Le renouveau grenat est en marche

Le Servette FC n’aura pas eu le temps d’être réellement touché par la première relégation sportive de son Histoire prestigieuse. Dès le lendemain, un vent nouveau soufflait déjà dans les travées de la Praille. Comme une libération. Comme si des années de galère et d’incohérence de gestion étaient pour de bon brûlées avec la chute de l’Empire. Depuis, le club grenat semble, au contraire, renaître de ses cendres, porté par un nouvel élan. Plus qu’à une mort d’un club de tradition, nous assistons aujourd’hui à une véritable renaissance, porteuse de promesses et d’espoirs.

La saison 2012-2013 fut catastrophique, principalement au niveau de la gestion sportive. Un mercato estival mené précipitamment, sans réelle cohérence. Mais pas seulement. Tout y est passé : manque d’équilibre et d’homogénéité au sein d’un contingent manquant d’expérience et possédant en son sein de nombreux doublons (plusieurs demis défensifs évoluant dans le même registre). L’absence d’un buteur et d’un véritable meneur de jeu. Le manque de solutions sur les côtés d’une défense sans réel leader.

Relever ces manques ne suffit pas. Il convient de s’interpeller, d’analyser, de comprendre. L’une des principales causes de cette gestion qualifiée bien souvent d’amateurisme trouve probablement sa source dans l’incompatibilité de points de vue d’hommes évoluant séparément, chacun de son côté. En tant qu’entraîneur, Alves avait des idées, une perception claire des points à améliorer dans son équipe. Arpad Soos, lui, avait rejoint le club entretemps et avait cru bon d’activer ses réseaux pour négocier l’arrive de joueurs selon des montants avantageux, condition imposée pour un club encore convalescent sur le plan financier. De toute évidence, le départ de joueurs-clés, le patron de la défense Roderick et le joueur décisif Yartey, n’aura jamais été compensé. Ce manque de collaboration eût pour effets secondaires une préparation mal anticipée, précipitée, qui laissa derrière elle de nombreux blessés. Il n’en fallait guère plus pour condamner le début du championnat du club grenat. Un départ raté qui demeurera insurmontable au fil des mois.

Soos parti, c’est Piero Bobbio qui fut appelé au chevet du Servette FC. Son rôle? Il n’a jamais été possible de le comprendre réellement. Intronisé et présenté par le président Hugh Quennec comme un coordinateur sportif, il ne fut jamais en mesure de palier les manques servettiens. Engagé à mi-temps, et sans expérience à ce niveau, pouvait-il seulement être l’homme de la situation? Les renforts promis par Hugh Quennec, un vrai finisseur devant les buts ainsi qu’un meneur de jeu, n’arrivèrent jamais et restèrent à l’état de promesses non tenues. Le Servette FC ne se donnant alors pas les moyens concrets d’échapper à une relégation promise.

Au lendemain de celle-ci, c’est comme si le président canadien était enfin délesté d’un poids encombrant. L’opportunité rêvée de raser intégralement les résidus de la politique douteuse de son prédécesseur, pour construire enfin depuis le début, lui était désormais offerte. Une réelle opportunité de repartir de zéro, sous forme d’un vrai départ, cette fois-ci. De tout reconstruire à partir de ses propres idées. Après une période de transition nécessaire. Le président Quennec étant arrivé dans un milieu du football qui lui était encore étranger, il lui aura fallu du temps. C’est un fait. Sa première saison à la tête de son club s’étant soldée par une relégation et par le retour des difficultés financières sous forme de salaires impayés et de créances ouvertes. Mais le canadien, en gestionnaire sportif expérimenté, sait se remettre en question. Apprenant de ses erreurs, il a profité des circonstances pour tirer des enseignements de celles-ci et pour apporter des modifications au sein de sa stratégie, sportive notamment. Le point fort du président réside dans cette capacité à réunir les compétences autour d’un projet qui se veut sérieux, puis de déléguer et de faire confiance. Cette politique de gestion trouve ses origines dans une démarche très moderne, prônée dans une dimension américanisée. Favre est un disciple de cette école, et les deux hommes se sont donc logiquement retrouvés dans leurs perspectives. Ils parlent un langage commun.

L’engagement de Loïc Favre en vrai directeur sportif fut ainsi sa priorité. Le choix se porta sur un homme réellement formé en la matière, fort d’une expérience. Loïc Favre fut de surcroît un ancien joueur de l’élite, et le fils de Lucien, l’un des entraîneurs à succès de ses dernières années. Quennec parvint alors à réaliser un coup double : engager un vrai professionnel compétent tout en tissant un précieux réseau en profitant de la renommée de celui-ci dans le milieu. Stratégie qu’il reproduira quelques semaines plus tard en engageant l’inoubliable Zubi au poste d’entraîneur des gardiens. Celui-ci n’étant pas seulement un leader d’expérience doublé d’un passionné. Mais également un nom pouvant se positionner en tant qu’ambassadeur du club. Là réside la seconde force de Quennec, qui consiste à améliorer l’image d’un club meurtri par des années de scandales. Ce travail s’inscrit sur le long terme, mais porte déjà ses fruits. En effet, le mercato très animé de cet été doit également son existence à une enveloppe estimée à 7 chiffres, et qui ne représente pas 1 million. D’où vient cet argent? Probablement d’un nouveau partenaire, économiquement plus important.

La quintessence de cette gestion moderne d’un club sportif se symbolise notamment par la mise en place d’un tandem, la collaboration renforcée entre un entraîneur-manager et un vrai directeur sportif. Comme cela est le cas dans certains grands clubs européens aux structures très pro. Ce duo constitue la pierre angulaire du projet sportif grenat. C’est le nouveau grand point fort du Servette FC. Une réelle valeur ajoutée. Jamais auparavant le club n’avait encore fonctionné ainsi. Canal+ gérait ses transferts par son manager Trottignon, souvent en activant un réseau bien établi. Puis, Marc Roger travaillait avec ses relations, tel un agent de joueurs. Sans concerter l’entraîneur. Là où Vinas n’avait pas les moyens de s’offrir un directeur sportif, Majid Pishyar, lui, rappelait qu’il était LE directeur sportif, et qu’il n’avait besoin de personne d’autre. Ces différentes options débouchaient toujours sur le même constat : des transferts souvent incohérents, parfois des réussites, mais souvent des ratés, car effectués sans considérer les réels besoin du terrain.

Aujourd’hui, le Servette FC est entré dans une nouvelle ère. Pour la première fois depuis longtemps, son mercato estival a été mené selon une logique bien établie. L’entraîneur en place a vu sa confiance renouvelée. Il était le mieux placé pour connaître les besoins de son équipe. Il les a soigneusement relevés. Puis, d’entente avec le directeur sportif, il a commencé ses emplettes. Le directeur sportif, à l’écoute de ses besoins, a alors activé son réseau, qui ne se limitait pour une fois pas seulement au marché des prêts ou au bassin lémanique. Le contingent a été évalué, un équilibre a été recherché. Joueurs d’expérience niveau SL – joueurs-clés de l’équipe actuelle formant le noyau – jeunes espoirs prometteurs. Tous les postes ont été doublés. Le Servette FC peut, pour la première fois depuis des lustres, aborder son nouveau championnat avec un contingent équilibré, parfaitement établi.

La troisième force du président Quennec est de chercher à cultiver et forger une identité à son club. Dans ce but, l’accent a été mis sur la promotion des jeunes talents. Ainsi, plus de 6 espoirs, aux qualités prometteuses et au potentiel certain, rejoignent le groupe pro. A une politique sportive qui se veut et qui se doit d’être ambitieuse, s’ajoute une stratégie de formation, totalement indispensable pour un club suisse, notamment en reconstruction.

Si le déplacement de Wohlen s’apparente à un match-piège, et si le nouvel ambassadeur grenat Zubi rappelle qu’il faudra surtout faire preuve d’humilité et de professionnalisme lors de chaque sortie, le Servette FC peut aujourd’hui regarder de l’avant en espérant un avenir entouré de résultats positifs qui devraient susciter un nouvel enthousiasme chez les supporters et les éventuels partenaires. Comme quoi, il y a des relégations qui peuvent être profitables.

Assurément, le renouveau grenat est en marche.

GrenatDC

35 réflexions sur « Le renouveau grenat est en marche »

  1. Très bonne analyse. Rien à ajouter. Une question aux EDS qu’attendez-vous de ce match à Wohlen ? Pensez-vous que l’équipe aura récupéré depuis le match contre Carouge où elle est apparue fatiguée d’après ce que j’ai lu ?

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  2. Vaduz aura déjà 2 matchs officiels dans les jambes après ce soir… Ils sont en effet en course pour l’europa league…

    74 eme minutes 1-1, ils sont pour le moment élimines…

    Est ce que ces 2 matchs seront bénéfique pour leur début de saison ou au contraire ils seront fatigués pour les 1ers matchs, donc contre nous lors de la 2 eme journée?

    L’avenir nous le dira

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  3. J’ai rarement lu, dans le mileu sportif, quelque chose d’aussi vrai et de constructif.

    Belle plume en tout cas 😉

    Vivement samedi

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  4. Pas sûr que la campagne de transfert ait coûté si cher que ça:
    Sauthier : Prêt
    Cretenand : A mis fin à son contrat
    Markovic : Sans contrat
    Dams : Sans contrat
    Tadic : Sans contrat
    Marinkovic : ???
    Reste toutefois les primes à la signature et autres. Mais niveau indemnités de transfert, le montant est loin du chiffre annoncé.

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  5. Bien le bonsoir!

    Qqun saurait-il me dire comment se rend-on au secrétariat pour aller chercher les abonnements dans le cas où l’on a pas demandé de livraison à domicile?

    C’est au stade de la Praille ou ailleurs?

    Merci d’avance les mecs (ou les filles).

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    1. Le secretariat c est au stade de balexert avenue du Pailly 11 1219 Chateleine !
      Mais envoi leur un mail ou appel avant d y aller parce qu il n est pas certain qu ils aient déjà été édité

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  6. C est vrai qu on est souvent plus intelligent « après ».
    Je me souviens des commentaires élogieux l année passée à la même époque. Du genre : quelle bonne idée de faire revenir les ex. Tréand Mfuyi Kusunga .
    Sérieux, si rien ne marche cette année, dans un an, vous nous expliquerez combien l ami Loic est une pive et que Zubi était qu un mirage…
    Donc moi je dis attention! Et comme le dit si bien ce proverbe chinois: le bœuf est lent mais la terre est patiente.

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    1. Je dirais mais que ferait on sans les EDS!!!?
      Je vous lis depuis plusieurs années et je me lasse jamais! !
      Merci mille X de votre amour pour ce club et j adore votre site!!

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    2. On a comprit ton point de vue Yves ça sert à rien de réécrire toujours le même post 😉 . Tu a peut être raison comme tu dis il faut attendre mais je préfère attendre de manière positive et même si on est dans le doute, la différence est que nous sommes en challenge ligue et que Favre fait un peu plus sérieux que Soos sauf si tu pense le contraire. Maintenant je serai un peu plus rassuré après un attaquant en plus parce que Ramizi ne m inspire pas des masses et Cespedes est jeune donc peu d’expérience.

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  7. Des news de Gissi ? Personne n’a relevé son absence ? Il m’avait fait bien meilleur que Ramizi pourtant..

    Et les blessures de Bua + Routis ?

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    1. @ NF : Comme lui, j’essaie probablement de me remettre en question. Cela n’enlève absolument rien au fait que je pense que la saison qui vient de s’écouler fut une catastrophe, un véritable échec, comme je le mentionne dans l’article.
      Je souligne les erreurs et je ne m’interdis jamais la critique, même si je soutiens le club et son président. Et même si la critique passe mal auprès des supporters, forcément. Quand les choses sont faites sans aucune cohérence, je le relève car cela m’inquiète et me déplaît. La saison dernière a été très mal gérée. Surtout sur le plan sportif. Cela est un fait, et elle se solde d’ailleurs par la première relégation sportive de l’Histoire du club. Laquelle aurait sans doute pu être évitée si les choses avaient été mises en place avec un peu plus de compétences et de professionnalisme, comme cette année.
      Mais cela ne veut pas dire pour autant qu’il faut s’enliser dans la critique, encore moins devenir « parano » (pfff)… Il faut savoir rester objectif, pour pouvoir relever les choses positives comme négatives.
      Depuis 2 mois, le Servette FC fait les choses intelligemment. Le mercato a été mené avec cohérence. On sent désormais qu’un vrai projet sportif se dessine et prend forme. Alors il convient de le souligner et de féliciter nos dirigeants, ainsi que Quennec, de cette évolution positive. En espérant qu’ils continuent dans cette voie, mais je suis désormais confiant. Le directeur sportif que je réclamais en vain depuis près de 10 ans est enfin là. Le président que j’espérais, aussi. Et comme il semble apprendre de ses erreurs et surtout mettre des choses concrètes en place pour les corriger. Alors, oui, ma « crise de parano », comme tu l’appelles, n’a plus lieu d’être à ce jour…

      @ Aux autres : Merci beaucoup pour vos retours positifs et pour vos encouragements envers les Eds. Au plaisir de vous rencontrer. Allez Servette! 🙂

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      1. @GrenatDC : non non, je parlais du fait que tu parlais d’intérêts cachés de HQ. Tu commençais à sous-entendre dans les commentaires que la relégation l’arrangeait bien pour son plan secret (tu ne l’as peut-être pas dit dans ces termes, mais c’était insinué). Je me rappelle même que tu argumentais en parlant des partenaires, qu’en regardant qui ils étaient, on comprendrait.
        Bref, pas grave. J’ai perdu mes reflexes d’archiviste du coup, je n’ai rien sous la main pour te sortir ce à quoi je pense et j’ai la flemme de chercher.

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      2. @NF : mais je maintiens ce que je disais 😉
        Il y a des relégations qui sont bénéfiques. Qui arrangent parfois bien les choses.
        Le club genat n’a d’ailleurs jamais aussi vivant en période estivale depuis la période Canal+.

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      3. @NF : la paradoxe est tout de même si grand qu’il interpelle : on ne dirait vraiment pas, et on ne le ressent d’ailleurs à aucun moment, que le Servette FC a été relégué.

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      4. @NF : il a pu conserver certains de ses meilleurs joueurs, a pu faire venir de vrais renforts, a pu renforcer son secteur sportif avec l’engagement d’un directeur sportif, un vrai formé, à 100%, a pu s’entourer des meilleurs espoirs, et a pu même s’adjoindre les services d’un ambassadeur en la personne de Zubi. Un club qui se renforce à ce point, en général, est un club promu… 😉
        Pas un relégué en tout cas…

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      5. @NF : et tout bientôt un nouveau partenaire sur le maillot. Partenaire significatif.
        (Désolé pour les messages répétés, suis sur i-phone et ça bug)…

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      6. la tu en dis soit trop… soit pas assez…

        quel partenaire?? (oui, ras le bol de voir le canard sur les maillots… même si je remercie chaleureusement le patron du GHI)

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      7. OK OK. Ce n’est pas ainsi que je l’avais interprété à l’époque. Peu importe. Nous avons de toute façon une opinion assez proche. A la différence que j’attends encore pour voir. Pour moi, le renouveau n’est pas encore en marche. Il ne tient d’ailleurs pas encore debout. On pourra parler de renouveau en marche selon moi quand l’équipe aura fait ses preuves et qu’elle bataille pour la promotion.

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      8. @NF : tu as sans doute raison, il faudrait attendre pour voir avant de se prononcer aussi affirmativement. Par contre, ce qu’il me plaît, c’est qu’aujourd’hui, on sent une logique. Une stratégie cohérente. Il faudrait idéalement, pour la soutenir au mieux, des moyens financiers de plus en plus importants. Mais, au moins, les choses se font intelligemment. On peut comprendre ce Mercato. Il se défend. Se justifie et s’argumente. Peut-être que cela ne sera pas autant efficace que ce que l’on espère, mais là n’est pas l’essentiel. L’essentiel, pour moi en tout cas, est que nous supportons un club qui, aujourd’hui, reconstruit et se donne visiblement les moyens de le faire de la manière la plus cohérente possible.

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      9. @NF : un club qui suit le bon chemin, la bonne voie. Pour toutes les raisons citées dans l’article, il met en place des choses concrètes qui vont dans la bonne direction.
        Et je préfère mille fois repartir en Chl mais avec des fondations solides et des moyens cohérents, que de décrocher une place européenne avec une politique inexistante et un vide sportif « pishyardien » qui ne laisse entrevoir aucun avenir…

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      10. On pense bien la même chose. Mais j’ai vu, on a vu, tellement de baudruches se dégonfler, tellement de tocards qui nous faisaient croire qu’ils étaient des stars depuis des décennies que j’attends avant de m’emballer. Oui, le club se monte bien, avec du monde qualifié là où il faut. Mais en attendant, je constate que Markovic et Marinkovic ne joueront pas à Wohlen parce qu’ils ne sont pas qualifiés. Je ne sais pas qui est responsable, mais pour un club qui se veut pro dans son approche, ça fait désordre.

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