
C’est l’espace-temps qui sépare Servette d’un possible nouveau et si attendu titre, 23 ans après. Une éternité pour ce club dont l’identité est conjuguée historiquement avec palmarès.
C’est dire la grandeur de l’enjeu, de l’enthousiasme, du rêve. Mais aussi de l’accomplissement. Une reconstruction, orchestrée avec rigueur et sérieux depuis des années, et qui a remplacé le farfelu, le n’importe quoi.
Ce Servette-là le mérite. Ses supporters, pour être toujours là malgré l’attente et les désillusions. Ses joueurs, pour leur respect du maillot et pour leur esprit d’équipe. Mais également son entraîneur, pour avoir rempli brillamment sa mission, celle pour laquelle il a été engagé, et celle qui a permis au Servette de franchir un nouveau palier.
Il convient de le souligner, et de s’y arrêter. Car il en aura fallu. Peu apprécié par les supporters grenats à son arrivée, avec la lourde tâche de remplacer dans leur coeur l’enfant-chéri Geiger. Peu convaincant auprès de médias probablement sur leur faim de ne pas pouvoir en retirer énormément lors de leurs points presse. Et pourtant…
L’entraîneur grenat est un perfectionniste, un réfléchi. Probablement jusqu’au boutisme. Engagé quelques mois avant sa réelle prise de pouvoir, il avait eu largement le temps d’observer, de scruter, de détecter les failles, malgré une 2e place qui pouvait laisser penser qu’il n’y avait plus grand chose à apporter à cette équipe lancée sur les rails de la victoire par son prédécesseur.
Weiler est arrivé ainsi avec une ferme conviction, celle d’apporter du dynamisme et du changement dans une zone 3 trop souvent inanimée. Un passage en 4-4-2 bien vu mais peu concluant, car sans en avoir les réels moyens. Un retour nécessaire à des schémas prônés avant lui, car démuni suite au départ du meilleur buteur Bedia. Un constat d’impossibilité avec une situation qui tarde à évoluer, elle, en coulisses. Mais Weiler est arrivé aussi avec un mot d’ordre : rigueur mêlé à de la discipline et à un engagement sans faille. Car si Servette avait terminé 2e, il affichait étonnamment un goal-average négatif qui racontait alors beaucoup de choses.
Le Servette d’aujourd’hui a perdu une place, mais peut se targuer de présenter un goal-average très positif. Un coup d’arrêt suite à une élimination européenne dans la souffrance, et une pause internationale propre à casser la dynamique, c’est plusieurs défaites, mais jamais avec plus d’1 seul but d’écart, là où toutes les autres équipes du championnat, le Servette des saisons passées en première ligne, partent en éclats et prennent l’eau. Cela en dit long sur le niveau qui a été franchi. Les principes sont là, la méthode Weiler est appliquée, s’est incrustée.
L’homme ne brille pas que par la perspicacité de sa méthode, mais également par son flair, par cette aptitude à détecter dans les profils de chaque joueur ce que ceux-ci peuvent amener au groupe, au système. Exit les joueurs fantasques à l’investissement insuffisant. Il y a là l’idée de construire un édifice solide. Il y a de la suite dans les idées. Cette volonté d’oeuvrer pour grandir, pour s’améliorer dans le fond, peu importe le résultat. Car, comme le disait un jour très justement Didier Fischer, « un titre ne peut être qu’une conséquence ».
Servette joue son palmarès dimanche. Un match de gala, comme il en a vécu d’autres cette saison, notamment en Coupe d’Europe. Il sait s’y sublimer. Il devra le faire face à un Lugano qui a fait de la dynamique de cette compétition son univers depuis 3 ans. Les tessinois partiront favori, mais comme Genk avant eux. Le Servette de Weiler peut gagner là où on l’attend le moins, et là où il peut marquer les esprits.
Mais le réel enjeu va bien au-delà de ce match. Le mercato hivernal, totalement raté par les errances d’une cellule de recrutement aux abois ou inexcusablement endormie, doit laisser place à une correction : une préparation de la saison prochaine qui s’appuie sur les acquis, et qui doit proagir en ciblant ses priorités et en se donnant les moyens de franchir un autre palier. Imaginer cela sans Weiler, c’est déjà prédire une saison ratée. L’avenir ne peut se construire sans lui. Tout serait alors à reconstruire, avec une cellule sportive trop souvent déconnectée, et des principes à reconstruire autour d’un nouvel entraîneur qui n’aura sans doute pas la personnalité affirmée nécessaire pour pousser au plus, au mieux.
Les médias s’interpellent et relancent (trop) souvent la question de savoir si Weiler sera encore là. La question ne devrait même pas se poser, tant cela devrait constituer une évidence. L’entraîneur est sous contrat. La priorité n’est pas aux questions, mais aux démarches proactives dont il devrait être le centre.
Didier Fischer a toujours défendu l’idée de la stabilité, la valeur d’une gestion intelligente construite avec patience autour de compétences. Il est désormais à la croisée des chemins. Se tromper cet été, ce serait non seulement perdre énormément de crédit, mais ce serait faire planer un doute sur les réelles intentions, ambitions et priorités des dirigeants à la tête de ce club.
Ce serait tomber de haut, alors qu’il ne reste désormais plus que quelques marches à franchir pour atteindre le sommet.
Par GrenatDC
super article GrenatDC 👍👍. Amicalement Tom
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Merci pour cette juste analyse.
Peut-être faut-il se pencher sur le fait que Lugano parte favori.
Sur le papier tout d’abord, on peut dire que les deux équipes ont des arguments. Avantage manifeste toutefois à Lugano, concernant le secteur offensif, vu notre manque de présence dans ce secteur actuellement.
Ensuite, côté dynamique et au regard de la fin de parcours des deux équipes, on peut dire que Lugano est favori. Servette s’est enlisé et Lugano a brillé. Cependant, la tendance des deux derniers matches inciterait à penser que cette dynamique est en train de s’inverser.
Concernant les confrontations directes de cette saison, avantage à Servette avec 3 victoires et 1 match nul. On peut même lire sur le site officiel de Lugano que Servette est qualifié de bête noire, ce qui c’est un comble, tant ces dernières années, c’était l’inverse qui était plutôt de mise.
Pour ce qui est de la détermination et de la gestion de l’émotionnel, léger avantage à Servette.
Pour la détermination et au delà de l’évidence que les deux équipes veulent remporter cette finale, Servette part favori, tant la volonté de vouloir ramener un titre à Genève après 23 ans, est grande.
Lugano a remporté la coupe il y a seulement deux ans et ont atteint leur but de se qualifier pour les barrages de CL, en surclassant Servette en Super League. Inconsciemment, le soufflé pourrait se dégonfler, encore que.
Pour la gestion de l’émotionnel, les grenat ont prouvé cette saison qu’ils savaient gérer les grands rendez-vous. Tout dépendra du scénario du match, mais à moins d’un cataclysme de début de partie, Servette devrait tenir ce choc.
Enfin, côté public, avantage également pour les grenat. La cohorte servettienne s’annonce plus conséquente que les fans luganais et saura se montrer assurément plus bruyante.
Conclusion, il est juste de donner Lugano favori pour le classement final du championnat et de l’état de forme actuel et, il est juste de donner Servette favori pour tous les faits énumérés ci-dessus. Quoi qu’il en soit, si un visage d’outsider devait nous être attribué, cela ne pourra que décupler les forces et les volontés de ramener cette Coupe en terres genevoises.
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Un autre petit avantage à Servette 80% des luganais qui seront sur le terrain n’ont pas joué depuis deux semaines ce qui peut leur avoir fait perdre le rythme ce qui n’est pas le cas de Servette.
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Tout à fait. De plus, en fin de saison, il est nettement plus difficile de revenir au top après avoir « décroché » sur 1 match qu’au début ou au milieu de saison. Lorsqu’on sait que diverses échéances s’enchaînent, le « spirit » revient. Lorsqu’on sait que lorsqu’on revient, il s’agit du dernier match avant les vacances, c’est tout différent.
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Excellente analyse de ta part également, Denis. Tu aurais pu en signer un article selon moi !
Bien à toi :-))
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Merci à toi, Bertine ! On fait ce qu’on peut ! Mais force est d’avouer qu’il est actuellement difficile de se concentrer sur les mots, tant la tête est déjà à Berne. Après, quand il s’agit de Servette, tous ici, retrouvons des ressources insoupçonnées ! Dimanche, on sera 18’000 à puiser dans ces ressources pour porter nos couleurs. 18’000 + 11…
Hâte d’être dimanche, 10h30, devant l’Uni !
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magnifique, lucide et objectif cet article. Bravo et merci
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Un très bon article. Il faut vraiment que Weiller reste. Allez Servette!
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Très bonne analyse je pense en effet que Weiler sera là la saison prochaine.
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nous avons aussi plusieurs vrais clubistes qui n’ont jamais vécu une finale de Coupe avec Servette et ils ne vont rien lâcher
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Excellent article. Rien à ajouter, si ce n’est acquiescer le fait que Weiler doit rester, quoi qu’il en soit, avec un plus grand mot à dire (c’est pas difficile) quant au contingent et sur le plan purement sportif.
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Il faut que Weiler reste bien évidemment, mais surtout (et je me demande si c’est pas une condition pour qu’il reste) c’est qu’il ait son mot à dire sur les recrutements. Là, je pense que dans ce cas de figure l’année prochaine l’équipe sera encore plus compétitive.
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Quand on débarque à 30-40’000 supporters, là on peut parler d’un véritable avantage, d’un douzième homme. Dans sa nouvelle boîte de conserve le Wankdorf atténue largement ce sentiment malheureusement…
Concernant la forme des joueurs ce ne sont pas quelques jours qui vont faire la différence… La coupe d’Europe l’a déjà démontré à de multiples reprises alors que certains pays ne faisaient pratiquement pas de coupure et que chez nous on hivernait près de deux mois… Jouer une partie sur une jambe ou effectuer des entraînements intensifs je vous laisse choisir la meilleure solution…
Pour le bilan des confrontations directes prendre le dernier match en compte c’est vivre dans le déni…
À voir la joie démontrée par les Luganais devant un parcage full au terme de leur demie leur motivation et détermination n’auront rien à vous envier…
Si il y a bien un match ou toutes les considérations peuvent tomber à l’eau en deux secondes c’est bien une finale… D’un côté comme de l’autre…
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Sauf que pour voir « la joie démontrée par les Luganais devant un parcage full au terme de leur demie », il fallait être dans un stade qui ne figure pas sur Google Map…
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