Un des plus vieux fan’s club de Suisse encore existant : les 25 ans du „Servette Fanclub Deutschschweiz `86“

Qu’est-ce qui pousse des gens à parcourir chaque week-end 300 kilomètres voire plus pour vivre leur passion ? Cela représente au bas mot sept heures de train ou de voiture. Probablement quelque chose de plus irrationnel que l’amour, car l’amour peut se vivre en s’assemblant dans un même lieu ou être considéré comme temporaire. Pour Servette, il en va autrement : Grenat un jour – Grenat toujours !  Présidents, entraîneurs et joueurs se succèdent et changent de club, nous les fans, sommes toujours là. Nous sommes les Servettiens !

Pour beaucoup d’Alémaniques, l’amour et la passion pour Servette sont quelque chose d’extrêmement concret et vivant. Quelle joie en cas de victoire! Quelle désolation dans le cas contraire ! Aucun week-end ne peut être planifié sans jeter un coup d’oeil sur le calendrier des matchs. Naturellement, dans le passé, cette passion a pris des allures masochistes. D’autant plus lorsque l’on songe que de nombreux Genevois ne vivent qu’à dix minutes du stade mais ne s’y montrent jamais… Ce sentiment nauséeux dans l’estomac apparaît aussi lorsque le jeu est mauvais sur de longues périodes, lorsque l’arbitre ne vaut pas mieux que le bout de son sifflet ou qu’un 0:0 tristounet conclut les 90 minutes.

Un peu à l’écart du feu des projecteurs, le Servette Fanclub Deutschschweiz `86 fête ses 25 ans cette année. Un rapide coup d’oeil dans le rétroviseur.

Un prédécesseur : le fan’s club Uri

A la fin des années 1970, on remarquait déjà des fans alémaniques attirés par le beau football couronné de succès du mythique Servette. On pouvait le ressentir très nettement lors des deux finales de Coupe de 1978 et 1979. Ces fans germanophones ne se sont toutefois jamais officiellement regroupés. Au début des années 1980, il y a eu le Fan-Club Uri. Une vingtaine d’Uranais et autres Alémaniques faisait régulièrement le voyage des Charmilles, en bus. On n’avait pas encore inventé les Ultras. Des vestes en jean ou un gilet avec des écussons cousus dessus ou simplement un maillot de Servette étaient de mise.  A cette époque, le club avait financé quelques abonnements.

Les joueurs ont des maillots et les supporters des vestes en jean…

La naissance du DS’86

Au milieu de la décennie 80, les Uranais n’étaient plus aussi nombreux et les autres Alémaniques (venant de Thurgovie, de Zurich, d’Argovie, de Berne et de Suisse centrale) se demandèrent pourquoi ils brandissaient toujours le très voyant drapeau jaune avec la tête de taureau. Il en découla logiquement la fondation du Servette Fanclub Deutschschweiz `86 le 14 juillet 1986. Il y aurait déjà eu, à la fin des années 1970, un  fan’s club sur les bords du lac de Constance aussi nommé Servette Fanclub Deutschschweiz, c’est pourquoi la mention `86 a été ajoutée au nom. Le fan’s club avait son propre drapeau et attirait l’attention sur lui. Dans le vénérable stade des Charmilles, les fans les plus bruyants se tenaient toujours sur le côté, un peu dans le prolongement de la ligne médiane. Comme les premiers membres du fan’s club ne pouvaient parfois pas attraper le dernier train, ils dormaient tout simplement dans le stade des Charmilles. En haut, dans le bar du stade, il y avait souvent encore des Grenats et des membres de l’équipe qui y finissaient la soirée. Cette partie des Charmilles n’était que rarement verrouillée. Les coupes et différents trophées de l’Histoire du Servette étaient simplement accessibles à tous ! Aujourd’hui, cela paraitrait inimaginable. Les temps changent (sauf au niveau des horaires des CFF !). Le voyage se faisait alors aussi souvent dans les autobus organisés par le fan’s club. Les passagers montaient aux différentes jonctions autoroutières entre Saint-Gall et Berne. Parfois, on recourait à des voitures privées. La cohabitation avec les Romands n’était pas toujours facile, car la plupart des Alémaniques ne parlaient pas ou peu français et réciproquement !

Quelques vilaines bestioles

Une fumée du diable…

A cette époque, les premières bombes puantes ont été allumées dans le stade. Leur odeur était bestiale et elles dégageaient une fumée infernale. Par la suite, le fan’s club DS`86 ne contribua à l’ambiance que vocalement. Vers 1990 a eu lieu un changement de génération dans la Section Grenat avec une rupture : l’apparition des premières tendances ultra. Les chorégraphies et  les pétards étaient uniquement organisés par la Section Grenat. La fumée et le bruit en incommodait plus d’un et les fans les plus remuants prirent la décision de partir derrière le but. Le nombre de membres du Fan-Club Deutschschweiz connaît alors des hauts et des bas. Au début des années 1990, les problèmes financiers de Servette montrèrent le bout de leur nez. Le Fan-Club DS’86 lança l’action « Sauvez Servette ! » et faisait circuler des boîtes pour collecter de l’argent. A ce moment-là, plusieurs personnes à Genève n’avaient pas encore saisi, qu’une faillite était bel et bien dans le domaine du possible…

Dans les tribunes des Charmilles en 1987

A table chez Sogbie

Au cours de la saison 1996/97, trois membres du fan’s club ont été invités après le match de Servette contre Young Boys à venir manger chez Jonathan Sogbie. Le malchanceux n’avait plus marqué depuis longtemps. Il était l’objet des critiques et devait à nouveau réussir. Hélas, seul à cinq mètres du but vide, il avait réussi l’exploit à shooter par-dessus. Sa cote à Genève n’était pas très haute… Il raconta en riant sa maladresse à sa famille et était „fier“ que son raté ait même été montré sur Eurosport. Il est resté pendu toute la soirée au téléphone, de même que les deux femmes présentes. En guise de repas, rien que des cacahuètes…

En 1988, suite à un match à Fribourg

25 ans, toutes ses dents !

Avec un nombre de membres fluctuant et divers présidents, le Servette Fanclub Deutschschweiz `86 a aussi connu des temps difficiles. A son zénith, il comptait 120 membres. Quoi qu’il en soit, il est aujourd’hui le plus ancien fan’s club de Servette et un des plus vieux de Suisse. Au stade, il se signale aujourd’hui encore avec un drapeau. Au cours des ans, il y en a eu plusieurs en grenat et blanc. De nos jours, on se retrouve pour les assemblées, les fêtes de fin d’année, des tournois de football à six, etc. Tous les trois mois est publié le bulletin d’information du fan’s club. Il est distribué gratuitement aux membres mais peut aussi être commandé. Le site internet donne des informations sur la vie de l’association et est très visité. Une boutique en ligne permet la commande d’articles tels que des fanions, des autocollants, des pins, des écharpes et des vêtements. Une visite vaut la peine (http://www.sfcds86.ch/dev/startseite). Selon son président, le fan’s club compte actuellement 56 membres.

Le fan's club actuel

Jacky Pasteur et Germinal Walascheck

La semaine prochaine : 1954, le petit tour de Thoune en LNA

Dernière chronique : allez voir Servette-Young Boys et trouvez-y votre âme soeur sans crainte que Mustapha ne gâche votre nuit de noces !

20 réflexions sur « Un des plus vieux fan’s club de Suisse encore existant : les 25 ans du „Servette Fanclub Deutschschweiz `86“ »

  1. Oui Respect, cela davrait donner envie aux personnes qui veulent du foot à Genève et qui hésitent toujours malheureusement de venir au stade soutenir notre magnifique Servette. Nous sommes plus d’un qui comme moi faisons 400 km aller retour pour voir au moins 90% des matchs à la praille

    Servette 4ever

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  2. Enorme les photos !

    Bravo les EDS de penser à ces fans « marginaux » et encore plus masochistes que nous.

    Un grand respect à eux !

    Viel Glück zum Geburtstag!

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  3. Un grand souvenir le rater de Sogbie contre Yb,c’était sur
    une passe de Pouget.Cela ne date pas de hier,j’étais
    derrière les buts pendant ce matche,un truc pareil je crois
    que je le garderais en souvenir jusqu’a la fin de mes jours.

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  4. Et qui est capable de mettre les noms sur les supporters suisses allemands sur la première photo… ?

    Derrière et à gauche de Judith (la fille en bas à droite en veste de jeans), ainsi que celui à gauche de la fille en pull gris, aucune idée. Même leur tête ne me dit rien. Celui en perf’ en haut à gauche, Bömmel, vient toujours, mais avec les Maroons. Le chevelu à gauche de Bömmel, c’est Urs. Je l’ai croisé quelques fois en Suisse Allemande, même après la faillite, tout comme Judith. Mais c’est peu courant.

    Hansel, au milieu en bas, avec le gilet grenat blanc et l’écharpe nouée autour du cou, ça fait des années que je ne l’ai plus vu, avant la faillite.

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