Servette vacille de partout. Retrouvera-t-il l’équilibre? (TDG, lundu 22 avril 2013)

Les Grenat prennent une leçon de réalisme à Zurich. Il y a beaucoup de nuages dans le ciel servettien

TDG lundi 22 avril 2013

Une forme de double réalité est en train de rattraper Servette, de le dépasser peut-être. Sportive forcément et d’abord: Servette ne sait pas marquer ou si peu, Servette est aussi d’une naïveté déconcertante dans son jeu défensif, payant cash les erreurs qu’il provoque. Emotionnelle ensuite: sur fond de crise financière, avec comme dernier salaire versé celui de février, et perclus d’incertitudes quant à l’avenir, c’est tout un club qui vacille et qui perd de précieuses énergies. Il reste désormais huit matches et après le sévère 4-0 encaissé samedi à Zurich, cette double réalité replace à nouveau les Grenat dans la pire des positions, loin, très loin de l’embellie de Berne il y a deux semaines.

Il paraît aussi que tout est dans le détail. Pour ce Servette en mal de points, c’est le détail qui tue. Fournier voulait de l’efficacité. Il a dû se tourner vers le FC Zurich pour en trouver. En fait, les Zurichois n’ont eu qu’une seule réelle occasion de but en première période, mis à part un tir de Gavranovic. Mais cette seule opportunité a suffi. Rüfli étant blessé, c’est toujours Diallo qui s’occupait du flanc droit de la défense. Et c’est de là que le débordement de Benito surgissait, laissant le latéral centrer en retrait pour Kukuruzovic. Diallo était débordé, Kukuruzovic oublié. Deux erreurs fatales.

Double latte d’Eudis

C’est là que le détail intervient: une occasion, un Zurichois sans doute oublié à 15 mètres des buts, mais pour une reprise pas simple. Elle allait se nicher dans la lucarne de Gonzalez, titulaire puisque Barroca souffrait de l’épaule lors de l’échauffement.

On ne sait pas si Fournier a été frappé d’admiration pour la pureté du tir ou de dépit pour son résultat. Mais ce qui est sûr c’est que trois minutes plus tard, quand un très bon Kossoko expédiait un centre parfait pour Eudis, l’entraîneur grenat a sans doute soupiré. Parce que le Brésilien, à sept mètres de la cage de Da Costa, ne cadrait pas sa reprise.

Ces détails-là n’en sont plus pour un Servette qui s’enfonce un peu plus dans la sinistrose. Ils le sont encore moins quand la belle tête du même Eudis, toujours servi par Kossoko, trouvera la latte avant de rebondir… sur la ligne de but et de toucher à nouveau la latte, cinq minutes plus tard. Deux ou trois situations chaudes suivront, mais les Grenat, face à une défense qui est le grand point faible du FC Zurich, n’en profiteront pas plus. Ni après la pause d’ailleurs, quand les Servettiens obtenaient plusieurs corners d’affilée. Le problème avec ce Servette-là, c’est qu’il ne fait plus peur à personne, pour autant que cela fut déjà le cas cette saison.

Alors Zurich, bien que bousculé, malgré sa fébrilité défensive, restait presque serein. Les Zurichois allaient encore profiter d’un détail, un de plus. Avec un Kossoko qui se lançait intempestivement pour stopper un déboulé de Schönbächler. Une faute stupide à 18 mètres des buts grenat. Exactement ce qu’il ne faut pas faire. La sanction tombera dans les secondes suivantes, Kukuruzovic profitant du coup franc pour nettoyer l’autre lucarne de Gonzalez.

Condamné à l’excellence

Pour se sauver, Servette est depuis longtemps condamné à l’excellence. Mais il faut croire que cet objectif est trop élevé. Trop d’erreurs commises, si peu d’efficacité devant. Jugée à l’aune de ces réalités-là. la dernière place du classement n’a rien d’illogique.

Chikhaoui et Jahovic, profitant de nouveaux travers défensifs (quel manque d’agressivité dans l’arrière-garde grenat!), donneront au score des proportions trop sévère. Mais, au fond, pour une juste leçon: celle du réalisme, de l’efficacité, tout ce qui manque aux Genevois. Le corner-score atteste de cette incapacité crasse: 11-1 pour Servette, pas même un lot de consolation. «Je suis déçu pour l’équipe, pestait Fournier. Paradoxalement, je crois que nous n’étions pas loin de notre meilleure performance à l’extérieur, cette saison, sur le plan du jeu global. Seulement voilà: nous commettons des erreurs. J’avais demandé de faire attention à Kukuruzovic, notamment sur les frappes. On l’oublie. Idem pour la faute évitable qui conduit au 2-0. Et puis il manque toujours quelque chose devant, ce petit truc en plus pour marquer.»

Servette peut-il encore vivre ou survivre? Espérer sérieusement un maintien avec tout ce qui pèse sur des épaules déjà fragilisées par tant de circonstances? Beaucoup de réponses tomberont bientôt…

Daniel Visentini Zurich

Alors, ce maintien, possible ou impossible?

La situation comptable est limpide. Servette est désormais à six points de Lausanne et de Lucerne, presque à sept en vertu de la différence de buts. La seule consolation du week-end aura été la défaite de Lausanne. Mais à huit journées du verdict final, si rien n’est mathématiquement joué, tout se précipite. Les Grenat n’ont plus le temps de compter sur des matches nuls. Ils sont condamnés à l’emporter. Possible? Pas possible? Il y a deux manières de voir les choses.

La première. C’est le scénario pessimiste. Tout porte à croire que Servette n’y arrivera pas. Le manque d’efficacité offensive est trop handicapant. Les erreurs défensives trop fréquentes. Essoufflé, moralement touché par tout ce qui se passe autour du club aussi, le contingent grenat ne possède de plus pas de leaders naturels ou des joueurs d’expérience, si précieux dans ces moments. Et puis il ne faut pas oublier une chose: les salaires des Servettiens ne sont aucunement comparables à ceux versés à Bâle, par exemple. A tel point que sur la demande de Fournier, certains des Grenat le plus dans le besoin ont reçu une aide financière, versée par Hugh Quennec. Une sorte d’avance sur salaire en retard… Le serpent servettien se mord la queue, un an après avoir déjà vécu les mêmes tourments. Dans ces conditions, on aurait tendance à dire que ce n’est pas possible.

La deuxième. C’est le scénario idéaliste. Servette est à six points de la barre et, au fond, plus personne n’a rien à perdre. Payés ou pas, les joueurs ont tout intérêt à se mettre en valeur, à tout donner. Parce que si le club ne rétablit pas un équilibre financier, s’il ne reçoit pas sa licence, il faudra retrouver un emploi. On rajoutera que ce groupe est sain. Et qu’il ne doit surtout pas se fissurer maintenant. Car on devine qu’à Lausanne, une forme de crise couve. Et qu’il ne manquerait pas grand-chose, avec un Servette qui reviendrait menacer les Vaudois, pour que ce LS lui aussi fébrile ne craque totalement. Cette fin de championnat est celle du caractère. Et les Genevois, en vrai groupe, semblent mieux armés sur ce plan que Lausanne. Dans ces conditions, on aurait tendance à dire que c’est encore possible.

On attend des réponses désormais. Et pour Servette, c’est contre Sion, samedi prochain au Stade de Genève, qu’il faudra les apporter. Dans le même temps, c’est aussi à Hugh Quennec de faire sa part, en coulisses, en finalisant les solutions qu’il dit avoir. Parce que le groupe en a bien besoin.

D.V.

Zurich – Servette : 4-0 (1-0)

Letzigrund, 8369 spectateurs.

Arbitre: M. Graf.

Buts: 18e Kukuruzovic 1-0; 53e Kukuruzovic 2-0; 60e Chikhaoui 3-0; 92e Jahovic 4-0.

Zurich: Da Costa; Glarner, Beda (65e Djimsiti), R. Koch, Benito; Gajic, Kukuruzovic; Schönbächler, Chiumento, Chikhaoui (78e Drmic); Gavranovic (71e Jahovic).

Servette: Gonzalez; Diallo (46e Routis), Schneider, Mfuyi, Moubandje; Pasche (61e Vitkieviez), Kouassi; De Azevedo, Kossoko, Tréand (75e Moutinho); Eudis.

Notes: Servette sans Rüfli, Kusunga et Machado, blessé. Sans Karanovic, suspendu. Et sans Lang, laissé au repos.

27 réflexions sur « Servette vacille de partout. Retrouvera-t-il l’équilibre? (TDG, lundu 22 avril 2013) »

  1. Si je me souviens bien, Samir Nasri était en fin de contrat à l’OM il y a quelques années et avait accepté une prolongation importante tout en demandant à être transféré à la fin de la saison.

    Est-ce une idée pour les servettiens, et par cela un moyen d’assainir de manière intelligence les finances du club?

    Je n’ai aucun doute qu’un bon transfert pour Kouassi, Karanovic, et autres en fin de contrat (qui de toute façon ne viendront pas en Challenge League) seraient la meilleure des choses pour le club.

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      1. Ok, mais même à un prix bradé, l’idée de les prolonger vaut mieux qu’un transfert gratuit lié à la non reconduction d’un contrat.

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  2. Que dieu t’entende mon fils, mais les dirigeants sont ils suffisamment intelligent ?

    Nasri est marseillais et il a l’amour du maillot.. Finalement dans notre équipe qui pourrait penser comme sa pour le club?!

    Et je pense pas qu’il aie eu des retards à son salaire alors difficile de comparer mais je suis d’accord sur ton concept..

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    1. Etant donné le niveau démontré jusqu’ici par la direction sportive du club, il n’est pas impossible que cette option n’ai même pas effleuré la pensée de nos chers dirigeants… Qui vivra verra…

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      1. Au-delà des compétences du club, faudrait aussi se demander si les joueurs n’ont pas déjà été approchés par le club pour renouveler leurs contrats et que certains aient refusé ou hésitent encore.
        Malgré le fait qu’ ils n’auront pour la majorité pas trop de choix…mais vu le bordel actuel faut être motivé pour signer ou prolonger au SFC malheureusement non?

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      1. Et voir De Azevedo les larmes aux yeux venant nous saluer a la fin du match ça fait aussi mal au cœur..

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      2. Autant certains d’entre nous se montrent probablement trop virulents à l’égard des dirigeants, autant il serait injuste d’incriminer totalement les joueurs.
        A voir le match qu’ils livrent à Zurich, il ne peut pas réellement leur être reproché un manque d’engagement. Le corner score en témoigne. Ils se sont battus et ont même par moments dominé. Mais ils n’ont pas la réussite, ni le réalisme. Il manque des joueurs capables d’être décisifs. Vitki étant blessé qui plus est. Sur les buts, ce sont des exploits individuels marqués par le talent d’individualités qui sont au-dessus du niveau grenat à ce jour. Chikhaoui, c’est la classe. C’est tout.
        Au final, ces joueurs, qui ne sont même plus payés, sont peut-être bien les victimes d’une saison sans issue. Loin de les déresponsabiliser, il convient de relever que leur situation, entachée d’un avenir incertain, est pour le moins compliquée et très probablement difficile à vivre.
        Leur honneur est également blessé, eux qui seront peut-être, voire probablement, les seuls joueurs de l’histoire grenat à subir une relégation sportive. La mémoire collective se souviendra d’eux ainsi.
        Triste.

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  3. On va bouffer les lausannois pour 3 raisons:
    – Nos joueurs ne trichent pas et jouent ensemble et restent solidaire contrairement aux vaudois.
    – Nos dirigeants ne sont pas entrain de cracher sur le club luttant pour la relégation et restent discret (pour une fois c’est pas plus mal).
    – Nous sommes sensés être des gueules élastiques à Genève, y’en a qui ferait mieux de balayer devant leurs portes !

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  4. Pas un dirigeant ne viens s exprimer sur cette débâcle?

    -Quennec doit préparer la prochaine saison de hockey
    -Bobbio doit rattraper ces heures au travail, pour son absence en Bulgarie
    -Les autres directeurs, est ce que quelqu un en a déjà vu un??
    -Riedder est au cours d informatique…

    -Fournier, le pauvre doit se dire qu il est plus simple d entraîner Choulex pour le même niveau de jeu.
    -Et les joueurs, eux tranquille a l entraînement, personnes pour les secouer! Ni journalistes, ni supporters…

    Le bateau coule, coule, coule…

    Ne serais ce pas mieux perdu pour perdu, de changer de système de jeu qui est lisible de tout nos adversaires, car on joue tout le temps pareil et avec nos unijambistes sans culture tactique sur le terrain, tout les monde ce régale???!!! Comment Voulez vous mettre des buts avec un 4-5-1??
    Contre Sion samedi, je pense qu en plus de ne pas avoir le niveau, mentalement on y sera pas, on a pris un gros coups de massue sur la tête, plus les problèmes des salaires…

    La tâche est rude!

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    1. Je trouve cette remarque très intéressente…
      Quand tout va mal dans les tactiques, généralement on retourne à un 4-4-2 classique !
      Pourquoi pas chez nous …
      Mettre deux attaquants, même si on en a que 2 !
      ça pourrais aider… un 4-4-21 en losange pourquoi pas… revenir à la simplicité c’est peut être une alternative…
      De toute façon il n’y a plus rien à perdre…

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      1. Moi j’aimerai surtout que Tréand tâte un peu du banc et soit remplacé par Vitki, Lang ou même Eudis si le premier est blessé et le deuxième plus dans les plans de Fournier.
        Tréand de toute façon est souvent out après une mi-temps, alors autant lui donner un rôle de joker, il pourrait amener bien plus en fin de match face à des défenseurs fatigués.

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  5. Regardez bellinzone, malgres la faillite du club, les joueurs se donnent à fond et gagnent eux!!! Chapeau bas messieurs

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  6. Si Bellinzone fini 1er, il pourrai nous sauvez puisque ils ne peuvent pas monter… Des Grenats qui sauveraient Les Grenats, se serai beau!!

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    1. Ouai mais si ils finissent premier et qu’il monte pas c pas le deuxième qui monte ??? Comme en Espagne si barcelone2 est premier ils monte pas et du coup ces les 2 eme, 3 eme et 4ème qui monte non?

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    2. Oui, le second montera. Un point de règlement avait été judicieusement rappelé ici ou sur le forum du site off il y a quelques semaines. Très peu d’espoirs à mon avis sur cette piste !

      La meilleure chose serait de se sauver sur le terrain; c’est d’ailleurs à mon avis, la seule qui serait viable, vis-à-vis de l’image du club, des supporters, et même pour les joueurs !

      ALLEZ SERVETTE !

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