Loïc Favre, directeur sportif de Servette: «Le choix du cœur!» (TDG, samedi 22 juin 2013)

REVUE DE PRESSE

Il œuvre déjà pour le SFC mais prendra officiellement ses fonctions le 1er juillet, accompagné par un team manager. Un vent nouveau souffle

TDG, samedi 22 juin 2013

21 h 30 en Suisse, jeudi soir, 15 h 30 pour lui, là-bas, de l’autre côté de l’Atlantique. Loïc Favre prend le temps de gagner la terrasse d’un building américain où il représentait pour la dernière fois les intérêts de son employeur, Wasserman Media Group, le leader mondial dans le managing sportif.

L’homme répond à toutes les questions calmement, conscient qu’il est attendu à Genève en qualité de directeur sportif du Servette FC, comme la Tribune de Genève l’a laissé entendre il y a plusieurs semaines déjà. Tout est maintenant plus clair: à 30 ans, Loïc Favre a bouclé les derniers dossiers qu’il traitait pour WMG. Il sera en Suisse dimanche, au bord du terrain de Saanen pour le premier match amical de Servette, contre Young Boys. Il est bel et bien le nouveau directeur sportif du club, pour trois ans, ce sera officiel le 1er juillet. Il est temps de voir avec lui le comment et le pourquoi de ce «transfert».

Loïc Favre, vous êtes le nouveau directeur sportif de Servette: comment cela s’est-il noué?

Comme souvent dans ma vie: presque naturellement. En fait, j’ai rencontré par hasard Hugh Quennec, c’était en mars. Et il y a eu comme une évidence. J’ai su tout de suite que nous serions appelés à travailler ensemble. J’ai aimé son discours, son projet, ses ambitions pour les jeunes. Il y a eu un grand feeling entre nous.

Mais vous aviez pourtant un très bon poste chez WMG, qui vous proposait de plus une prolongation de contrat. Alors pourquoi accepter la proposition d’un club de Challenge League, limité financièrement et où tout est à reconstruire?

J’ai travaillé pendant cinq ans pour WMG. Cinq années merveilleuses, pendant lesquelles j’ai appris beaucoup. Mais j’avais sans doute besoin de retrouver un lien direct avec le terrain, quelque chose de concret au sein d’un club. J’avais aussi depuis quelques mois déjà un débat intérieur, en moi. Il m’a permis de remettre en place certaines valeurs. OK, chez WMG, j’ai eu une vie intense, avec les avantages que cela suppose. Avec aussi les exigences de rendement inhérentes au management américain. Mais mes valeurs, ce n’est pas forcément l’argent. En fait, j’avais besoin de retrouver de la passion. Et dans ce sens, Servette, c’est le choix du cœur.

Pourquoi? Parce que Lucien Favre, votre papa, a joué pour Servette puis entraîné ce club?

Clairement, cela a joué un rôle important. Parce que c’est simple: j’ai été imprégné par ce club. J’ai grandi à Genève. Mon père y jouait. Servette, pour moi, c’est la classe. Pour avoir bourlingué dans pas mal de pays en raison de mon travail, je sais tout le respect qu’impose le nom de Servette à l’étranger. Servette, c’est noble. Rien que d’en parler, j’en ai des frissons. Et j’ai tellement de souvenirs des Charmilles. Comme le premier: j’étais tout petit encore et c’était un Servette-Aarau, qui s’était conclu par une sévère défaite 1-5. Je m’en souviens parce que je pleurais toutes les larmes de mon corps, c’était la fin du monde pour moi, j’étais inconsolable. Il y a eu des moments plus joyeux, bien sûr. Mais toutes mes premières émotions liées au foot, c’est à Servette que je les dois.

Vous êtes le fils «de», comme l’on dit: cela a-t-il été dur de se faire un prénom?

Oui et non. C’est parfois pénible quand certains veulent toujours faire des comparaisons. Moi, dans la vie, j’ai vite compris que j’avais ma personnalité et que je devais savoir me débrouiller seul. Quand je suis parti aux Etats-Unis en 2008 pour m’engager avec les gens de WMG, ils ne savaient pas qui était Lucien Favre. Mais bon, sinon, pas de problème: j’ai une relation extraordinaire avec lui. C’est d’ailleurs plus qu’un père, nous partageons tellement de choses ensemble.

Parlons de Servette. D’abord, vous ne venez pas seul, il y a aussi un team manager, non?

Oui. Il s’agit d’Alexandre Mermoud, un ami avec qui je collabore depuis longtemps. Un team manager, c’est quelqu’un d’essentiel dans une équipe qui veut se structurer professionnellement. C’est d’ailleurs le modèle de fonctionnement de toutes les équipes sérieuses. Son rôle est de veiller à ce que les joueurs soient tous dans les meilleures conditions. Et pour cela, Alex est quelqu’un de formidable, il «sent» les rapports humains, il sera parfait pour entretenir l’harmonie du groupe.

Et vous, comment voyez-vous votre rôle de directeur sportif?

Déjà, je sais que la tâche qui m’attend est grande. Tout est à revoir et à mettre en place. Pour avoir une philosophie de fonctionnement qui intègre les jeunes. Je m’interroge: pourquoi les jeunes n’ont-ils pas plus d’importance que ça à Servette? Pour moi, un gamin de 13 ou 14 ans qui est très prometteur a autant d’importance qu’un cadre de la première. C’est un point. Il y en a beaucoup d’autres dont nous devons encore parler en interne.

Et concernant le Servette de cette saison: il manque encore au moins quatre joueurs à vocation offensive, dont deux buteurs…

Tout ce que je peux dire, c’est que nous avons bien avancé ces derniers jours. Des opportunités se dégagent. Nous sommes sur le bon chemin. Avec ce qui a déjà été conclu, comme avec ce qui le sera. Nous visons plus la qualité que la quantité.

Vous êtes en contact presque quotidien avec Sébastien Fournier, depuis les Etats-Unis: comment se passe la relation?

Très bien. Il y a eu immédiatement une belle complicité. Nous sommes sur la même longueur d’onde quant à ce qu’il faut faire. Il y en aura toujours pour rappeler que mon père et lui ne s’entendaient pas toujours. Cela ne m’intéresse même pas. C’est le passé. Avec Sébastien, nous sommes désormais dans le présent. Et dans le futur du Servette.

Daniel Visentini

Son parcours jusqu’à Servette

Naissance: 20 janvier 1983 (il a donc 30 ans).

Son parcours footballistique Il a joué en LNA dès l’âge de 17 ans avec Yverdon (notamment sous les ordres de son père). Il a évolué ensuite à Bellinzone.

L’arrêt précoce Il se retire du football professionnel à 21 ans et demi, alors qu’il joue à Bellinzone et qu’il intéresse plusieurs clubs. «J’étais victime de commotions à répétition, explique-t-il. C’est comme quand on reçoit un flash dans les yeux et qu’on voit des étoiles. C’est ce qui m’arrivait après le moindre coup sur la tête. Il y avait des risques de développer la maladie d’Alzheimer. Alors j’ai tourné la page. En me disant que j’avais réussi mon rêve de gosse de devenir footballeur pro.»

Retour aux études Loïc Favre s’inscrit alors à l’HEG (Haute Ecole de gestion). «Quand tu n’as pas touché un livre depuis cinq ans, pas simple! Mais je me suis accroché et j’ai bossé comme un lion.» Il sera diplômé en 2008.

La reconversion Pour son travail de diplôme, il a créé une boîte de consulting en recrutement sportif. Il est allé repérer des joueurs aux Etats-Unis. «Libres puisqu’au collège ou à l’université et pas chers…» précise-t-il. C’est là qu’il est repéré par les cadres de WMG, puisque Loïc pistait un joueur déjà sous contrat avec l’entreprise américaine. WMG lui proposera un contrat le jour même de la remise des diplômes de HEG. Il sautera sur l’occasion et restera cinq ans dans l’entreprise. Avant de rejoindre Servette. D.V.

Fournier est conquis

Loïc Favre, qui s’occupait notamment d’une quinzaine de joueurs en tant qu’agent de WMG pour la Suisse (notamment Hochstrasser, Mathys, Saar et Wüthrich), a déjà annoncé à ses protégés qu’il quittait ses fonctions. Il n’a en effet pas le droit de fonctionner comme directeur sportif et agent dans le même temps.

Il est donc prêt pour rejoindre Servette et Sébastien Fournier. L’entraîneur des Grenat n’est pas le moins heureux. «Loïc est quelqu’un qui connaît le foot, le milieu du foot, les agents, il a tous les contacts qu’il faut, explique-t-il. Le courant a passé tout de suite. On parle le même langage. C’est important pour Servette de l’avoir, ainsi qu’Alex Mermoud en team manager. C’est aussi la preuve que Servette veut se donner les moyens de son projet. Je me réjouis de le voir dimanche.»

D.V.

12 réflexions sur « Loïc Favre, directeur sportif de Servette: «Le choix du cœur!» (TDG, samedi 22 juin 2013) »

    1. Encore une de ces remarques inutiles, tout particulièrement pour Hochstrasser. Pourquoi veux-tu qu’il vienne chez nous, un club de Challenge league ?

      J’aime

  1. Ping: maigrir

Répondre à grenananère Annuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.