
Malgré les fréquentes apparitions des deux clubs lémaniques en finale de la Coupe de Suisse (19 pour Servette et 16 pour Lausanne), le derby du lac n’a été programmé qu’une seule fois en guise de finale. En outrant le trait, on pourrait dire que les Valaisans l’ont emporté sur les anciens Servettiens…
Lausanne pour sauver sa saison, Servette pour s’économiser…
La confrontation du lundi de Pentecôte 1984 au Wankdorf bernois se profile sous des auspices bien différentes pour chacun des protagonistes : Lausanne-Sports, malgré une belle fin de championnat (13 matchs sans défaites), n’a plus que la Coupe pour sauver sa saison. Servette, lui, devra affronter Grasshoppers pour le match d’appui pour le titre dans le même stade… quatre jours plus tard ! Les Grenats avaient offert à leurs supporters une saison qui, à défaut d’être enthousiasmante, avait été très solide et leur permettait, en ce début de mois de juin, de pouvoir briguer un doublé. Bénéficiant d’une solide assise défensive asurée par le gardien Burgener et les défenseurs Renquin ou Geiger, l’équipe grenat possédait encore un buteur très opportuniste (Brigger) et un milieu de terrain qui faisait mieux que tenir la route (Barberis, Schnyder,…). En championnat, un malheureux match nul contre Xamax avait de peu privé les Grenats d’une consécration attendue depuis 1979. Le parcours en Coupe avait été à l’image de la saison : poussif par moments (1:2 à Martigny, 0:0 puis 1:0 à l’ultime minute contre Aarau mais aussi jonché de bons épisodes (qualification 5:0 contre Chiasso et surtout 4:2 contre le FC après avoir mené 4:0). Sur le papier, les Grenats partent favoris, reste à savoir comment ils auront digéré la désillusion de l’échec face à Xamax…
Une fournaise
38’000 personnes assistent à cette fête du football romand sous un soleil de plomb. Du côté lausannois, une chatte servetienne y retrouverait bien vite ses petits : Peter Pazmandy coache les Bleus et Blancs (ce sera son ultime match), Didi Andrey et Joko Pfister, des héros de 1979, tirent aussi quelques unes de leurs dernières cartouches, leur vieux compère Lucio Bizzini pointe lui à l’infirmerie en délicatesse avec une cheville et puis une ribambelle de petits chatons aux griffes trop tendres pour s’imposer durablement aux Charmilles courratent du côté vaudois, du gardien Milani à l’attaquant Mauron en passant encore par Seramondi et Batardon. Quant au Hollandais du Lausanne-Sports Robert Kok, il est déjà en pourparlers avancés avec le SFC qu’il est sur le point de rallier. On ne le sait pas encore, mais les Lausannois Hertig, Bamert et Ley-Ravello rejoindront aussi Servette un jour… Dans cette affaire de famille, les cousins valaisans se sont invités : 4 Servettiens (Burgener- vainqueur de la Coupe 1981 avec Lausanne-, Geiger, Brigger et Barberis) ont grandi sur les verts pâturages bordant le Rhône…
Une domination longtemps stérile
Plus affûtés, les Grenats tirent les premiers : un beau shoot d’Alain Geiger dès la 4ème minute est à deux doigts de faire mouche. Les offensives genevoises sont les plus tranchantes mais restent infructueuses, les Lausannois pointent rarement leurs crampons près du but de Burgener très peu sollicité. Contrairement à ses habitudes, Servette n’évolue qu’avec deux attaquants (Elia et Brigger), au lieu de se débrider au fil des minutes, le jeu se crispe, les occasions se font rares, le but libérateur ne tombe pas. Ce n’est qu’en fin de match que Lausanne s’enhardit jusqu’à viser la latte de Burgener à l’ultime minute. Servette a tremblé… Il faut jouer les prolongations. Ce scénario n’arrange guère les Servettiens qui ont sans doute aussi le match contre GC à l’esprit. Si le score reste nul, il faudra rejouer le match une semaine plus tard… Les Grenats seront-ils contraints de camper au Wankdorf ?
Un une-deux libérateur
Après quatre minutes dans la première prolongation, Alain Geiger et Jean-Paul Brigger unissent leurs efforts. Les deux compères ont déjà éclusé quelques fonds de Fendant dans le trophée Aurèle-Sandoz en 1980. Suite à une remise de Brigger, Geiger, meilleur joueur sur le terrain, ajuste un tir rageur, imparable pour Milani.
La suite de la prolongation est hachée, en dépit du tempo minimal insuflé à la partie, les joueurs souffrent régulièrement de crampes, le moindre contact conduit à de légères blessures. Il n’avait pas fait bien beau ce printemps-là et les organismes sont éprouvés. Les ultimes assauts des Lausannois restent vains. Bénéficiant d’une plus grande maitrise collective, Servette l’a emporté à l’usure, profitant en outre des contre-performances de plusieurs Lausannois vieillissants (Andrey, Pfister,…). La fête du football romand tourne à la déception, le coach national Wolfisberg s’exprime ainsi, les deux équipes auraient tout aussi bien pu jouer la coupe à la roulette et attendre de voir dans quel trou tombera la boule…

En haut : Elia, Mattioli, Henry, Decastel, Hasler, Dutoit, Walder
En bas :Castella, Barberis, Brigger, Burgener, de Choudens, Schnyder, Renquin, Geiger
Le sourire jaune de Delamuraz
Un peu plus de dix ans après avoir fait la nique aux Luganais sous les yeux de « leur » conseiller fédéral Nello Celio, les Grenats remettent ça : le rayonnant capitaine Marc Schnyder recoit la coupe des mains du conseiller fédéral… vaudois Jean-Pascal Delamuraz !
La gueule de bois
La fête des Grenats tournera vite à la grimace : quatre jours plus tard, encore éprouvés par les efforts consentis en finale de Coupe, les Grenats plient dans les prolongations contre GC suite à un abominable plongeon de Kurt Jara qui abuse l’arbitre Daïna. Le trophée acquis contre Lausanne, complété par le titre acquis la saison suivante meublera le palmarès des années Lavizzari où Servette, toujours bien placé, échouera si souvent d’un rien…
La video du match de 1984 :
Autres chroniques concernant les matchs contre Lausanne :
Un des épisodes de l’inusable derby lémanique
Un Julian Esteban pétillant ne vendange pas devant le but du Lausanne-Sports !
le plus beau Lausanne-Servette
Eric Burgener : dans la veine des grands gardiens lémaniques
Toujours en vente, toujours actuel : le livre « Un peu d’Histoire… » : 320 pages sur le long passé grenat !
Jacky Pasteur et Germinal Walaschek




Un souvenir de cette finale,c’est le raté énooorme de kok
dans les ultimes minutes du temps réglementaire,Comme
Kok avait déja plus ou moins signer au Sfc pour la saison
suivante,ce raté avait fait beaucoup parler,surtout les supporters du Ls.
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Merci. Pourvu que cette victoire en finale inspire notre nouvelle équipe !
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