Dix ans plus tard, le buteur Léonard Thurre rouvre le livre des souvenirs (TDG, mercredi 13 mars 2013)

Le 16 mars 2003, il marquait le premier but au Stade de Genève. Le 16 mars 2013, il donnera le coup d’envoi du match contre Zurich

13 mars 2013

Les images d’abord, toujours. Un stade plein, un Servette – Young Boys qui faisait écho à la même affiche, le 8 décembre, pour les adieux aux bonnes vieilles Charmilles. Menés 1-4 à la mi-temps, les Servettiens rataient ces adieux. Jusqu’à ce que Léonard Thurre n’entre en jeu après la pause et ne réalise le hat trick parfait pour un 4-4 inoubliable. Quelques mois plus tard, c’est le même Thurre qui inscrira le premier but au Stade de Genève. C’est avec lui qu’il faut rouvrir le livre des souvenirs.

Samedi 16 mars, dix ans jours pour jour après l’inauguration de la nouvelle enceinte, il donnera le coup d’envoi de Servette-Zurich. Le premier buteur aujourd’hui retraité et notamment consultant TV, tout un symbole au moment où Servette lutte désormais pour son maintien en Super League.

Léonard Thurre, quand vous regardez en arrière, quand vous repensez à ce premier match à la Praille, quelles images vous reviennent?

Dix ans! Woua! Cela me met presque un coup de vieux. Sinon, j’y repense souvent. Quand je passe à côté de ce stade, je revois tout. Les images d’une enceinte pleine, 30 000 spectateurs, un contexte forcément exceptionnel. J’ai aussi le souvenir des tensions internes. Elles découlaient d’un rapport tendu avec feu Roberto Morinini, paix à son âme, l’entraîneur de l’époque.

Mais contrairement à plusieurs cadres de l’équipe qui avaient été mis à l’écart, vous étiez titulaire, vous…

Oui. Mais je ne l’ai dû qu’au fait que la femme de Coubadja Kader accouche la veille du match. Sinon, j’aurais moi aussi été sur le banc. L’ambiance interne était bizarre. On voulait tous jouer, mais il y avait ce conflit avec Morinini. Mais bon, j’ai eu la chance de me retrouver sur le terrain.

Et de marquer ce fameux premier but: alors, souvenirs?

Une balle arrêtée. Et à la baguette, il y avait Massimo Lombardo. Il avait une qualité de centre magnifique. Donc, mon rôle c’était de me libérer du marquage pour pouvoir en profiter. C’est Joël Magnin qui me collait. Mais il a dû avoir une absence et j’ai fait un pas en retrait avant de partir pour couper la trajectoire. Un ballon rentrant. J’ai frappé de la tête, c’était un peu ma spécialité. Je me souviens d’un coup de tête puissant, que j’ai pu placer au deuxième poteau. Ouais, c’était bien…

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Et après: le public, les émotions?

Oui, 30 000 personnes qui crient, c’est assez rare pour que je m’en souvienne. Je me rappelle aussi avoir eu de la rage en même temps. J’ai couru vers le banc, où il y avait Pascolo, Obradovic, Comisetti. Je voulais aller vers eux parce que nous n’avions pas aligné la meilleure équipe. Après, il y a eu une fin de match plus compliquée pour nous. YB est revenu sur un penalty pour le moins généreux. Et les Bernois auraient même pu passer l’épaule. C’était dommage. Je ne me souviens pas forcément des sifflets à la fin du match. Mais il y avait tout pour faire une fête et nous l’avions un peu gâchée en n’assumant pas le spectacle. Ce fut le dernier match de Morinini à la tête de Servette…

Depuis, il s’est passé dix ans. Quel regard portez-vous sur cette décennie?

Il s’est passé pas mal d’épisodes douloureux. Des gestions discutables, une faillite. Une autre évitée de justesse. Tout cela m’a fait mal. J’avais l’impression de voir un mythe du foot suisse s’effondrer. Un sacré gâchis. Parce que Genève mérite une équipe de foot compétitive. Ce stade aussi. Malheureusement, il a vécu plus de la moitié de son existence avec un Servette qui n’était pas dans l’élite. Et qui lutte aujourd’hui pour y rester.

Justement: Servette est dernier, comment analysez-vous la situation sportive actuelle?

Quand on commence avec 13 matches et trois points, on le paie toute la saison. En fait, dans un championnat, on sait rapidement qui va être en haut et qui luttera pour le maintien. Cela apparaît après cinq matches déjà. Servette a des joueurs de qualité. Mais tout va se jouer dans la tête, maintenant. Parce que la pression de lutter contre la relégation est quinze fois plus forte que quand on se bat pour le titre. En raison des conséquences. C’est un immense effort mental à fournir.

Alors que va-t-il se passer pour Servette. Et pour ce stade?

Ce stade a tout pour devenir le théâtre d’une équipe performante. Il n’a que dix ans, il ne faut pas le comparer aux Charmilles. Les Charmilles ne se sont pas constitué une âme en dix ans seulement. Il faut maintenant que Servette se maintienne. Cela pourrait être constitutif d’une nouvelle union avec le public et le stade. Voilà, c’est ça et je le dis: Servette va se maintenir et le stade vivra de grands moments avec une équipe encore plus forte la saison prochaine.

Daniel Visentini

14 réflexions sur « Dix ans plus tard, le buteur Léonard Thurre rouvre le livre des souvenirs (TDG, mercredi 13 mars 2013) »

  1. Bonne interview mais il aurait fallu souligner le fait que le stade est inacheve et qu’il est tout simplement scandaleux que la fondation maintienne un contrat signer par pishyar…

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  2. Je viens de voir la pub dans les trams pour le match … Figurez vous qu’on ne parle d’Harlem Shake nulle part dessus , je sais pas quelle est leur stratégie mais pour l’instant le seul moyen de savoir qu’il y en a une c’est sur le site off et facebook , l’idée est bonne mais si on communique pas assez dessus sa risque d’avoir un résultat pas géniale ….

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    1. je crois que c’est 2 semaines pour changer une pub dans un tram… alors si c’est juste pour le harlem shake, je pense pas que ça en vaille la peine!

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  3. C’est rigolo de voir les posts positifs sur thurre, a l’époque Léo était souvent blessé et les commentaires ressemblait pas mal à ceux sur treand aujourd’hui, même si a l’époque thurre était international. Beau souvenir, même si le souvenir de morinini me laisse un goût amère en bouche.

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    1. Idem 🙂

      Super joueur… hormis une faute qui méritait le jaune, et qui ne sera finalement pas sifflée.

      Quel plaisir de revoir ce fameux Roderick !

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