Le concordat de la discorde

 topelement

Les (télé-)spectateurs du Stade de Suisse auront sans doute remarqué qu’au lieu de bâcher à leurs couleurs, les supporters d’YB engagent désormais à se rendre sur un site Internet… Tour d’horizon d’un argumentaire bien ficelé contre les nouvelles mesures sécuritaires qui pourraient entrer en vigueur autour des stades et patinoires de Suisse.

Le contexte

En vue de l’organisation de l’Euro 2008 et du championnat du monde de hockey l’année suivante, le Parlement avait d’urgence légiféré sur des mesures destinées à assurer la sécurité autour des événements sportifs.  A cette occasion, le principe fédéral des compétences cantonales en matière de police ayant été violé, il avait été nécessaire, pour poursuivre l’application de ces mesures au-delà du cadre des deux grands événements sportifs, de lui donner une base cantonale légale. Le Parlement ratifia alors un concordat. Entré en vigueur en 2010, ce concordat est actuellement en voie d’être massivement durci à l’instigation de la Conférence des directrices et directeurs des départements cantonaux de justice et police. Le nouveau texte, a récemment été adopté par les parlements d’Appenzel Rhodes-Intérieures, Saint-Gall, Uri, Lucerne, Zoug,  Berne et Zurich mais refusé par ceux des deux Bâle. Attaqué devant le Tribunal Fédéral pour anticonstitutionnalité, le texte fera en outre l’objet d’un vote référendaire à Zurich en juin prochain et probablement à Berne aussi. Quelles sont les points d’achoppement ?

Une lutte contre le hooliganisme ?              

 L’objectif du texte est naturellement de lutter contre le hooliganisme mais des objections, venant tant des clubs, des organisations de fans, de simples spectateurs et de juristes existent. Chaque match des ligues supérieures de football et de hockey sur glace devrait être autorisé individuellement et la délivrance de cette autorisation serait liée au respect de certaines conditions. Ce procédé provoquerait pour les autorités et les clubs une charge bureaucratique énorme et des coûts en conséquence. Parmi les conditions qui pourraient devoir être remplies figurent notamment :

– l’application du « ticket combiné » (train spécial + stade) pour les fans de l’équipe visiteuse. Une mesure très contraignante, mal pratique pour les fans domiciliés dans un autre lieu que la ville de l’équipe qu’ils soutiennent et facile à contourner en achetant un billet pour un autre secteur.

– un contrôle intégral des cartes d’identité à toutes les entrées serait imposé. Là également, les coûts pour les clubs seraient conséquents, sans garantie d’efficacité.

– une interdiction de la vente d’alcool dans tout le périmètre du stade (sauf pour le secteur VIP !) pourrait être décrétée, frappant avant tout une large majorité de spectateurs pacifiques (et les commerçants des environs).

–  le droit pour les compagnies de sécurité d’effectuer des fouilles corporelles complètes (y compris les parties intimes) des spectateurs, un transfert du monopole de la violence étatique dont la légalité reste discutable et qui n’augure rien d’agréable pour le spectateur lambda.

–   l’obligation de place assise.

La liste n’est nullement exhaustive et je renvoie le lecteur à l’argumentaire complet concocté par le «Comité contre les durcissements du Concordat – pour un dialogue constructif !».

http://www.konkordatnein.ch/wp-content/uploads/2012/12/Argumentarium_lang_f.pdf

L’intérêt de ce document est aussi de montrer que d’autres voies existent dans la prévention de la violence et des comportements déviants : dialogue avec les autorités, la police et les clubs ; fancoaching ; partenariat avec les CFF, stratégies policières de désescalade, mesures architecturales dans les stades et auto-régulation dans les kops. Il est à noter que ces dernières années tant la violence que la présence policière ont reculé lors des matchs à domicile des Young Boys !

Dans un paysage médiatique où le traitement de la violence se focalise sur les incidents, cela méritait sans doute d’être rappelé… en attendant que le débat franchisse un jour les rives de la Sarine…

Pour les germanophones : http://www.konkordatnein.ch/

 

19 réflexions sur « Le concordat de la discorde »

  1. « Et c’est pour cela que ce groupe mérite un vrai soutien.»

    Le SFC, ces supporters méritent surtout que vous vous sortiez les pouces du culs et que vous soyez enfin capable de laisser vos tripes sur le terrain. En l’état vous méritez d’avoir 4000 spectateurs. Alors pas d’excuses. Arrachez-vous c’est tout ce qu’on vous demande.

    On ne vous oubliera pas c’est certain. Posez-vous la question du pourquoi et comment on se souviendra de vous.

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  2. Cette loie est une stupidité absolue ( à mon sens ) rien que pour les déplacements ca va être un bordel pas possible … Si j’ai bien compri il va y avoir un referendum là – dessus ?

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  3. Plus besoin d’aller au bordel, un ticket de match et on te touche les couilles avec. Encore faut-il aimer se les faire palper par un mec…

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    1. h.s. si bellinzone ne fini pas la saison et que notre destin serait d aller en challenge league on yra pas si bellinzonne ne fini pas la saison c est ca ou je me trompe

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      1. Hélas non car ils sont changé leur règlement de merde dsl du langage.
        Une équipe devra remplacer Arau dans notre ligue quoi qu’il arrive…

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      1. C’est logique je trouve, si Bâle viens a tomber en faillite ca serai le deuxième, GC qui serai champion (ca a été comme ca avec la Juve en 2006 il me semble…) et c’est comme ca avec les titres d’Amstrong qui lui ont été enlevé c’est le 2ème qui est champion…donc rien de surprenant.

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  4. Quelqu’un sait si l’application de ce concordat est envisagé à Genève ? Aucune information allant dans ce sens n’a été communiqué en tout cas.

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  5. Barocca a prolongé son contrat avec le Servette FC jusqu’à la fin de la saison 2015-2016 (source site officiel).

    Excellente nouvelle, Bobbio a enfin fait quelque chose de bien! lol

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  6. Ces règlements ultra-contraignants sont le résultat de laxismes existant par ailleurs et mal gérés. Bon exemple sur pétards et fumigènes soi-disant interdits et toujours présents, y compris a la Praille surtout dans le secteur visiteurs.
    Ce n’est pas en contraignant encore le remplissage des stades helvètes qu’on arrangera la situation économique des clubs du pays, qui risquent d’avoir des frais supplémentaires et des entrées en baisse. Mais peut-être vise-t-on les places populaires à 50 balles, comme dans les stades anglais ? Sauf que la Super League n’a pas le pouvoir attractif de la Premier League…

    Bref, autant je suis pour que l’ordre règne dans les stades, autant je suis contre que l’accès aux stades devienne aussi emmerdant que le voyage en avion…

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