Lettre à Kevin Cooper

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Cher Monsieur Cooper…

Je souhaite profiter de l’opportunité qu’il m’est donné à travers la rédaction de cette lettre pour vous adresser mes félicitations. Vous avez su redresser sportivement mon équipe de cœur, le Servette FC. Encore moribonde il y a moins d’une année, la formation grenat s’était perdue dans les méandres d’un printemps pluvieux, où les moments de lumière ne parvinrent jamais à percer les nuages qui laissaient augurer d’un avenir tempétueux.

Depuis, le retour à des valeurs positives, comme la solidarité et la cohésion se sont imposées en maître des lieux. Votre apport y est indéniablement pour beaucoup. Vous avez prôné davantage de cohérence, redonnant une lueur d’espoir et de motivation à des éléments bannis qui devaient endosser le rôle de leaders naturels.

Ce Servette à nouveau ambitieux a cultivé son retour à la vie à travers votre perpétuelle recherche de la discipline, de la rigueur, du travail et du choix méticuleux. Raisonnement issu du sens de la logique. Tout apparaît pensé et réfléchi, à travers notamment des choix poussés à l’extrême. Nulle place pour la fantaisie, pour les innovations, ou pour les expérimentations issues de ressentis spontanés. Créativité, feeling, vous n’en avez cure.

Enfin, pas tout à fait, je vous en crois capable. La preuve avec votre coup de génie. Penser à aligner le jeune et prometteur Bua dans une position axiale, confiné depuis belle lurette à une position d’ailier, était une véritable prouesse. Depuis, libéré de sa ligne, et disposant de plus d’espaces, le prodige élève son niveau vers des sommets encore jamais atteints auparavant. L’associer à l’étonnant Besnard, et vous avez trouvé là le parfait équilibre qui permet aux nôtres de se montrer enfin plus percutants dans les trente derniers mètres.

Cette stratégie a permis au Servette de continuer sa progression et son évolution. Aussi, j’avoue ne pas avoir compris. Pourquoi dimanche, alors que notre équipe brillait de mille feux en pulvérisant l’un de ses rivaux historiques et en illuminant le derby lémanique, vous avez décidé de sortir ces deux joyaux. La formation a alors reculé, annihilant les bienfaits et l’osmose de son système, tendant la joue, trente mètres plus bas. Il en résultera deux offrandes à des lausannois qui n’y étaient plus.

Certes, il y avait déjà 4-0, et le match approchait de sa fin. Mais le simple relâchement ne peut expliquer à lui seul cette défaillance qui laissa place à un épilogue raté. Un peu comme un feu d’artifices soudainement éteint par un orage aussi imprévu que malvenu. Un film dont le scénario, brillant jusque là, tue tout suspense et finit en queue de poisson, reléguant la prestation des acteurs à un niveau de série B.

Et si Bua était resté sur le terrain, aurions-nous pu imaginer remporter ce derby 5 ou 6-0, au lieu de 4-2? Je n’ai pas compris non plus pourquoi le maladroit Avanzini, très emprunté, ou le trop lourd et fatigué Kamber, eux, ont joué tout le match. Il y avait pourtant le jeune Gazzetta, auteur d’un premier tour régulier et porteur de progression, qui se morfondait sur le banc.

Devant ce public nombreux, c’était le moment où jamais de montrer que l’une des finalités du club est de prôner une politique de formation et une identité avec ses jeunes du crû. Et puis Yagan Hirac, ce milieu de terrain engagé cet hiver sous forme de prêt, qui attend toujours sa première minute de jeu, et qui avait là l’occasion en or pour étrenner son nouveau maillot dans les meilleures dispositions.

Je n’ai pas compris non plus pourquoi vous n’avez pas profité de cette large victoire pour tenter davantage, plus tôt. Pour faire jouer vos trois remplaçants. Ou pour laisser Bua et Besnard, avec Roux. Avec un FC Lugano qui paraît lancé sur une voie inarrêtable, le Servette FC ne pourra fêter la promotion qu’en osant bousculer davantage les événements. En provoquant sa destinée. Il faudra alors oser plus, se montrer plus conquérant, plus audacieux.

Ce soir notre rêve vivra une étape importante dans un déplacement piège de tous les dangers. Pour entretenir nos espoirs, j’ose pour ma part vous demander d’ajouter à vos nombreuses qualités cette part de fantaisie et d’inspiration du moment. Pour réagir plus rapidement si le système mis en place ou si les évènements du contexte prennent une tournure indésirable. Pour également faire preuve de pertinence lorsqu’il faudra changer, en remplaçant les éléments fatigués ou qui s’essoufflent, au bon moment tout en préservant l’équilibre et la cohérence du système.

Merci pour l’attention que vous accorderez à cette lettre M. Cooper.

Je vous adresse mes meilleurs messages pour le match de ce soir. Je serai votre premier supporter, comme toujours.

Cordialement,

GrenatDC

14 réflexions sur « Lettre à Kevin Cooper »

  1. Mais bon sang ils en sont ou au point de vue financier les salaires et les charges sont payés ou il faut s’attendre à une sanction de la ligue voir même à une catastrophe pour tout le foot genevois!
    Oui je sais plus de comuniqué pendant les négocations mais ĺà j’en peux plus d’attendre!

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  2. Ben moi j’ai trouvé normal et logique que Besnard sorte, il a beaucoup joué ces derniers matchs. On a une semaine anglaise, c’est normal de le faire souffler le score étant acquis.
    On a encore beaucoup besoin de lui ces prochaines échéances. De plus, il a un jeu à risque avec son engagement et il avait déjà un carton, Qu’aurait-on dit s’il s’était fait expulsé en fin de match et n’aurait pas pu jouer à Bienne?

    Bua est quant à lui sorti à la 85ème, il méritait une standing ovation pour son match. Là aussi, je trouve cela normal. Si parce que Bua sort, on ne peut plus rien faire contre une équipe démobilisé, c’est qu’on n’est pas terrible. Alors oui on a ensuite reculé, mais c’est également et surtout dû à un relâchement collectif important que l’on a pris ces deux buts..

    Ce qui me dérange par contre, c’est ce peu de changement de manière générale. Là Je rejoins DC, je ne comprends pas pourquoi Gazzetta ne rentre pas dès la 60ème, le score est acquis, faisons jouer un peu plus les autres pour garder tout le monde impliqué. De même, pour Doumbia qui ne joue que 5 minutes.

    Enfin, je ne comprends pas « l’acquisition » de Hirac, j’avoue, je ne l’ai jamais vu jouer, mais alors que l’on a de gros soucis financiers, c’est un salaire inutile (certes il ne doit pas être très élevé, mais tout de même). Nos jeunes auraient certainement pu tout aussi bien pu « faire le nombre » comme lui.

    Ceci dit, cette lettre est bien écrite et relève également, à juste titre, les points positifs de la saison de Cooper.

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  3. superbe lettre mais vous oubliez une chose…Copper ne comprend pas le français et le temps qu’il comprenne votre fançais académique il lui faudra malheureusement des années..même pas sûr que Zubi lui même en saisisse toutes les nuances..même si sur la teneur de la dite lettre je suis d’accord avec vous.
    Espère voir Roux à la 60ème contre Bienne..faudra prendre des risques s’il y a 0-0 à la 60 ème…

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    1. Il y a assez de monde dans le staff pour lui traduire, non ?
      Elle est bien cette lettre mais a -t-elle été adressée au SFC pour K. Cooper ?

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    1. Un grand bravo à Robin qui avait été critiqué lors de certains matchs.
      Comme quoi au foot, tout peut arriver.

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  4. En tout cas chapeau (Encore une fois) GrenatDC, beau style tout en sensibilité.
    D’accord par ailleurs avec les éléments clés de cette lettre.

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