Le Servette FC a payé des employés de Majid Pishyar (TDG, 8 septembre 2012)

Les collaborateurs du restaurant  Le Grenat  ne touchent plus  de salaire depuis sept mois.

Christine, Lourdes et Vincent. Les trois collaborateurs du restaurant Le Grenat sourient tous les jours. Au cœur du centre de formation du Servette FC, leur situation professionnelle devient pourtant cauchemardesque. Ces trois employés à plein temps de Majid Pishyar ne touchent plus de salaire depuis sept mois. Les charges sociales? Disparues. En mars, le club de football a dû rémunérer lui-même le personnel du Grenat. Et il paie le loyer de l’établissement tous les mois, en lieu et place de son ex-président.

Survie délicate

Mais comment cette entreprise peut-elle encore fonctionner? Avant tout grâce à ses collaborateurs. Chaque fin de mois, ils puisent dans les recettes pour payer d’abord les fournisseurs, puis leurs propres salaires. «Mais nos ventes ne nous permettent pas de nous acquitter de notre part de l’AVS et du deuxième pilier», précise Christine. Leur patron semble lui-même peu se soucier du paiement de sa propre part. «Rien n’a été payé pour mon AVS au cours de l’exercice précédent. J’ai moi-même pu le vérifier à l’Office cantonal des assurances sociales. La caisse de pension m’a en plus annoncé la résiliation au 1er juin dernier du contrat portant sur ma prévoyance professionnelle», indique Christine, en fonction au Grenat depuis le 4 avril 2010.

Dans ce contexte, Christine, Lourdes et Vincent assurent la survie du Grenat, le restaurant du stade de Balexert où jouent chaque semaine des centaines de footballeurs, pour des entraînements et des matches. Leurs familles viennent aussi en nombre, de même que des habitants du quartier, sans oublier les joueurs de la première équipe. Cette affluence ne garantit cependant pas toujours un chiffre d’affaires assurant le versement des salaires nets des trois employés: 12 000 francs en tout. Le mois dernier, il ne restait que 7500 francs à se partager. Pire, en mars, le Servette Football Club 1890 SA a dû payer lui-même le personnel du Grenat. Et les trois collaborateurs ont signé des reçus sur lesquels le nom de leur employeur ne figurait nulle part.

Dernière vraie patronne

Mais qui est l’employeur exact de ces trois personnes? Il s’agit de S-Places Sàrl, domiciliée quai des Bergues 23. C’est-à-dire dans les bureaux d’un des fers de lance de l’illustre 32Group de Majid Pishyar, Swiss Financial Consulting Services SA. S-Places Sàrl s’avère être pour sa part une toute petite société dont le capital n’excède pas 20 000 francs. Celui-ci est entièrement entre les mains de Majid Pishyar. Mais cela fait belle lurette que le boss n’est pas réapparu dans ce restaurant. La dernière vraie dirigeante de l’entreprise, Gertrud Baumann, a abandonné ses fonctions en octobre 2011. Elle avait été précédée pendant quelques mois par David Pivoda, ex-vice-président du Servette FC.

Servette paie le loyer

D’autres incertitudes pèsent maintenant sur le sort du Grenat. Dix poursuites sont en effet dirigées contre S-Places Sàrl. Leur montant total dépasse les 54 200 francs. Dans cette liste, l’Administration fédérale des contributions fait valoir six des dix créances. Et Majid Pishyar omet en plus de payer le loyer du «Grenat» depuis plusieurs mois. Le Servette Football Club 1890 SA se trouve donc obligé de le payer lui-même depuis mars. Montant: 2800 francs par mois. Le nom du propriétaire: l’Etat de Genève.

Pour redonner une nouvelle vie au restaurant du stade de Balexert, l’avocat Christian Lüscher a exigé, au nom du Servette Football Club 1890 SA, que les parts de S-Places Sàrl lui soient remises. Ses démarches n’ont pas encore abouti. «Il s’agit d’un élément toujours en suspens du dossier Servette FC», relève Me Olivier Péclard, le conseil de Majid Pishyar à Genève. Le club de football reste néanmoins déterminé: «Nous voulons reprendre l’exploitation du Grenat aussi vite que possible. Nous attendons que l’Etat puisse résilier le contrat de bail avec S-Places Sàrl.»

Philippe Rodrik

Silence et indifférence

U  Depuis l’an dernier, les trois collaborateurs du restaurant Le Grenat n’ont pas vu leur patron, Majid Pishyar (lire ci-dessus) . En janvier, ils ont encore reçu l’ultime visite d’Alain Nikles, détenteur de la patente de l’établissement.

En juillet et août derniers, le Syndicat interprofessionnel des travailleurs (SIT) a adressé des courriers à ce monsieur pour le rendre attentif «à une situation non conforme au droit». Le destinataire n’a pas répondu à ces alertes. Et pas davantage à nos questions.

La notoriété d’Alain Nikles tend à s’accroître dans la restauration genevoise. Le 7 juin 2012, il a été nommé gérant de la société Atmo-Sphère Management Sàrl, entièrement contrôlée par Majid Pishyar et exploitante de restaurants aux aménagements ambitieux: L’Atmosphère, rue Kléberg, et Le Soir, rue de la Madeleine.

Le gérant aurait cependant rencontré des difficultés dans le paiement des salaires des quelque quinze employés en juillet et août. Le Soir et L’Atmosphère sont restés fermés le mois dernier. Aujourd’hui, Alain Nikles serait parvenu à verser une partie des payes. Des négociations avec les collaborateurs sont actuellement en cours pour trouver une solution aux litiges subsistants.

P.RK

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