C’est l’heure de vérité pour Servette. Eric Pédat, qui a déjà vécu ça, y croit! (TDG, mercredi 29 mai 2013)

REVUE DE PRESSE

Un match décisif face au LS, un mercredi soir, un jour de pluie, une saison qui se joue sur 90 minutes ce soir à 20 h 30: du déjà-vu?

TDG mercredi 29 mai 2013

Ces images-là sont gravées dans leur cœur, pour toujours. C’était le 2 juin 1999 et Servette était allé cueillir le titre de champion, le dernier de son histoire, sur la pelouse de la Pontaise, face à un Lausanne un brin arrogant avant d’encaisser un cinglant 5-2. Eric Pédat, Sébastien Fournier et Lionel Pizzinat étaient tous trois en Grenat ce soir-là. Alors aujourd’hui, à quelques heures d’un nouveau Lausanne-Servette capital, décisif, bien des émotions remontent à la surface.

Oh, bien sûr, comparaison n’est pas raison. Il y a quatorze ans, les deux équipes romandes luttaient pour le titre. Elles batailleront ce soir pour éviter la relégation et un nul suffit à Lausanne. Pire pour Servette: un succès grenat suppose encore un dernier match à négocier avec bonheur, contre Lucerne, samedi prochain (voir les cas de figure) .

Mais la réalité est là. C’est l’heure de vérité pour Servette ce soir déjà, qui est obligé de gagner pour entretenir l’espoir.

Les souvenirs de Pédat

Eric Pédat, le capitaine de l’époque, retraité des terrains depuis un moment déjà, n’élude pas le parallèle. «Oui, il y a des choses qui peuvent rappeler 1999 dans le duel actuel, assure-t-il. A l’époque, peu nous donnaient favoris, c’est presque la même chose actuellement. Mais il y a un coup à jouer, j’en suis sûr. C’est un match couperet, comme il y a quatorze ans. Oui, Servette peut faire un coup à Lausanne et se sauver ensuite, samedi. C’est clair et net pour moi! Servette a eu suffisamment de malchance cette saison. Cela va tourner, c’est le moment, juste pour cette fin de saison.»

Pizzinat dernier dinosaure

Lionel Pizzinat, lui, est toujours là, dans le groupe servettien, comme en 1999. «Je suis un peu le dernier des dinosaures, sourit-il. Il y a effectivement des similitudes entre ces deux matches. De mon côté, j’essaie de faire comprendre toute l’importance de cette rencontre à mes coéquipiers, sans mettre de pression. C’est un bon groupe, malgré cette épée de Damoclès qui est au-dessus de nos têtes depuis le début de la saison. Je sens beaucoup d’impatience. Et s’il y avait un titre en jeu en 1999, avec tout ce que cela représentait, il y a une vraie conscience aujourd’hui de ne pas être parmi les premiers joueurs relégués sportivement, puisque ce n’est encore jamais arrivé pour Servette.»

Fournier: un autre rôle

Enfin, il y a Sébastien Fournier. L’homme de la passe fabuleuse pour Vurens et sa reprise extraterrestre ce 2 juin 1999. L’homme qui est aujourd’hui à la barre de l’équipe et qui veut éviter le naufrage, lui qui est arrivé en cours d’épopée pour colmater les voies d’eau.

«Je ne sais pas s’il faut vraiment tout mélanger, nuance Fournier. Je crois qu’il faut surtout vivre la situation présente. Le contexte est différent. Mais dans un sens, il faut écrire l’histoire comme nous l’avions fait en 1999. Avec nos moyens, nos armes, en étant pareillement à la hauteur de l’événement. Je suis quelqu’un d’entêté, je fais toujours les choses à fond. C’est ce que je veux transmettre au groupe avant ce match à Lausanne. Et on verra ensuite si celui contre Lucerne, le dernier de la saison, peut encore être décisif.»

Des histoires parallèles, des époques différentes, mais toujours Servette et des émotions chez ceux qui en parlent. Le souvenir glorieux de ce 2 juin 1999 peut-il inspirer les Grenat d’aujourd’hui? Ce ne serait pas une mauvaise chose pour les Servettiens.

Daniel Visentini

En direct du vestiaire

Blessés et suspendus Servette: Lang, Schlauri et Grippo sont blessés; Moubandje (1 match) et Mfuyi (2 matches) sont suspendus. Servette peut faire recours contre le 2e match de suspension infligé à Mfuyi. A Lausanne, Guie Guie est blessé. Moussilou est incertain.

Le programme de Servette aujourd’hui. 10 h: réveil musculaire aux Evaux. Jusqu’à environ 11 heures. 12 h: les joueurs mangent à la maison, de préférence une viande blanche et des sucres lents, type pâtes. 13 h: une sieste ou un repos est au programme, à la maison. 16 h: rendez-vous pour le départ en car en direction de Lausanne. La plupart des joueurs font le déplacement avec un casque sur les oreilles. Musique et concentration. 17 h: dans un lieu au calme, les Grenat prennent une collation. A disposition: des pâtes, des toasts avec confiture et miel, de la salade de fruits. 18 h 30 : retour dans le bus pour rallier le stade de la Pontaise une heure et demie avant le coup d’envoi, fixé à 20 h 30.

Le mot de Fournier «Servette devrait partir la fleur au fusil sous prétexte que l’on doit gagner? J’ai une autre réflexion. Parce que j’ai vu un très bon LS contre Lucerne. Alors il faudra être ambitieux. Mais intelligemment.»

Le mot de Roussey «Servette est un grand club, c’est vrai, mais je ne suis pas là pour réfléchir s’il a plus sa place que nous en Super League. L’objectif, c’est le LS. Je n’aurai pas besoin d’un grand discours pour motiver mes joueurs. Face à Lucerne, j’ai retrouvé du jeu, de l’agressivité et un bloc solide défensivement. Maintenant, ce serait un faux calcul de miser sur un nul. On va mettre en place ce qu’on sait faire, le résultat viendra ensuite.» D.V./C.MA.

Les cas de figure

Lausanne-Servette, c’est plusieurs cas de figure.

Servette perd: il est relégué en Challenge League.

Servette fait match nul: il est relégué en Challenge League.

Servette gagne: il revient à un point de Lausanne au classement et tout se jouerait alors lors de la dernière journée. Avec Servette qui reçoit Lucerne et Lausanne qui doit aller batailler au Letzigrund contre Grasshopper.

– Si les Vaudois gagnent ce dernier match, Servette sera condamné quel que soit son résultat contre Lucerne.

– Si Lausanne ne bat pas GC, alors les Grenat peuvent dépasser les Vaudois. Avec un nul si le LS perd et si le goal-average le permet. Ou dans tous les cas avec une victoire sur Lucerne, même par la plus petite des marges. D.V.

Castella analyse un derby où tous les détails sont importants

U Les souvenirs sont toujours là. Le 2 juin 1999, Servette avait déclassé Lausanne en l’emportant 5-2 à la Pontaise, empochant son 17e titre de champion. A genoux sur la pelouse vaudoise, Gérard Castella était un entraîneur ivre de bonheur. Ce match couperet, Servette l’avait négocié sur un nuage, bien au-delà du déluge qui s’abattait sur la pelouse.

L’histoire se répète, mais différemment. Si la dramaturgie est la même, Servette doit cette fois gagner pour éviter la relégation. Pour espérer l’éviter seulement. «C’est ce qui me fait mal au bide, soupire Castella. On parle d’un match avec deux équipes romandes au fond du classement. C’est terrible pour le football romand.»

N’empêche. Ce match existe. Et il oppose Lausanne et Servette sur plusieurs éléments clés. Que Gérard Castella, qui a entraîné ces deux formations, analyse.

LE MENTAL C’est peut-être dans les têtes que tout se jouera. «Chaque entraîneur sait qu’il doit s’appuyer sur les points forts, explique Castella. Les joueurs doivent prendre leurs responsabilités de leur côté. Avant le match de Saint-Gall, j’aurais voté pour les Grenat sur ce plan. Mais les choses ont un peu changé.»

Verdict de Castella: «Les deux équipes à égalité.»

LA TACTIQUE Elle peut également faire la différence. Servette devra composer sans Mfuyi (Kusunga, ménagé à Saint-Gall, le remplacera). Mais surtout sans Moubandje. Fournier hésite encore: De Azevedo ou Kouassi pour boucler Malonga? Le reste est connu, avec le retour important au milieu de Pasche.

Le verdict de Castella: «Avantage Servette.»

LA TECHNIQUE C’est ce qui permet de faire vivre une tactique, surtout si le terrain – comme le 2 juin 1999 – est détrempé. «Je ne pense pas que Servette sera gêné à ce niveau, dit Castella. Les Genevois possèdent plusieurs joueurs à l’aise techniquement. Lausanne aussi, c’est vrai, mais…»

Verdict de Castella: «Avantage Servette.»

LE BANC Les remplaçants, ce sont ceux qui peuvent réussir ce que les titulaires habituels manquent. Si des difficultés surgissent, c’est vers le banc que les entraîneurs se tourneront. «Et les remplaçants peuvent faire basculer un match, avertit Castella. Cela peut être décisif.»

Verdict de Castella: «Avantage Lausanne.»

Tout reste fragile, même pour un connaisseur comme Gérard Castella. D’autant plus que le Lausanne-Servette de ce soir aura sa propre histoire, à laquelle chacune des équipes devra s’adapter.

D.V.

«On n’a pas de haine pour Servette, mais c’est le club qu’on préfère battre»

Guillaume Katz, capitaine du LS, évoque la rivalité qui oppose les deux clubs lémaniques, avant le derby de ce soir à la Pontaise

Il n’avait pas encore fêté ses 10 ans, mais il se trouvait déjà dans les tribunes du stade olympique, avec les supporters de la tribune sud. Il s’en souvient comme si c’était hier. Guillaume Katz (24 ans) n’a pas oublié les noms de Vurens et de Petrov, les héros servettiens de ce fameux match du 2 juin 1999 (lire en page 16) . «C’est un événement qui m’a forcément marqué, se marre aujourd’hui le Vaudois. Servette était venu soulever le trophée de champion de Suisse à la Pontaise et on n’avait pas du tout aimé. Même si ce n’est pas le même contexte aujourd’hui, on a quelque chose à venger.»

Passé depuis sur le rectangle vert, le défenseur n’a connu que le LS dans sa carrière. «Mon cœur est lausannois, c’est sûr. J’ai de la passion pour ce club et pour ma ville. C’est dans les gènes. Je ne peux donc pas aimer les Genevois. Servette, c’est le club qu’on préfère battre. Ce sont des matches qu’on aime jouer et surtout gagner. Ce n’est pas de la haine, mais une saine rivalité…»

Favre et le drapeau du LS

Portier du LS, Anthony Favre avait, il y a trois ans, planté un drapeau vaudois sur la pelouse du Stade de Genève après le succès du club lausannois (1-0), ce qui avait déclenché une grosse colère des supporters grenat. «Il ne faut jamais regretter ce qu’on fait, mais c’était sur le coup de l’émotion et ce n’était pas au milieu du terrain, mais juste devant notre kop, relativise-t-il. Il n’y avait pas eu non plus de bras d’honneur. Je comprends que cela puisse froisser les fans servettiens, mais Matias Vitkieviez était venu rectifier le tir chez nous au retour en faisant pareil après la victoire genevoise (lire l’encadré) , il faut oublier tout ça.» Le gardien de Laurent Roussey assure d’ailleurs qu’il ne ressent aucune animosité envers les Servettiens. «Je n’ai jamais détesté ce club, sinon je n’aurais jamais pu porter ce maillot durant trois ans (entre 2001 à 2004), confesse celui qui a été formé à Echallens. J’ai toujours éprouvé du respect pour Servette, qui possède l’un des plus beaux palmarès du pays. J’ai également beaucoup de sympathie pour Tibert Pont et Lionel Pizzinat, sans oublier Alexandre Pasche. Maintenant, vu la situation, je préfère que ce soit les Grenat qui descendent que nous, même si cela va nous faire bizarre de disputer une saison sans derby face à eux. Il y aura un manque, forcément.»

Le No 1 de la Pontaise est déjà tout excité à l’idée d’en découdre avec ce rendez-vous de la peur. «Ce sont toujours des matches spéciaux, mais celui-là encore plus, sachant qu’on joue tous les deux notre saison et la relégation.» Anthony Favre s’attend à un match ouvert avec beaucoup d’occasions. «Servette est obligé de gagner et va devoir attaquer. Mais nous aussi, on va chercher la victoire, car spéculer sur le nul, c’est trop risqué.»

Beaucoup d’engagement

Exploitant un joli coup de pouce du destin – ou de Zibung dans la cage de Lucerne samedi passé – les Vaudois sont tous bien «remontés» avant cette finale pour éviter la dernière place. «On a réagi assez tard dans ce dernier tour, mais c’est encore assez tôt.» Guillaume Katz est tout aussi serein que son ange gardien. «Peut-être qu’on a eu tort de parler d’Europe à Noël, reconnaît le capitaine. On n’a pas eu les épaules assez larges à la reprise et nous avons souffert de l’absence de plusieurs joueurs blessés. Ceci nous a placés dans une spirale négative. Mais malgré tout ce qui a été dit sur nous, on a su retrouver notre cohésion, de la solidarité et la bonne attitude dans ce sprint final. On a tous envie de finir de la plus belle des manières sans pour autant nous enflammer.» Selon le défenseur lausannois, «il devrait y avoir beaucoup d’engagement et ce match va se jouer sur pas grand-chose: sur un poteau, un incident de jeu, sur des détails. Il faudra une grosse concentration, beaucoup de sérénité et une grosse envie de bien faire.» Et il devrait y avoir beaucoup de pluie et un terrain gorgé d’eau, comme lors de ce fameux 2 juin 1999. «Peu importent les prévisions, renchérit Anthony Favre. Notre but est de gagner et de nous sauver pour ne pas avoir un match encore plus tendu samedi à Zurich face à GC.»

Et Katz de se méfier, malgré tout, d’un sursaut d’orgueil d’un visiteur qui se déplacera avec l’énergie du désespoir, la mort aux trousses. «Il y a déjà eu tellement de rebondissements ces derniers jours, soupire le Vaudois. On nous disait mort la semaine dernière alors il serait dangereux d’enterrer Servette avant cette rencontre. On a les cartes en main et une chance d’en finir. A nous de la saisir.»

Du côté servettien, il n’y a pas de haine pour Katz et Favre, mais c’est aussi le club qu’on préfère battre…

Christian Maillard

Matias Vitkieviez: «Il y a une forte pression»

Lausanne-Servette, ce soir, ce sera le théâtre d’une rivalité qui a enflé depuis quelques années déjà. Notamment lorsque les deux équipes bataillaient pour remonter dans l’élite, avec succès d’ailleurs, lors de la saison 2010-2011.

Cela avait débouché sur l’«affaire» des drapeaux plantés, d’abord par Anthony Favre à Genève, ensuite par Matias Vitkieviez à Lausanne, en guise de réponse.

«Je m’en souviens bien, sourit Vitkieviez. En fait, c’était une vengeance, après le match aller, parce que ce geste de Favre avait rendu nos supporters fous. Alors j’ai fait pareil à la Pontaise, c’est tout.»

Cette rivalité est donc soigneusement entretenue depuis. «Oui, c’est un derby et en plus, le match de ce mercredi est si important, poursuit Vitkieviez. C’est le match de la survie pour nous. Je mentirais si je disais que c’est facile à vivre. Il y a une forte pression. Mais il y a aussi ce rêve: se sauver lors de la dernière journée du championnat. Alors voilà: il y a les paroles et les actes.» Cela veut dire: place aux actes désormais. Sur la pelouse de la Pontaise. Sans drapeau à planter. Mais avec des buts à marquer. D. V.

5 réflexions sur « C’est l’heure de vérité pour Servette. Eric Pédat, qui a déjà vécu ça, y croit! (TDG, mercredi 29 mai 2013) »

Répondre à SuperLubra3000 Annuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.