faisait la fine bouche chez les Genevois. Parce que derrière cette victoire, il y a des enseignements, des volontés, des idées, tout un cortège d’éléments positifs qui entretiennent l’espoir. C’est effectivement d’espoir que Servette va vivre jusqu’à la fin de la saison: avoir su lui donner corps avec une performance collective remarquable rajoute à la légitime fierté des Grenat.

Mais le chemin est encore long, c’est une évidence. L’effondrement de Sion à Thoune rappelle aussi que Servette ne pourra compter que sur lui. Il s’en est donné la possibilité samedi soir, voyons comment.

Solidité défensive

On sait toute l’importance d’une assise défensive à l’épreuve du feu. Contre Lausanne, il n’y aura eu finalement qu’une seule frayeur. Ce contre qui propulsait Moussilou seul devant Barroca (56e).

La seule action de jeu pour Lausanne de tout le match a failli tout faire basculer. Mais l’excellent Barroca était là pour l’arrêt décisif. Ajoutez encore un duo Schneider-Mfuyi très sûr et un Diallo qui remplaçait sans trembler un Routis blessé et cette sécurité défensive est le premier gage d’espoir quand on veut se sauver sportivement.

Le duo Kouassi-Pasche

Au milieu, les deux compères ont fait la loi. Kouassi a été fidèle à lui-même, hargneux, précis. Pasche, de retour de suspension, a dégoûté nombre de ses anciens coéquipiers. C’est le duo médian en forme, celui qui donne autant d’assurance que de perspectives offensives, pour ceux qui sont placés plus haut sur le terrain.

L’attaque et Kossoko

On avait vu un Servette parfois trop frileux, timoré, contre GC ou à Thoune, reculant après avoir ouvert le score. La volonté d’aller de l’avant, samedi, s’est immédiatement concrétisée. La preuve que quand Servette le décide, il peut prendre son destin en main et attaquer franchement.

Les regards se sont tournés vers Kossoko. Le Français, sur le flanc droit, est un joueur qui aime la percussion, la prise de risque en un contre un. Après sept mois sans match officiel, il a encore besoin de retrouver le rythme. «J’y travaille, les matches vont m’aider, mais là, quand je suis sorti, j’étais mort!» Il a dans les pieds des idées de jeu qui valent le détour et qui aideront Servette. Les deux autres milieux offensifs, Tréand et Vitkieviez, ont concocté le but de la victoire. Un centre dans le dos de la défense adressé par Tréand et Matias Vistikieviez surgissait. C’était la 83e minute et Servette perdait presque patience, à l’image d’un Karanovic travailleur mais pas inspiré

Deux ou trois fois, notamment avant l’occasion de Moussilou, Tréand aurait dû marquer, il était seul à 7 mètres de Débonnaire… Des chances qui doivent être saisies. Musique d’avenir? C’est tout le mal que l’on souhaite à ces Grenat qui se sont donné des raisons d’y croire avant la venue de Bâle, dimanche prochain.

Daniel Visentini

Fierté et humilité au programme

U Servette a gagné le match qu’il était obligé… de gagner. C’est bien. C’est le premier pas sur le chemin de la rédemption. Mais ce n’est justement qu’un pas. Et cela, tous l’avaient bien compris, une fois la joie retombée.

L’attitude des Servettiens est saine. Ils ont toutes les raisons de se montrer fiers d’un succès acquis avec la manière et l’envie d’aller de l’avant. Mais ils cultivent tous, aussi, l’humilité qui va de pair avec la situation actuelle: Servette est toujours dernier du championnat.

Les Grenat sont revenus à quatre points de Lucerne, à six de Lausanne et restent sept longueurs derrière un Thoune qui a dévoré le fantôme de Sion (4-0). Bref, il faudra encore plusieurs victoires pour que le sauvetage se dessine vraiment.

«On avait à cœur de montrer plus que lors des deux premiers matches contre GC et Thoune, relevait Rüfli. On a pris nos responsabilités, oui, et si l’on continue comme cela, alors nous aurons nos chances. Parce que la confiance monte avec ce genre de victoire.»

De son côté, Sébastien Fournier ne dissimulait pas sa fierté. «Peut-être, effectivement, que ce match peut fonctionner comme une référence sur le plan de l’intention offensive, expliquait-il. C’est une récompense méritée, acquise dans les dernières minutes, mais largement méritée sur l’ensemble de la partie. C’est la preuve que l’on peut aller au bout, chercher un succès, sans baisser les bras. La route est encore longue, mais il y a eu une vraie prise de risque, ce que nous travaillons d’ailleurs à l’entraînement.» Servette a une semaine pour préparer la venue de Bâle. Dans sa course au maintien dans l’élite du football suisse, les Grenat ont posé une première pierre. Mais d’autres doivent suivre.

D.V.

Servette – Lausanne1-0 (0-0) ()

Stade de Genève, 4208 spectateurs.

Arbitre: M. Erlachner.

But: 83e Vitkieviez 1-0.

Servette: Barroca; Routis (29e Diallo), Schneider, Mfuyi, Rüfli; Pasche, Kouassi; Kossoko (59e Lang), Vitkieviez, Tréand; Karanovic (92e Machado).

Lausanne Sport: Débonnaire; Chakhsi, Katz, Sonnerat, Facchinetti; Malonga, Rodrigo, Gabri (90e Roux), Khelifi (88e Sanogo); Guie Guie (66e Tafer), Moussilou.

Avertissements: 53e Pasche. 66e Karanovic. 74e Katz. 87e Chakhsi. 88e Vitkieviez.