Servette attend le Bâle de Yakin, l’homme qui a sacrifié Alex Frei (TDG, vendredi 1er mars 2013)

Dimanche, les Grenat accueillent l’ogre bâlois. Avec ou sans Alex Frei? Avec Murat Yakin à la barre surtout…

TDG vendredi 1er mars 2013

Quand on déboulonne une statue, il faut être sûr de soi, certain de la nécessité du sacrilège et assumer les conséquences. Murat Yakin est-il cet iconoclaste-là? Propulsé à la tête du FC Bâle à la mi-octobre, l’homme n’a en tout cas pas hésité: sacrifié sur l’autel d’une nouvelle stratégie, Alexander Frei en sait quelque chose.

Frei, meilleur buteur la saison passée, l’homme qui formait le duo de choc des Rhénans avec Streller, a été relégué d’abord sur le couloir gauche. Puis souvent sur le banc, voire en tribunes. C’est ce Bâle-là, celui d’un Murat Yakin qui a imposé le fait du prince comme nouvelle ligne de force, que Servette attend ce dimanche au Stade de Genève (13 h 45).

Jusqu’à présent, les résultats semblent donner raison au nouveau patron des Bâlois. Il est arrivé pour remplacer Heiko Vogel à la mi-octobre. Bâle était quatrième à huit points du leader. Aujourd’hui, son équipe est deuxième, à quatre points de Grasshopper.

Plus aligné en championnat

Alex Frei n’a pas disputé la moindre minute en championnat depuis la pause hivernale. Pire: alors que Bâle se mesurait dimanche à GC sans réussir à passer l’épaule (0-0), on aurait facilement pu penser que, même sans être titulaire, le buteur aurait pu aider à briser la solide défense des Sauterelles. Il n’était même pas sur la feuille de match!

Chronique d’un conflit entre un entraîneur et un joueur? L’assurance en tout cas d’un malaise qui dépasse les choix tactiques. Murat Yakin a pris les commandes et a imposé un 4-1-4-1 d’abord, pour camper ensuite sur son option: un seul attaquant de pointe. Et cet attaquant, c’est Marco Streller, surtout pas Alexander Frei. Le tout en attendant que Bobadilla, recruté à YB cet hiver par Yakin, ne vienne faire encore plus d’ombre au buteur recalé… Chez les Rhénans, tout le monde jure qu’il n’y a pas le moindre problème relationnel, que tout n’est qu’affaire de football. On devrait croire que Frei, meilleur buteur de l’histoire en sélection suisse, meilleur buteur du championnat en titre, s’accommode sans broncher de «jouer» les bouche-trous. Impensable. On devine plutôt un Alex Frei qui rumine la situation et qui répond, seulement sur le terrain pour l’instant, quand l’occasion lui est donnée, comme mercredi soir à l’occasion de la Coupe, à Thoune. Il a inscrit les deux buts bâlois, dont le dernier dans les prolongations, c’est peu de dire que Bâle lui doit sa qualification pour les demi-finales.

Alex Frei s’est donc rappelé au bon souvenir de Murat Yakin. Pour autant, l’ex-Servettien sera-t-il aligné dimanche à la Praille? Après avoir laissé Marco Streller au repos en Coupe, on peut se dire que Murat Yakin a une autre idée en tête.

Mais la multiplication des matches (Bâle joue jeudi prochain contre Zenith Saint-Pétersbourg en 8e de finale de l’Europa League) pourrait aussi bien obliger le patron à assouplir sa position.

Gros plan sur Murat Yakin

Mais est-ce vraiment le style de Murat Yakin? Xavier Hochstrasser l’a bien connu à Lucerne ce début de saison. Il a même subi le même sort que Frei avant que Lucerne ne se sépare de son entraîneur. «Murat est quelqu’un qui a des idées très précises, explique Xavier. Et il les applique. Il peut être dur, d’ailleurs, quand il impose ses choix. Il ne les explique pas forcément aux joueurs. J’en sais quelque chose. Dans le cas Alex Frei, c’est clair que vu de l’extérieur, cela paraît étrange. Mais Murat sacrifie Frei pour imposer ses idées et s’y tient, cela lui correspond.»

Alex Frei mérite-t-il tout cela? Après sa carrière, il ne méritait déjà pas de quitter l’équipe de Suisse, sifflé et menacé, en jetant l’éponge. Il ne mérite sans doute pas plus d’être mis en veilleuse par Yakin au moment même où il a déjà annoncé son retrait définitif à la fin de la saison et alors qu’il est encore très performant à 33 ans.

Il faut croire que le foot s’ingénie parfois à brûler ses idoles, ou à les oublier sur le bord du chemin sans raison flagrante.

Murat Yakin entretiendra-t-il l’incendie? Ou relancera-t-il Frei en championnat, pour ce qui serait sa dernière sortie à Genève? On le saura dimanche. Mais dans tous les cas, Servette aura fort à faire…

Daniel Visentini

Servette gère les bobos avant le choc

Du côté de Servette, Fournier n’a pas le luxe de Murat Yakin. Il ne se demande pas s’il doit se priver des services d’un buteur du calibre d’Alexander Frei, avec encore Zoua disponible ou Bobadilla attendu pour bientôt. Un problème de riche qui épargne les Grenat.

Au contraire, les Servettiens gèrent des petits bobos, concernant Kossoko, Vitkieviez et Karanovic, qui devraient être présents dimanche. En revanche, Routis (légère déchirure contre Lausanne) en a encore pour deux semaines. Eudis (touché derrière la cuisse) devra attendre le déplacement à Lucerne, tout comme De Azevedo. Moubandje, de son côté, est de retour à 100%, mais faute de rythme, on imagine mal le voir titulaire dimanche déjà. D.V.

15 réflexions sur « Servette attend le Bâle de Yakin, l’homme qui a sacrifié Alex Frei (TDG, vendredi 1er mars 2013) »

  1. Moubandje n’est pas à 100 % mais pourrait surement nous amener sa vitesse lors des 20 dernière minutes tout comme
    Machado sa puissance.

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  2. Hors sujet: décevant et déprimant l’interview de Didi Andrey sur le site off! Quand je pense à la classe et au talent qui tranpiraient à travers tous ses gestes lorsque Sundermann l’avait fait entrer sur le terrain pour la première fois à 20 minutes de la fin d’un match au début des années 70, et qu’il a confirmé par la suite tout au long de sa carrière, je ne comprends pas son ton désabusé et sa langue de bois concernant la grande période servettienne allant de1975 à 1979… Où alors il n’a pas encore digéré toutes les couleuvres qu’a dû lui faire avaler l’égo démesuré de son coéquipier Barberis à l’époque? Pourtant, sur le terrain ça fonctionnait à merveille… Et combien de buts sur coup franc il a pu marquer de son pied gauche magique… et fait marquer à Chivers sur corners? Incompréhensible! Il doit en avoir gros sur la patate pour quelquechose…

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    1. Oui, c’est une drôle d’interview. Didi Andrey, que j’avoue n’avoir vu joué qu’au GE Indoors, semble être réticent à répondre a l’interview, dans un style en tout cas assez négatif.
      Ses points du vue sur la formation sont toutefois intéressants et mériteraient d’être creusés, peut-être un jour où il sera plus en forme. :-S

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    2. Je suis d’accord avec toi, mais je crois que ça fait partie du personnage.

      J’ai suivi les cours d’entraîneur qu’il donne, et il est vrai qu’il était tout le temps dans le négatif. Il était presque la pour engueuler ceux qui suivent son cours pour des choses qu’il n’avaient pas encore faits ! Durant ces cours, on l’a vu sourire environ… 1-2x au max. !

      Ca eeste une de nos legendes, on dira qu’il n’est jamais content car trop perfectionniste. ;))

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    3. si vous n’avez rien compris au discours de Didi, c’est bien dommage parce qu’il dit des vérités qu’on plus tellement l’habitude d’entendre dans le monde aseptisé de la communication des sportifs professionnels.
      Et le public comme vous est sans doute trop habitué à la langue de bois et la démagogie pour comprendre un discours nuancé.
      Et encore, j’imagine que le club a dû sacrément édulcorer les réponses d’Andrey avant de les publier.

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      1. Exact Kazak, je trouve cet interview très enrichissant et surtout très pertinent. Pour une fois, ça ne fait pas de mal de parler de la réalité plutôt que de ressasser des souvenirs façon vieux combattant ! Le staff actuel ferait bien de s’inspirer de ce qu’il dit au niveau de l’organisation générale du club, c’est la voie à suivre !

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      2. Surtout que ça fait plus de mal que de bien de rappeler le lointain passé glorieux du club tellement la réalité actuelle en est loin. Le club et ses supporters devraient cesser de vivre dans le passé et assumer le présent, même s’il est cruel, afin de construire le futur sur de bonnes bases.

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  3. Un Murat Yakin qui étonne. Certes, il est bien d’avoir ses idées et de forger ses repères tactiques. Un bon entraîneur se doit d’avoir des convictions. Mais en aucun cas des agissements aussi incohérents, qui laissent de toute évidence transparaître d’autres raisons que purement tactiques.
    Un Murat Yakin qui, pour l’instant, bénéficie d’une remarquable presse. Un peu trop à me goût…
    Un bon entraîneur peut-il décemment se passer d’un buteur du calibre d’Alex Frei au niveau du championnat suisse? Pas besoin d’avoir entraîné une seule fois dans sa vie pour répondre assurément que non.

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    1. Yakin a tout fait juste depuis qu’il est à Bale ! Frei cette saison (hormis le match de Thoune) n’est que l’ombre de lui même. Et quand tu peux aligner Stocker, Streller, Salah, Fabian Frei, Diaz et Bobadilla le choix est vite fait.
      Alex Frei l’a dit clairement le foot n’est plus une priorité depuis le naissance de sa fille et l’annonce de sa retraite, dans un club comme Bale cette mentalité ne te permet pas d’être titulaire. Ils ont trop de bons joueurs pour mettre quelqu’un à 80% de son engagement et de son niveau. Il faut pas oublier la concurrence qu’il y a dans cette équipe !

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  4. Dans le foot encore plus qu’ailleurs serait-on tenté de dire, la vérité d’un jour n’est pas celle..Bref, Alex Frei ne mérite en tout cas pas un traitement pareil au regard de sa carrière exemplaire. Cette saison, malgré le fait qu’il ait annoncé son retrait il a continué à marquer des buts lors du tour aller. Certes, je peux comprendre que Murat Yakin veuille préparer l’après-Frei, mais de là à le reléguer en tribunes… On peut penser ce que l’on veut du caractère de Alex, mais une chose est sûre, c’est un grand professionnel qui s’est toujours investi à 100% et qui n’a jamais cherché à tricher. J’espère qu’il sera là dimanche sur le terrain pour que les supporters puissent en souvenir du passé et indépendamment du résultat, le saluer en tant qu’ancien Servettien et le remercier pour ce qu’il a apporté au foot suisse. Je suis pour Servette Dimanche, mais également pour ce bonhomme qui a contribué à écrire ces dix dernières années de magnifiques pages du football suisse international. Souvenez-vous du 0-1 à Istanbul à la 1ère minute pour aller à la coupe du monde. Bien sûr qu’il y a aussi eu des ratés comme tout un chacun, mais lorsque l’on voit que Alex Frei qui est le plus gros salaire de Suisse encore s’investir comme il s’est investi l’année dernière en devenant le meilleur marqueur du championnat et en contribuant au magnifique parcours du FCB, je ne peux que lui dire Chapeau ! D’autres auraient juste touchés leurs salaire et se seraient déjà mis en pré-retraite. C’est décidément pas dans la mentalité d’Alex.

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    1. Frei est le meilleur joueur suisse de sa génération et restera dans l’histoire comme les Hermann, Chapuisat, Suter, Kubi. Ce qui le distingue, c’est que ce n’est pas son talent inné qui lui a permis de se mettre ainsi en évidence mais son travail et sa volonté. Et la combativité, c’est ce qui manque le plus souvent aux sportifs suisses qui se satisfont généralement de bien peu.
      Quand on pense qu’il a quitté la Nati sous les sifflets et les quolibets, c’est juste honteux! Il faudra sûrement attendre bien longtemps avant de retrouver un buteur suisse de sa trempe et la comparaison est cruelle quand on considère que le titulaire du poste en sélection est Derdiyok…

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      1. Tu as tout fait à raison. Lorsque les gens l’on pris en grippe, j’ai trouvé que c’était des ingrats ! Franchement : meilleur marqueur du championnat suisse et français, deuxième meilleur marqueur du championnat allemand alors qu’il était dans un Dortmund en pleine crise, condamné à faire des économies. ll n’y a rien à dire. Un sens du but incroyable, inné et une volonté sans faille même avec les pires galères vécues (son genoux qui lâche lors du match de l’Euro chez lui) Je regrette infiniment son départ car je pense qu’il aurait pu encore jouer deux années sans problème lorsque l’on voit où son les autres attaquants suisse (à l’exception de Streller). Ah, s’il avait encore voulu jouer au Servette et nous aider dans la galère ou nous nous trouvons…

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      2. Son club, ça a toujours été Bâle et c’est bien là-bas qu’il rêvait de finir sa carrière à défaut d’avoir vraiment pu la débuter. Et je vois très mal un gagnant comme lui venir se perdre dans les embrouilles que connait le SFC ces derniers temps.

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