Les supporters de Servette luttent contre les mesures injustes. Interview de l’avocat à la base du recours.

Photo 24h – le derby a été électrique pas seulement pendant le match mais aussi avant et après le match

Christian van Gessel, Avocat au Barreau

EdS: En tant qu’avocat, qui t’as mandaté?
CV: Au départ, j’ai lancé le mouvement car j’étais choqué, en tant que juriste au fait des règles de droit, par la punition collective infligée, et par les droits fondamentaux bafoués ; je pensais qu’il fallait réagir.
Puis suite à mon appel sur le site des EDS (merci à vous d’avoir accepté de le relayer !), des personnes se sont adressées à moi pour soutenir l’idée, et actuellement, des procurations m’arrivent en continu, pour cristalliser les mandats. Pour répondre à ta question, ce sont des abonnés qui me mandatent.


EdS: Est-ce que Servette est un club qui t’importe?
CV: Oh oui !

EdS : Depuis quand es tu supporter?
CV: Je suis l’équipe depuis l’âge de 6 ans, en 1970, et j’en suis depuis un fervent supporter, abonné de longue date, déjà aux Charmilles, puis au stade de la Praille, dont j’ai été aussi un souscripteur.

EdS: Pour faire simple. Que veux-tu exactement avec un recours?
CV: Je veux que nos autorités prennent conscience qu’elles ne peuvent pas faire ce qu’elles veulent, comme elles veulent, au prétexte que des violences sont commises.
Leur constat est juste : ces violences sont inacceptables. Mais la réponse étatique est fausse, car illégale, disproportionnée et arbitraire, bref injuste pour tous ceux qui n’ont commis aucune violence.
L’Etat doit trouver d’autres voies ! Il faut punir ceux qui commettent des actes répréhensibles, et personne d’autre.

EdS: y-a t’il un coût? Qui paye?
CV: Oui la Cour de justice devrait, après le dépôt du recours, me faire parvenir une demande d’avance de frais, que j’estime se monter entre CHF 500 et CHF 2’000, mais sans aucune garantie.
L’idée est de partager ce montant entre tous les intéressés. Certains m’ont déjà promis CHF 200, ou 100, ou 50, donc on verra pour que ce soit le plus égalitaire possible, que chacun paye en fonction de ses ressources.

EdS: Est-ce que le comportement bestial et stupide de certains individus à Lausanne, qui n’aiment pas le Servette mais eux avant tout , t’insupporte?
CV: Oui absolument. Je n’ai aucune sympathie pour ces quelques individus qui se cachent dans une foule pour commettre des déprédations ou des actes de violence, que je réprouve.
Ce sont pour moi de véritables hooligans, c’est-à-dire des gens qui ne sont pas forcément des supporters d’un club de football, mais qui recherchent uniquement la bagarre, et profitent du grand nombre pour agir cachés.

EdS : As tu conscience que si tu gagnes ton recours, tu auras la lourde responsabilité que tout aille bien?
Non, absolument pas. Si des personnes commettent des faits de violence ou des déprédations, je n’en suis pas responsable ! Personne n’en est responsable à part ceux qui les commettent.
A mon sens, même les associations de supporters « ultras », ou disons les plus fervents, comme la Section Grenat, n’ont pas de responsabilité en tant que telle pour les comportement de certains d’entre eux.
Cela dit, à ma connaissance, ces associations font ce qu’elles peuvent pour éduquer leurs membres, prévenir les débordements, cadrer les foules, mais encore une fois elles ne sont pas responsables pour les dérives de certains de leurs membres.
Alors oui, si nous gagnons, il serait vraiment bienvenu que tout se passe bien, même dans l’intervalle, et je compte sur tous les supporters pour montrer aux autorités qu’elles ont tort de peindre le diable sur la muraille.
Mais surtout, je pense qu’une part de responsabilité des échauffourées du 9 décembre à Lausanne revient à la police lausannoise, qui a eu la brillante idée de faire passer le cortège servettien sous les tribunes D de la Tuillière. Dans toute l’Europe, en Suisse aussi, on sait pertinemment qu’il ne faut pas faire passer un camp tout près de l’autre, car c’est inévitable, ça part en cacahouète.
Franchement, les autorités ne peuvent pas allumer un feu pour ensuite entraver les droits fondamentaux au prétexte du risque d’incendie qu’ils ont eux-mêmes provoqué.

EdS: Quelles sont ses bases légales qu’argumente le département d’état?
JCV: Je ne sais pas, j’ai sollicité l’Etat qui a refusé de me faire parvenir une copie de la décision litigieuse.
Je suis donc en train de rédiger le recours sur des suppositions, mais je demande aussi, dans le recours, que cette décision soit fournie dans la procédure, ce qui nous permettra de nous prononcer en toute connaissance de cause par la suite.

Par Oscar Obradovic

9 réflexions sur « Les supporters de Servette luttent contre les mesures injustes. Interview de l’avocat à la base du recours. »

  1. J’aimerai m’associer à cette démarche, pourriez-vous me faire suivre les infos utiles sur mon mail perso ? Merci d’avance les EdS

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      1. Bonjour, en tant qu’abonné de la TN, j’aimerai aussi me joindre à cette démarche et avoir les informations nécessaires. Merci!

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  2. Excellente initiative de ce Monsieur, et des abonnés.

    Je ne sais pas si ça peut aider, mais le groupe d’ultra lausannois a plusieurs fois prévenu les autorités de la Ville de Lausanne que le tracé du cortège des supporters adverses était dangereux. Et les autorités n’ont jamais donné suite, ni modifié le tracé du cortège.

    Et puis un sujet d’actualité, les autorités zurichoises ont demandé au FC Zurich de fermer leur tribune D uniquement suite aux débordements entre zurichois et bâlois, à la gare de Zurich. Les autres tribunes resteront ouvertes. Deux poids, deux mesures.

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  3. Bravo pour la démarche, je fais déjà partie des personnes contactées!

    Il faut aussi reconnaître que le club a très (trop) rapidement baissé pavillon et accepté les sanctions sans broncher ni remettre quoi que ce soit en question alors même que l’ASF n’avait pas été consultée. La précipitation pour fermer la tribune et stopper la vente des billets se sont faites sans aucune réflexion. C’est dommage.

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