Quatre experts, une question: Servette peut-il s’en sortir? (TDG, samedi 20 mars 2013)

Avant le derby Sion-Servette de ce soir (17 h 45), des ex-Grenat livrent leur avis sur la situation actuelle. Et sur les chances de maintien

TDG, samedi 30 mars 2013

Ils portent tous un œil exercé sur la chose footballistique, ils ont tous été Servettiens, ils ont donc un regard précis sur la situation actuelle du Servette FC: Alexandre Rey, Gérard Castella, Stefan Wolf et Alexandre Comisetti ont accepté de se pencher au chevet d’un malade qu’ils connaissent bien. Le résumé est simple: à douze journées du verdict final, les Grenat sont toujours lanterne rouge du classement et sont condamnés, pour envisager seulement leur maintien dans l’élite, à gagner des matches. Tout de suite, et plusieurs.

Les projections qui permettent d’anticiper l’avenir existent (voir encadré) . Elles donnent une tendance et un plan de marche à suivre, avant un Sion-Servette, aujourd’hui en fin d’après-midi, qui doit dans l’idéal grenat fonctionner comme un déclic. Servette devrait engranger 18 points sur les douze derniers matches, alors qu’il n’en a inscrit que 16 sur les 24 rencontres déjà jouées. Il est vrai qu’après un début de championnat raté (13 matches, trois points), les Grenat ont empoché 13 points lors des onze dernières rondes. Mais cela ne suffit toujours pas. Alors, Servette peut-il encore s’en sortir?

Alexandre Rey

Entre 1997 et 2001, il a passé plus de trois ans en grenat. L’ex-buteur s’occupe notamment depuis sa retraite de l’Association de Xamax (la section junior).

«Servette peut-il s’en sortir, s’interroge-il? Je dis oui, tout de suite! Je m’explique: je suis passé par là lors de la saison 2003-2004. Nous avions tellement raté le début du second tour, au printemps, que nous étions derniers, largués loin de la 9e place. Tout le monde nous enterrait. C’était tout juste si nous-même, les joueurs, y croyions encore. Eh bien finalement, Wil s’étant écroulé, nous en avons profité pour terminer 9e et nous maintenir en barrage. Une chose à prendre en compte, c’est aussi l’énergie du désespoir, le fait qu’une fois que tout semble si compliqué, tu joues presque plus libéré. Je sais donc que ce ne sera pas facile, que c’est un incroyable défi, mais je veux y croire pour Servette.»

Gérard Castella

Ex-entraîneur et joueur de Servette, l’homme du titre du 2 juin 1999 est toujours attentif à ce que vit le SFC.

«C’est simple: si mathématiquement il reste une chance, alors il faut y croire, explique-t-il. Cela dit, Servette ne peut plus se permettre de laisser trop de points en route. Cela commence déjà avec ce déplacement à Sion: il faut les trois points, réussir un coup pour lancer une série et y croire ensuite. Je pense aussi qu’il faut que les joueurs soient conscients de ce qui est en jeu: leur avenir sportif. C’est une prise de conscience pour qui ne veut pas jouer en Challenge League, parce qu’on parle au final de leur carrière. Enfin, j’espère de la fierté chez les Servettiens: pour ne pas être les premiers de l’histoire du club à être relégués sportivement.»

Stefan Wolf

L’ex-défenseur central balade un regard avisé sur les différents terrains de Suisse. Avec une concentration particulière pour le destin des Grenat.

«Moi, je n’aimerais pas que Servette soit relégué, commence-t-il. Mais j’ai bien peur que cela n’arrive… Je crois par exemple que Lucerne a plus de qualités intrinsèques dans son effectif. Que, pour Servette, il me semble difficile d’enchaîner plusieurs victoires de suite, ce qui est pourtant nécessaire aujourd’hui. Je remarque au contraire que plusieurs petits détails penchent toujours en défaveur des Grenat, en fin de match. Il faudrait que tout cela s’inverse immédiatement, sinon… Mais une chose encore: si un homme peut sauver Servette de la relégation, alors c’est mon ami Sébastien Fournier.»

Alexandre Comisetti

Spécialiste de l’équipe de Suisse à la télévision, Comisetti, ex-Grenat, a lui aussi son avis sur la situation actuelle de Servette.

«Le maintien? Cela me paraît compliqué, assure-t-il. Faire 18 points en douze matches, c’est un ratio proche de ce que font ceux qui veulent être européens. Servette peut-il s’élever à ce potentiel-là sur un sprint final, face à des adversaires qui luttent eux aussi pour leurs objectifs? Franchement, j’en doute. Il faudrait, ce que je souhaite aux Grenat, une période de réelle euphorie. Mais je crains que le début de saison de Servette ne soit trop lourd à porter, même si les choses vont mieux maintenant.»

Daniel Visentini

Situation et projection chiffrées

Pour mieux se rendre compte de la position actuelle, au classement, du Servette FC, il faut se plonger dans les chiffres. Et regarder ce qu’ils disent.

Neuf saisons de Super League à dix équipes ont déjà eu lieu. Elles montrent une tendance concernant le nombre de points atteints par l’équipe qui termine neuvième.

Nous avons volontairement écarté les saisons 2006-2007 et 2009-2010: dans ces deux cas particuliers, le 9e avait 26 points la première fois, 25 points la seconde. Comme Lucerne, le 9e actuel, en compte déjà 22, ces saisons ne sont pas significatives de la situation présente. Nous avons aussi écarté la saison passée, faussée par les 36 points enlevés à Sion et la faillite de Xamax. Il reste donc six saisons qui «ressemblent» au championnat 2012-2013.

Premier constat

03-04: 9e Xamax, 36 points.

04-05: 9e Schaffhouse, 32 points.

05-06: 9e Xamax, 33 points.

07-08: 9e Saint-Gall, 34 points.

08-09: 9e Lucerne, 35 points.

10-11: 9e Bellinzone, 32 points.

Moyenne des points obtenus par l’équipe qui termine à la neuvième place: 33, 66 points.

Deuxième constat

Lucerne, 9e, a 22 points en 24 matches: c’est en moyenne 0,9 point par match. Il en reste 12: si Lucerne continue sur ce rythme, il terminera avec 33 points.

Conclusion

A moins qu’une équipe ne s’effondre littéralement, Servette, pour ravir cette 9e place synonyme de maintien, doit arriver au moins à 34 points. Servette doit donc engranger 18 points sur les 12 derniers matches. D.V.

3 réflexions sur « Quatre experts, une question: Servette peut-il s’en sortir? (TDG, samedi 20 mars 2013) »

  1. ATTENTION : Gros accident de la circulation sur l’A 9 juste après Lausanne impliquant une cinquantaine de véhicules direction Valais. L’autoroute sera fermée plusieurs heures !

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  2. Pas besoin d’être un « expert » pour comprendre que dans des conditions normales le SFC sera évidemment relégué.

    Mais on a aussi beaucoup connu de surprises dans le sport et on peut toujours trouver des raisons d’y croire si on cherche.

    – un baroud d’honneur pour une équipe qui n’a plus rien à perdre et qui peut jouer libérée ou au contraire qui a une réaction d’orgueil pour ne pas être le premier SFC relégué sur le terrain.

    – des adversaires directs qui s’effondrent. parce qu’ils se considèrent sauvés trop tôt, parce qu’ils craquent face à la pression sur la fin (une ou deux défaites peut faire apparaître la crainte et entraîner une spirale négative), parce qu’ils ont la malchance (blessés, suspendus, etc…).

    – parce qu’un adversaire est rattrapé par des ennuis extra-sportif et se retrouve relégué sur le tapis vert.

    – parce qu’un maintien des servettiens est tellement une grosse cote sur le marché des paris sportifs qu’on est jamais à l’abri d’une magouille telle qu’on l’a connu lors de la promotion en SL.

    – parce que sur le principe, tant que le maintien est mathématiquement possible, un sportif doit continuer à y croire ou cesser la compétition.

    Mais franchement, aucune de ces possibilités théoriques ne me semblent pouvoir s’appliquer au cas servettien. Tout juste puis-je envisager une baisse de régime de Lausanne malgré leur bonnes perfs face à GC et Sion. Mais on sera vite fixés car d’ici la mi-avril, ils jouent contre Thoune et Lucerne.

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  3. Gagner, gagner et gagner, il n’aura que ça de vrai pour les grenat. À domicile notamment, notre équipe doit devenir plus conquérante.

    Malheureusement, le capital confiance n’a pas pu et reconstruit avec tous ces nuls ou ces défaites de dernies minutes en 2013. Maintenant que le match de Sion est passé avec un nouveau nul, il faut accélérer le pas et tout tenter.

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