Quennec fait des mystères sur l’avenir de Servette (TDG, mardi 4 juin 2013)

REVUE DE PRESSE

Le club grenat a sa licence pour évoluer en Challenge League. Son président vise le retour dans l’élite mais ne dévoile pas son budget

TDG mardi 4 juin 2013

Cinq jours après sa relégation en deuxième division, Servette n’a pas eu à subir un deuxième affront: débouté en première instance, le club grenat a obtenu de l’autorité de recours sa licence pour évoluer la saison prochaine en Challenge League.

Ce sésame en poche, le président Hugh Quennec a levé un brin de voile sur l’avenir de son club. Mais bien des mystères demeurent, à commencer par le budget dont disposera Servette pour viser un retour immédiat au sein de l’élite.

Selon nos sources, ce budget serait de l’ordre de 4 millions de francs contre un peu plus de 5 millions cette saison en Super League. Quennec est à la recherche de partenaires pour le gonfler, afin de pouvoir constituer une équipe compétitive.

L’essentiel

L’objectif Pour le président Quennec, c’est la promotion, en se donnant si possible les moyens de jouer les premiers rôles.

Le bémol C’est la restructuration du Servette FC qui doit retrouver une stabilité financière et sportive pour remonter dans les meilleures conditions.

L’analyse Gérard Castella avait connu la relégation avec Xamax. Et la promotion immédiate la saison d’après. Le coup est jouable selon lui, si Servette s’en donne les moyens.

Licence en poche, Servette peut penser à son avenir

Le club grenat a satisfait aux exigences de la Swiss Football League: il a le droit de jouer en Challenge League. Mais il a aussi le devoir de réussir son nouveau départ en retrouvant l’élite

Hugh Quennec est un homme poli et ponctuel, il incarne l’image propre et costumée d’un Servette FC qui veut se racheter une conduite. Le nouveau président, depuis un peu plus d’un an maintenant, ne marche pas dans les traces tapageuses de ses illustres prédécesseurs, Marc Roger ou Majid Pishyar pour ne pas les nommer. Quennec, c’est le président sérieux, celui qui après avoir évité une deuxième faillite en mars 2012 doit fédérer autour du Servette FC toute l’attention genevoise perdue depuis trop longtemps.

Sur le papier, le programme force le respect, comme le sourire du président. Dans les faits, depuis mercredi dernier et la cuisante défaite contre Lausanne, il y a pourtant une vilaine ombre au tableau: Servette a été relégué en Challenge League. Il fallait sans doute s’y attendre après une saison complète passée à la dernière place du classement. Mais il faut voir comment le Servette de Quennec peut vivre dans l’antichambre de l’élite helvétique. Et, surtout, voir quels moyens il peut mettre en œuvre, sportifs, financiers et structurels, pour se donner une chance de retrouver immédiatement la Super League. Il est temps de regarder tout cela avec Hugh Quennec, qui a parlé hier pour la première fois de cet avenir servettien loin de l’élite.

La licence

C’était la première condition. Débouté en première instance, Servette a réitéré sa demande auprès de l’autorité de recours. Il a reçu le feu vert de la Ligue hier. Cela signifie que les comptes de la saison 2012-2013 sont équilibrés, qu’ils ne présentent pas de surendettement. Et que le budget de la saison prochaine semble viable pour les spécialistes financiers de la Ligue.

Encore que: Servette devra, comme durant la saison qui vient de s’achever, montrer patte blanche tous les trois mois, quand les experts de la SFL ausculteront les comptes. Une sécurité exigée par la Ligue pour un club qui se remet de moments pénibles. «Nous nous sommes expliqués longuement devant la Ligue, jeudi dernier, pour que notre projet soit compris, assure Hugh Quennec. Maintenant, nous avons la licence et nous pouvons aller de l’avant, à tous les niveaux.»

Le budget

Une licence s’obtient en proposant un budget. La Ligue regarde alors si ce budget est en rapport avec la réalité financière du club. Quel est le budget de Servette en Challenge League, alors que celui de la première équipe était estimé à un peu plus de 5 millions en Super League?

«Je ne peux pas encore articuler de chiffre, lance Quennec. Il faut encore voir, évaluer les choses, nous en parlerons ultérieurement quand toutes les choses auront été finalisées avec tous les partenaires, que je remercie au passage.»

Hugh Quennec dissimule ses mystères derrière quelques formules. Histoire de donner un os à ronger, il annonce un partenariat avec le prestigieux club brésilien de Fluminense. D’autres qui pourraient exister avec l’Olympique lyonnais ou même un club italien. Pourquoi pas. Il faut aussi faire attention avec ces prêts de joueurs étrangers qui, s’ils excèdent une certaine mesure, ne favorisent pas la création d’un patrimoine appartenant au club.

Mais le fond du problème est le suivant: Servette a besoin cette année déjà d’un budget conséquent pour se donner toutes les chances de promotion. Dans leur malheur, les Grenat ont été relégués dans de… bonnes conditions: pas d’équipe sérieusement armée (Bellinzone n’a pas reçu sa licence, Aarau est promu, Saint-Gall est déjà en Super League). Cette année autorise tous les espoirs de retour dans l’élite pour qui peut s’en donner les moyens. «C’est effectivement l’objectif, admet Quennec. Mais il faut aussi songer à stabiliser le club. Alors si le but est de finir la saison à la première place du classement pour remonter en Super League, il faut le faire dans des conditions financières et structurelles saines.»

Selon nos informations, le budget de Servette pour la Challenge League avoisinerait les 4 millions de francs pour la première équipe. Hugh Quennec espère le faire grossir encore via des partenariats. Un nouveau sponsor maillot (des contacts ont eu lieu avec MSC Croisières, basée à Genève, avec Samsung et d’autres) est envisagé.

L’aspect sportif

Le budget doit servir à constituer un groupe compétitif. Pour cela, l’arrivée imminente d’un directeur sportif est au programme. Hugh Quennec ne veut pas encore citer un nom. On sait pourtant, comme nous l’avons révélé, qu’il s’agira de Loïc Favre, le fils de Lucien. Premier bon point: l’homme a des contacts dans le milieu, qui seront indispensables pour recruter malin.

Il faudra aussi compter sur Sébastien Fournier, un entraîneur courtisé par Lausanne, voire Sion. «Lui et moi sommes sur la même longueur d’onde, affirme Quennec. Il est sous contrat, prêt à relever le défi et acquis à notre projet.»

L’aspect administratif

Le président grenat a pris des mesures: le directeur Mirko Müller ainsi que Philipp Kneubühler quittent le club. C’est Philippe Salvi qui sera le directeur administratif, tout en gardant la direction de l’Association du club (le secteur de la relève).

Le Stade de Genève

Comme nous l’évoquions samedi, le dossier du stade est un paramètre clé pour Servette. «Nous avons payé tout ce que nous devons à la Fondation du stade jusqu’au 31 décembre, annonce Quennec. Maintenant il va falloir s’asseoir et discuter, le but étant de faire valoir un projet pour que ce stade soit viable, indépendamment même du Servette FC.» Un gros dossier de plus.

Daniel Visentini

Le souvenir de 2005

U Servette a déjà connu une relégation. Elle n’était pas sportive puisqu’elle faisait suite à la faillite de février 2005, sous l’ère Marc Roger. La situation actuelle n’est pas comparable. Servette jouera la saison prochaine en Challenge League et pas en première ligue comme ce fut le cas en 2005-2006. Mais à l’époque, les Grenat avaient réussi à remonter immédiatement en Challenge League, premier pas pour s’éviter l’anonymat. Pour cela, les Servettiens s’étaient montrés concernés. On pense à ceux qui étaient restés, qui n’avaient pas quitté le navire après la faillite: ils s’appelaient Cravero, Bratic, Londono ou Pizzinat. Ils étaient épaulés, déjà, par Tréand, Pont ou Kusunga. Servette avait donc pu s’appuyer sur une solide ossature de niveau supérieur. Et avait complété avec des joueurs très prometteurs (dont Esteban aussi). Exactement ce que le club doit faire aujourd’hui. Garder ses meilleurs éléments (Pasche, Moubandje et d’autres) et en faire venir certains, qui ont déjà le niveau Super League. Une promotion, ça se construit, ça ne s’improvise pas.

D.V.

Les conseils «xamaxiens» de Gérard Castella

Comment se relève-t-on d’une relégation sportive, fût-elle la première de l’histoire? Champion de Suisse avec Servette en 1999, l’entraîneur Gérard Castella avait réussi à «rebondir tout de suite», en obtenant la promotion en 2006 avec NE Xamax un an après la chute en Challenge League. Comme Saint-Gall il y a douze mois. «Le coup est jouable si on s’en donne les moyens.» Le Genevois possède la recette pour se remettre d’un tel échec. «L’entraîneur doit rapidement se mettre au travail avec le directeur sportif, explique le technicien. A Neuchâtel, par exemple, on avait d’emblée cherché à construire une colonne vertébrale très forte, du gardien jusqu’au No 9.» Pour celui qui a également vécu une ascension avec Lausanne, «il est surtout important de trouver des joueurs avec un bon état d’esprit, de convaincre trois ou quatre leaders, un par ligne, de se fondre dans un collectif avec un objectif élevé.» L’engagement de Pascal Zuberbühler à Noël avait été, par exemple, un plus pour l’équipe. «C’est le genre de leader qui mouille son maillot parce qu’il veut s’investir dans un projet. Il ne vient pas pour de l’argent.» NE Xamax avait aussi conservé une douzaine de «relégués», des tauliers, qui méritaient de rester. «Après, il faut redonner une bouffée d’oxygène au groupe. Il ne faut pas la même photo d’équipe au début qu’à la fin de saison.» Si «on ne déroulera pas le tapis rouge aux Grenat», Gérard Castella pense qu’il est important que Servette remonte l’an prochain. «Si le club travaille bien, c’est largement dans ses cordes, estime le sélectionneur suisse des M18. LS, Thoune et Aarau sont en haut, c’est la bonne année pour remonter…» C.MA.

 

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