2 ème journée. FC Zürich – Servette FC : 2-3 (0-0). Le match sous la loupe

Après une première défaite qualifiée de mortifiante à domicile face au FC Thoune, les Grenat étaient promis à un déplacement ô combien périlleux à Zürich pour y affronter l’un des favoris désignés du championnat…

Le match sous la loupe

Articulés dans un système devenu habituel et présentant une formation densifiée à mi-terrain, les servettiens auront d’entrée de match fait bien mieux que de se défendre. Surprenant les locaux, ils refusèrent de jouer ultra-défensif en s’efforçant de prendre possession du ballon en fermant les espaces et en évoluant haut dans le terrain. La tactique parfaitement mise en place par le druide Joao Alves permit au Servette de tenir la dragée haute aux Zürichois. Destabilisés par la sortie sur blessure du latéral gauche Schlauri, les Grenat subirent un orage peu avant la pause, mais un génial Gonzalez veillait alors au grain, transformant sa cage en forteresse inviolable.

Déterminé à passer l’épaule au retour des vestiaires, le FC Zürich mis une pression importante sur la défense genevoise d’entrée de seconde période. C’est fort logiquement, et en profitant de largesses défensives Grenat malvenues, que les locaux ouvrirent le score…avant de doubler la mise peu après. Alors que l’on se dirigeait vers une victoire finalement logique, c’était sans compter sur les petites pépites servettiennes lesquelles se mirent alors à scintiller dans le ciel. Tout d’abord, étoilé… par le génie du magicien Alves, qui parvint à trouver une recette miraculeuse pour inverser la tendance du match en introduisant un joker offensif supplémentaire. Puis dynamité… par le brio d’un Karanovic en état de grâce, auteur d’un doublé en 2 minutes!! Le Servette s’envola alors dans des dimensions immatérielles, là où l’inaccessible et l’impossible n’ont aucune emprise sur les qualités de solidarité d’un groupe à ce point si uni. L’offrande suprême synonyme de victoire tombera peu après d’une tête de l’inévitable Patrik Baumann, qui n’arrête plus de délivrer un Servette inspiré.

Certes, si cela ne rigolera pas tous les week-end, il convient tout-de-même de profiter de ce type de victoire arrachée avec les trippes! Le prochain déplacement dans la capitale sera bien évidemment de tous les dangers et représentera une nouvelle montagne à surmonter. Mais les Grenat auraient tort de s’avouer vaincus d’avance et peuvent désormais s’appuyer sur cette belle victoire au Letzigrund, qui peut prendre sans rougir la forme d’un hommage à l’une de ses étoiles malheureusement envolée à jamais dans le ciel.. Jacky Fatton.

Le système de jeu

Le 4-2-3-1 si souvent prôné par Joâo Alves aura démontré toutes ses vertus sur ce match. La présence massive de grenat à mi-terrain aura permis aux servettiens d’imposer une légère domination territoriale haut dans le terrain, tout en fermant les espaces et en empêchant les Zürichois de développer leur jeu. Certes Esteban puis Eudis, isolés à la pointe de l’attaque, auront éprouvé bien des difficultés à s’imposer réellement au sein d’un tel système, mais celui-ci offre la possibilité d’un quadrillage parfait du terrain… Il présente aussi l’avantage d’être particulièrement maléable. En effet, mené 2-0, l’entraîneur portugais aura alors sorti son demi-défensif le plus bas sur le terrain. Il aura ainsi modulé sa tactique en lui apportant juste ce qu’il faut pour modifier totalement le cours du match sans pour autant changer le fondement même de son système. C’est fort, très fort ce que nous a fait João!

La défense

Peu à son aise face à Thoune et démontrant des lacunes pour le moins inquiétantes, la défense servettienne se sera montrée plus à son avantage au Letzigrund. Le retour dans l’axe de Baumann, associé à un bon Schneider dont les caractéristiques de jeu peuvent le rendre plus à l’aise à cette place que sur les côtés, n’y est pas étrangère. Attention toutefois car la défense souffre encore et semble encore manquer de consistance.

Pour aller plus loin, c’est tout le travail défensif de l’équipe dans son ensemble qui peine dès que le rythme adverse s’élève. C’est d’ailleurs dans ces moments-là que l’on voit que le Servette a encore besoin d’un temps d’adaptation pour prendre toutes ses marques en Super League. En effet, au plus fort de la pression zürichoise, la défense aura subi tant et plus, laissant transparaître une fragilité et un manque d’agressivité qui auraient pu se payer au prix fort sans les prouesses exceptionnelles de notre dernier rempart. Comment se comportera-t-elle face à un adversaire plus en verve, en forme et en confiance que ce FC Zürich si peu inspiré? Le danger demeure, et l’intérêt des dirigeants servettiens porté vers le renforcement de ce secteur de jeu est tout-à-fait cohérent.

Il faut également constater que la défense peut être mise à mal par des difficultés dans le repli des demis-extérieurs. Car si Rüfli fut bien épaulé par le battant Vitkiviez, il n’en fut pas de même pour Schlauri et Moubandje, parfois bien esseulés et fort mal emmanchés par l’insuffisance démontrée par De Azevedo à ce niveau…

Pour pousser encore un peu plus loin l’analyse, on relèvera le souci d’équilibre de Joâo Alves. En effet, c’est peut-être un calcul tactique de notre druide que de faire évoluer Rüfli et Mati à droite, l’un pouvant compenser les montées de l’autre. C’est un peu l’inverse à gauche où Schlauri monte moins souvent que Rüfli, peut-être car il est moins couvert défensivement par Marcos… Cela s’est d’ailleurs un peu vérifié en seconde période ou Moubandje a souvent pris le couloir sans que Marcos ne dédouble avec lui… Pas facile de trouver le système de jeu le plus homogène…

Le milieu

L’axe de Joâo Alves prend de plus en plus forme et semble s’imposer toujours plus dans l’esprit de notre entraîneur. Disposé avec deux demis récupérateurs et un meneur de jeu, l’entrejeu évolue concrètement avec davantage de liberté dans le positionnement. Si les rôles semblent plutôt bien déterminés, Pizzinat oeuvrant davantage comme un relayeur, Kouassi comme un vrai récupérateur format « N°6 », et Nater comme un N°8 pseudo-meneur de jeu, la réalité est en fait bien plus complexe. Appliquant la zone, les trois compères alternent les différentes tâches, avec une certaine aisance, tout du moins sur ce match. Comme déjà relevé, leur présence permet de solidifier le milieu de terrain et de ne pas trop subir le jeu, ce qui apparaît répondre à une certaine logique quand l’on est amené à affronter un adversaire réputé plus redoutable, de surcroît à l’extérieur.

João Alves doit probablement se sentir rassuré ainsi. Servette aura alors surpris à monopoliser le ballon en première mi-temps. En revanche, parfois installée trop haut, l’équipe aura aussi été dangeureusement surprise sur certaines contre-attaques rapidement jouées, se trouvant alors avec ses trois demis placés trop haut.

La sortie de Pizzinat découle d’un choix tactique eu égard à l’évolution du score. Alves sortant son demi axial le moins susceptible d’apporter du danger offensif pour repositionner De Azevedo dans l’axe. Le brésilien, joueur à vocation offensive, est redoutable sur les balles arrêtées et les frappes. Ce choix est donc bien vu, les Grenat devant chercher le but. Ce changement aura permis à Karanovic d’entrer en jeu. Celui-ci aura apporté plus d’engagement et de vitesse sur le couloir gauche, tout en se positionnant davantage dans l’axe en second attaquant lorsqu’il le pouvait. Les grenat ont alors gagné en 1 changement 2 éléments offensifs supplémentaires. Cela s’est avéré trop d’un seul coup pour des zürichois qui n’ont pas eu le temps de se réorganiser avant de prendre 2 buts qui les auront rendus fragiles… et mûrs pour en prendre un 3ème dans la foulée! Avec son système et ses joueurs à disposition, Joao Alves dispose d’une précieuse maléabilité et d’alternatives tactiques intéressantes. Il a démontré, encore une fois, qu’il connaissait parfaitement bien son contingent!

L’attaque

Encore une fois, le malheureux Esteban sera apparu bien esseulé en pointe. Souffrant dans les duels et manquant de présence athlétique pour réellement s’imposer à cette place, il semble ne pas être en mesure de pouvoir apporter toute l’étendue de son talent positionné ainsi dans un tel système. Le constat semble identique pour Eudis. Force est de constater que le brésilien, pourtant au bénéfice d’un gabarit plus imposant, ne parvient pas à peser davantage sur la défense adverse. Il n’a, de plus, pas la fulgurance et la vitesse de Julian, cela expliquant probablement le choix de Joâo Alves de titulariser ce dernier.

La question subsiste irrémédiablement.. Comment utiliser au mieux les qualités de nos deux attaquants? La solution semble passer par une modification du système et par un passage à deux attaquants, ou alors en les reculant légèrement pour les faire évoluer en soutien du futur attaquant nominal Saleiro. Or, Alves semble tenir actuellement à son système et à ses trois milieux axiaux et, sauf nécessité en cours de match, il paraît peu probable qu’il le change. Son « 4-2-3-1 » se rapproche en ce moment davantage d’un « 4-1-4-1 », voire d’un « 4-5-1 ». On comprend alors plus que jamais la pertinence d’avoir engagé un attaquant athlétique en la personne de Carlos Saleiro. Notre duo de techniciens portugais, Alves-Costinha, connaît assurément son sujet.

FC Zürich – Servette FC 2-3 (0-0)

FC Zürich : Leoni ; Koch, Barmettler (81e Drmic), Teixeira, Rodriguez ; Schönbächler (74e Nikci), Aegerter, Margairaz (77e Kukuruzovic), Djuric ; Alphonse, Mehmedi.

Servette FC : Gonzalez ; Rüfli, Baumann, Schneider, Schlauri (36e Moubandje) ; Pizzinat (63e Karanovic), Kouassi ; Vitkiviez, Nater, De Azevedo ; Esteban (46e Eudis).

Buts : 61e Djuric 1-0, 68e Mehmedi 2-0, 70e Karanovic 2-1, 72e Karanovic 2-2, 76e Baumann 2-3.

Grenat DC

12 réflexions sur « 2 ème journée. FC Zürich – Servette FC : 2-3 (0-0). Le match sous la loupe »

  1. Chapeau,superbe analyse qui nous montre bien le
    chemin qu’il nous reste encore a parcourir pour être
    plus compétitif en sl.Mais on est sur la bonne route,
    a vérifier dans quelques jours a Berne.

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  2. La je suis pantois, quelle analyse! Si au début le volume de texte peut faire craindre une perte de lecteurs en route le contenu est tellement bon que j ai croché jusqu au bout et même relu des passages!!
    .
    Si tu t ennuies un jour je suis sur que la TDG t acceuil les bras ouverts, compréhension et vulgarisation du football, maitrise du Français et riches adjectifs. Du lourd du très lourd Grenat DC. Campione del mondo 😉

    Amitiés grenat,

    RAMS

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  3. Alors la… je dois dire que je ne pourrais pas être plus en accord avec l’ami RAMS.

    Clair, précis, facile a comprendre et juste! C’est tout simplement un texte de grande qualité tant sur le fond que sur la forme.

    Bravo et merci Grenat DC

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  4. Beaucoup beaucoup …….. Beaucoup de talent Grenat DC

    Merci a toi, à vous les EDS pour ce site tout simplement magique

    Vive les grenats!!!!

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  5. il n’y a plus rien à rajouter. Tout est dit Grenat DC, bravo. Et pour faire la fine bouche et encourager à la perfection, ce petit détail de taille pour les Grenat. Grenat ne prend jamais de « s » au pluriel. Désolé, c’est mon petit côté capelovicien car franchement, cet article c’est du haut vol ! Encore merci !

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